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Citations de Jacques Lacarrière (282)


Elle vit seule, prostituée mais libre, seule, entièrement seule, au milieu des milliers de solitude d'Alexandrie.
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La misère n'a que faire de la pudeur et des cloisons.
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Elle dessécherait son cœur pour y dessécher le désir.
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Devant elle, ce qu'elle cherchait depuis des mois, ce qu'elle voulait depuis des jours : une ligne imperceptible où ciel et terre mêlaient leur tendresse torride, un infini qui peut-être la délivrerait du remords, une étendue sans ombre et sans aspérités, lisse comme un demain vierge. Ce qu'elle cherchait, ce qu'elle voulait exactement était là, sous ses yeux : rien.
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La neige ici n’en finit pas …
  
  
  
  
La neige ici n’en finit pas. Dans l’Attique
on l’accueille comme une pause bienfaisante
ou le recueillement avant les amandiers en fleur
ou le draps du théâtre d’ombres après les flonflons.
Les gens sont contents, sortent dans la nature, oublient
la pauvreté. La neige ici
c’est le zéro. À des milles en dessous de zéro
tandis que le sable blanc scintille, des visages
sans joues, sans traits, des yeux
veillent loin de la terre bénie.
Je n’oserais parler de prières, et pourtant
on sacrifie un agneau parfois :
le sang jaillit, soleil explosant, aveuglant.

Instants où tout s’en va, où tout bruit
semble le premier ; tombant, dirait-on
dans une main de pierre ou de bois.
Et les hommes s’en vont, d’où naissent des statues.

                                 Janvier 1949


// Yòrgos Sefèris / Γιώργος Σεφέρης (1900 - 1971)

/ Traduit du grec par Michel Volkovitch
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Eh bien qu’attendons-nous dans cette désolation…
  
  
  
  
Eh bien qu’attendons-nous dans cette désolation ? Qu’attendons-
                                          nous encore ?
- car (pourquoi le cacher ?) nous attendons encore, au-delà
de la porte, de nos habits, de notre mort,
de nos yeux, dans l’obscurité flottante,
dans les chambres vieillies aux longs rideaux vacillants
qui descendent ostensiblement jusqu’à terre, pour laisser croire
que nous n’attendons pas.
                   Parfois,
quand j’ouvre les fenêtres, je crois voir les arbres sauter dans la chambre
tels des hommes bronzés, vigoureux, gauches dans leur vigueur, gênés
devant ma pâleur, moi qui vis sans soleil,
refermée sur moi-même. Et je me trouble. Je me sens
très exercée, pénétrante, comme si je venais
de faire mes gammes les plus dures à la harpe. Sur les murs
sont encore accrochées des partitions obscures comme des peaux de bêtes ;
   alors
je me hâte de sourire, de me justifier,
j’invente un prétexte et je vais à la cuisine,
apporte le plateau, les verres, la grande cruche de cristal,
laisse le tout sur la table ; la cruche est vide ; je ressors et entends les hommes
   restés seuls bavarder
avec une simplicité merveilleuse, insoupçonnée, sans voir
la cruche vide, le verre ébréché. Et soudain la nuit tombe.

                                    (Le retour d’Iphigénie)


// Yannis Ritsos (1909 – 1990)

/ Traduit du grec par Michel Volkovitch
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Les hommes continuent d’avancer ainsi…
  
  
  
  
Les hommes continuent d’avancer ainsi
inconscients de ceux qui s’en allèrent, de ceux qui s’en vont, d’eux-mêmes
qui s’en vont aussi – se promenant avec naturel
dans leur mort.
            La fourchette ou la cuiller
trouvent leur bouche infailliblement sans hésiter, sans arrêter
tandis qu’auprès d’eux , les morts
observent les mouvements machinaux de leurs lèvres, eux qui ne mangent pas.
   Et la pomme
qui avait roulé sous la table puis
sous le divan et disparu – dans un trou du plancher sans doute
ou du mur – le jeune mort l’avait expédiée d’un coup de pied
les enfant l’ont trouvée peut-être sur la route, au soleil
et l’ont partagée croquant chacun son tour –
marques des dents, chacun la sienne – et c’est la même
que nous avons trouvée au jardin l’autre jour dans les aiguilles sèches.

                                  
  (Le retour d’Iphigénie)


// Yannis Ritsos (1909 – 1990)

/ Traduit du grec par Michel Volkovitch
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Je pleure le soleil …



Je pleure le soleil et pleure les années qui viennent
Sans nous et je chante celles qui sont passées
Si tout cela est vrai

Les dialogues des corps et les barques avec douceur
  entrechoquées
Les guitares sous les eaux éteintes et rallumées
Les « crois-moi » les « non pas ça »
Tantôt dans l’air, tantôt dans la musique

Deux petits animaux, nos mains qui cherchaient
À monter l’une sur l’autre en cachette
Le vase de citronnelle aux portes ouvertes des cours
Et les bouts de mers qui arrivaient ensemble
Pa- dessus les murets, derrière les clôtures
L’anémone qui se posa sur ta main
Et le mauve qui trois fois trembla trois jours au-dessus
  des cascades

Si tout cela est vrai je chante
Le bois de la poutre et la tapisserie carrée
Du mur, la Sirène aux cheveux dénoués
Le chat qui nous observa dans l’ombre
L’enfant à l’encensoir et sa croix rouge
Quand le soir tombe sur l’escarpé des rochers
Je pleure l’habit que j’ai touché, le monde qu’il m’a donné.


