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Critiques de Jacques Spitz (87)
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Joyeuses apocalypses

Jacques Spitz est un auteur de SF française des années 30 injustement oublié. La qualité de sa plume et ses idées originales sont des plus réjouissantes. Plusieurs romans de fin du monde sont rassemblés dans cet omnibus.



L'écriture de "l'homme élastique" inspirera sûrement Richard Matheson pour son "homme qui rétrécit". Dans ce livre un savant fou profite de la guerre pour mener des expériences et réussit à modifier la taille des hommes à volonté. Rapetisser ou grandir devient un moyen de trouver du travail ou de lancer une nouvelle mode. Son invention va vite lui échapper et entrainer la catastrophe.



L'auteur imagine ensuite la troisième guerre mondiale entre les américains et les russes. Là aussi cela finit mal. Jacques Spitz ne se caractérise pas par son optimisme mais il a l'art de prendre une idée et d'en tirer toutes les conséquences possibles.
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Joyeuses apocalypses

Le saviez-vous ?

L'entre-deux guerres avait pris pour nom celui de "whisky ou vodka" !

Non, pas cette entre-deux guerres là, une autre qu'en son temps l'inclassable et quelque peu surréaliste Jacques Spitz a imaginé et chroniqué pour le petit lecteur européen tétanisé par cette guerre froide dont il était le juste point central de frappe.

Mais, bien heureusement, "la guerre mondiale n°3" est une uchronie, un récit imaginaire sorti tout droit d'un noeud de l'Histoire ayant dévié de son cours naturel.

Bien heureusement !

D'un côté les États-Unis et de l'autre l'URSS, deux blocs chargés d'électricité idéologique contraire.

D'un côté du ring, le président US Caffery, de l'autre, aux commandes du Kremlin, le maréchal Oustachine.

Capitalisme ou mystique sociale, faites votre choix !

Mais, me direz-vous, les Nations-Unis sont chargées de veiller sur la paix du monde, et c'est tant mieux.

Pourtant, un matin, le rideau de fer s'est levé sur 192 divisions blindées soviétiques en ordre de bataille ...

C'était là, le moment de ressortir de sa bibliothèque le savoureux petit guide de collaboration, "bienvenue à l'armée rouge" écrit en 1984 par Philippe Tretiack et Pierre Antilogus.

Ceci étant dit, en deux temps trois mouvements les russes sont arrivés à la pointe du Raz.

Le drapeau rouge à faucille flottait, non pas sur la marmite, mais au sommet du sémaphore.

Le croirez-vous, ça a été le bordel en France !

Les 200 députés communistes s'agitaient à l'Assemblée ...

N'ayant pas compris que mobilisation n'est pas départ de vacances, la SNCF a lancé une grève quelque peu inopinée ...

Jacques Spitz se fait ici l'historien d'une Histoire qui ne s'est jamais déroulée.

Il s'amuse à réchauffer la guerre froide !

Et, pour que ce récit soit vraiment "spitzien", son auteur y a introduit une arme secrète tout droit sortie de la plus imaginative science-fiction.

Le ciel y est survolé par une pluie d'étranges météores.

Le ton est trempé d'humour, d'ironie même.

La lecture de ce roman d'un peu plus d'une centaine de pages est plaisante, agréable.

Elle fourmille de clins d'oeil, de références et de retour en arrière.

C'est parfois inattendu, comme cette image de Sartre et de Claudel entravés à la même chaîne, attendant leur départ pour la Sibérie et devisant benoîtement.

Mais cette chronique d'une guerre qui, comme celle de Troie, n'aura pas lieu, cette chronique s'étire, finit par s'étioler de son manque de personnages principaux dont la lectrice, le lecteur auraient aimé faire connaissance, auraient souhaité partager le destin semi-tragique en ces temps troublés imaginaires.

Ce récit est un inédit de Jacques Spitz dont je ne retrouve nulle part trace de la parution initiale.

Il est disponible dans le recueil paru en 2009 aux éditions "Bragelonne" : "Joyeuses Apocalypses".

Il y est accompagné de deux autres romans, "la guerre des mouches", "l'homme élastique" et de six nouvelles parues initialement dans "V Magazine".

"La guerre mondiale n°3" est un petit roman, bien dans l'esprit de Jacques Spitz, de celui que Francis Lacassin avait coutume d'appeler "le père égaré de la science-fiction".

