AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Paul Morand (Préfacier, etc.)
EAN : 9782246110026
184 pages
Grasset (26/09/2001)
3.78/5   9 notes
Résumé :

Jacques Chardonne (1884-1968), de son vrai nom Boutteleau, fut directeur littéraire avant de publier L'Epithalame, son premier roman, en 1921. Les Varais, Vivre à Madère, Claire, Lettres à Roger Nimier ont été réédités dans les Cahiers Rouges. Citons aussi la trilogie des Destinées sentimentales et des essais : L'Amour c'est beaucoup plus que l'amour, Le Bonheur de Barbezieux, Matinales. On a dit Chardonne... >Voir plus
Que lire après Ce que je voulais vous dire aujourd'huiVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce que je voulais vous dire aujourd'hui/ Jacques Chardonne (1884-1968)
Écrivain, critique et essayiste, Jacques Chardonne a écrit des milliers de lettres à des personnes aussi diverses que Marcel Arland, Jean-Louis Bory, Kléber Haedens, François Nourissier, Michel Déon… etc. Publié en 1970, ce recueil confirme un étonnant Chardonne, bouillant, contradictoire, facétieux, parfois féroce, anarchiste tendre, épicurien désespéré, et surtout un homme libre, réputé difficile à vivre. Considéré comme le colonel honoraire des Hussards, ce groupe d'écrivains dont la camaraderie illumina toute la fin de sa vie, Chardonne fut un artisan solitaire, pourfendeur d'adjectifs et avare de mots pour s'exprimer. Son goût aristocratique de la perfection l'a rendu souvent particulièrement acerbe et ses commentaires au vitriol sont légions. On découvre aussi dans ses lettres une certaine sagesse provinciale se fondant sur des traditions séculaires. Il a été considére dans son oeuvre romanesque l'analyste du couple, mais en fait dans les lettres ici présentées le sujet n'est que peu abordé. Moraliste plus que romancier, Chardonne laisse apparaître dans ses lettres qu'il est un styliste à la recherche de la perfection dans le dépouillement et l'harmonie.
Dans ce recueil, outre qu'il se plaît à être extrêmement critique à l'égard d'à peu près tout le monde, Chardonne peut être iconoclaste et écrit : « Ce sont les grands principes autour desquels on s'est battu qui ont ruiné la France. »
Et voici un florilège des phrases choc de ces 184 pages de missives :
« le Français a pour principale distraction de parler, et surtout de parler politique. Sur ces questions, il est l'homme le plus ignorant de la terre. »
« Les écrivains : pour les prix littéraires, je ne leur reproche rien. Ils font des heureux. Je regrette seulement qu'ils les rendent ridicules…Le Français, surtout s'il est écrivain, a perdu tout à fait la notion de décence. »
« Un peuple qui s'affaiblit devient perméable. Bien sûr les Américains et les Russes ont de grandes qualités ; nous ne prenons que leurs défauts. »
« Les écrivains : il y a Valéry, Montherlant, certains ajoutent Chardonne, je veux bien. le reste ne vaut pas cher, je le crains…Il ne faut pas prendre les écrivains au sérieux. Presque tous, de sottes gens ! » Sincère ou moqueur M. Chardonne ? Allez savoir !
« La grandeur de l'espérance est dans le doute qu'elle contient. » Une très belle phrase.
« Accepter tout, c'est le miracle de l'amour. Il est cela ou il n'est rien. » Sublime !
« Les femmes qui ont à se plaindre de moi sont mes préférées. Elles souffrent de la considération que j'ai pour elles. Elles sont en petit nombre : deux je crois ! »
Lucides ces lignes écrites en 1960 : « Avant deux siècles, les Chinois couvrirons le monde. Ce sera la grande nuit. »
« Il n'y a que l'écrivain qui ait le droit d'écrire n'importe quoi, de publier mille sottises, de se tromper toute sa vie, sans risques ; et puis il entre à l'Académie. »
