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Citations de Hermann Hesse (2212)


Sa beauté, à elle seule, n'eût pas suffi à lui gagner si aisément les femmes; c'était cette naïveté enfantine, cette passivité, cette innocence pleine de curiosité dans la concupiscences, cet absolu consentement à tout ce qu'une femme pouvait bien désirer de lui. Il était, sans le savoir lui-même , auprès de chaque amante, exactement tel qu'elle le souhaitait et le rêvait, tendre et patient auprès de l'une, auprès de l'autre emporté et entreprenant, aujourd'hui naïf comme un gamin à la première initiation, demain raffiné et fort averti.
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Il reste alors l'humour, cette invention magnifique des hommes qui ont été entravés dans la quête du sublime à laquelle ils étaient voués, qui n'atteignent pas tout à fait à la dimension tragique et sont profondément malheureux malgré leurs dons exceptionnels. Seul l'humour (peut-être l'invention la plus spécifique et la plus géniale de l'humanité) accomplit l'impossible.
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Comment ne pas devenir un loup des steppes et un ermite sans manières dans un monde dont je ne partage aucune des aspirations, dont je ne comprends aucun des enthousiasmes ?
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Chacun sait bien, dans un recoin de son âme, que le suicide représente une issue, mais que celle-ci n'est qu'une solution de fortune, un peu mesquine et illégitime. Au fond, il est plus noble et beau d'être vaincu et abattu par la vie que par soi-même.
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La solitude est synonyme d’indépendance ; je l’avais souhaitée et atteinte au bout de longues années. Elle était glaciale, oh oui, mais elle était également paisible, merveilleusement paisible et immense, comme l’espace froid et paisible dans lequel gravitent les astres.
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On avait fait un bon morceau de la grande route en aval ; on avait maintenant le choix entre une confortable petite route gravissant lentement la côte avec de grands lacets et un sentier abrupt, qui était plus court de moitié. On choisit la route, quoiqu'elle fût plus longue et poussiéreuse. Les sentiers, c'est bon pour les jours ouvrables et pour les messieurs qui se promènent ; le peuple, surtout le dimanche, préfère la route, dont la poésie n'est pas encore perdue pour lui.
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Il n'aimait pas à s'entretenir avec des jeunes filles qu'il était obligé de vouvoyer ; et celle-ci était si vivante, si bavarde, attachait si peu d'importance à sa présence et à sa sauvagerie que, plus gauche que jamais et légèrement vexé, il rentra ses antennes et se recroquevilla comme une limace qui a été effleurée au bord du chemin par le passage d'une roue de voiture.
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L'automne était déjà très avancé. Dans les sombres forêts de sapins, les quelques arbres à feuillage caduc, jaune et brun, resplendissaient, comme des torches ; les gorges s'emplissaient de brouillard, et la rivière fumait dans le froid du matin.
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Des groupes bavards se formaient autour de certains pupitres, un éclat de rire clair et juvénile résonnait çà et là ; vers le soir, les camarades de chaque chambrée se connaissaient déjà mieux que les passagers d'un bateau à la fin d'un voyage en mer.
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Harry était fait non de deux , mais d’une centaine de subpersonnalités différentes. Sa vie oscillait, comme celle de chacun, non simplement entre deux pôles, comme le corps et l’esprit, le saint et le pêcheur, mais entre des centaines et des centaines de pôles différents. Chaque ego, loin d’être une unité, est au plus haut point, un monde multiple, un ciel plein de constellations, un chaos de formes, d’états, d’héritages et de potentialités propres. En tant que corps, chacun est seul, en tant qu’âme, jamais.
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Quand un maître voit jaillir chez un enfant un talent qu'il a longtemps cherché à stimuler sans obtenir de résultat, quand il voit là son sabre de bois, sa fronde, son arc, ensuite flèches, ou d'autres jeux puérils, et commencer à s'efforcer de bien faire ; quand l'austérité du travail transforme un robuste joufflu en un garçonnet fin , sérieux, presque ascétique, que son visage vieillit, se spiritualité, que ses yeux s'approfondissent, prennent conscience du devoir, que sa main blanchit, s'immobilise, alors l'âme du maître rit de bonheur et de fierté.
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Il regarda autour de lui comme s’il voyait le monde pour la première fois. Il était beau le monde ! Il était varié, étrange, énigmatique : là du bleu, ici du jaune, là-bas du vert; des nuages glissaient dans le ciel, et le fleuve sur la terre, la forêt se hérissait et les montagnes; tout était beau, tout était plein de mystère et d’enchantement et, au milieu de tout cela, lui, Siddhartha, réveillé, en route vers lui-même
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La remarquable collection de livres n'était presque composée que d'un bon nombre d'ouvrages neufs, aux dos vernis et dorés, contrairement aux volumes abîmés, cornés, éraflés, rongés aux vers, tout tachés que l'on trouve habituellement dans les bibliothèques des pasteurs.
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Ce n'est que lorsque se dressèrent devant lui les montagnes bleu noir couvertes de sapins qu'une sensation de bonheur et de délivrance envahit le garçon.
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Mais il y a une chose commune à tous les hommes de bonne volonté. C'est que toutes nos œuvres, en fin de compte, nous font honte, qu'il nous faut toujours recommencer par le commencement et que le sacrifice doit toujours se renouveler.
