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Citations de Henry de Monfreid (135)


Ouarabillé, 29/12/11

Chère amie,

C'est au milieu des montagnes du Tchertcher que ta lettre me trouve, apportée de D. Daoua par un courrier.

En hâte je réponds un mot que je vais envoyer cette nuit pour que mon papier prenne la poste de lundi.

Je suis en pérégrination avec ma suite qui se compose : d'un Somali et d'un Abyssin qui font office de boys et de mon esclave noire. La cavalerie se compose de 2 mulets et d'un âne. Je viens d'arriver à l'étape ; il est 5 heures, le soir tombe.

Mes boys égorgent un mouton, font du feu et le dîner se prépare. Le temps est frais le soir dans ces montagnes ; on dirait une fin de journée d'été en Cerdagne.

Comme tu vois je mène une vie bizarre et j'ai peu de regret de mes semblables au milieu de ces sauvages. J'ai su les prendre et j'en fais ce que je veux.

Tu me demandes si les femmes sont jolies ? Mon Dieu, c'est affaire de goût. À mon sens elles sont fort belles. Elles n'ont rien du type nègre et sont remarquablement bâties pour la plupart. La mienne est d'origine Somali de Guardafui. C'est une race mince et vigoureuse et en même temps fort intelligente. Le rôle de ces femmes est celui de l'esclave de l'homme. Elles chassent les mouches pendant son sommeil, elles l'éventent, et tout cela avec une patience dont nous n'avons pas idée. Elles couchent par terre pendant la nuit à la façon des chiens.

Je suis bien aise d'avoir fait cette acquisition, d'abord par raison de santé, parce que toute l'Abyssinie est syphilitique et certaines nécessités peuvent devenir un terrible danger. Ensuite je suis moins seul et si je viens à être malade de la fièvre, comme cela vient de m'arriver, je suis au moins soigné. […]
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L'enventure en mer
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J'allais maintenant sur mes quatre ans : l'univers s'était créé autour de moi ...
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Ce petit livre, cher lecteur, risque de vous paraître bâti comme un manteau d'Arlequin en ce sens qu'il est fait en grande partie d'articles écrits dans le courant de ces derniers mois.
J'ai tenu à conserver cette forme pour laisser aux faits auxquels je fais allusion leur atmosphère originelle, c'est à dire celle de nos angoisses ou de nos espoirs ...
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Un soir de mauvais temps je dus relâcher à Boulhar en pays Somali, sur la côte sud du golfe d'Aden.
En dépit de son abord difficile j'avais réussi à prendre le mouillage grâce à mon maître d'équipage Abdi, originaire de cette région.
De plus, étant de la caste des midganes il me fit connaître un tomal (forgeron) camarade d'enfance.
J'étais loin de me douter en quelles tragiques conjonctures je devais le retrouver plus tard.
Au moment où j'écrivis les souvenirs de ma vie en mer Rouge et autres lieux, je n'ai pas conté cette longue histoire n'ayant pas encore le moyen d'en éclaircir le mystère...
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Le malheur n'use et ne ravage
Que ceux qui s'arment contre lui
Sachons en supporter l'outrage
Pour mieux combattre l'ennui.

(extrait de La plage et les rochers)
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Homme libre, toujours tu chériras la mer!