Un petit roman donc qu'il serait dommage de négliger ...







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Joyeuses apocalypses

[CS] Les éditions Bragelonne ont eu la bonne idée de rééditer plusieurs auteurs devenus « introuvables » et écrivant du « merveilleux scientifique" (ancêtre de la science-fiction pour faire simple). La collection s'intitule "Trésors de la science-fiction". Jacques Spitz est de ceux-là. Cet auteur français (1896-1963), ingénieur polytechnicien, a écrit 8 romans dans ce genre et diverses nouvelles et il est aujourd'hui quasiment totalement oublié.

*

Ce livre reprend 3 de ses principaux récits, dont « La guerre des mouches » et 6 nouvelles. Il inclut aussi une postface de Joseph Altairac établissant une comparaison entre l'oeuvre de cet auteur et celles de H-G Wells.

Pour faire très concis Spitz est agréable à lire mais il s'inspire selon moi très/trop fortement de Wells pour les idées développées et d'un auteur comme Karel Čapek (« La guerre des salamandres » entre autre) pour le regard pessimiste porté sur le monde comme pour un humour grinçant largement absent chez Wells.

Spitz écrit « La guerre des mouches »près de 40 ans après « La guerre des mondes » et deux ans après « La guerre des salamandres ». Pour autant ce roman me semble assez sensiblement inférieur aux deux autres, plus proche d'un plagiat honorable que d'une réécriture inspirée. Les nouvelles sont assez originales mais j'ai peiné à leur trouver un intérêt.

Il reste quelques images surprenantes (les mouches envahissant Paris avec leur tricot de corps pour se protéger du froid m'a fait sourire par exemple et ce n'est pas la seule fois) et j'ai passé un moment détendant mais, sauf à être un passionné des débuts de la science-fiction, c'est une oeuvre dispensable.

*

Bragelonne a eu une très belle idée avec cette collection incluant aussi l'intégrale de Wul. Je regrette toutefois que, pour le prix et par rapport à des auteurs rares et choisis, la couverture soit de si médiocre qualité. Cela laisse augurer une dégradation rapide de ces livres. C'est regrettable sachant que l'acheteur désire en général conserver durablement ces écrits.
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L'agonie du globe

Des vents violents ravagent le Finistère, le phare de Penmarch est emmené comme un fétu de paille ...

Les câbles transatlantiques se brisent ...

Le phare de Peslouec, dans le Morbihan, signale sur la mer une lueur rousse de nature inconnue ...

Pluie, inondations et tremblements de terre à répétitions ...

Une atmosphère d'abord de dérèglement climatique, puis finalement une ambiance franchement apocalyptique !

"L'agonie du globe", écrit par Jacques Sptiz en 1935, était à sa parution un récit d'anticipation.

Avec le temps, il est devenu aujourd'hui une splendide uchronie.

"L'agonie du globe" est un livre à grand spectacle, celui d'un globe fracturé, d'une mappemonde démultipliée, celui d'une terre qui finit par se regarder elle-même.

Les descriptions sont époustouflantes.

Le moment est unique en littérature.

Et, dans l'édition originale, quelques illustrations viennent en souligner tout le côté pittoresque.

Mais Jacques Spitz va profiter des événements qu'il décrit dans son livre pour en dégager les grands sentiments et les petites mesquineries de l'âme humaine.

Car c'est bien là tout l'intérêt de l'ouvrage : l'âme humaine.

Le globe s'est fracturé en deux morceaux qui s'éloignent l'un de l'autre et qui menacent d'entrer en collision avec la lune.

Le premier moment d'émotion passé, les chicaneries aussitôt reprennent.

L'humain est incorrigible.

A la douzième seconde seconde, les paupières se sont fermées, alors naquit la treizième ...

Jacques Spitz installe dans son récit un suspens qui tient en haleine, qui captive son lecteur sans jamais le relâcher.

Mais "quand on écrit l'histoire de l'humanité, il faut se résigner à raconter bien des folies", et le ton, ici, n'est pas dénué d'humour.

Jacques Spitz s'amuse un peu, au passage, à déformer quelques patronymes :

Léon Plume, par exemple, est un dirigeant socialiste français, Estragon est le directeur de l'Observatoire de Paris et Praline est le président-dictateur d'une Russie devenue soviétique, Moïse Bloch, quand à lui, est un des prophètes dont les événements favorisent le retour.

