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Citations de Howard Fast (175)


Les bisons étaient extraordinairement nombreux, mais à force de massacres on finit par en venir à bout. Lorsque les chemins de fer commencèrent à sillonner le continent, les trains attendaient parfois un jour entier qu'un troupeau eût traversé les voies. Cinq ans plus tard, les bisons étaient rares. Dix ans après, ils avaient pratiquement disparu, il n'en restait que le souvenir : un million de squelettes blanchis.
Aux yeux des Indiens, ce fut d'entre tous le crime qu'ils comprirent le moins, celui qui leur porta le coup le plus rude et le plus tragique. Dans les plaines, depuis des temps immémoriaux, le bison avait été leur vie. Sa chair les nourrissait, son cuir leur fournissait les vêtements, les couvertures, les tipis, les armures ; ses os, des armes et des aiguilles ; ses dents servaient d'ornements, ses tendons de fil, ses entrailles de récipients et de sacs ; ses sabots leur donnaient la colle ; et même les déchets, les fientes étaient un précieux combustible qui brûlait avec une flamme chaude et régulière. Rien n'était gâché et, jusqu'à la dernière goutte de son sang, le bison était consommé par les tribus errantes qui tuaient strictement selon leurs besoins et considéraient les troupeaux comme la source éternelle de leur subsistance.
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La piste de trois cents individus à cheval, d'un village, d'une tribu, de tout un peuple de tout âge et de tout acabit avec tout ce qu'il possédait au monde – une telle piste n'était pas difficile à suivre. Et comment les Indiens auraient-ils pu se cacher ? Le tonnerre des sabots de leurs chevaux poussés au grand galop réveillerait la Prairie à des kilomètres à l'entour. On les entendrait, on les verrait, on les signalerait. Les portes se fermeraient devant eux, les fenêtres seraient barricadées, le bétail détourné. Les plaines qu'ils voulaient traverser n'étaient plus les plaines de leurs pères et de leurs aïeux. Elles étaient coupées de clôtures, ponctuées de fermes. Il y avait des routes, des lignes télégraphiques et, surtout, trois voies ferrées d'est en ouest enserraient d'une triple ceinture de fer le pays tout entier.
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Les enfants, objets de mille caresses, furent descendus tendrement du dos des chevaux : on les traitait comme un mendiant pourrait traiter un objet précieux, sa seule possession, vestige des jours meilleurs. Les soldats contemplaient librement ce spectacle, car les Indiens leur permettaient de s'approcher à une dizaine de mètres du camp avant de les mettre en joue. Ils pouvaient voir ce qu'étaient les enfants, figures grotesques et décharnées au ventre ballonné, des enfants qui ne riaient plus, ne bavardaient plus, ne geignaient même plus, des gnomes horribles enveloppés d'un ramassis de vieux chiffons, de tout ce dont leurs parents à demi nus avaient pu se priver.
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Les années passent. Et l’on oublie que chaque âme humaine est prisonnière d’elle-même. Notre vision du monde est fonction du rayon de lumière qui joue sur nos pupilles et quand nos yeux se ferment tout est fini, révolu en ce qui nous concerne. Un homme peut être flic, millionnaire, métallurgiste ou clochard : il est quand même prisonnier de ce qu’il a fait de sa vie. Les gens courageux n’existent pas ! Le courage ? Une utopie ! Nous sommes tous dévorés, rongés d’anxiété. A chacun de nous sa plaie secrète.
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Un blanc peut connaître son cheval, mais un Cheyenne fait corps avec sa monture.
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En cheyenne un mot est un mot, mais une phrase peut aussi être un seul mot et dix phrases peuvent se succéder comme une eau courante, et ne former qu'un seul mot. Des sons étranges coulent comme un murmure, d'une tonalité musicale, avec toutes les nuances, les interprétations et les variations du langage primitif.
