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Citations de Jacques Lacarrière (282)


Chaque raisin est une goutte du sang d'Héraklès(celui qu'il a perdu dans son combat contre le lion) comme chaque goutte de résine ,la larme ambrée de quelque nymphe ou quelque femme métamorphosée en arbre par un dieu.
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Jacques Lacarrière
Bruegel a lu Ovide, les trois témoins en sont la preuve. Mais s’il les emprunte à Ovide, c’est pour détourner aussitôt le sens de leur témoignage : de béats, stupéfaits, émerveillés qu’ils sont dans le récit antique, ils se muent ici en témoins indifférents, peut—être même hostiles, à cette fin tragique. »
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Dans un horizon immense éclairé par un soleil jaune se profile tout au fond une ville blanche estompée par la brume.
Au milieu, sur une mer agitée par le vent, des bateaux voguent, voiles gonflées. Au premier plan un paysan laboure avec application, la tête penchée vers le sol. Au second plan, un berger regarde le ciel.
Au troisième plan un homme est tout absorbé par sa pêche
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L’arbre est le frère de l’arbre ou son bon voisin.
Le grand se penche sur le petit et lui fournit l’ombre qui lui manque.
Le grand se penche sur le petit et lui envoie un oiseau pour lui tenir compagnie la nuit.
Aucun arbre ne met la main sur le fruit d’un autre ou ne se moque de lui s’il est stérile.
Aucun arbre, imitant le bûcheron, ne tue un autre arbre.
Devenu barque, l’arbre apprend à nager.
Devenu porte, il protège en permanence les secrets.
Devenu chaise, il n’oublie pas son ciel précédent.
Devenu table, il enseigne au poète à ne pas devenir bûcheron.
Poème de Mahmoud Darwich dans le Géographe des brindilles
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Mais ce qu'il faut bien savoir et se dire,c'est que ces variantes ,ajouts,retissages et broderies des auteurs successifs qui parfois se copient et d'autres fois s'ignorent ,loin de défigurer le mythe , de l'affadir ,de le dénaturer ,sont au contraire autant de greffes nouvelles qui l'enrichissent et le prolongent ,tant du moins que le mythe continue d'être reçu et perçu comme tel.
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Dans les jardins d'Islam, le Jardinier a multiplié, avec les roses, les jasmins, les grenadiers, les hibiscus et les bougainvillées, les fontaines et les bassins pour leurs trois usages essentiels : se laver, se regarder et jouir des bruits de l'eau coulante. Ainsi tous les sens sont requis, tous les sens et tout leur symbole : se laver, c'est se purifier, se regarder c'est se connaître (ou se reconnaître), écouter l'écoulement de l'eau, c'est entrevoir ou percevoir celui du Temps.
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Telles sont les contradictions et, partant les richesses de la gnose : elle satisfait toutes les exigences de l'esprit par la lucidité et la radicalité de son attitude, tout en décevant parfois la ferveur des sympathisants par les étranges conséquences qu'elle en tira dans la vie quotidienne. On ne joue pas impunément avec le feu du ciel ou l'étincelle de la psyché, et beaucoup de gnostiques durent, tel Phaéton, se brûler aux brasiers qu'ils avaient consciemment attisés.
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"L'homme est le rêve d'une ombre"
Pindare. (Vème siècle. av. J. C.)"
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Les feuilles sont l’espoir des racines…



Les feuilles sont l’espoir des racines
Les fleurs, celui des branches
Et le bourgeon, celui de la ramure

Pour nous, quelle sève à notre espoir ?

Le ramage est l’espoir de l’oiseau
Le clapotis, celui des eaux
Le chuchotement, celui des vents

Pour nous, quel chant à notre espoir ?

La rose est l’espoir de la tige
Le bleu, celui de l’océan
Et le vert, celui du printemps

Pour nous quelle couleur à notre espoir ?

Le miel est l’espoir de la ruche
Le vin est celui de la vigne
Et la miche est celui du blé

Pour nous, quelle saveur à notre espoir ?

La proie est l’espoir du rapace
Le venin, celui du serpent
Le butin, celui du pirate

Pour nous, quel destin à notre espoir ?
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LA LUMIÈRE ÉBLOUIT L’INVISIBLE
(Le Philosophe et le Poète)



Un des états extrêmes qu’atteint l’homme
dans les peintures métaphysiques :
un mannequin d’osier
traversé de songes et d’énigmes.

