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Citations de Henri de Régnier (268)


Le visage blessé d'épines et si pâle
Que les pleurs et le sang y semblent pierreries,
Et tel autre plus doux que frusta de son haie
L'automne des soleils et des douleurs mûries;

La face d'ambiguité, morte et royale,
Triste de tout l'orgueil et des idolâtries,
Celle que le masque d'emprunt ravine et taie
Et celle qu'empourpra le vin des saouleries.

Qu'il y ruisselle, Vin, Sang, Larmes ou le Fard
La luxure ou l'ennui, la douleur et la honte,
S'il veut tenter encore un suprême regard

A ce qu'il fut jadis et par delà les Soirs
Et par delà sa vie encore ! qu'il affronte
Le mensonge ébloui des magiques miroirs !
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À nos miroirs menteurs s'enchevêtre et se tord
Un cadre de guirlande où survit une rose,
Et dans la floraison de la torsade éclose
Un pur cristal, qui fut une onde, songe et dort.

En leur silence glauque un éclair rôde encor,
Fuite ou lueur d'une aurore qui se propose
D'errer là longuement, divaguante et morose,
Éclat d'antiques yeux dilatés par la mort!

Qu'un vent vaste chasse la nuée et voici
Que tout le bleu cristal par le ciel éclairci
Est saphyr, lac gelé, source, fleuve et fontaine,

Et ceux qui marchent loin de leurs natals Avrils
Riront, transfigurés ! du hasard qui les mène
De se mirer aïeuls à se voir puérils !
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Le visage blessé d'épines et si pâle
Que les pleurs et le sang y semblent pierreries,
Et tel autre plus doux que frusta de son haie
L'automne des soleils et des douleurs mûries ;

La face d'ambiguïté, morte et royale,
Triste de tout l'orgueil et des idolâtries.
Celle que le masque d'emprunt ravine et taie
Et celle qu'empourpra le vin des saouleries

Qu'il y ruisselle, Vin ou Sang, Larmes ou Fard,
La luxure ou l'ennui, la douleur et la honte ;
S'il veut tenter encore un suprême regard