Les femmes : « …elles m'ont toujours intéressé, souvent agacé, jamais gêné ; l'amour fou, je l'ignore ; aucune femme ne m'a quitté ; j'étais parti avant. »
La mort : « La mort me sera douce ; elle est attendue dans la paix. »
Les gens : « La médiocrité des gens me rend malade ; je ne puis les supporter ; il y a ceux qui me plaisent ; très peu… »
« On peut tuer son ennemi, mais il ne faut pas lui faire peur. »
« Quand on se plaint de tout, il ne vous arrive rien de bon. »
« Un ennemi c'est un homme qui pense à vous tout le temps. »
Sur le monde actuel : « Ce qui se fait dans le monde, aujourd'hui, nous échappe entièrement ; aucun jugement n'a le moindre sens ; cultivez donc votre jardin. »
« La confession, cela me choque beaucoup. Il faut porter tout le poids de ses fautes. » Chardonne était protestant.
En bref, Chardonne talentueux est concis et possède un art inouï de l'apophtegme ; il agacera les uns et amusera les autres ; quoiqu'il en soit, il reste un artiste qui ravira les amateurs de la belle langue française. C'est pourquoi Mauriac fut un des rares écrivains qui trouva grâce à ses yeux. Camus, il exécra ! Pascal, il le considéra comme vulgaire ! Car il croyait aux miracles.
Un recueil étonnant.
Commenter  J’apprécie          60
Ouvrage posthume tiré de correspondances, contenant un foisonnement de remarques, d‘observations, de réflexions pertinentes, intéressantes. C'est du Chardonne frais (bien chambré), pris sur le vif, spontané, véridique. Réservé pour les hommes de goût.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
- Hier soir visite de mon voisin (...). Il m'a dit : "J'aimerais bien que vous décriviez un jour ce que nous avons sous les yeux; les gens qui viennent chez moi et à qui je montre ce tableau splendide de la nature, regardent et ne voient rien." Réponse : "C'est inutile; ces mêmes gens ne savent pas lire. L'humanité est une collection d'aveugles et de sourds
Commenter  J’apprécie          20
Ingénuité, c’est la règle première dans l’art ; et peut-être en toute chose. Nous sommes trop éloignés de toute ingénuité. Il n’y a pas d’autre originalité. Mais chacun veut un jour un rôle. Ma fierté, c’est d’être resté (depuis le début) toujours très près de moi ; sans autre souci. Cela demande beaucoup d’énergie, car le vent qui souffle toujours nous en détacherait vite, pour suivre le troupeau des feuilles emportées.
Commenter  J’apprécie          10
Pas d’adjectifs, le moins possible, ils affaiblissent un style. L’adjectif, c’est comme les bijoux. Une femme élégante ne porte pas de bijoux. Pas de mots qui sont de la bourre, « par conséquent »… etc., fausses liaisons, etc. Jamais de métaphores ; pas la moindre. Pas de mots superflus. Ils n’ajoutent rien, ils affaiblissent. Pas de mots outrés.
Commenter  J’apprécie          10
Je suis ennemi de tout romantisme. "L'autre monde" n'est pas dans un chimérique au-delà; il est au coeur de choses. On ne sera jamais, pour commencer, assez réaliste. L'humble vérité d'abord; creuser le puits; l'eau viendra.
Commenter  J’apprécie          21
Je corrige peu. Mais je laisse beaucoup dormir ce que j’ai écrit. Il me semble que c’est le temps qui fait tout le travail. Je ne retiens que ce qui peut être dit vite, en peu de mots, parfaitement clairs. Je n’ai jamais cherché que le mot juste.
Commenter  J’apprécie          10

Lire un extrait
Video de Jacques Chardonne (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Chardonne
Jacques Chardonne - Les Varais (Roman de l'enracinement).
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (12) Voir plus



Quiz Voir plus

Jacques Chardonne

Quel est le vrai nom de Jacques Chardonne?

Jacques Laurent
Jacques Barnery
Jacques Dutourd
Jacques Boutelleau

10 questions
10 lecteurs ont répondu
Thème : Jacques ChardonneCréer un quiz sur ce livre

{* *}