Le ciel est sans oiseaux et les façades ont des fenêtres aveugles.
Dans la pénombre de la pièce, au premier plan,
deux Figures méditantes, de plâtre et de treillis,
contemplent un tableau posé sur un chevalet

Dehors la lumière éblouit l’invisible.

Sur un fond outremer presque vide,
le tableau dessine le trajet d’astres capricieux
ou bien la chute des Esprits élémentaires de la matière.
On peut y voir, si l’on préfère,
les théorèmes de la Nuit.

Dehors la lumière éblouit l’invisible.

Que se disent les deux Figures ?
—jusqu’où s’étend le bleu du doute ?
demande le Philosophe.
—jusqu’au parloir de l’orage,
répond le Poète.

Dehors la lumière éblouit l’invisible.
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LE MIRADOR
(La nostalgie de l’infini)



Je le sais maintenant :
inutile pour apercevoir l’infini
de dénuder le bleu du ciel car l’infini est
une tour
une forteresse apatride
un phare inassouvi
un silo cerclé d’oriflammes

Je le sais maintenant :
inutile pour apercevoir l’infini
d’apprivoiser la Voie lactée car l’infini est
un parcours austère
une géométrie sans pitié
une rectitude hantée d’absence

Peut-être est-il aussi un mirador
surveillant les coulées d’étoiles entre les barbelés des galaxies ?

Mais alors qui veille en son extrémité, juste au-dessous des oriflammes,
et quel souffle les fait battre immobiles sous une éternité d’orage ?
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UN DUO
(Le duo)



Un couple de mannequins en bois utilisé dans les ateliers de sculpture :
habitants typiques du monde chiriquien.
Qu’attendre des amours d’un tel couple
si ce n’est un rituel d’insectes rigides, une pariade de robots ?

— Étant sans bras pour nous étreindre, rien ne pourra nous séparer.
— Étant sans sexe pour aimer, rien ne pourra nous désunir.
— Sans yeux et sans nez, mon visage. je suis une élégie de cire.
— Sans front ; sans bouche, mon partage. je suis un brouillon de sourire.
— Mannequins au torse d’absence ?
— Simulacres que l’éther encense ?
— Appelants du plus grand silence ?
— Aubiers d’être enfantés du tremble ?

Le savez-vous qu’ainsi livrés à la rigidité dorienne des momies,
vous êtes entrelacés à l’énigme du monde ?
Le savez-vous qu’en cette terrasse ensoleillée
s’ébauche en vous une théologie des automates ?
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YGGDRASIL*



Extrait 2

Je suis le sommeil et l’éveil,
le silence et la symphonie.
Je suis l’oratoire des astres,
et mes feuillages s’impatientent
des apocalypses à venir.

J’abrite en mes branches
l’aspic et l’alouette,
l’ogre et l’océanide,
le singe et la sylphide,
le ver et la vestale.

J’abrite l’hier des fauves,
les présent des oiseaux
et le demain des hommes.

J’abrite le nid des anges
et les couvées du ciel.

Je suis l’axe du monde.

*Yggdrasil est le nom donné par les anciens Germains
au Frêne cosmique qui reliait le ciel et la terre.
Il abritait en ses racines les divinités du destin,
en ses branches toute l’humanité
et en son sommeil le palais des dieux.
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YGGDRASIL*



Extrait 1

Je suis né d’un songe de la terre
rêvant qu’elle s’unissait au ciel.

J’ai grandi dans l’ombre inquiète de racines
toujours assoiffées d’obscur.

Et j’ai fleuri dans l’allégresse de la sève
et l’offertoire des frondaisons.

Je suis l’axe du monde,
vivant défi des temps carbonifères.

L’alliance de l’ombre et de l’éclair,
le tremplin des orages,

l’esprit des sources
et des souffles.


*Yggdrasil est le nom donné par les anciens Germains
au Frêne cosmique qui reliait le ciel et la terre.
Il abritait en ses racines les divinités du destin,
en ses branches toute l’humanité
et en son sommeil le palais des dieux.
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CAIRNS



À la croisée des vents,
il convient d’édifier pierre à pierre
son havre et sa maison de certitude.

