Citations de Herman Koch (186)
Cette odeur d'animaux malades faisait déjà naître en moi une fureur sourde. C'était une odeur qu'il m'arrivait parfois de sentir dans mon cabinet de consultation. Elle émanait des patients qui laissaient libre cours à la nature. (...) Mais rien ni personne ne suscite en moi autant de colère et de dégoût que la puanteur écologique des prétendus amis de la nature (chapitre 13).
Il y a deux sortes de douleur. Une qui vous avertit qu'il ne faut aller plus loin et une qui vous libère.
... ils se disputaient depuis dix-huit ans déjà, tout bien considéré ils n'étaient absolument pas faits l'un pour l'autre, mais on voit souvent ce genre de cas, des couples pour qui de continuelles frictions sont le moteur de leur mariage, pour qui chaque dispute est un prélude au moment où ils pourront se réconcilier de nouveau dans leur lit.
Je me demandais très sérieusement ce qui se passerait si je ne disais strictement rien. Si je me contentais de continuer à vivre, comme tout le monde. Je pensais au bonheur - aux couples heureux et aux yeux de mon fils.
Je pense qu'elle portait à nouveau ses sandales d'où dépassaient souvent ses orteils avec des talons trop hauts pour le suivre.
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Je me posai la question si j'avais été chez sonner à l'improviste chez mon frère et ma belle-soeur. Babette aurait peux-être été occupée à raser les poils de ses jambes ou couperait les ongles de ses jolis orteils alors j'aurais vu ce qui en fait était privé et ne me regardait pas.
Souvent ses jolis orteils dépassaient de son sac de couchage.
L'été nous allions quelques fois en vacances ensemble, mon amie n'était pas forte, seulement très grande, je remarquai les mouvements de ses jambes et de ses pieds nus qui sortaient du sac de couchage.
Des fois ses orteils dépassaient de l'ouverture de la tente et je me sentais coupable que les tentes n'étaient pas fabriquées plus grande.
S'il écrivait ce qu'il pensait vraiment, sous sa forme la plus crue et la plus frustre, ce serait terminé d'un seul coup. Les lecteurs, emplis de dégoût, se détourneraient de lui. Comme ils n'oseraient pas brûler ses livres, ils se contenteraient de les retirer de leurs étagères. Les librairies refuseraient de vendre ses ouvrages. [...] Dans certains cercles, sa popularité s'en verrait accrue. Des cercles au sein desquels personne, lui compris, n'a envie d'être populaire. Ces cercles feraient tout ce qui était en leur pouvoir pour s'approprier l'auteur et ses livres, mais ce ne serait pas si simple, les livres étant trop rebelles et l'auteur trop insaisissable. Les Pays-Bas se demanderaient à haute voix s'ils doivent être fiers d'un écrivain comme lui, si l'œuvre peut se détacher de l'auteur. Un "débat national" ! Nous en raffolons tous. Comme toujours, on fait alors deux poids, deux mesures. Ces mêmes deux poids, deux mesures en vertu desquels il y a des années, un maire socialiste d'Amsterdam a refusé à un écrivain néerlandais célèbre qui s'était rendu dans l'Afrique du Sud de l'apartheid l'accès à sa ville alors que ceux qui défendaient ouvertement les dictatures de gauche et les camps de concentration de gauche, à commencer par lui-même y vivaient en toute tranquillité.
« La honte n’existe pas. Les animaux n’éprouvent pas de honte. C’est une trouvaille humaine. Quiconque vit sans honte est plus libre, plus proche de la nature. » p. 53
« La littérature et les autres livres différaient encore sur un plan. Il s’agissait des mêmes aliments, mais ils provenaient de deux restaurants différents. A droite, le restaurant étoilé du guide Michelin, à gauche le Burger King ou le McDonald’s. Tout compte fait on ne tenait pas toujours à savourer des mets raffinés, on ne voulait pas planter tous les jours sa fourchette dans un minuscule morceau de foie gras sur une assiette par ailleurs presque vide. Parfois, on avait tout simplement envie d’un hamburger au bacon et au fromage fondu – mais cela s’accompagnait toujours d’un sentiment de culpabilité. D’un sentiment de culpabilité tellement envahissant que, lorsqu’on se rendait dans un Burger King, on lançait constamment des regards inquiets autour de soi pour vérifier si on apercevait une connaissance. Pris en flagrant délit ! Comme si on allait voir une pute. La lecture d’un thriller ou d’un polar donnait presque le même sentiment après coup : un grand vide. »
Tout le monde était au courant, tout le monde sauf les professeurs, mais c'était aussi pour cette raison qu'ils étaient professeurs, pour ne rien comprendre à ce qui se déroulait réellement dans un établissement scolaire.
Les gens préfèrent parler de rien du tout, cela dure depuis des milliers d'années, et à la plus grande satisfaction de tous. Je ne souhaite pas aborder ici le thème des courriels et des textos. Ils facilitent les contacts comme un laxatif facilite le transit. Mais si l'on prend trop de laxatif, on a la diarrhée, comme chacun sait.
L'expérience m'a appris que, face à des intelligences inférieures, le mieux est de mentir effrontément ; en mentant, on donne aux abrutis la possibilité de battre en retraite sans perdre la face.
Les profs sont dans l’ensemble des ratés. Ratatinés et frustrés. On ne résiste que quelques années, en tenant des discours creux sur l’idéalisme et la transmission du savoir aux générations futures, mais en définitive, une intelligence frustrée à ce point se ronge totalement de l’intérieur. Les professeurs ne font pas de vieux os. Ce n’est pas une question de savoir faire régner l’ordre ou non. Jour après jour, ils se tiennent devant une classe dont les élèves ont une intelligence aussi médiocre que la leur. Ils pourraient en principe continuer pendant des années. Mais chaque année, ils sont confrontés à quelques éléments dans le lot qui sont plus intelligents qu’eux. Ils ne peuvent pas le supporter.
Un homme peut féconder plusieurs femmes en un seul jour. Mais une femme enceinte est indisponible pendant neuf mois pour assurer la survie de l'espèce. (...)
Nous ne voulons pas d'une femme qui a dépassé la date de péremption, parce que cela n'a aucun sens. Cela ne contribue pas à la survie de l'espèce.
[Tu as en horreur] Les conneries sans intérêt que débitent ces gens persuadés de s'être hissés au-dessus du reste de l'humanité parce qu'ils font de l'art. Ces prétendus artistes peintres qui ne vendent pas une toile, ces cinéastes qui tournent des films que ne vont voir qu'une centaine de personnes
Au début de la nouvelle année, nous avons reçu une autre invitation à une première. La mouette de Tchekhov cette fois. Nous n'y sommes pas allés. Nous appliquions une stratégie passive de découragement en établissant la plus grande distance possible entre la famille Meier et nous.
Les boucles d'oreilles sont à peu près aux femmes ce que le rasage est aux hommes : Plus les boucles d'oreilles sont grosses, plus la soirée est importante, festive.
Il s'est alors installé ce curieux silence que l'on n'entend que dans les restaurants : une soudaine conscience aiguë de la présence des autres, du brouhaha et du cliquetis des couverts sur les assiettes de la trentaine d'autre tables, une ou deux seconde de calme plat pendant lequel les bruits de fond deviennent des bruits de premier plan.