Jacques Chardonne

La vie est bien étrange ! Elle se soucie peu de notre bonheur et de nos vertus. Peut-être que nos pauvres personnes n'ont aucune importance .

On atteint à une espèce de bonheur avec l'âge. Il vient comme un apaisement , un appauvrissement. Il ressemble à l'oubli , à l'indifférence , à la satiété.
Quelques fois à la folie. Je me méfie des gens heureux .

Et pourtant il semble qu'on aurait tant de choses à dire à sa mère si elle savait vous répondre.Mais les parents ne s'intéressent pas vraiment à leurs enfants . Ils ont fini leur vie et tout ce qui est vivant les ennuie un peu.

Tout finit bien, puisque tout finit.

Nous avons facilement du dédain pour l'opinion des autres ; pourtant, s'ils sont de notre avis, cela rassure.

La littérature, c'est une religion : elle a peu de fidèles ; elle n'a que des prêtres.

Je n'ai jamais vu que des situations sans issue, des sacrifices inutiles et des gens pleins d'espoir. Sans doute, l’espérance a raison… L’espérance ! C'est incroyable depuis le temps qu'il y a des hommes.

Nous sommes de passage ; rien n’est sérieux. Restent les distractions (les plus futiles sont les meilleures) ; et puis faire sa tâche, comme le pommier donne des pommes.

Si tu crois en Dieu, fais-lui cadeau de ton propre monde.

La liberté de l’esprit, c’est le premier des luxes.

L’ennui est la source de la pensée sérieuse.

Les idées sont une servitude.

En groupe, les gens perdent leur esprit.

Les bonnes choses de la vie, on les trouve sur ses bords.

La paresse est nécessaire. Il faut la mêler à sa vie pour prendre conscience de la vie.

Ce qui est nécessaire au bonheur des hommes est plus obscur que la mort.

Le bonheur nous touche doucement. Il n’y a de paradis que pour les anges.

C’est la foule qui fait les religions.

Tout se passe en ce monde comme si les hommes ne devaient rien savoir.

On devrait avoir cette politesse avec les gens et les événements : tout accepter.