Jacques Chardonne

Un homme bien passe inaperçu.

Chacun est seul de sa race.

Le principal c’est le divertissement. Ce qui est sérieux n’est pas à notre portée.

Penser à quoi ? À rien. Cela se nomme la sagesse.

Il y a ce qui est, et là-dedans nous ne sommes rien.

On ne sait rien ; tout ce que l’on croit est douteux ; au moins ne pas s’y appesantir avec gravité.

Une belle lumière, si délicate qu’elle est impossible à décrire, on dirait un secret.

Ne penser rien, ce n’est jamais une sottise.

Rien n’est plus ténébreux pour l’homme que le monde extérieur.

On n’admire que l’indéfinissable.

La littérature, c’est une religion : elle a peu de fidèles ; elle n’a que des prêtres.

Je préfère tout renoncement à l’appétit de grandeur, peste du genre humain.

J’aime le présent : il n’y a rien à voir, rien à prévoir.

Savoir finir, c’est le principal.

Toute chose nous surpasse.

Regardons le monde dans la perspective des millénaires. On ne voit rien ; c’est un bon point de vue.

Dernier cahier de réflexions de Chardonne reposant essentiellement sur des maximes. C’est dans ce registre lapidaire qu’il est le meilleur : lumineux et diaphane. On tient un livre de Chardonne en main comme on tient un verre de très bon vin. Ce qui compte, ce n’est pas ce que le livre nous dit, mais le parfum qu’il dégage.

La mort détient le secret de la vie et n’en laisse rien paraître.

Voir le beau dans la nécessité des choses.

Méfiez-vous du sublime.