Charles Baudelaire
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Dans ce féerique décor, on aimerait un langage inconnu, des religions païennes et des idoles pour garder son mystère à la forêt tropicale.
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La force est dans la foi
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Une âme d'élite se révèle dans sa parole, dans son regard, ce regard profond du solitaire qui contemple des choses invisibles aux hommes du troupeau.
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Deux esprits qui se comprennent ou peuvent se compléter se pénètrent tout de suite sans ces tâtonnements où les médiocrités se palpent avec prudence.
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Les émotions font ainsi remonter à la surface les laideurs de l'âme, comme la vase déposée au fond d'une eau croupie la trouble et l'empeste tout à coup à la moindre agitation.
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Ce rêve restera donc en moi, comme un levain d'énergie, une source de chaleur où, sans le savoir, je puiserai la force d'entreprendre et de lutter. Peu importe la chimère, seule la poursuite vaut.
nous avons des surprises désagréables et des déconvenues d'enfant touche-à-tout. [...] mon émotion devant ce monde de lumière où les éléments, dans toute leur pureté, s'harmonisent, se complètent et expriment par leur ensemble, avec tant de profondeur, cette âme universelle, cette essence divine, qui anime et donne reflet d'espérance aux formes immuable des choses inertes.
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Je n'ose jamais me réjouir, comme si, dans ma vie, le honneur devait être payé par le malheur.
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On hait dans la proportion où l'on peut aimer; ce sont les deux pôles entre lesquels combattent, s'exaltent ou se détruisent nos facultés affectives. Plus ces deux pôles se trouvent éloignés, plus nos sentiments peuvent avoir d'ampleur et nous faire quelquefois magnifiques et très grands; au contraire, lorsqu'ils se rapprochent au point de se confondre il en résulte cette froideur, cette indifférence qu'on peut taxer de sagesse, de prudence ou de modération, mais qui n'en est pas moins décevante quand on cherche dans une âme humaine autre chose que la raison et le calcul.
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C'est par nuit noire et sous la pluie que j’atterris enfin à l'île de la Réunion. Ses hautes montagnes surgies de la mer masquent les étoiles, et, ainsi, les lumières de Saint-Denis suspendues entre ciel et terre scintillent en fantastiques constellations.
Mon fils m'attendait au bas de l'échelle, et à travers des présentations bafouillées à la foule des inconnus, dans l'ahurissement de l'arrivée je parvins à la voiture.
Sous la pluie nous traversons la ville de Saint-Denis grouillante de boutiques chinoises ou indiennes. Puis c'est à nouveau la campagne. Dans la trouée lumineuse des phares je vois seulement la route qui se plie et se replie en lacets aux flancs de la montagne. Enfin, à 400 mètres d'altitude, la maison nous accueille.
Ce matin le ciel est nettoyé, le soleil se lève et l'immensité de la mer se déploie à mes pieds, une mer déserte où aucune voile de pêcheur ne se distingue.
L'île en effet n'a pas de port naturel, partout l'océan moutonne au souffle de l’alizé et sa longue houle vient se briser au pied des falaises sur des plages hérissées de récifs.
Ce sont ces côtes inhospitalières qui ont gardé si longtemps la solitude de cette terre dont les premiers navigateurs font un éloge fabuleux....
(extrait du premier chapitre de l'édition parue chez "Grasset" en 1958)
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Le 17 août, à dix heures du matin, je mets enfin à la voile.
Delburgo, devenu un ami, me fait des signes d'adieu au balcon de son appartement au premier étage.
Au cercle, derrière les persiennes, la haute société anglaise doit aussi me regarder partir !
Mais, moi, je ne pense qu'à la mer où je vais enfin être seul, le cap tourné vers un vaste horizon, en marche vers l'inconnu de l'avenir, vers les aventures où probablement mon entreprise va me conduire.
La brise souffle du large, c'est le "reddoud", vent de beau temps qui se lève vers midi aux époques voisines du changement de Mousson. Il donne à la mer une splendide couleur bleue et rafraîchit délicieusement quand il succède à la lourde et chaude mousson d'ouest...
(extrait du chapitre II "Le golf d'Aden")
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De retour à Obock, je fouille le fond de l'ancienne rade pour y retrouver l'épave d'une frégate à voile coulée vers 1871. Il ne reste plus que l'énorme quille en chêne à peine apparente tant elle est envasée. Il y a neuf mètres de fond en ce point, et l'eau se trouble pour des heures aussitôt que les plongeurs fouillent la vase. J'ai d'ailleurs de grandes difficultés à décider les noirs à plonger là, à cause d'une légende.
Cette superstition m'oblige à descendre moi-même pour donner l'exemple.
On raconte que l'âme en peine du capitaine de ce navire, dont le corps a disparu dans le naufrage, erre la nuit sur la mer ; on l'entend se lamenter au fond de l'eau, et certains affirment l'avoir vu surgir des vagues aux nuits d'équinoxe.
Sans doute, les grincements de l'épave, disloquée par la houle et la silhouette de la figure de proue, émergeant aux basses mers des pleines lunes, ont accrédité cette légende.
Moi-même, j'ai souvent évoqué l'image de ce parrain d'outre-tombe, de ce vieux loup de mer qui préféra mourir plutôt que d'abandonner son navire...
(extrait du chapitre XXVIII "La naissance d'un navire")
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[...] et je comprends qu'en aimant seulement ces choses impérissables le coeur ne soit jamais décu.
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. Bien entendu je n'envisageai pas qu’en cas d’accident nul n'aurait l’idée de me rechercher de ce côté. Si nous mettions ainsi toutes choses au pire sous pretexte de prudence, nous ne ferions plus rien sans etre pour cela à l’abri de ce pire qui sera toujours celui que nous n'avions pas prevu.
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