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Citations de Herbjørg Wassmo (412)


Elle ne put continuer. L'ayant enserrée de ses longs bras vigoureux, Simon la pressait contre lui et lui couvrait le visage de baisers.
Il la buvait, comme un homme assoiffé, jamais abreuvé, jamais désaltéré.
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Elle avait en elle une sauvagerie qui n'était pas faite pour attirer les hommes en quête d'une épouse.
p 66 .
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Anders était en deuil. Les blessures de Dina ne voulaient pas saigner. Le ciel couvert avait de larges ouvertures, mais il n'y avait pas de soleil. Les pensées tombaient comme de la pluie. (p117)
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Mais toute cette antipathie cachait une corde qui vibrait. Une curiosité. Celle de découvrir ce qui poussait les gens, comme Jacob, à de telles folies. Celle de découvrir comment une gamine pouvait prendre le contrôle de toute une propriété. Sans même avoir à lever un doigt. (p161)
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« Pendant que s’écrivent et se lisent les romans, tout le monde s’évertue à maintenir le secret de ses propres histoires. » (p. 112)
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Elle s'est remise à dessiner, comme elle le faisait avant. Au feutre et au fusain. A dépensé de l'argent à la librairie pour s'acheter du véritable papier à dessin. De l'aquarelle et des crayons, elle n'en a jamais eu.
Elle dessine ce dont elle se souvient du cimetière et des plages de l'île où elle a grandi. Les vieux arbres dans le jardin du presbytère. Un soir viennent les contours d'un portail et d'une clôture dont elle ignore où elle les a vus. Le fourré autour. Elle s'y installe en quelque sorte et, une fois le dessin terminé, reste longtemps à le contempler. De petits bruits en sortent. Gazouillis d'oiseaux, bruissement de feuilles. Vent. Roue de vélo sur le gravier. Elle entend une barque qu'on hale sur une plage sans avoir dessiné la barque.
Un jour, elle dessine sa chambre avec sa croisée de fenêtre et un vase vide sur la table. Ce n'est pas assez bien, juste une consolation dans la mélancolie. Elle aime ce mot. Mélancolie. Elle l'a lu dans un roman, sans se rappeler lequel. Un autre mot est tristesse. Ca sonne français. Tout ce qui est français est pour elle doux et élégant. Même un mot avec trois s et deux t.
Elle essaie aussi de dessiner ses rêves. Mais c'est démoralisant. Soit trop moche soit trop bête. Lui rappelle combien elle est lâche et fuyante. On dirait qu'elle ne fait qu'attendre. Elle patauge dans sa vie et attend.
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La honte. Pour moi, c'est au coeur du problème. La honte, j'ai toujours essayé de la camoufler, de l'esquiver ou d'y échapper.
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Il y avait aussi une notice avec l'image de plusieurs automobiles en train de parader dans une rue de Kristiania qu'ils appelaient Parkveien. Elles étaient même dénommées "Mercedes" et "Opel". Et portaient un numéro sur une plaque fixée à l'avant. Les phares ressemblaient à des yeux exorbités de morue.
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« Savoir jouer les notes ne veut pas dire qu’on a le pouvoir d’émouvoir. La musique a une âme, comme les gens. Il faut aussi la faire entendre… »
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J'ai eu la nostalgie de ma vaste et misérable chambres d'hôtel avec deux grandes fenêtres. La nostalgie de la lumière éblouissante. De la térébenthine. Du mélange de couleur bleue. Pour les narines. Légèrement rose avec un peu de gris autour de l'orbite des yeux. Pas trop de gris. Pas trop de rouge. Pas de jaune. Plutôt du brun. Dans la commissure des lèvres.
Lentement, j'ai rangé le matériel dans mon sac. Puis j'ai penché mon visage tout près de celui de l'homme. Seulement un instant.
Cette sensation, c'était comme de boire de l'eau d'un torrent qui laisse un goût métallique dans la bouche. De terre et de glace, de plantes mortes dans les tourbières depuis des milliers d'années. Transformées en eau fraîche.
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Il posa le rapport et l'attira contre lui.
Auu toucher de sa peau douce et vivante il comprit qu'elle y pensai depuis un moment, sans rien dire, et la honte le brûla.
Un parfum frais de lavande s'insinua entre eux pendant qu'il défaisait le corsage de sa robe.
Il sentait ses mains dans ses cheveux. Sur sa nuque.Elle se pressait contre lui. Sa bouche était humide et gonflée. Le désir d'Anna lui procurait une joie folle. Il l'allait s'y cacher. Disparaître. Là où rien d'autre ne comptait.
Ils s'aidèrent mutuellement à enlever le strict nécessaire. Il n'en fallait pas plus que ça. Sa respiration se précipita et son visage refléta l'extase.
Au moment où il tombait sur elle, il sentit la tendresse l'envahir. Lui remplir la bouche et la gorge. Atteindre son ventre et son aine. Comme une vague. Une capitulation. La fatigue lui barrait la route. Son corps ne lui obéissait plus. Il partait à la dérive.
