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Critiques de James Graham Ballard (219)
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La forêt de cristal

Le docteur Edward Sanders est directeur adjoint en léproserie. Il veut se rendre à Mont Royal pour retrouver des amis mais à cause d'une fuite temporelle la forêt par laquelle il doit passer est complètement cristallisée par une sorte de neige de microcristaux qui tombe du ciel et qui ne cesse de se propager. Dès que quelque chose ou quelqu'un en est recouvert il se retrouve coincé dans l'anti-temps et pour lui le temps s'arrête. Le docteur Sanders va devoir mener l'enquête pour revoir ses amis.



On est vite pris dans l'histoire et on a du mal à s'arrêter, mais la fin est un peu brutale.
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La forêt de cristal

Ce n'est pas le roman à lire pour se lancer dans l'oeuvre de Ballard. J'ai le souvenir d'une écriture datée, avec des longueurs. A lire pourquoi pas, mais Ballard mérite mieux.
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La forêt de cristal

Le Docteur Edward Sanders a perdu trace de ses amis et collègues, Max et Suzanne Clair. D’après leur dernier message, ils étaient à Mont Royal. Or, l’accès à la région est interdit par l’armée car il s’y passe un phénomène bien étrange : peu à peu, la forêt se cristallise, emprisonnant dans une gangue de lumière figée toute vie, qu’elle soit végétale, animale ou humaine. Pour autant, le Docteur Sanders, mû par l’amour qu’il porte à Suzanne, brave les interdits, fasciné également par la beauté étrange et comminatoire des lieux. Derrière la forêt de cristal, d’autres secrets se cachent, entre ombres et lumières…



« La Forêt de Cristal » est l’une des quatre apocalypses écrites entre 1961 et 1966 par J.G. Ballard. Il s’agit d’une intrigue qui joue sur les clairs-obscurs d’une nature déliquescente, en écho à l’ambivalence des sentiments humains. Les descriptions sont fascinantes, l’auteur venant souligner la beauté trop artificielle et menaçante d’un paysage à l’apparence pourtant féérique :

« Les arbres dressés au-dessus de l’eau en un long arc de cercle semblaient étinceler d’une myriade de prismes liquides : des barres de lumière jaune et carmin gainaient leurs troncs et leurs branches saignant dans l’eau, comme si toute la scène avait été reproduite à l’aide d’un Technicolor trop poussé. Toute la rive opposée étincelait de ce kaléidoscope flou. Les bandes colorées, en se chevauchant, augmentaient la densité de la végétation, si bien qu’il était impossible de voir à plus de quelques pas entre les premiers troncs. » (p. 74.)

Le rythme est lent, le style parfois un peu désuet. L’intrigue souffre d’ailleurs peut-être de quelques longueurs, notamment avant la découverte du monde cristallisé. Pour autant, ce cauchemar cristallin, cette apocalypse de lumière, ne peuvent laisser indifférent. L’éblouissement de cette pérégrination fantastique n’est pas sans occasionner quelques persistances rétiniennes bien après la lecture…
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La forêt de cristal

En dehors d'une forêt de cristal, mystérieuse, le scénario est laborieux. Nous subissons un enchaînement redondant de coup de fusil, revolver, couteau entre les mêmes personnages! Il y a bien quelques dialogues ou quelques hypothèses d'explication mais à la fin, je ne savais plus vraiment les motivations des uns et des autres. Livre confus dans lequel les rares personnages féminins sont très peu développés.
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La forêt de cristal

Bien qu'originale, j'ai eu quelques difficultés à me plonger tout de go dans cette histoire qui m'a parue quelque peu décousue au début. J'ai néanmoins continué à m'accrocher et le style de l'auteur a probablement contribué à la beauté des images que j'ai pu finalement m'en faire.
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La plage ultime

Un recueil de 12 nouvelles datant des années 60 par J.G. Ballard, surtout connu pour être l'auteur de Crash, adapté à l'écran par David Cronenberg, ou pour son Cycle des Éléments nous plongeant dans des mondes apocalyptiques.





1 - Un problème de rentrée

Un groupe part à la recherche d'une sonde spatiale habitée s'étant écrasée en pleine jungle amazonienne au cours de son retour sur Terre plus d'une année auparavant, l'astronaute n'ayant pas donné signe de vie depuis.

Principalement basé sur son ambiance, moite et irréelle, la nouvelle nous perd au sein d'une jungle oppressante, l'auteur en profitant au passage pour revisiter à sa façon le culte du cargo.