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Voici à peu près ce que je me disais : puisque l'homme est un composé suspect d'esprit et de matière, puisque l'esprit lui ouvre la connaissance de l'éternel, alors que la matière l'entraîne dans les bas-fonds et l'attache aux choses éphémères, il devrait se dégager des sens et s'efforcer vers la vie de l'esprit pour exalter son existence et lui donner une signification. J'affectais bien par habitude d'honorer l'art, mais, au fond, je le regardais de haut dans un sentiment d'orgueil. C'est maintenant seulement que je constate que bien des chemins mènent à la connaissance et que la voie de la pensée abstraite n'est pas la seule, ni peut-être la meilleure. C'est là ma voie, certes, et je m'y tiendrai. Mais je te vois, par la voie opposée, saisir aussi profondément le secret de l'être et l'exprimer de façon bien plus vivante que ne le peuvent faire la plupart des penseurs.
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Mon Dieu! vois ce que je suis devenu! Me voici de retour d'un monde qui a fait de moi un être inutile et méchant. J'ai gaspillé mes jeunes années comme un prodigue et ce qui me reste est peu de chose. J'ai tué, j'ai volé, j'ai forniqué, j'ai vécu dans l'oisiveté et mangé le pain ravi aux autres. Mon Dieu, pourquoi nous as-tu créés ainsi et pourquoi nous mènes-tu par de telles voies? Ne sommes-nous pas tes enfants? Ton fils n'est-il pas mort pour nous? N'y a-t-il pas des anges et des saints pour nous guider? Ou bien ne sont-ce que de jolies histoires inventées que l'on raconte aux enfants et qui font rire les prêtres eux-mêmes? Mon Dieu, tu me déconcertes! Tu as raté ta création et tu ne tiens pas ton univers en ordre. J'ai vu des maisons et des rues pleines de morts; j'ai vu les riches se retrancher dans leurs demeures ou s'enfuir et les pauvres laisser leurs frères sans sépultures, se soupçonner les uns les autres et massacrer les juifs comme du bétail. J'ai vu tant d'innocents dans la peine et tant de méchants nager dans le bien-être. Nous as-tu donc tout à fait oubliés et abandonnés? T'es-tu complètement dégoûté de ton œuvre? Veux-tu nous laisser tous périr?
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C'etait la fatalité de la mort, dans sa sévérité inéluctable qui s'affichait dans ce tableau. Lui, il aurait demandé autre chose; la chanson sauvage du trépas avait, en lui, une autre résonance. Elle ne faisait point songer au bruit sec et dur des os qui se heurtent, elle était plus douce, séduisante; une mère qui vous rappelle en son sein. Là où la mort portait la main sur la vie, ce n'était pas seulement ces sons aigres et guerriers qu'on entendait, mais aussi une musique profonde, tendre, une musique d'automne et d'abondance; dans l'ombre de la mort, la petite lampe de la vie brûlait plus claire et plus intime.
Pour d'autres: un guerrier, un juge, un bourreau, la mort pouvait bien se présenter sous l'aspect d'un père sévère, pour lui, la mort était aussi une mère et une amante, son appel était un geste de tendresse qui vous attire, sa main posée sur vous faisait passer un frisson d'amour.
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Partout le voyageur pouvait entendre et voir des choses étranges et effroyables. Des parents avaient abandonné leurs enfants et des époux leurs femmes quand ils étaient tombés malades. Les valets de la peste et les aides des hopitaux régnaient en bourreaux, pillants les maisons vidées par la mort, tantôt, selon leur bon plaisir, laissant les morts sans sépultures, tantôt traînant les vivants, avant qu'ils aient cessé de respirer, hors de leurs lits sur les chars à cadavres. Des fugitifs apeurés erraient solitaires, devenus sauvages, évitant tout contact avec les hommes, poursuivis par la peur de la mort. D'autres, sous l'impulsion d'un désir de vivre exaspéré et épouvanté, formaient des groupes qui tenaient des festins et se livraient à des danses et à des fêtes amoureuses au cours desquelles la mort jouait du violon. D'autres, ravagés, désolés, blasphémant, se tenaient, les yeux égarés, accroupis devant les cimetières ou devant leurs maisons dépeuplées. Et le pire de tout, c'est que chacun cherchait un bouc émissaire pour son intolérable misère.
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Indépendants à l'égard des hommes, soumis seulement aux intempéries, aux saisons, sans but devant les yeux, sans toit au-dessus de la tête, ne possédant rien, livrés sans défense à tous les hasards, les vagabonds mènent leur existence puérile et vaillante, misérable et forte. Ils sont fils d'Adam chassé du paradis, frères des animaux innocents. D'heure en heure ils acceptent de la main de Dieu ce qu'il leur octroie: soleil, pluie, brouillard, neige, chaleur et froid, bien-être et détresse. Il n'est pour eux ni temps, ni histoire, ni visées ambitieuses, ni ces curieuses idoles de la prospérité et du progrès auxquelles on croit désespérément quand on possède une maison. Un vagabond peut être tendre ou brutal, industrieux ou balourd, courageux ou poltron, toujours il est, dans son cœur, un enfant, toujours il vit dans le monde naissant, avant l'aube de l'histoire universelle, toujours sa vie est menée par quelques instincts et quelques besoins primitifs. Qu'il soit intelligent ou sot, qu'il ait profondément conscience de la fragilité et de l'instabilité de toute vie et sache que tous les êtres vivants traînent leurs quelques gouttes de sang chaud à travers la glace des espaces infinis, ou qu'il obéisse simplement, puéril et vorace, aux ordres de son ventre, toujours il est l'adversaire et l'ennemi mortel du possédant et du sédentaire qui le hait, le méprise et le redoute, car il est tant de choses qu'il ne veut pas qu'on lui rappelle : l'instabilité de toute existence, l'incessante décomposition de toute vie, la mort glacée et inexorable dans laquelle baigne l'univers.
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