Il refusa d'abord de l'accepter. Essaya de se reprendre. Puis il comprit que cela ne servait à rien et resta allonger sans bouger, cachant en elle sa défaite.
Alors elle l'entoura de ses cuisses et de ses bras et se mit à le bercer doucement. Il se fanait et se berçait en elle. Et la honte qu'il avait d'abord ressentie s'évapora dans leur respiration.
Il l'avait toujours su, mais maintenant il le comprenait vraiment, entre Anna et lui le mot "défaite" n'existait pas.
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Couché tout nu dans le lit à baldaquin dans la salle, il fut conscient d'avoir tout organisé. En tout cas les dernières minutes.
Son parfum flottait dans l'air. Dans les draps. Partout. Cela sentait Anna. La fenêtre était ouverte, laissant entrer la mer. Ce n'était pas seulement sa mer à lui.
C'était l'odeur de la mer d'Anna.
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Ici, dans l'étable, je me sens en sécurité. Jusqu'au jour où il y découvre ma présence. Bien des années plus tard, j'ai compris à quel point un journal peut être dangereux. Mais j'en ai probablement déjà l'intuition, assise là sur mon tabouret. C'est pourquoi je suis muette et cachottière. Je rassemble mes carnets de notes dans un sac en toile cirée, fermé par un solide cordon que j'accroche à un clou sous le plancher. Un dispositif bien pratique et tout à fait nécessaire en l'occurrence, car il souffle un fort courant d'air entre les portes mal jointes de la cave à fumier.
Un dimanche matin, il fait son entrée dans l'étable. Je pense à me sauver mais il bouche l'entrée. Je dissimule le carnet en le faisant glisser dans ma botte avant même qu'il ne s'en rende compte. Ce n'est pas non plus le carnet qui l'intéresse, car il ignore encore ce que je peux bien trouver à écrire.
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« Elle traque les couleurs avec une épuisette trouée. Les couleurs se transforment, deviennent mots qu'elle recueille dans une boîte Joika. Ils ressortent en lévitant par le couvercle à moitié ouvert. Se déchiquettent sur les bords dentelés par l'ouvre-boîte. Elle pose une main dessus pour les maintenir en place. Les mots. De la tristesse. Mots de l'inquiétude. Mots de l'odeur et de la saveur. Mais de la joie ? Non. Ces choses-là attendront. »
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"Probablement suis-je ainsi faite que je glisse le bonheur dans ma poche quand je mets la main dessus, mais oublie de le ressortir pour le regarder"
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Celui qui raconte une histoire choisit ce qui lui convient de raconter. C’est ainsi que l’on peut enterrer les pires histoires de famille et que chacun doit repartir à zéro.
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C'était toujours comme ça avec Dina. Elle fonçait comme un requin et frappait par tous les moyens là où l'on s'y attendait le moins. »
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Celui qui raconte une histoire choisit ce qui lui convient de raconter.
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Ma grand-mère Elida est la première à me faire comprendre qu'il est normal pour un être humain, quels que soit son sexe et la situation, d'avoir envie d'aller ailleurs. De partir. Que moi aussi j'ai cette possibilité. Probablement aussi a-t-elle aussi laissé entendre que le soi-disant amour maternel n'est pas nécessairement un sentiment inné. Qu'il est plutôt inhumain de l'exiger. Je crois que c'est elle qui me fait admettre que la soif d'amour et de liberté peut-être plus forte que l'instinct maternel.
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Il attrapa la blouse sur une chaise. Il sentait le tremblement de ses mains. Rien n'était comme avant. Ils n'étaient plus des enfants qui pouvaient se promener à moitié nus l'un devant l'autre.
Des souvenirs de leur enfance s'installaient entre eux. De jeux interdits.
Il lui tendit la blouse d'un geste rapide en évitant de toucher sa main. Elle posa l'enfant endormie sur le lit et s'habilla. Il essayait de regarder ailleurs sans y parvenir.
- J'avais oublié comme tu as la peau dorée, dit-il avec gaucherie.
Une fois sa blouse boutonnée, elle se leva et mit l'enfant dans le landau. Il la suivait du regard. La légèreté de ses mouvements. Ses mains de travailleuse qui ne s'harmonisaient guère avec sa taille si fine, son dos si mince.
Elle resta penchée sur le landau. La courbe de ses hanches. Sa taille. Il avala sa salive. Il se sentait ému, en quelque sorte.
Affairée, elle replia quelques articles de layette et tapota l'édredon autour de l'enfant.
Il se sentait lourd. Il lui fallait contrôler sa respiration.
Comme si elle avait conscience du regard qu'il posait sur elle, elle se retourna et se redressa.
-Tu peux t'asseoir, dit-elle d'un ton étonnamment neutre.
Ils s'assirent chacun sur une chaise. Il contemplait ses mains. Au bout d'un certain temps il se racla la gorge et dit:
- Merci d'être venu à notre rencontre!
Elle battit des cils. Puis les mots vinrent. Rapides et audacieux.
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