2 - Le Géant noyé

Le corps sans vie d'un géant s'échoue sur la plage, devenant l'attraction de la ville entière. Les gens se mettent à l'escalader, à s'installer sur lui pendant qu'il se décompose petit à petit...





3 - Fin de partie

Un condamné à mort est placé dans une villa avec son bourreau, lui seul ayant connaissance de la date de l'exécution (celle-ci pouvant être appliquée dans la minute suivante ou dans vingt ans).

Une étrange relation se noue alors entre les deux personnages.





4 - L'Homme illuminé

Une nouvelle anticipant le roman La Forêt de Crystal, écrit quatre ans plus tard, en 1967, et faisant parti du Cycle des Éléments.

La forêt et les animaux y vivant se cristallisent peu à peu, se mettent à briller de mille feux, le temps s'échappe...





5 - L'Enclos des reptiles

Un couple se fait dorer sur la plage tout en discutant de sociologie et de philosophie, revenant sur la métaphore de l'inconscient que constitue la mer.

Une nouvelle à l'ambiance assez incongrue et irréelle, prenant ensuite un virage beaucoup plus étrange (et flippant).





6 - Le Delta au crépuscule

Un homme devient obsédé par les milliers de serpents rampant sur la dune chaque jour à la même heure...





7 - La Plage ultime

Donnant son titre au recueil, La Plage Ultime est une nouvelle à l'ambiance irréelle, dans laquelle on suit un personnage ayant perdu sa famille, isolé sur une île au sein de laquelle se dressent d'étranges blocs de béton.





8 - Fin fond

La Terre se meurt, les océans sont asséchés et les hommes vivent dans les anciens fonds marins, seuls endroits où l'air est encore un tant soit peu respirable.

Dans une marre semble vivre le tout dernier poisson...





9 - Les Danses du volcan

Un couple vit sur le versant d'un volcan entrant régulièrement en éruption...





10 – Billenium

La nouvelle que j'ai préférée.

On plonge en pleine dystopie, au sein d'une Terre totalement surpeuplée et connaissant une grave crise immobilière. Les gens doivent vivre dans des logements de 4 mètres carrés, le gouvernement réduisant les normes années après années, les obligeant à partager les lits et à optimiser chaque centimètre de leurs habitations tout en lutant contre leurs voisins, n'hésitant pas à incliner les cloisons murales afin de gagner un peu de place.

Les rues sont transformées en de véritables torrents humains, tant et si bien que les personnages, voulant aller à un bar situé en face de chez eux, se voient contraints d'abdiquer et de rester de leur côté du trottoir, faute de pouvoir traverser.

Bref, une virée au sein d'un monde devenu totalement invivable et étouffant, le tout avec un côté assez décalé franchement appréciable.

Génial !





11 - La Joconde du midi crépusculaire

Un homme, ayant temporairement perdu l'usage de la vue suite à une opération, se met à avoir des visions... et à y prendre goût !





12 - Le Vinci disparu

Un tableau de Leonard de Vinci est volé alors qu'il était exposé dans un musée. Menant sa propre enquête, un conservateur fini par faire le lien avec d'autres vols de tableaux s'étant étalés sur plusieurs années, tous représentant la crucifixion du Christ.
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La région du désastre

Dans Rêve d’oiseau, Crispin sur son bateau amarré a repoussé l’attaque soudaine des grands oiseaux avec sa mitrailleuse. Après la bataille une femme sort de sa maison et erre parmi les cadavres en prélevant quelques longues plumes. Dans cette ambiance irréelle de dystopie écologique, l’homme est devenu fou et par sa faute la nature avec lui sombre dans la folie. Cette fable est d’une poésie à la fois sordide, spirituelle et ironique.

Dans La ville concentrationnaire, un étudiant dans une immense cité fermée dénuée de nature a rêvé d’un vol de planeur, incompatible avec l’esprit étriqué de la société et la topologie des lieux. Cette dystopie sociopolitique dénonce le matérialisme et l’obscurantisme d’une civilisation grouillante et renfermée. L’ambiance étouffante accouche d’une ode à la liberté dans la tentative d’un homme de franchir les limites artificielles et s’affranchir d’un non-sens adopté sous forme d’une prison fractale, le propos s’enrichissant d’une réflexion sur la Cause Première et d’une illustration épistémologique.

Dans L’homme subliminal, le Dr Franklin alerté par Hathaway son patient commence à se rendre compte qu’il mène une vie sans but entre travail et achats compulsifs. Cette dystopie économique et sociopolitique s’appuie sur la manipulation des masses pour soutenir la surconsommation et la surproduction, garantir la croissance au prix de la liberté dans un emballement irresponsable.

