Citations de Jacques Lanzmann (115)
Mon père, il avait écrit une chanson, Amour sur oreiller, sur les rapports de forces. Bobby Laser, de sa voix incisive et moqueuse, en avait fait un gros succès. C'était l'histoire d'un couple qui remplaçait l'extase par la bagarre vu qu'après l'extase il n'y a plus rien d'aussi émotionnant tandis qu'après la bagarre on peut toujours se réémotionner dans l'extase.
Chap 1 - p39 -
Comme il me fallait rattraper tout ce temps perdu où j'avais souffert de ma naïveté et de la certitude des grands, je me suis mis à courir après le bonheur pour me fourrer le coeur dans la poche. Ce bonheur, je me le suis gardé sous la main et je l'ai senti bouger et je l'ai serré jusqu'à l'étouffer pour qu'il ne s' en aille pas.
Le désert est un exceptionnel révélateur du caractère humain.
Intégrés au pays d’adoption, nous étions à la fois nous-mêmes et les autres, à cette différence prêt qu'il y avait toujours quelqu’un quelque part pour nous pointer du doigt.
" C'est parce qu'on a peur de la vie qu'on a peur de la mort. "
[préface de "Mémoire d'un amnésique", Éditions Rombaldi -1973]
De l'amener à accepter l'écart. Ecart qui peut devenir rapprochement si l'on y ajoute la perversité qui sied à ce genre de rapport lorsqu'on se le reprojette au privé d'une intimité.
Grand-mère est morte de jalousie.
Grand père n’a toujours pas réparé la chasse.
Ma mère est toujours amoureuse de Drucker.
Le style, le don, la grâce font le marcheur.
L'énergie, l'art et la manière font qu'il persévère parfois jusqu'à la casse, la destruction.
Sous des aspects frivoles parce que éphémères et virevoltants, les papillons sont des créatures terre à air. Comme les Indiens, ils ont le goût de l'espace, le sens de l'univers, l'obsession de la filiation. Comme les Indiens ils détiennent le secret des fleurs et des plantes. Comme les Indiens ils éprouvent le frisson des sépales, l'extase des calices. Comme les Indiens, ils ont des ailes de lumière, un corps de pénombre, la mémoire du soleil. Comme les Indiens, ils reculent chaque jour un peu plus au fond du monde, battus par des vents mauvais.
" J'ai tenté une peinture, la peinture d'un milieu de gens paumés, sans foi ni loi, des gens qui ne connaissent rien d'autre au monde qu'eux-mêmes. Ces gens là sont nombreux et on les trouve à tous les âges. "
[préface de "Mémoire d'un amnésique", Éditions Rombaldi -1973]
Et si l'amour n'était que ça : une histoire qui s'écrit au coup par coup en alignant les déséquilibres.
J'aurais donné dix ans de ma vie pour un peu d'amour et dans ce train qui m'amenait une fois par mois vers les miens, il, m'arrivait de provoquer le sourire d'un étranger et d'en être inondé de bonheur.
Aux confins de l'Inde et de la Birmanie, au pied de l'Himalaya, quelques centaines d'homme et de femmes se disent les derniers héritiers d'une tribu perdue. Ils ont traversé trois mille ans d'histoire en gardant intacts leur foi en Dieu et en Israël. Ce sont les Massanés, des juifs légendaires.
Mes parents, ils ne se disputaient que très rarement et la plupart du temps pour des riens mais quand les riens finissent par devenir des touts, c'est peut-être plus grave que ça en a l'air puisqu'on ne prend même plus la peine d'en discuter, préférant se refermer sur soi que de s'en ouvrir en laissant entrer le vent et lui permettant de balayer un grand coup les ressentiments car dans un couple, quand le ressentiment a remplacé les sentiments, c'est que le chewing-gum qui colle les cœurs ensemble n'a déjà plus beaucoup de sucre à force d'avoir été trop mastiqué.
Par le toit écroulé de la cabane, on voyait le ciel étoilé. Il m’avait enseigné la Grande Ourse, montré le Chariot, rempli mes yeux de Voie Lactée.
Des insultes pour les rouquins, il y en a des tas...Etre rouquin c'est pas normal, c'est comme être juif moi j'étais les deux [....]
Pour tout le monde, "j'avais pris le soleil à travers la passoire" et c'était déjà pas mal.
Papa détestait l'esprit petit-bourgeois des gens dont la vie est réglée comme du papier à musique et qui passent leur temps dissimulés derrière leurs volets à compter les fausses notes des voisins.
Si, Alex. Je suis un boulanger sans farine. Parfois je sens le levain qui monte en moi. Alors je me dis : « Tiens Léon, tu pourrais encore pétrir le corps d'une femme et enfourner ton plaisir en elle », seulement vois-tu petit, la pâte ne prend pas. J'ai beau y mettre la tête et les mains, me souvenir des émotions et des gestes, je pétris le vide. Tu comprends, Alex, je suis dans le pétrin, mais dans un pétrin absolu car non seulement je manque de farine mais en plus le four est éteint et délabré. Même les briques réfractaires sont fendues, émiettées et d'un froid glacial.
Tous les chemins mènent à soi.
On l'appelait le Têtard
Car il était dans la vie
Comme un têtard dans une mare
Il nageait et plongeait
Coups de queue coups de tête
Coups du sort coups du cœur
Mais surtout mais surtout
Il ne voulait pas mourir
Sans avoir fait l'amour
Mais surtout mais surtout
Il avait pour l'amour
L'intention d'en mourir