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Citations de Jacques Lacarrière (282)


Le marcheur est le géographe des brindille ou l'océanographe des flaques.
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Il y a dans le monde deux sortes d’humains : ceux qui frappent à une porte et s’en vont parce qu’elle ne s’ouvre pas et ceux qui frappent à une porte et restent justement parce qu’elle ne s’ouvre pas.
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Je suis à l'intérieur,dans un étroit couloir qui me semble sans fin.J'ai pu franchir les Portes sans encombre,sans la moindre
intervention des guetteurs et de leurs mandibules.Par quel miracle?Aurais-je déjà l'aspect ou l'odeur des termites?De toute façon,il est trop tard pour reculer:me voici sous la terre ,emporté par les ouvriers vers un lieu inconnu.Ils vont et viennent et me bousculent sans paraître s'apercevoir de ma présence.Il règne une température plutôt chaude mais non étouffante car de frais courants d' air parcourent les galeries.Peu à peu,mes yeux s'habituent à cette obscurité,à ce tunnel aux murs poreux qui descend en pente très douce.Je n'ai qu'à me laisser conduire là où les autres et ma folie m'entraînent.Je sens autour de moi une atmosphère fébrile,tout un zèle de pattes dont je ne devine pas la raison.Chaque ouvrier porte sa boule mâchonnée entre ses mandibules.Je fais de même avec la mienne pour mieux passer inaperçu.Quelque chose me dit qu'il ne faut surtout pas la perdre,qu'elle est ici l'anneau magique qui me rend invisible ou anonyme à tous
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….Effleurer les digitales retrouvées. J'aime la belle couleur de leur corolle, leur taille élancée, leur campanile pourpre, en forme de doigt de gant, et cette tige pubescente, autrement dit couverte de poils fins. Je me penche vers la corolle séductrice, appât de mort, constellée d'étoiles d'or en ses profondeurs utérines. On se croirait au cœur d'une chapelle où bourdonne déjà le tocsin des insectes.
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Les montagnes


D’abord il y eut la mer.
Je suis né entouré d’îles
Je suis une île surgie le temps de voir
La lumière, dure comme la pierre
Puis sombrer.
Les montagnes sont venues après.
Je les ai choisies.
Il fallait bien que je partage un peu le poids
Écrasant ce pays depuis des siècles.

Mai 1968


//Titos Patrikios (1928 -)
//Traduit du grec par Michel Volkovitch
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Jacques Lacarrière
Il y eut un art immédiat de l'espace, un bonheur constant mêlant à tout moment la fantaisie et la raison : art de mettre chaque pierre à sa juste place de lumière, de s'inscrire dans le paysage sans jamais le meurtrir, de prolonger en somme le désordre inconstant de la mer par ce désordre apparent des maisons, blanches comme des vagues pétrifiées.

Les îles nues
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Je me prends à rêver sur tous ces mots possibles que le français dit correct n'utilise ou n'invente jamais. Et j'imagine déjà un lexique des mots potentiels de la langue française, grâce à cette traînerie entendue ce matin, après l'amour perdu des trois gitanes.
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Je quitte toujours les cafés, les villages et le moindre hameau avec un sentiment de regret et d'insatisfaction. Curieusement, malgré les lenteurs, les imprévus de ce voyage, j'ai l'impression de tout traverser en vitesse, de ne rien voir véritablement ou plutôt de ne rien partager vraiment. Ces conversations, ces regards échangés avec les inconnus, pendant quelques instants, je voudrais qu'ils m'entraînent plus loin, qu'ils me lient à eux autrement, que je ne soit pas seulement celui qui passe. Mais cette seule idée est absurde ou démente. Comment pourrais-je vivre à moi seul la vie de tous, suivre le temps nécessaire l'existence de chacun d'eux, être moi- même et tous les autres en même temps ? Il me faudrait plusieurs vies ou plusieurs corps pour cela. Même si j'étais Géryon, ce géant à trois corps (et j'espère à trois âmes sinon à quoi bon se tripler ?) cela serait insuffisant. Partager la vie des autres, leurs travaux, leurs problèmes, côtoyer longuement chacun, sentir le temps de chaque village et ses saisons. rêve impossible. Il faudrait une vie entière pour traverser la France ainsi.
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 Cet été-là…