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Ils traversèrent la rivière cette nuit-là, ni à Sydney, ni à North Platte où on les attendait de pied ferme et où les trains de troupes défilaient sans cesse, mais au centre du piège, au point mort, à trois kilomètres d'Ogallala, sous les feux des signaux lumineux qui formaient comme une chaîne de perles fulgurantes sur les dunes.
p.193
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Les guerres indiennes étaient terminées, liquidées, et il n'y avait pas assez d'éleveurs de bétail dans le territoire pour importuner le commandant de la place de leurs réclamations à propos des voleurs de bétail. Eux au moins auraient pu être une distraction ; on les aurait pourchassés et ramenés au fort pour amuser les officiers frais émoulus de West Point de leurs histoires de mauvais coups, de troupeaux qui s'échappent, de marques changées, de dangers évités de justesse.
Mais à Fort Reno il n'y avait rien – rien que la permission mensuelle et la virée à Saint-Louis. Les mois passaient lentement et il faisait chaud. Les hommes juraient et s'entraînaient, les jeunes officiers écrivaient à leurs familles et écoutaient, la mort dans l'âme, les récits des anciens sur la glorieuse époque passée ; ils entendaient parler de Sitting Bull, de Custer, de Crooks et de Sheridan, du temps où il y avait des Indiens à tuer et des hommes courageux pour accomplir cette besogne.
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- […] Tu comprends, nous vivons en république. Cela signifie qu’il existe un grand nombre de gens qui n’ont rien et une poignée d’autres qui ont beaucoup. Et ceux qui possèdent beaucoup doivent être défendus et protégés par ceux qui n’ont rien. Bien mieux, ceux qui possèdent beaucoup doivent faire garder leurs richesses, aussi ceux qui n’ont rien doivent-ils être prêts à mourir pour défendre les biens de gens comme toi ou moi ou comme notre bon hôte Antonius. […]
- […] Mais tu oublies simplement la question-clef : les hommes sont-ils vraiment tous semblables ? C’est par là que pèche ton petit discours. Tu considères comme acquis que tous les hommes se ressemblent comme les pois dans une cosse. Je ne suis pas de cet avis. Il existe une élite, un groupe d’hommes supérieurs. Peu importe si ce sont les dieux ou les circonstances qui les ont faits ainsi. Mais ce sont des hommes capables de gouverner, aussi gouvernent-ils. Et comme les autres ne sont que du bétail, ils se conduisent comme du bétail. Tu comprends, tu présentes une thèse ; la difficulté est de la justifier. Tu proposes un tableau de la société, mais si la vérité était aussi illogique que cette image, tout l’édifice s’écroulerait en un jour. Ce que tu n’expliques pas, c’est ce qui maintient en place cet absurde assemblage.
- […] Tu m’as demandé ce que c’est qu’un politicien. Eh bien, c’est le ciment de cet édifice insensé. […] Nous rationnalisons l’irrationnel. Nous persuadons les gens que le suprême but de la vie c’est de mourir pour les riches. Nous persuadons les riches de sacrifier une partie de leur fortune pour en sauver le reste. Nous sommes des magiciens. Nous créons une illusion, et cette illusion est solide. Nous disons aux gens : vous êtes le pouvoir. Vos voix donnent à Rome sa force et sa gloire. Vous êtes le seul peuple libre au monde. Il n’est rien de plus précieux que votre liberté, rien de plus admirable que votre civilisation. Et c’est vous qui contrôlez tout cela ; vous êtes le pouvoir. Alors ils votent pour nos candidats. Ils pleurent quand nous sommes battus. Ils partagent notre allégresse quand nous triomphons. Et ils se sentent fiers et supérieurs parce qu’ils ne sont pas des esclaves. […] Ils ne sont que de la vile tourbe, mais chaque fois qu’ils voient un esclave, leur moi se gonfle et ils se sentent tout pleins d’orgueil et de puissance. Ils savent qu’ils sont citoyens romains et que le monde entier les envie. Et c’est cela mon talent, Cicero. Ne minimise jamais l’importance de la politique.
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Il vaut mieux parfois pour un peuple d’être mort qu’esclave.