Il n'est pas sûr que Spitz ne règle pas malicieusement quelques comptes !

Le récit, pourtant très attaché à son époque, est résolument lancé vers une anticipation proche, moderne et passionnante.

Seule, à la 196ème page, une petit tâche d'encre posée sur la condition féminine fait sursauter la lecture.

"L'agonie du globe" est adossé à un autre livre, "la fin du monde", écrit en 1874 par Camille Flammarion, avec lequel il entretient des liens de parenté, une même propension à la réflexion, à la philosophie, un même questionnement sur la science et la pensée, et un même optimisme teinté de fatalisme.

Mais le récit de Spitz est plus resserré, plus tendu, plus moderne.

Il est aujourd'hui un des piliers sur lequel est venu s'appuyer un genre devenu l'un des plus courus de la science-fiction contemporaine ...







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L'agonie du globe

Dans les années 40, l'incroyable se produit : après d'impressionnants cataclysmes, la Terre se scinde en deux, séparant les deux Amériques du reste du monde. Pourquoi ? Comment ? Bien que déboussolée, la population peut encore se déplacer en avion entre les deux parties du globe. Sauf que ça ne va pas durer longtemps. Que vont devenir les deux nouvelles Terres ? Sont-elles vouées à la séparation éternelle ?



Dès 1935, Jacques Spitz fait preuve d'une imagination débordante et fait montre d'une critique du genre humain assez impressionnante tout en inventant l'Histoire que nous connaissons désormais. Ce qui est incroyable avec ce livre, c'est qu'il situe les catastrophes naturelles et la scission qui en découle juste après la Deuxième Guerre mondiale, qui bien évidemment ne s'est pas encore produite pour lui. Déjà, il avait compris qu'un évènement majeur divisant le monde allait se produire. L'allégorie n'est pas loin. Flippant, non ?

Ce qui est passionnant dans ce récit raconté comme dans un livre d'Histoire au passé, comme si on tenait entre les mains le témoignage de ce qui est déjà arrivé, c'est la description des réactions humaines à toutes les catastrophes successives. Cela commence avec, et c'est bluffant, la narration d'un nombre considérable de catastrophes naturelles telles tremblements de terre, inondations, pluies diluviennes et j'en passe comme si on y était, alors que notre monde d'aujourd'hui se prépare justement au changement climatique, le subit déjà même, avec notamment des évènements extraordinaires de changements de température de plus en plus nombreux qui entraînent bon nombre de déplacements de populations. Ce livre a plus de 80 ans et son auteur avait déjà saisi ce qui pouvait bien nous arriver dans l'avenir.

S'enchaînent ensuite les recherches pour en savoir plus sur ce qui s'est produit, la découverte des nouveaux espaces qui séparent désormais les deux entités terrestres, dans un mélange d'articles journalistiques, d'analyses intentionnellement vaseuses de scientifiques et de réactions politiques et publiques. Purée, on s'y croirait, c'est tellement bien fait !

Le tout nous est servi avec de remarquables phrases toujours bien placées qui jugent de manière réaliste le genre humain, souvent cyniques mais tellement justes.

Le temps passe, les deux objets s'éloignent et l'auteur continue à parler de l'avenir (notre passé encore une fois) tout en supputant des choses qui se sont à la fin réellement produites et surtout en resituant des personnages historiques comme Hitler, en montrant que le nazisme a clairement fait son trou dans l'Europe. Spitz savait que si le monde ne se battait pas, le mouvement allait devenir endémique. Étourdissant, vous dis-je !

Le final a sans doute de quoi dérouter un peu, parce qu'il offre une morale ouverte, laquelle demande un peu de réflexion personnelle sur le Monde en général et la vision de l'Europe et de l'Amérique. L'on pourrait peut-être reprocher à Spitz d'avoir une opinion manichéenne à se limiter à l'idée du Nouveau Monde et de l'Ancien Monde, mais ce serait donner une conclusion bien trop hâtive qui oublie en outre beaucoup de nuances. Je n'ai pas trop réussi, de mon côté, à savoir vraiment quoi faire de la toute fin, que je vous laisse bien évidemment découvrir, mais j'ai apprécié l'ouverture et la non-finalité impliquée de certaines choses.