 Cet été-là, je le passais sous une écorce de platane. Je le sais
aujourd'hui : je commençai par le plus difficile, par l'ombre et
les insectes. Mais lorsqu'on veut changer de vie, naître à un
autre monde, tergiverser ne sert à rien. Religions, philoso-
phies, livres, penseurs, idéologues ne proposaient à mes désirs
que de timides voyages dans les banlieues de l'être. Je voulais
autre chose, aussi les congédiai-je.
 Je ne m'étendrai pas sur les raisons qui me firent choisir
une écorce pour lieu de ma métamorphose. Je n'indiquerai
qu'un détail : bien loin de me jeter sur le premier arbres venu,
je choisis un platane connu depuis longtemps.
 Il se dressait à proximité de la Loire sur les bords d'un canal
où, enfant, j'allais jouer le jeudi. À l'automne, j'aimais soulever
ses écorces pour y découvrir tout un monde de bêtes endormies,
y sentir la fraîcheur de l'ombre et la sueur de l'arbre. Odeurs
comme des embruns de terre que je humais jusqu'au vertige…

p.9
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Jacques Lacarrière
Sur le jeune rivage
un couple d'hirondelles
réinvente l'amour
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La hantise du nuisible (alors que le seul être vraiment nuisible de la terre c'est l'homme, on le sait bien) a presque entièrement dépeuplé nos forêts, nos provinces des animaux utiles qui y vivaient, y compris les renards et les loups.

page 194
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...des H.L.M. aux noms fleuris, pour donner à ce purgatoire un air d'Eden : les Iris, les Glaïeuls, les Dahlias, les Hortensias.

page 64
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Un dimanche, cela ne se voit guère dans un paysage. Ce repos hebdomadaire imposé à nos vies (ou réclamé par elles), cette parenthèse ouverte et refermée entre le samedi et le lundi, les plantes, les arbres, les forêts, les animaux l'ignorent. Seuls les chiens, aux jours de la chasse, doivent sentir le dimanche à cette agitation qui prend leurs maîtres, tôt dès l'aube.

page 62
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Le mobilier est de si mauvais goût qu'il a dû être imaginé, au sortir d'une nuit blanche, par un menuisier décidé à en finir avec le genre humain.

page 45
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...est-il possible que ces horreurs incarnent le rêve français ? Eh bien, la réponse est OUI car c'est écrit sur les façades : MON RÊVE ou MON PLAISIR. Inscription suivie ou précédée presque toujours d'une autre : ATTENTION, CHIEN MECHANT. Ici, il ne saurait y avoir de "rêve" sans chien méchant pour le garder et muer ainsi en cauchemar. En passant devant ces grilles et ces portails, escorté par les aboiements rageurs des roquets gardiens de rêves, je me dis que ces cerbères protègent plutôt l'entrée des enfers que celle du paradis.


page 43
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Cet échange de propos me rend songeur. Depuis que je suis enfant, j'entends les adultes se plaindre de leur santé, y compris les plus vaillants et les plus âgées (alors qu'en toute bonne logique, plus on est âgé, plus on devrait jubiler ; c'est signe que le corps est bon, l'organisme vigoureux et à cent ans, on devrait s'écrier : j'ai la vie devant moi !)

page 40
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J'aime la lumière des hêtraies. J'en verrai surtout dans les Vosges car ces arbres disparaissent peu à peu, de plus en plus remplacés par des essences à croissance rapide, comme les pins et les épicéas. Ainsi, même au coeur des forêts, le temps presse les arbres.

page 27
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Par curiosité, j'ai recherché l'étymologie de ce mot et ne fus nullement surpris de voir que randonner vient de randon, vieux mot français signifiant fatigue, épuisement.

page 18
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En cas de peine ou de misère, allez trouver la boulangère.
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Les cultures sont à la nature de l'homme ce que le vent est à la mer, une force extérieure qui la meut et l'émeut en surface sans modifier ses profondeurs ni son essence.
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