Cairns : bouées de pierre
disposées tout au long des chemins d’éclairs et d’orages
pour orienter et pour aider les naufragés de l’altitude.

Une à une, sur le socle nu des saisons,
ces pierres déposées, distillées par le ciel,
comme les stalactites de l’azur.

Je suis seuil et je suis chemin.
Je suis pierre qui dit l’horizon.
Je suis l’enclos des pas nomades.

Je suis paume
où se lisent les lignes
de l’ailleurs.
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Lui, le nanti des mots…



Lui, le nanti des mots,
il est revenu parmi ceux à qui manquent les mots.
Et en un temps où ils se vident, s’émiettent, perdent leur sens,
le poète a pouvoir de leur donner leur pleine charge de lumière,
     de désir, de jeu ou de défi.
Un chargé de mission ? Oui : entretenir le sens et la beauté
     des mots.
Réinventer leur fulgurance.
Puisqu’en chaque temps de manque,
le poète seul est là pour nommer ce qui manque.
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Argo



Mes histoires je les ai apprises près des bateaux
non par des voyageurs ou des marins
ou par les autres sur les jetées qui attendent
débarqués perpétuels, cherchant dans leur poche une
    cigarette.
Des visages de bateaux hantent ma vie :
les uns ouvrent les yeux comme le Cyclope
immobiles sur le miroir des eaux
d’autres avancent comme des somnambules, dangereusement,
    d’autres encore
ont sombré dans les abysses du sommeil
chaînes bois voiles et cordages.
Dans la petite maison fraîche au jardin
parmi les trembles et les eucalyptus
près du moulin couvert de rouille
de la citerne jaune où tourne seul un poisson rouge
dans la petite maison fraîche qui sent l’osier
j’ai trouvé une boussole de marine
elle m’a montré les anges de tous les temps qui hantent
le silence du plein midi.
                                                                    Novembre 1948


//Yòrgos Sefèris (1900 – 1971)
/Traduit du grec par Michel Volkovitch
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Crépuscule
poèmes pour Cavafis



Tu la connais cette heure du crépuscule d’été
dans la chambre close ; le reflet rose infime
en travers des planches du plafond ; le poème
inachevé sur la table – deux vers, pas plus
une promesse non tenue de voyage parfait,
d’un peu de liberté, d’indépendance, et d’une
(relative, bien sûr) immortalité.

Dehors dans la rue déjà, l’appel de la nuit,
les ombres légères de dieux, d’humains, de bicyclettes
quand les chantiers s’arrêtent, que les jeunes ouvriers
avec leurs outils, leurs cheveux mouillés, vigoureux
et quelques taches de chaux sur leurs habits usés
s’effacent dans l’apothéose des vapeurs du soir.

Huit coups décisifs à la pendule, en haut de l’escalier,
tout au long du couloir – coups sans pitié
d’un marteau impétueux, caché derrière le verre
dans l’ombre ; et en même temps le bruit éternel
de ces clefs dont jamais il n’est parvenu
à savoir si elles ouvrent ou ferment.


//Yannis Ritsos (1909 – 1990)

/Traduit du grec par Michel Volkovitch
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A Patmos
de Dimitris Papaditsas

VII

Les années revenant
Aux prés de la rêverie
Une lumière montait des herbes
Et les syllabes douces
Des pas emplissaient l'air
Quel ravissement

Blanc pur léger
Oiseau de lumière, tu montais
D'un coup ton chant
Ton élan frappant le simandre
De la poitrine
Fit résonner l'oracle
Des pleurs

Et quand la main avide
Enfermait par sa pourriture
La bouche volubile
Dans l'après-pluie saisi
Tu apparus en arc-en-ciel
Pour unir la déserte
Patmos à l'aphonie

(p. 179)
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Le chronomètre
de Yannis Kondos

La nuit qui tourne en moi
fait remonter les noyés.
- La poitrine se ferme et cherche
à retenir ce qu'elle peut -

Vient le jour.
Mais quel jour -couvrant comme du coton
les arbres, sur une terre
suspendue à un fil, au bord
de la chute.
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