De plus et de manière assez large, Spitz remet aussi l'Homme à sa place dans le contexte du vaste univers qui l'entoure, mais aussi dans le contexte qu'il a créé. L'auteur nous dévoile l'humanité qui court vers la fin voire l'inconnu. On appréciera d'ailleurs les quelques illustrations données comme explication, qui souvent permettent de mieux situer les évènements et de mieux comprendre en image l'inimaginable.

Tout ça, c'est brillant, bien que "tout ça" ait été oublié par la Littérature. C'est bien dommage.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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L'agonie du globe

Excellent roman d'anticipation écrit pendant l'entre-deux-guerres par un ingénieur nommé Jacques Spitz. Ce roman, outre une précision scientifique remarquable, a une particularité que j'ai rarement vue, il n'a aucun personnage à proprement parler, c'est l'histoire de l'humanité qui est décrite dans son ensemble, les destins individuels n'étant mentionnés qu'à titre d'illustration. Le récit n'en est pas moins prenant.
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L'agonie du globe

J’ai découvert Jacques Spitz grâce à la critique de « Gill » sur « L’homme élastique »… M’étant précipité sur «La croisière indécise », déception : il s’agit là du premier ouvrage de l’auteur, d’inspiration surréaliste. Jacques Spitz, Polytechnicien, ingénieur conseil ne se tournera vers la science fiction que plus tard, en 1935, avec la parution de "L’agonie du globe"…



« L’agonie du globe » : suite à on ne sait quel phénomène, la terre est en train de se séparer en deux hémisphères sur un plan perpendiculaire à l’équateur, laissant séparés de cinquante km, l’Ancien et le Nouveau monde… Il semble que cette distance n’est pas fixe...la lune réduit son orbite… Allons-nous vers une collision ?



Voilà un grand moment de science fiction de la part d’un auteur « oublié », Dommage…

Jacques Spitz, au style enjoué, ironique, cynique même, parfois… en même temps que scientifiquement très documenté et crédible…

« L’agonie du globe », une « sorte d’Armageddon » avant l’heure qui permet à Spitz de porter un regard désabusé sur l’homme et ses institutions : la religion et le(s) Pape(s), la politique et ses parlementaires aussi bavards qu'irresponsables, la science et ses savants non moins irresponsables.



J’ai longtemps considéré René Barjavel comme le père de la science fiction française. Et si c’était Jacques Spitz, plutôt ?

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L'expérience du docteur Mops

Un véritable voyage dans le cerveau de l'homme et dans le temps. Si le cerveau de l'homme lui permettait de vivre au futur, que deviendra son présent, voici l'univers dans lequel Jacques Spitz nous plonge avec le docteur Mops, qui veut tout connaître, de seconde près, ce qui se profile dans le futur, il s'y exerce non par des moyens spirituels mais en se servant scientifiquement du cerveau de l'homme. Quelle aventure dans laquelle va se fourrer le jeune Pierre Dhambres quand, une fois revenu des pays des tropiques, il rencontre Yvane à la cote d'Azur. Celle-ci est accompagné de son beau-père qui n'est autre le docteur Mops. Peu à peu, Pierre va découvrir l'ambiguïté qui couvre les activités de recherche de ce docteur un peu fou...
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L'expérience du docteur Mops

Le docteur Mops n'aura finalement pas trouvé sa place dans la longue liste des savants fous et criminels qui ont, un jour ou l'autre, intéressé la littérature populaire par leurs démoniaques ambitions et leurs fourbes projets.

A l'épilogue du récit de Jacques Spitz, il s'avère que Mops n'aura été qu'un vieillard sordide et incapable de faire frémir la moindre des demoiselles.

N'est pas docteur Maboul qui veut !

Pour distiller efficacement l'angoisse et le suspens, ne faut-il pas un personnage vraiment diabolique ?

Et, il semblerait que contrairement à l'adage populaire, le ridicule parfois peut tuer ...

"L'expérience du docteur Mops" est un livre manqué.

A quelques kilomètres au dessus de Nice, au château de la Colle, sur la route de Vence, Pierre Delambre rencontre Yvane Suyter.

C'est le coup de foudre.

Il est architecte, de retour d'Asie, il est en congé pour un an.

Semblant venir d'un autre siècle, elle est étrange, lointaine.

Elle est la belle-fille orpheline du docteur Mops, celui-là même qui se devait d'être un neurologue inquiétant.

