Citations de Hervé Giraud (88)
Ma sœur est une bombe; comme Rubens, elle a du chien. On devrait avoir le droit de se marier avec sa sœur (et avec sa mère aussi, ou les deux). Si ma sœur sait tout faire mieux que moi, cela me permet de vivre confortablement dans son ombre (en admettant que le soleil fasse de l'ombre), de rêvasser et de buller à mon gré.
On lui a donné un nom de pilote de formule 1 brésilien: Rubens Barrichello, un choix en rapport à la vitesse, au risque, à l'urgence de vivre et de foncer, car l'essentiel pour le chien courant et pour le pilote, ce n'est pas de gagner, c'est de dominer. En plus, cela amuse le vétérinaire.
"On m'a dit de faire dans la vie ce que je savais faire de mieux, je m'y emploie chaque jour : je raconte des histoires qui servent à fabriquer des livres et à maintenir le monde à température. Je tue le temps mais jamais les insectes, ni les taupes, ni les plantes. A-t-on besoin d'en savoir plus ?
Et puis quoi ? Oui, je prends racine, Cali, le chien et moi, on est solides comme l’arbre, on n’est qu’un, une seule cellule, je suis les freins, elle est le moteur, lui le carburant, mais nous voici en panne et seule une tornade tropicale pourrait faire bouger nos branches.
Les chaussons disparus, les maladies ou les chiens qui se perdent sont autant d’accidents qui tournoient autour de nous et potentiellement peuvent nous atteindre. On a beau marcher courbé au fond de la tranchée, porter des gilets pare-balle ou rester enfermé en faisant des prières ou des opérations mentales et mathématiques, le risque existe et il vient nous chercher là où il l’a décidé.
C'était sans compter sur le syndrome de la banane : je suis peut-être un peu foutraque, mais je mûris quoi qu'il arrive
Nous, on est papa, maman, le chien, ma sœur et moi
J'ai appris ce soir que la seule chose qui compte au moment du départ, c'est l’amour de ceux que l'on quitte.
J'aurais pu être un arbre avec des racines, je suis un homme avec des jambes, alors je me déplace.
J'aurai appris que l'espoir, c'est ce qui apparaît quand il ne reste vraiment plus rien.
La liberté est un leurre. La morale qu'on impose aux hommes en leur infligeant la culpabilité du péché ne les rend pas meilleurs. La crainte de l'Enfer ou de la loi ne sert qu'à les domestiquer et les mettre au service d'autres hommes.
p. 215
Mon moral n'existe plus depuis des jours, sans nouvelles des miens, sans savoir ce que je fais là. Je m'endors de cette seule certitude que je ne suis plus rien. L'avantage de ne plus avoir d'espoir, c'est que ça protège des désillusions.
C'est un volcan de boue, de débris humains, de métal et de pierres qui éructe et puis s'affaisse. C'est la terre après le règne des hommes. Tout est noir et cette fois, ça y est, ça devait bien finir par arriver. Il était écrit qu'on allait tous y passer.
Si le simple fait d'avoir survécu au combat est déjà une blessure, le reste des dégâts les a convaincus qu'il valait mieux rester coupés du monde à tout jamais, se taire et attendre la mort. La vraie mort.
La guerre, ça éloigne les ennemis, mais ça fonde les fratries, ça crée de nouvelles émotions et les sentiments sont plus vrais. A se demander si l'homme n'a pas été crée pour se battre, pour se mettre sur la gueule et vivre intensément plutôt que de vivoter chichement à faire ses courses au carrefour market tous les samedis avant de laver sa bagnole et regarder la télé le soir.
Fossoyeur, je travaille la nuit à préparer les tombes, à m'occuper des cimetières; je vis au milieu des cercueils et des corps sans vie, les seuls que je supporte, dans cet espace à mi-chemin du ciel et de la terre, dans l'entre-deux, au point de fusion de la vie et de la mort, un no man's land boueux de plus. La journée, je me terre, la nuit j'enterre.
L'idée de l'aventure me donne de l'élan. A peine parti, et même si je n'y suis pas encore, j'y suis déjà... Dans l'esprit du voyage, je veux dire. Je plisse les yeux comme le font les baroudeurs, et des usagers des transports publics parisiens ressentent le désir de m'imiter.
Le geek est perdu dans le monde miniaturisé des computers. Il se dit que la vie sera mieux dans dix ans parce qu'on aura augmenté la puissance de mémoire des ordinateurs, et pendant ce temps-là, la Terre tourne sans lui. (p.90)
Habitué à rien, je m'adapte à tout. (p.85)
Le monde, celui dans lequel je suis né et qui a donné vie à Zelda (celui qui existe même quand il y a une panne d'électricité) mérite le détour. (p.83)