Citations de Herman Koch (186)
Un quotidien a consacré à l'affaire un article pleine page où pour la première fois était ouvertement posée la question de savoir si des parents biologiques feraient plus d'effort pour retrouver leur enfant que des parents adoptifs.
Dans ces restaurants prétendument haut de gamme, on perd totalement le fil de la conversation à force d’être confronté à ces innombrables interruptions comme les explications bien trop détaillées sur le moindre pignon de pin dans son assiette, le débouchage interminables des bouteilles de vin et le remplissage opportun ou non de nos verres sans que personne n’ait rien demandé.
Nous avons partagé quelque chose ensemble. Quelque chose qui auparavant ne s'était pas produit. Nous n'avons certes pas partagés tous les trois la même chose, mais peut-être n'est-ce pas nécessaire. On n'a pas besoin de tout savoir sur les uns des autres. Les secrets ne sont pas un obstacle au bonheur.
Le malheur est toujours en quête de compagnie. Le malheur ne peut supporter le silence et encore moins les silences gênés qui s'installent lorsqu'il se retrouve seul.
Pourtant je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir parfois l'impression que tout était bien plus simple, que Babette avait souscrit à un projet, à une vie aux côtés d'un politicien arrivé, et qu'il était dommage, compte-tenu du temps investi, de mettre un terme à la relation : de même qu'on ne met pas de côté un mauvais livre dont on a déjà lu plus de la moitié et qu'on le finit à contrecœur, elle était restée auprès de Serge - le dénouement compenserait peut-être le reste.
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Les fans du véganisme refusent de marcher dans des sandales en peau de bête, mais n'éprouvent aucune honte à exhiber leurs pieds mal irrigés, leurs orteils trop blancs, dans des sandales écologiques en fibres synthétiques. C'est quoi la marque déjà ? Birkenstock.
Julie et Lisa se tenaient sur le plongeoir de la piscine. Alex et Thomas étaient assis sur le bord, les jambes dans l'eau. Julia s'avança d'abord jusqu'au bout du plongeoir. Là, elle s'arrêta, se redressa sur ses jolis pieds nus et lança ses bras en l'air comme une ballerine.
Maintenant Lisa est arrivée. Elle s'étira et se mit sur la pointe de ses orteils alors que l'eau éclaboussait son ventre nu et son bikini
Une fois de plus, j'ai senti que je n'avais aucune envie d'être là, ma répugnance à l'idée de la soirée qui nous attendait était entre-temps devenue presque physique - une légère nausée, les doigts moites et un début de migraine derrière l'œil gauche - mais pas assez pour faire un malaise ou perdre connaissance sur-le-champ.
Depuis combien de temps ? était cette question que j’aurais préféré ne jamais vouloir poser. Cela dure depuis combien de temps ? Je craignais d’entacher le passé. Je pouvais peut-être à la rigueur supporter que la trahison remette en cause le présent. Je devais déjà vivre avec cette idée. Mais pas le passé, par pitié, pas le passé.
Pour Sylvia et moi, c’est très simple : partout où nous sommes, nous passons de bons moments. Ou que nous trouvions ensemble, nous sommes heureux. Nos intérêts sont plutôt divergents, mais nous continuons d’éprouver toujours et partout un grand intérêt l’un pour l’autre. Je peux rester assez indifférent à la peinture, mais un tableau devant lequel Sylvia s’arrête est toujours plus qu’une simple bataille navale, plus qu’un paysage ou une nature morte de fruits et de lièvre mort.
- Tout le problème, c’est d’avoir le droit d’être un salaud », ai-je dit.
Un bref silence a suivi, ce silence où, selon la formule, on peut entendre une mouche voler, sauf que le brouhaha dans le restaurant ne le permettait pas. Ce serait exagéré de prétendre que toutes les têtes se sont tournées de mon côté, comme on le lit parfois. Mais on nous prêtait attention. Babette a pouffé de rire. « Paul… ! a-t-elle lancé.
Dans quelle mesure est-on conscient de sa médiocrité ? Est-on enfermé dans son propre esprit médiocre ou secoue-t-on les portes et les fenêtres pour le laisser sortir ? Sans qu’on l’entende jamais ? (p. 24)
Nous parlons des premières neiges, mais c'est la même neige qu'un an plus tôt.
« Michel a regardé ma main comme s’il s’agissait d’un curieux insecte qui avait atterri sur son bras, puis il m’a regardé.
Nous étions à présent très près de quelque chose, me suis-je dit. Quelque chose à la suite de quoi il serait impossible de faire machine arrière. J’ai retiré ma main de son avant-bras. »
Il est coupable, évidemment, mais il ne faut pas qu'une sans-abri allongée par terre qui barre l'accès à un distributeur devienne soudain l'incarnation de l'innocence. Or on en vient vite à un tel jugement si l'on s'en remet aux notions de droit qui prévalent dans ce pays.
- Mais c'est où exactement ? ai-je demandé le plus calmement possible. Cet endroit où vous allez chercher des glaces.
J'ai regardé le garçon flegmatique comme tout père regarde un garçon qui veut emmener sa fille acheter des glaces. Si tu poses un seul doigt sur elle, tu es mort. D'un autre côté, une voix chuchote aussi qu'il faut lâcher prise. Il y a un moment critique où le père protecteur doit faire un pas en arrière au profit de la continuité de l'espèce. La biologie, c'est ça aussi.
Oui, c'est de cela que nous avions parlé, un peu trop longtemps à mon goût, un sujet cependant inoffensif, le début sans originalité d'un dîner en ville normal. Mais la suite, j'aurai été bien incapable de dire comment elle allait se dérouler.
Enfin j'ai pensé à mon frère. Il n'était pas des plus malin, en un certain sens on pouvait même dire de lui qu’il était retardé. Si les sondages d'opinion étaient dans le vrai, il prêterait serment à l'issue des prochaines élections pour devenir notre premier ministre.
J'étais confronté au dilemme qui se pose à chaque parent tôt ou tard : on veut bien entendu défendre son enfant, on prend le parti de son enfant, mais on ne doit pas y mettre trop d'énergie, et surtot pas le faire avec trop d'éloquence - il ne faut pas les piéger.