Car le docteur Mops a un secret !

Un terrible secret.

Derrière ses prétentions scientifiques, il cache d'horribles desseins ...

Le récit s'ouvre sur un badinage vieillot, une histoire d'amour un peu puérile qui ne parvient pas à lancer le roman.

De plus, les personnages, qui sont artificiels et guindés, n'arrivent pas à capter la sympathie du lecteur.

Et la suite est à l'avenant ...

Jacques Spitz a manqué son coup.

Et, le rythme morne et lent de son écriture ne fait qu'aggraver le manque de rebondissements.

Il manque, à mon sens, bien trop d'ingrédients pour n'avoir pas la moindre chance d'attirer l'intérêt d'un lecteur, si conciliant puisse-t-il être.

Au final, le tout est mièvre, peu captivant et pas très vraisemblable.

Ce qui, vous me l'accorderez, fait beaucoup pour un seul livre ...

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L'expérience du docteur Mops

Le jeune architecte Pierre Delambre, de retour d'un long séjour sous les tropiques est en vacances sur la côte d'azur.

Il y fait fortuitement la connaissance d'Yvane, une jeune femme dont il tombe amoureux.

Yvane est la belle-fille d'un savant hollandais le docteur Mops, homme secret et taciturne, qui en outre parait jouir d'une chance insolente aux jeux dans les casinos monégasques.

C'est que Mops a découvert bien plus qu'une martingale...



Ecrit à la fin des années 30, ce roman reprend le thème très en vogue du "savant fou" ( Voir, les romans de Verne, Wells et d'innombrables romans et nouvelles autour des dérives "scientistes" publiés entre la fin du dix neuvième et la première moitié du vingtième siècle).

Jacques Spitz (1896/1963) est l'un des pionniers de la science-fiction française.

Ses romans tels que "l'homme élastique", ou "La guerre des mouches" sont des classiques du genre.



Avec "L'expérience du docteur Mops", Spitz s'attache plus à nous décrire la romance de Pierre et d'yvane.

Malgré son argument "sciencefictionnel", le roman est davantage un mélodrame qu'un roman de SF...



On peut donc préférer, "L'oeil du purgatoire", qui reprend un peu l'idée de l'invention de Mops, et qui en outre est disponible aux éditions de "L'arbre vengeur", contrairement à ce roman qui semble-t-il n'a pas été réédité depuis 1972.

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L'expérience du docteur Mops

L'Expérience du docteur Mops (1939) n'est pas un roman majeur de Jacques Spitz. Déjà, la forme est plus plus classique dans la plupart de ses autres œuvres : pas d'évènements qui bouleversent l'ordre mondial, ou presque, et on reste accroché au point de vue d'un unique personnage. Pierre, architecte colonial en congé, se ballade dans le sud de la France et rencontre une jeune damoiselle en la sauvant de la noyade. S'ensuit une amourette assez classique, mais très bien décrite : j'ai pas mal rigolé tant Spitz parvenait à me faire m'identifier à son narrateur, qui s'éprend d'une jeune fille tout à fait charmante avec un mélange bien dosé d’enthousiasme et d’appréhension. Mais la jolie a un beau-père suspect : l'éponyme docteur Mops, figure classique du savant aux activités louches que l'on retrouve ailleurs chez Spitz et qui vient peut-être directement de chez Wells et plus particulièrement de L'Ile du docteur Moreau.



L'expérience de Mops, progressivement révélée, se rapproche de celle que l'on trouve dans L’œil du purgatoire : il travaille à projeter la conscience de son cobaye humain dans le futur. Comme souvent avec les histoires de manipulation temporelle, il m'a semblé percevoir des incohérences, mais rien de trop dramatique. Quand le cobaye révèle la mort future de la femme aimée, le roman se transforme en mélodrame un peu lourd. Il est également regrettable que l'argument science-fictif ne mène finalement pas à grand chose, notamment parce que Spitz fait l'étrange choix, au lieu d'aller au bout des possibilités, de laisser planer le doute sur la réalité de la chose. Frustrant. Ceci dit, L'Expérience du docteur Mops se lit avec aisance, tant Spitz, même quand il n'est pas au sommet de sa forme, parvient à attiser la curiosité avec une profonde ironie sous-jacente, et le voir se pencher sur un format narratif plus sobre n'est pas sans intérêt.