A ce qu'il fut jadis et par delà les soirs
Et par delà sa vie encore, qu'il affronte
Le mensonge ébloui des magiques miroirs !
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En mes nombreux séjours, j'y ai fait peu de connaissances, ce qui me fut facile, n'étant pas de ceux dont la présence sollicite la curiosité.
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le « prochain » occupe donc une grande place dans les conversations à P…., mais la charité chrétienne ne préside pas toujours aux discours que l’on tient sur autrui. La critique des caractères est pratiquée sans indulgence et elle se montre infiniment plus sensible aux défauts qu’aux qualités. Une fois tenu compte des réticences de politesse, des réserves de prudence, des sous-entendus, de toutes les ruses qu’emploie une savante malveillance pour se dissimuler sous les traits de l’impartialité, état fait des atténuations, il en ressortirait aisément que la charmante petite ville de P… est habitée par une société composée en majorité d’avares, de débauchés, d’envieux, de menteurs, d’hypocrites, de goinfres, et autres variétés humaines aussi peu recommandables.
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Les réunions se faisaient volontiers chez la tante et le parisien était ébahi par la teneur des conversations : un des thèmes récurrents était le transit intestinal des uns et des autres, un autre c’était la vie sexuelle des couples avec tous les détails, mais il était de mauvais ton d’aborder la sexualité en dehors du couple. Le thème de l’économie des ménages tient aussi le haut du pavé dans les conversations …cette matière économique menait à l’examen et l’évaluation des fortunes. On était curieux, à un sou près, de ce que chacun possédait. L’investigation en était poussée à un point de minutie incroyable, et à faire honte aux agents du fisc. Une fois bien supputé, pesé, discuté, ce que chacun encaissait, dépensait, ou mettait de côté, on passait au chapitre des "relations », c’est à dire des sympathies et des haines, des visites faites ou rendues, des intimités et des rencontres, dont les plus fortuites prêtaient aux racontars et d’où l’on tirait les considérations aussi oiseuses qu’infinies.
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Je la rejoignis sur le lit où elle était étendue. Elle avait un corps menu, non sans grâce, mais fatigué par l'amour. Je la pris sans dégoût et sans plaisir. Il faisait chaud. La fenêtre était ouverte sous le rideau et on entendait les pas des gens qui passaient dans la calle et des voix italiennes qui s'interpellaient.
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Leur amour leur est tout ; elle est sa première maîtresse ; il est son premier amant. Ils ne font qu'un corps et qu'une âme et ils ne savent pas qu'un jour ils s'oublieront mutuellement jusqu'au moment où le souvenir leur reviendra, au bout de la vie, de leur jeunesse lointaine. 
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Jamais il ne l'a vue plus belle et plus voluptueuse. Le danger stimule son goût du plaisir. Il l'a tenue entre ses bras et elle s'est étendue auprès de lui. Ils ont enlacé leurs membres et confondu leurs souffles. Jamais encore ils n'avaient été l'un à l'autre ainsi et ils étaient si heureux qu'ils ont pleuré longtemps en écoutant dans le silence de la nuit le battement de leurs cœurs.
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L'amour facilite les aveuglements et ils s'aiment. Ils s'aiment avec imprudence, avec impudeur, avec une espèce de folie à profiter de la chance merveilleuse qui les a réunis en cette campagne isolée, en cette vieille maison des champs, aux maintes pièces vides ou inutilisées, aux vastes greniers, aux longs corridors sombres. Ils y abritent leur amour derrière les volets clos, dans l'ombre poudreuse des chambres inhabitées, sous la garde des serrures démantibulées. Ils y risquent la surprise, s'y jouent avec le hasard. Ils sont passionnément heureux.
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Elle donne à son amant, dans la femme qu'elle est devenue, la jeune fille qu'elle a été, avec qui il a gentiment et passionnément flirté. Il lui semble s'acquitter ainsi d'une juste restitution. Aussi n'a-t-elle guère résisté. Cependant elle n'a pas eu affaire avec un bien grand séducteur. Leur entente amoureuse s'est conclue d'elle-même.
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À dix-huit ans on n'a guère de ces délicatesses et de ces soucis, aussi nos amoureux saisirent-ils avidement l'aubaine qui s'offrait à eux et n'y apportèrent ni scrupules, ni prudence. Il est vrai que des relations presque d'enfance justifiaient jusqu'à un certain point leur intimité et la familiarité où ils vivaient. Leur amour se masquait ainsi de camaraderie, et puis, aux yeux d'un mari, un petit jeune homme ne compte guère et pas davantage aux yeux d'une femme dont on est sûr, même si elle est délicieuse. Or celle-là l'est. Elle l'est par son charmant visage, son corps élégant. Elle l'est par sa jeunesse.
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« Imaginez un garçon de dix-huit ans, amoureux fou et sans expérience de l'amour ; une jeune femme aussi inexpérimentée et aussi folle que lui. Il est son premier amant ; elle est sa première maîtresse. Entre eux un mari préservé de tout soupçon par la sécurité particulière à son état et qui pousse le sentiment de son invulnérabilité jusqu'à inviter l'ami de sa femme à venir passer l'automne dans la propriété qu'ils habitent la plus grande partie de l'année.
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Sa compagne, assortie à lui par bien des points, n'avait pas tout à fait la même finesse. Elle était d'une autre race, d'un autre milieu, d'une autre éducation. Très intelligente d'ailleurs, elle ne manquait nullement de bonne volonté conjugale, pourvu que cette bonne volonté ne la forçât pas à changer ses habitudes. Elle avait fait une première expérience matrimoniale qui n'avait pas réussi. Celle qu'elle tentait maintenant était toute différente et elle entendait la mener à bien. Elle était décidée à faire de son mieux pour rendre heureux l'agréable compagnon qu'elle s'était choisi.
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Il l'avait épousée sur le tard. Il était pauvre ; elle était riche. Il en avait assez de sa bohème mondaine, de sa longue vie d'expédients qui n'était en rapport ni avec sa naissance, ni avec ses goûts. Ce fut entre eux un échange. Il lui donnait son nom ; elle lui apportait sa fortune. À cela s'ajoutaient des convenances réciproques, une sympathie mutuelle. Tout bien pesé, le mariage eut lieu. Marié, il cessait d'avoir recours à l'ami complaisant qui vous oblige et qui vous fait sentir qu'on lui doit plus que ce qu'il vous a prêté ; il cessait d'aller à pied ou en fiacre ; il quittait son modeste rez-de-chaussée. Désormais, il aurait à ses ordres un équipage, il habiterait un vaste hôtel.
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Elle avait un étrange visage, ardent de fard, obscène, provocant et marqué de petite vérole. Elle logeait derrière San Zulian dans un taudis d'une saleté repoussante. Je payai et m'en allai, je ne suis tout de même pas si imprudent. Je fis de même une autre fois avec une fille qui m'aborda près du Ponte delle Ostreghe. Son visage m'avait attiré, mais son anguleuse, maigre et pauvre nudité me découragea…
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Les femmes tiennent moins à leur vertu qu'à la réputation qu'elles en ont et il leur importerait assez peu d'être vertueuses si elles étaient assurées d'être crues telles.
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Les hommes savent haïr ; les femmes ne savent que détester. C'est bien pire.
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Les femmes se donnent rarement ; le plus souvent, elles s'échangent. Elles obéissent moins à leur goût qu'à leur intérêt.
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Le miroir de la vérité n'est pas celui où les femmes aiment le mieux à se regarder.
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