// Odyssèas Elytis (1911 – 1996)

/ Traduit du grec par Michel Volkovitch
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Écrire, s'enfermer seul avec les phrases, s'amarrer aux mots, se lier à l'écriture tout en gardant l'oreille tendue vers le dehors et le dedans de soi, dans la polyphonie du présent et des souvenirs.
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On a souvent avec ses propres livres des relations étranges et ambiguës, faites d'amour, d'engouement suivis de dégoût, voire de reniement.
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Il m'emmène à l'écart du hameau dans un chalet inoccupé qui appartient au Club vosgien. Je vais dormir dans une vraie maison. Devant la porte, un gros tronc à peine équarri, de ceux qu'on appelait - tronces - autrefois.
Je m'assieds et regarde la lune, entourée d'un immense halo de lumière, une lune de chasse fantastique et de chasseur fantôme. J'ai brusquement l'impression d'être chez moi, en un lieu familier, au seuil de cette maison vide, avec la foret toute proche et la lune amicale.
En sera-t-il ainsi jusqu'au Corbières ?
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Pour lui la foret est un grand troupeau d'arbres qu'ils faut surveiller, assainir, trier, planter, abattre, élaguer, éclaircir, un troupeau immobile dont il ne connait toutes les têtes, jeunes, vieilles, saines et malsaines.
Quelques jours plus tôt il a fallu abattre un vieux sapin - plus de deux cents ans, me dit-il- car il menaçait de s'écrouler.
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Ce qu'on ne soupçonne guère, lorsqu'on marche ainsi tout au long d'un itinéraire de fortune, c'est qu'on suit rarement jusqu'au bout le chemin élu parmi d'autres.
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De nouveau dans la foret - sapins, épicéas. Foret plus vivante, plus riche que celle d'hier. Sous les arbres et les frondaisons, au milieu des fougères et des mures et plus loin aussi des myrtilles dont je me gaverai au cours des jours suivant au point d'avoir les mains et la bouche barbouillées de leur encre violette écolier plus que jamais buissonnier, bruissent et bourdonnent des milliers d'insectes.
Mes jambes ont oublié leurs courbatures. Je n'ai pas d'itinéraire très précis : le prochain port sera Abrescwiller, si je ne me perds pas en route.
J'ai choisi au hasard, sur la carte d'état-major, un chemin tourmenté, tortueux, mais qui croise des maisons forestières. Je pourrais y trouver de l'eau, y rencontrer des gardes, demander mon chemin.
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Des qu'un chois, un regard personnels transparaissent à travers l'écriture, chaque lecteur voudrait que ce choix , ce regard fussent aussi les siens, comme si l'on écrivait pour lui et pour lui seul.
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Au pieds, les inusables Pataugas, mes plus fidèles compagnons, qui, au terme de ces mille kilomètres, n'accusèrent qu'une usure raisonnable : deux trous nets et ronds à l'endroit de la plante et quelques déchirures de la toile, dues aux ronces.
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Souvent, il m'arrivait le soir, au cours des premiers jours de cette longue marche, de contempler mes pieds avec étonnement : c'est avec ça, me disais-je, que nous marchons depuis l'aube des temps hominiens et que nous arpentons la terre.
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Je ne suis qu'un piéton, rien de plus.
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Ailes rouges nuages bleus…



Ailes rouges nuages bleus qu’importe
ce soir se déploie l’esprit – le ciel s’étant soûlé
tire le rideau dévoilant l’Ailleurs.

Il faut une profonde anesthésie, une sacrée hypnose,
pour voir ces couleurs
que l’âme seule peut totalement contempler.

Soir cru, sans cœur, tout en visions.


// Stratis Pascalis / Στρατής Πασχάλης (1958 -)

/ Traduit du grec par Michel Volkovitch
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Ô lieu désert…



Ô lieu désert avec tes palmiers et tes ruines
quelle parfaite image tu donnes de ce beau désastre,
dans ce lieu sans mémoire
où seule existe la rêverie – pierre en miettes
avec orgueil dressant son désastre
et lui dans les hauteurs battant des ailes
chassant inhumainement tout l’humain ;
des décombres sanglants sombrent à l’horizon,
dans cette même ivresse dont les crépuscules s’allument
où que se couchent les Hespérides.


// Stratis Pascalis / Στρατής Πασχάλης (1958 -)

/ Traduit du grec par Michel Volkovitch
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