Lien : http://lespagesdenomic.blogs..
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L'expérience du docteur Mops

Tel qu'à l'accoutumé, Jacques Spitz développe dans ce livre un thème SF de façon originale et intrigante. Il y est question de temps, de neurologie. Il est intéressant de déceler des liens avec ses autres oeuvres, car certains aspects préfigurent son roman le plus célèbre ''L'oeil du purgatoire'', et d'autres aspects rappellent ''La particule Z''. Ce à quoi il ne m'avait pas habitué est cette romance intense et passionnée qui prend une part importante de l'histoire. Le narrateur, moitié masculine de cette relation, est le premier stupéfait de cette intensité, nous étant d'abord présenté comme nonchalant et plutôt cynique. Cette romance, associée au caractère grave, contemplatif et un peu mystique de la moitié féminine, ainsi qu'à la description romantique de communion avec la nature (je pense principalement à la nuit sur la montagne), constituent pour moi une facette nouvelle de l'auteur. Et force est de constater qu'il excelle également dans ce registre, ce qui confirme son talent. Plus avant dans le roman, les cartes sont brouillées, ce qui installe le doute dans les conclusions tirées jusque-là, rappelant du même coup que même dans les sciences dites exactes, il est difficile d'obtenir des certitudes, à l'exception peut-être des domaines les moins spéculatifs des mathématiques.
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L'homme élastique, la création d'une humanité nou..

Jacques Spitz. Malheureusement (scandaleusement) oublié ; et pourtant, à mon avis un des pères de la science-fiction française, vingt ans avant Barjavel. Jacques Spitz, ingénieur formé à Polytechnique ne lésine pas ici sur la partie technique de la découverte du Docteur Flohr, un savant un peu fou, quelque peu cynique et beaucoup misanthrope.

Tout commence en pleine campagne où le Docteur Flohr a installé son laboratoire pour confirmer, renforcer et développer sa découverte : la possibilité de réduire ou de gonfler la taille des atomes, permettant ainsi de modifier les proportions de toute chose ; et même de l'humain...

Nous assistons à l'installation des appareils d'expansion-réduction pas à pas à travers le journal de l'homme de Science... Mais les menaces de guerre se précisent à l'Est... La guerre est déclarée et l'armée va s'emparer de l'invention du fameux Docteur : une division de sept mille hommes va être transformée pour partir en première ligne...

La guerre treminée, le succès de la technique qui permet entre autre aux humains de ne pas être atteints d'infections virales ou bactériennes, se confirme et s'étend au monde entier. La flohrisation fait florès !



Un petit opus qui, outre l'attachement qu'on peut ressentir pour le génial savant fou, apporte une foule d'interrogations sur la place de la science dans le progrès social ; les relations entre science et armée ; la science et l'éthique ; la science et le pouvoir...

Bref, un roman de science-fiction comme je les aime : une histoire bien menée qui ouvre la réflexion sur le monde dans lequel nous vivons et celle sur le monde tel que nous le bâtissons ; et ce malgré une deuxième partie un peu faible et comme bâclée si on considère le nombre de voies de réflexion à peine ébauchées...
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L'homme élastique, la création d'une humanité nou..

Le professeur Flohr est un savant de premier ordre mais il n'aime pas le genre humain. L'humanité, pour lui, n'est qu'une bande "d'enfant terribles" dont l'agitation empêche tout progrès. Même sa fille Ethel ne trouve pas grâce à ses yeux et n'est, au fond, qu'un obstacle à ses recherches.

Le savant écrit, jour après jour, un journal et c'est celui-ci que Jacques Spitz nous propose de découvrir.

Jacques Spitz est un des précurseurs de la science-fiction moderne française, mais c'est, ici, plus une œuvre d'anticipation qu'il nous offre avec "l'homme élastique".

Le professeur a découvert une technique pour étirer ou ramasser sur lui même l'atome qui compose toute matière. Mais il manque de sujets d'expérimentation car Atlas, le nain sur la taille duquel il travaillait, a disparu.

Heureusement, la guerre s'annonce comme un coup de tonnerre. Dans les villages l'ordre de mobilisation est placardé et le tocsin sonne annonçant le conflit qui s'avance.

Le professeur s'adresse, alors, à l'armée qui lui fournit, dans un premier temps, Lagrue, un criminel condamné à mort puis, devant le succès de l'expérimentation, amorce la miniaturisation de plusieurs divisions de combattants d'élite....

