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Citations de Henri Pourrat (100)


Il fut un temps où le pain sentait encore le grain, le vin encore la grappe. Ils semblaient pourtant les produits les mieux élaborés, ceux qui faisaient le plus d'honneur à l'homme. "Quand il y a du pain et du vin, le roi peut venir." On les honorait. De la pointe du couteau, on traçait une croix sur la tourte; la laisser retournée portait malheur. Le pain ne se jetait pas. Marcher à travers un champ de blé était péché.
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Tu apprendras plus tard à n'être pas difficile. Manger ce qu'on trouve, s'arranger de ce qui tombe. Et la première des choses à savoir, c'est qu'on na droit à rien.
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Il y faut qu'à la saison morte les hommes aillent au loin gagner le pain de la maison. Pendant que les hommes n'y sont pas, les femmes deviennent sorcières. Elles prennent accointance avec le grand homme noir : celui qui promet aux pauvres de les faire riches d'argent, s'ils veulent renoncer à Dieu.
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Le conte du mariage difficile

Il y avait une fois deux prétendus qui se présentèrent au curé pour qu'il les mariât.
Il allait procéder à la cérémonie quand il s'avise que le futur est pris de vin.
Il ferme tout net son rituel.
-Il y a un petit empêchement. Vous reviendrez demain : aujourd'hui je ne marie pas.
Le lendemain, ledit futur était aux trois quarts saoul. A peine s'il tenait sur ses jambes.
-Je ne peux véritablement pas le marier, dit le curé. Vous repasserez, si bon vous semble.
Au troisième jour, les gens à marier se représentent. Et lui, tête ballante, jambes flageolantes, soutenu par la prétendue qui avait grand mal à le tenir sur pied. Saoul totalement, comme une grive de vendanges!
-Mais enfin, s'écria le curé, on ne pourrait pas me l'amener dans un autre état?
-Monsieur le curé, répondit-elle, comment ferais-je? Tant qu'il n'est pas à peu près saoul, il ne veut pas venir!
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Voilà ce qui arrive aux personnes d'esprit : elles rebâtissent tout dans leur tête, et font ce monde plus raisonnable qu'il ne sait l'être encore. Mais elles savent cela, et qu'elles sont sujettes à s'égarer. Ainsi il ne leur est pas aisé de prendre leurs résolutions.
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L'Auvergne est une île lointaine, peinte en bistre sur un méridien numéroté. Cela, Alexandre Vialatte l'a découvert et son coeur avait raison. C'est une île, avec ses volcans enrubannés de nuées, ses cascades au flanc des basaltes, ses routes pavées d'améthystes, ses naturels, qui vivent de produit de leur industrie, comme tous les naturels, et qui émigrent, comme tous les insulaires, les Irlandais et les Corses, les Majorquins et les Britanniques.
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Elles n'ont rien de trop gai, les forêts qui s'en vont sur ces plateaux, du côté de la Chaise-Dieu. Des sapins, des sapins, des sapins, jamais une âme. Les chemins sablonneux s'enfoncent de salle obscure en salle obscure, parmi la mousse et la fougère, sous ces grandes rames balançantes. Les grappes du sureau rouge tirent l'œil, ou bien quelque pied de digitale pourprée. Il y a des endroits où le soleil semble n'avoir point percé depuis des mondes d'années : c'est sombre, c'est noir, c'est la mort. Une forêt comme celle de la complainte de sainte Geneviève de Brabant, où des ermites peuvent vivre solitaires et qu'on imagine pleine de loups, de renards, de blaireaux. A dix pas, sait-on ce qui se ce cache derrière ces fûts gercés des arbres où la résine met des traînées de suif ? Tout remue, mais remue à peine. Tout est silence, mais un silence traversé de vingt bruits menus. Une belette qui se sauve, un souffle de vent dans la feuille des houx, une fontaine qui s'égoutte derrière la roche. Et lorsque le sentier monte en tournant sous le couvert, à travers les masses de pierres détachées, dans le désordre des sapins penchés sur leurs nœuds de racines, on croirait aller vers des cavernes de faux monnayeurs et de brigands. Pas une âme, et pourtant il semble que quelqu'un soit tapi par là en embuscade. Il faut avoir l'esprit bien fort pour ne pas se laisser gagner par la peur
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La demoiselle
Il y avait une demoiselle de domaine qui ne s'était pas mariée. Peut-être que, sur ce pied, elle avait laissé de côté beaucoup de soucis. Quand elle s 'éveillait dans la chambre à fleurs roses, du soleil plein ses blancs rideaux, elle écoutait les pigeons se poser sur le toit et ses gens partir pour les terres. Elle n'avait qu'à s'en remettre à Dieu du bon train des saisons, et ce ne lui donnait pas des rides.
Mais quand même quand ses cheveux eurent blanchi, elle mit une coquetterie à bien cacher son âge. Elle aimait à demander combien on lui donnait.
Vinrent les soixante-dix ans. Elle les portait, c'est vrai, elle ne les traînait pas.
Puis vinrent les soixante-quinze, les quatre-vingts... On ne peut pas être et avoir été. Il faut prendre de l'âge, et bien beau quand on sait le bien prendre. Elle aussi elle vieillit. Sa figure se plissa comme une pomme de reinette. Elle n'allait plus qu'à petits pas, pilée en deux, sur son bâton ; elle s'imaginait qu'elle gardait quelque air de jeunesse, et posait toujours sa même question à l'occasion.
Un jour qu'elle venait de parler du temps qui passe au valet d'écurie :
« Mais dis, Toine, lui demanda-t-elle, combien d'années me donnes-tu ?
-Hé, mademoiselle, lui dit-il tout à trac, en continuant de décharger la ^paille, pourquoi voulez-vous que je vous en donne ? Je crois que vous en avez bien assez sur l'échine. »
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Quand on sème des épines on ne va pas sans sabots.
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D'abord il crut qu'il y avait de la vision ; ou bien qu'il avait la berlue. Au bout de la longe, au lieu et place de son âne, un homme! Une espèce d'homme, d'assez mauvaise trogne, autant qu'on pouvait la voir, ainsi prise dans le bridon ; un gaillard tout mal en ordre, avec des brins de foin dans la crinière, et qui le regardait lourdement, comme en hébétude.

