Citations de J.M.G. Le Clézio (1811)
« Et vous faites le portrait de toutes les femmes que vous Voyez, comme ça ? » demanda-t-elle. Il sourit :
« Non, pas toutes. Seulement, seulement celles que je vois. Je veux dire, qui me choque. Tous les visages n’ont pas besoin d’être dessinés. Vous comprenez. »
Le monde se termine dans un caveau, non, dans une chambre, dans une grande pièce aux volets fermés, au lit en désordre, où les habits ont été abandonnés sur les chaises, où règne l’odeur de journées de transpiration et de cigarettes, quelque chose comme une salle commune, un dortoir d’hôpital, et où brûle, sans arrêt, avec rage, d’une lumière blafarde et grise, une seule ampoule électrique, pendue nue au bout d’un fil.
C’est difficile de faire de l’art en voulant faire de la science. J’aimerais bien avoir en quelque sorte un ou deux siècles de plus pour savoir.
La fièvre, la douleur, la fatigue, le sommeil qui arrive sont des passions aussi fortes et aussi désespérantes que l’amour, la torture, la haine ou la mort.
Ce sont les plantes qui sauvent les hommes.
En Angleterre, il y a des femmes qui jeûnent pour devenir encore plus maigres, et qui portent des corsets si serrés que leurs bonnes doivent mettre un genou dans leur dos pour les lacer, et quelquefois elles étouffent.
Le sommeil est venu comme un flux irrésistible qui efface tous les regards et éteint tous les bruits.
J’ai soif. Je voudrais un peu d’eau. » Ce qu’il demande, c’est l’eau des sources de son pays natal, l’eau de Roches, l’eau de jouvence, et non pas cette eau des puits alcalins d’Aden, l’eau fade et morte des chaudrons de désalinisation de l’hôpital. Et comme il ne peut l’obtenir, il ferme les yeux et se laisse aller à son rêve.
bonjour !! je cherche s'il vous plait des pistes de lecture, des analyses ou des travaux effectués sur la nouvelle Mondo de LECLEZIO. j'ai cherché partout mais j'ai rien trouvé, j'espère que vous me serez utiles.
Comme mon illustre ancêtre (encore un!) Bilal, l'esclave que le Prophète a libéré et lancé dans le monde, je suis enfin sortie de l'âge de la famille, et j'entre dans celui de l'amour.
Les gens, ici, les gens que je vois, et ceux des villages que je ne vois pas, ils appartiennent à cette terre, comme je n'ai jamais appartenu nulle part. Ils font la guerre, certains viennent prendre une terre qui ne leur appartient pas, creuser des puits là où ce n'est pas à eux.
À cause de la fièvre et de la déshydratation, j'avais la langue noire, enflée, mes lèvres saignaient. Je ne me rendais même plus compte que j'étais sourde. J'étais dans un cocon, blottie au fond d'une grotte, tout au fond de mon mal. Mon ventre était mon âme, mon être, il avait été tellement gratté, cureté, vidé que je ne vivais plus que par lui.
Pour la photo, tu sais bien que pour les Français tous les Noirs se ressemblent.
C'est vrai que les riches mangent la chair des pauvres. Quand les Français sont arrivés chez nous, ils ont pris des jeunes hommes pour les faire travailler aux champs et des jeunes filles pour servir à leur table, faire la cuisine et coucher avec eux dans leurs lits, parce qu'ils avaient laissé leurs femmes en France. Et pour faire peur aux petits Noirs, ils leur faisaient croire qu'ils les mangeraient.
On chantait, juste des sons, ah, ouh, eho, ehe, ahe, yaou, ya. Très doucement. On était jeunes. On n'avait pas d'argent, pas d'avenir. On fumait des joints. Mais tout cela, le toit, le ciel rouge, les grondements de la ville, le haschich, tout cela qui n'était à personne nous appartenait.
Ne la grondez pas. C'est une enfant, est-ce que nous n'avons pas tous fait quelque chose comme ça quand nous étions enfants.
Grand-mère, vous ne seriez pas fière de moi. Vous qui m'avez toujours dit qu'il faut respecter le bien d'autrui et dire la vérité, voilà que maintenant je suis la plus grande voleuse et la plus grande menteuse de la terre.
C'était étrange, toutes ces questions qui montaient de la réalité; tous ces mensonges, toutes ces légendes qui rôdaient comme une brume légère, et qui cachaient la vraie face des choses. Au bout de chaque phrase,il y avait un drôle de signe recourbé, terminé par un point , et qui voulait dire qu'il n'y avait vraiment rien de sûr:
La terre est ronde?
Les arbres ne pensent pas?
Il faut manger?
Le ciel est bleu?
Dieu est bon?
La matière existe?
E=mc2?
2+2=4?
Mina m'aime?
Je dois mourir?
Deux portraits de (jeunes) femmes abîmées mais survivantes. La vie, toujours la vie. Qu'elle soit décrite sur une île coréenne ou en Afrique de l'Ouest, cette (sur-)vie nous est restituée par une merveilleuse écriture, limpide et simple, poétique et toujours sublimée par son sujet.
Mais il fait cela sans orgueil, comme si ce qu'il donnait n'avait pas d'importance.