Là où s'arrête le journal du savant, débute celui de sa fille.

Publié en 1938, ce petit livre, assez réussi, est écrit sur un ton ironique mais au final désabusé.

L'auteur fustige son époque. Il en profite pour y afficher un certain pacifisme et son dédain, entre autres, pour la bêtise de certains militaire, pour le parlementarisme vain et pour les églises s'opposant au progrès du monde .

Mais le propos principal est la question que pose l'éthique et la vraie place de la science dans la société.

Et Jacques Spitz réussit, là où il a échoué dans certains autres livres, nous offrir un récit de SF intéressant et intelligent.
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L'homme élastique, la création d'une humanité nou..

Un livre de genre, court et direct, plutôt bien écrit, le bon portrait d'un personnage blasé et une vision un peu désenchantée des sujets abordés. Une lecture très plaisante.



Le billet complet sur mon blog.
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L'homme élastique, la création d'une humanité nou..

"L'homme élastique" ou comment la science devient-elle un effroyable instrument de pouvoir et de domination militaire, économique et sociale. Le pouvoir de transformer la nature humaine mais à quel prix ?



Jacques Spitz nous sert un récit audacieux, d'une intelligence remarquable, tant pour son esprit d'anticipation que pour son esprit visionnaire car ne l'oublions pas ce roman a été publié pour la première fois en 1938. Un récit qui nous est narré en deux parties, incluant une double narration des plus pertinente qui nous apporte ainsi deux points de vue sur l'histoire. La première partie est rédigée sous la forme d'un journal, celui du Docteur Flohr (notre personnage principal) et la deuxième, sous la forme de mémoires, celles de sa fille Ethel.



Un scientifique qui répond au nom de Docteur Flohr, Docteur ès sciences s'il vous plaît, n'exerçant plus la médecine mais continuant d'officier dans un des laboratoires de la Faculté de Paris - curieux personnage que ce génie de la physique quantique en proie à la misanthropie et au cynisme - fait une découverte qui va révolutionner le monde : il découvre le moyen de dilater ou comprimer les atomes, offrant ainsi à l'humanité la capacité de redimensionner à volonté n'importe quel organisme, vivant ou non. de l'infiniment petit à l'infiniment grand, il n'y a qu'un pas pour le Docteur Flohr.



Nous sommes dès les premières pages intrigués, il règne un climat d'étrangeté, un je-ne-sais-quoi qui nous laisse supposer que cette découverte ne va pas être utilisée qu'à bon escient. Quoi qu'il en soit notre étrange docteur prend ses cliques et ses claques et part s'installer loin de Paris en rase campagne à Chantambre avec pour seule compagnie son chien, son chauffeur et la bonne. Il installe son laboratoire dans une des granges attenantes à la propriété dans laquelle il réside.



C'est donc par le biais d'un journal intime que nous prenons part, étape par étape, jour après jour, à cette expérience hors du commun alors que la deuxième guerre éclate, le 14 juillet, guerre dont le Docteur Flohr se soucie peu (pour le moment seulement) enfermé dans son laboratoire avec ses premiers cobayes : plantes, fleurs, légumes, lapins, poules, tout y passe... Jusqu'au 17 juillet, date à laquelle il parvient à redimensionner avec succès un homme atteint de nanisme, le gratifiant au passage d'une quarantaine de centimètres supplémentaires.



Puis tout s'accélère, le 29 juillet, exalté par les résultats probants de la dilatation de l'atome, il part pour Paris soumettre sa découverte au Ministère de la guerre dans le but de la mettre au service de la Défense nationale. 7000 hommes, des divisions entières, des bataillons, sont redimensionnés à la taille de lilliputiens de 5 centimètres, je vous laisse imaginer la guerre revue et corrigée par Jacques Spitz alors qu'elle n'a pas encore eu lieu (très fort !). le monde entre alors dans une ère nouvelle, l'ère de la "flohrisation", dans les rues, partout à travers le monde, géants et lilliputiens se côtoient sans que personne ne s'en offusque, on se "flohrise" sur un coup de tête, pour un oui ou pour un non, pour améliorer ses conditions de travail, pour pimenter sa vie ou pour se débarrasser d'un vilain complexe, stupéfiant !



