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EAN : 9782246110125
236 pages
Grasset (28/02/1985)
3.77/5   13 notes
Résumé :
4ème de couverture
Jugements sans tendresse, mais pleins d'humour et de clairvoyance, sur les contemporains que sont Gide, Jouhandeau, Montherlant ; réflexions sur le style, livrées par un maître du style ; portraits en abîme de quelques personnages observés au cours d'une saison à la montagne, c'est tout cela que contient ce roman en forme de correspondance que Roger Nimier ne lut qu'une fois terminé. De lettre en lettre, les propos désabusés et brillants d'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Hum. Par où commencer…

Un livre épigraphique, composé de lettres dont le destinataire n'a découvert le contenu qu'à sa publication. Une absence totale – voir un désintérêt marqué – pour la moindre ligne narrative claire. Une collection de petites phrases et d'épigrammes épinglées à première vue sans ordre sur un vague récit de voyage. Et au final quelque chose de brillant et plaisant à lire.

C'est qu'on a affaire à la plume magique de Jacques Chardonne, qui arrive à faire tenir ensemble à peu près n'importe quoi. Et à son esprit curieux qui, par des détours en apparence sans but, nous mène exactement où il l'avait prévu comme il l'avait prévu.

Et où est-ce ? En altitude. Prendre un peu de hauteur sur le monde. Observer les être qu'on croise, obstinément lancés après quelque objectif. Les doctrines, les lieux où l'on passe, les écrivains, la littérature. Là-dessus, quelques petits jugements froids, comme négligents, mais si précis, si tranchants, si nets… Et généralement si justes. Voila tout l'art de Chardonne. Cela, et l'art des descriptions sans adjectifs.

L'esprit ironique relèvera que, dans ce livre écrit dans les années cinquante, se mêlent quelques allusions à l'engagement dans la collaboration qui faillit lui coûter la vie. Tentative de justification ? Peut-être. Mais du reste, qu'a bien pu aller faire un esprit aussi lucide et indépendant au côté des Darland et des Déat ? Si l'on en croit ce livre, deux éléments clés semblent avoir joué : sa sympathie pour Jaurès, et son admiration pour Goethe. Ou l'inverse.
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Lecture piquante et incitative à la réflexion. C'est un vrai bonheur et une réel plaisir intellectuel. Certains auteurs savent vous rendre intelligents, et en retour on doit reconnaître qu'ils le sont ; avec la manière, sans vous ennuyer, et dans le cas de Chardonne avec cette fronde amusée bien française.
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Le titre prête vraiment à erreur car l'auteur s'appuie seulement sur le terreau de ces correspondances pour proposer ici, beaucoup plus généralement, un bouquet de réflexions bien senties dont le parfum nostalgique, parfois testamentaire, sent humblement la fin de vie. C'est beau et extrêmement touchant. C'est du Chardonne: un fond de Cognac que l'on tourne calmement au fond de son verre.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
On vit avec une imagination et une femme. Ce n'est pas toujours facile de les faire coexister, même si l'on est pourri de bon sens comme vous et moi. Ajoutez l'honneur (qui est une forme particulière de l'imagination, douloureuse en tout cas quand on ressent fortement l'humiliation) et tout se complique encore.
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Les optimistes sont redoutables ; ils entreprennent des guerres qui ne finissent pas ou s'achèvent par des victoires désastreuses ; ils prônent de gigantesques oeuvres de bienfaisance qui ruinent tout le monde ; ils ont un langage fier. Les pessimistes ne peuvent jamais dire ce qu'ils pensent : ils feraient moins de mal mais ils sont tristes ; c'est leur seul défaut. Je recommande un pessimisme gaillard, plein d'allant. Le principal est de voir au bon moment ce qui est possible et ce qui ne l'est pas.
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A voir quels écrivains prônent les "créateurs" quand ils se mêlent de jugements littéraires, on a de l'indulgence pour les critiques professionnels. Un bon critique aussi c'est l'épouse ; elle vous fait sentir le peu que vous êtes. C'est indispensable pour la bonne tenue.
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Solitude. Qu'est-ce que la solitude ? Elle est partout. Un grand salon. Ma mère dans un fauteuil près de la lampe, un livre dans les mains, et cet air d'intense rêverie qu'elle avait souvent. Mon père enfoncé dans un fauteuil bas devant la cheminée, silencieux, les joues rouges ; il fume d'un geste nerveux et la petite braise au bout de sa cigarette a l'air de briller au souffle des soupirs. Ils pensaient à quoi, si lointains ? Peut-être à ces meurtrissures que se font l'un à l'autre, avec innocence, ceux qui vivent ensemble. Et puis, la solitude de Barbezieux ; la mort sur tout cela.
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Pour vivre, une foi est-elle indispensable ? Toutes sont mesquines dans leur expression humaine. Les raisons de vivre sont ténues, indiscernables, incluses dans la vie même. Et pourquoi, des raisons ? Secret de chacun. Un jour encore, dit le vieux malade. Ma mère, très âgée, a goûté le soleil de mai comme jamais dans sa vie. Une certaine fraîcheur des sensations, c'est la grâce que je vous souhaite le plus longtemps possible.
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