Jacques Chardonne

Étrange, en vérité, ce monde où le nôtre est inconnu.

Que faites-vous quand vous ne faites rien ?

Chez moi, vraiment, au départ, il n’y a rien.

C’est une faveur en ce monde que d’être enchanté.

Avant de mourir, j’atteindrai à une région de moi que je pressens et ne peux définir et que la solitude me révélera.

Dans ce monde rien ne me regarde.

La curiosité est le premier mouvement de l’homme.

La lumière ne se laisse pas reproduire. S’il y a quelque espérance sur terre, elle est de cette nature.

Nous vivons au milieu de délices oubliées, que nous ne savons pas goûter.

Laissez l’homme en face de lui-même, vous ne pouvez le punir davantage.

Le présent contient tout. Il suffit de sentir l’inexprimable.

Être heureux, c’est être pleinement ce qu’on est.

Je n’attends rien, et, réduit à l’optimisme, je goûte de mon mieux ce qui m’est offert.

On méconnaît la vie, dès qu’on la juge.

La vie m’a parlé, mais si discrètement et d’une voix si basse que je n’oserais me prévaloir de sa confidence.

La vie veut l’effacement de tout.

La confiance instinctive dans la durée que nous manifestons à tout instant dans notre vie même, sans y croire, est bien plus surprenante que la foi dans l’immortalité.

C’est un être bien curieux que l’homme, et que personne n’aura jamais vu. L’homme n’est pas de ce monde. Rien de terrestre n’a marqué sur lui.

Une pensée n’est pas mûre quand elle ne peut se condenser en une gouttelette claire.

La vie est chose intérieure, et presque inaccessible.