J'ai retrouvé dans ce roman l'écriture qui caractérise l'auteur, une écriture acérée, sans fioriture, avec ce savant mélange d'humour noir et de cynisme que j'affectionne tant. Jaques Spitz nous dresse le portrait édifiant d'un homme méprisant et méprisable, prêt à tout pour servir son art, entre raison et déraison, qui offre à l'humanité le moyen de corriger les défauts de la nature humaine en la rendant encore plus monstrueuse qu'elle ne l'est déjà.



Alors pour l'homme élastique, un poème élastique de Carl Norac :



Je

t'écris

un poème

qui va grandir

s'allonger d'un pied

à chaque vers tracé

sans plus jamais s'arrêter

jusqu'à remplir tout l'Univers

(peux-tu m'aider à le rétrécir Docteur Flohr ?)
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L'homme élastique, la création d'une humanité nou..

Quel magnifique moment passé en lisant ce livre. À lire absolument !!!
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L'oeil du purgatoire

L'originalité de ce roman est indéniable. Sous la forme d'un journal intime, le personnage principal, un peintre désabusé aux prises avec un spleen de tous les diables, nous expose ses tristes pensées et son incroyable expérience. Le résumé, qui est beaucoup trop explicite à mon avis, en dit long. Je me contente pour ma part de ceci : suite à la rencontre d'un vieillard bizarre, notre peintre va entreprendre visuellement un vertigineux et macabre voyage dans la causalité...



J'ai perçu ce roman comme double, un mariage entre existentialisme et science-fiction. D'abord, le narrateur nous décrit son mal de vivre existentialiste. On peut mesurer ici l'envergure de Jacques Spitz comme auteur avec des traits d'une grande puissance. Puis se produit l'aventure invraisemblable, le côté SF, qui permettra au personnage de pousser sa réflexion très très loin.



Le phénomène en question est, disons-le, très fantaisiste. Mais l'explication donnée est sensationnelle et même peut-être un peu visionnaire, quand on pense à toutes les recherches actuelles et ce qu'on commence à soupçonner sur le microbiome. Le côté ''technique'' des romans SF de Jacques Spitz est un point où il semble exceller.



Certains aspects de l'histoire m'ont remémoré la ''thiotimoline'' imaginée par Isaac Asimov et ''Les langoliers'' de Stephen King, tout ceci étant ultérieur au roman de J. Spitz.



Je suis décidément bien content d'être tombé sur cet auteur qui, espérons-le, n'a pas fini de m'étonner.

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L'oeil du purgatoire

Ce livre aborde le vieillissement et la mort de façon bien particulière. Ce n'est pas trop mon style d'écriture et je ne pense pas que je garderais un grand souvenir de cette vision du processus de la mort.
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L'oeil du purgatoire

oVerdomme nous ensorcelle par sa critique et en tant qu’excellente commerciale m’a donné envie de lire ce livre. Je connaissais déjà Jacques Spitz pour avoir apprécié « La guerre des mouches ». J’étais très impatient de le commencer.



Le présent est-il le même pour tous ? Existe-t-il un présent pour chaque être ? C’est un peu ce que prétend un énergumène qui a croisé Poldonski, un peintre suicidaire.



Poldonski est le personnage central de ce très court roman. Narré à la première personne, Jacques Spitz nous propose un protagoniste déprimant et cynique. J’ai eu beaucoup de mal à m’imprégner du récit, surtout que l’histoire met un peu de temps avant de décoller. Je me suis posé la question comment la communauté de Babelio était aussi unanime par leur enthousiasme.



L’écriture de Jacques Spitz est très élaborée – un peu à l’instar de Jean Ray. Elle est raffinée. J’ai même buté plusieurs fois sur d’étranges mots. Je pense que c’est le style de l’époque. Ce qui m’a dérangé, c’est cette noirceur tout au long du roman. C’est un texte pessimiste. « L’œil du purgatoire » est une métaphore sur la vie et la mort. Ce qui m’a frappé, c’est l’impuissance du personnage principal, résigné dans sa malédiction.



Je ne contredis pas la qualité et le récit en lui-même. Disons que ce cynisme, cette ambiance glauque, son pessimisme, cette atmosphère macabre qui m’ont dérangé. Peut-être pas le style de lecture qui me plaît, au final.

(J’ai eu beaucoup de mal à coucher sur l’écran mon ressenti).
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