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Quatre heures du matin. Je suis réveillé, sans espoir de me rendormir à cette heure maladive de la nuit qui finit.
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Je restais debout, car je ne me sens jamais bien assis sur un fauteuil dont la valeur dépasse la totalité de mes biens terrestres.
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- Tu as faim coco ? demanda t-elle
- Oui très faim, murmurai-je en suivant le maître d'hôtel vers notre table.
Au moins, à côté de Madame Argona on ne passait pas inaperçu. Toutes les têtes se retournèrent sur notre passage. Mais Madame Argona n'en fut pas pour autant ni émue ni troublée. Elle traversa la salle avec superbe, comme si elle lui appartenait, eut un sourire bienveillant pour le garçon qui glissait une chaise sous son énorme masse. Je dus reconnaître dans mon for intérieur qu'elle avait gagné le premier round. Il se peut qu'elle ait paru originale, mais je ne crois pas qu'il se soit trouvé personne ce soir-là qui l'ait jugée insignifiante. Elle se pencha vers moi et me dit d'une voix douce :
- Tu vois mon petit, je ne suis qu'une pauvre vieille cloche. Il y a plus de dix ans qu'on ne m'a pas invitée à dîner dans un endroit comme celui-ci. Je ne connais pas tes intentions, mais quelles qu'elles soient, j'ai décidé de bien m'amuser.
J'eus un geste d'approbation.
- Tu as l'air gentil, ajouta t-elle. Allons, laisse toi vivre un peu.
- C'est ce que je fais.
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Au matin, nerveuse, agitée, la milice était indignée. La veille, elle comptait près de trois cents volontaires et maintenant, elle avait fondu : il en restait moins de cent. La milice avait aussi changé de caractère. De petits fermiers, de petits éleveurs, de pères de famille, il n'était plus question. Dix heures avaient suffi : partir combattre les Indiens dans le feu de la boisson, des discours, de l'enthousiasme commun pour débarrasser le pays de la vermine, est une chose ; c'en est une autre de se mettre en route et de se faire tuer de sang-froid dans la lumière crue et sans ombres du matin.
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(...) ces Dog Soldiers ne meurent pas facilement. Et ils veulent mourir. Il faut le comprendre. Ils ne sont pas en train d'exécuter un raid. Ils rentrent chez eux dans le nord, dans la région de la Powder River. Ils savent à quel point c'est impossible, et à cause de cela ils ont perdu tout sentiment de crainte. Ils sont déjà morts. Il faut connaître les Cheyennes pour les comprendre. Et parce qu'ils sont morts, il ne peut plus rien leur arriver.
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La plupart des gens se contentent de faire ce qu'ils ont toujours fait: aujourd'hui sera comme hier, et demain ça continuera. C'est comme ça pour moi. Je gagne un salaire de misère dans un sale boulot. Dès que j'ai un sou en poche, je peux refuser les tâches vraiment répugnantes et accepter celles qui le sont moins, et alors j'en conçois une certaine estime pour moi-même, aussi vaine et dépourvue de sens que tous les autres sentiments que j'éprouve. Et toujours, comme tous les gens de mon espèce, je rêve que l'impossible va se produire.
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Je vais vous dire que ce n'est vraiment rien l'impuissance chez un homme de votre âge, et ce n'est vraiment rien car le sexe est une ruelle sombre que nous parcourons en trébuchant plus ou moins aveuglément.
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Il y a longtemps que je sais qu'entre une femme et un homme l'amour ne naît pas fortuitement. On ne tombe pas amoureux, comme dans les romans ; on y succombe délibérément et volontairement ; et, quand le choix se fixe sur l'impossible, c'est signe d'une disposition d'âme maladive.
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Il connaissait les récits du cruel massacre des Cheyennes à Sand Creek et il éprouvait un soulagement quasi puéril de ne pas s'être trouvé entraîné dans une opération de ce genre.
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- Si trois hommes peuvent s'enfuir impunément, c'est que toute la tribu le peut aussi.
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