(L'âne en pénitence)
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Il est large notre pays, aussi large que les deux bras,
Plus large encore qu'on ne le dit, car elle est partout, la montagne,
Partout où l'herbe du matin palpite et brille au vent sauvage,
Partout où court le conte fol, où passe un parfum de campagne,
Où l'homme d'aplomb sur ses pieds travaille d'un coeur montagnard,
Et, parce que la feuille est verte et qu'il est devant tant d'espace,
Rit à la vie, sous le soleil de Dieu.
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Les cloches sonnaient toujours à branle, et toujours ce vent dans le noir, toujours la tourmente.

Le château des sept portes
Troisième veillée
Quatrième pause
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Il y avait une fois un valet, dans une de ces grosses fermes du Cantal où les vaches vont par dizaines, il y avait une fois un valet qui était à peu près fiancé. Il allait voir sa belle à la veillée, et pour y aller il prenait la lanterne. Donc, il usait de la chandelle. En une heure, il s'en use haut comme un gros sou sur sa tranche. Le fermier y trouvait à redire.
« De mon temps, milladious ! nous n'avions pas besoin de lumière pour aller voir les filles. S'il n'y faisait pas clair, tant pis ! Nous trouvions le chemin quand même, le chemin et la fille au bout !… Hein, valet ? Est-ce que moi, je n'ai pas déniché la maîtresse, et sans décrocher une lanterne ?
– Oui, oui, maître, dit le valet, mais justement, vous l'avez décrochée sans lanterne, la maîtresse ; et maintenant, ça se voit en plein jour. »
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L'espace vous vient dessus, d'un coup, dans le large de l'aube...
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Au milieu des bois, le chemin tombait dans une clairière où des roches grises saillaient, pareilles à des dos de vaches couchées là à ruminer cette pauvre herbe. (...)
Et toujours, comme le bruit au cœur des bois d'un torrent décalant, le vent sifflait, là-bas, sous le ciel de frimas, dans la branche des sapins.
Ce fut en cette maison des sept portes qu'advint vers Pâques, l'aventure terrible d'où s'ensuivirent tant de malheurs.

Le château des sept portes
Première veillée
Première pause
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Henri Pourrat
Henri Pourrat à trouvé sa voie : il sera l'historien des traditions et des " grandes mœurs" de la campagne ; il en sera aussi le romancier et le poète.
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Henri Pourrat
"Trouver la vie qui s'emploie à la force du coeur" - Henri Pourrat - Gaspard des montagnes.
Une phrase si simple et pourtant si poignante.
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Ha ! pauvre monsieur le curé ! Les diables sont dans le cimetière qui croquent les os des morts ! […] les entendez-vous ? » Diantre, M. le curé commençait de croire que tous les diables étaient là qui fracassaient les os des morts dans leurs mandibules […]
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Une joie la soulevait, celle de ces réveils d'enfance où tinte une cloche un peu loin, lorsque le rideau blanc éclate de soleil.

Le château des sept portes
Deuxième veillée
Cinquième pause
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Au fond de ses yeux, il y avait la lueur qui rachète tout le noir de ce terrible monde.
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