Dans Que s’éveille la mer…, Richard Mason est réveillé chaque nuit par la mer qui s’insinue dans la ville, malgré la grande distance qui les sépare, expérience illogique qui désarçonne sa femme Miriam. Cette illusion temporelle montre que l’homme n’est rien face à la nature, dans une poétique élémentale au souffle antique et une atmosphère évanescente.

Dans Moins un, James Hinton a disparu de l’hôpital psychiatrique de Green Hill et tous les employés le recherchent en vain, jusqu’à douter même de son existence. Cette dystopie administrative met en cause la considération inhumaine de l’institution médicale et un cynisme justifié de façon métaphysique, ontologique et phénoménologique.

Dans Faux-fuyants, Charles Freeman redevient physiquement un enfant depuis que sa femme est enceinte. Cette histoire à l’angoisse freudienne se base sur l’inversion de la flèche du temps.

Dans Zone de terreur, Larsen doit se reposer dans le calme d’un complexe de chalets en bordure du désert appartenant à son employeur après une crise due au surmenage. Bayliss son seul voisin est un psychologue qui l’aide à surmonter ses hallucinations qui le font se voir en décalé, à la troisième personne, se tenant là où il était un moment auparavant. Entre l’apparition fantomatique subjective et le don d’ubiquité, l’angoisse apparait avec la possibilité d’un vrai dédoublement autonome. L’ambiance paranoïaque est dense, l’aspect psychologique de la terreur panique mène à un dénouement fantastique.

Dans Trou d’homme N°69, le Dr Neill mène une expérience sur trois cobayes enfermés après une opération chirurgicale au cerveau pour supprimer tout besoin de sommeil. Cette science fiction métaphysique explore le champ de la conscience par la modification physiologique d’une fonction biologique, questionnant le rôle du rêve dans la construction de la réalité et extrapolant les conséquences de son absence sur la perception de soi et du monde.

Dans L’homme impossible, Conrad est un adolescent renversé un jour par une voiture et qui bénéficie ensuite d’une greffe de la jambe du conducteur décédé dans l’accident. Conrad se retrouve au centre d’une querelle opposant la vision commerciale de la médecine et la décision des gens âgés de ne pas prolonger indéfiniment la vie.
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La Trilogie de béton : Crash - L'Île de béton - ..

Complètement barré, Crash! est une sorte de road-trip perverti, qui serait confiné à une toute petite aire de la périphérie de Londres et où les mêmes motifs se répètent inlassablement : le béton, les parkings, le toboggan de l’aéroport, la route qu’on prend sans destination et qui ne nous mène jamais bien loin… Dans un texte trash et clinique, Ballard et son alter-ego mêlent sexe et carrosserie, blessures et jouissance, technologie et coïts mécaniques. C’est un roman fait pour l’oeil, où on découvre la violence inénarrable (sauf ici) d’un accident de voiture, des modifications des corps dans un ralenti de crash-test en même temps que les érections parallèles aux leviers de vitesse. Littérature du ressassement, de l’ordure, Crash! est une perfection du vide, de l’anéantissement de l’homme dans la machine. C’est dans ce genre de moment que je regrette de ne pas pouvoir pleinement savourer la lecture en V.O.



L’écriture se fait plus sage dans L’île de béton, mais le propos est presque aussi perturbant. Un type se rend compte qu’il est prisonnier d’un terrain vague entouré d’autoroutes fréquemment empruntées, parce que personne ne s’arrêtera, parce qu’on le prendra pour un clochard. Evidemment, Maitland est contraint s’organiser sa survie, de trouver à boire, à manger, un endroit où dormir, et peu à peu, il s’éloigne de la civilisation pourtant toute proche. J’ai adoré ce Robinson revisité, suivre ses tentatives d’évasions qui se font de plus en plus molles ou ambigües, au coeur des herbes et de la ferraille pas si inhospitalière. Le plus fou, c’est que tout en me disant que la situation était absurde, je n’ai eu aucun mal à y croire finalement… Et le coeur du récit se situe peut-être quelque part de ce côté.



Finissons avec I.G.H. Des individus tout ce qu’il y a de plus respectable deviennent cinglés au sein d’une tour de béton de quarante étages dernier cri avec piscines, supermarché et école. Peu importe qu’ils soient issus de la même catégorie sociale, les habitants recréent des clivages entre ceux du bas, ceux du milieu et ceux du haut. Le processus de retour à l’état sauvage est fascinant à suivre à travers le prisme de trois personnages : en haut, l’architecte de la tour, en bas un producteur de documentaires avide d’ascension et au milieu, un prof d’université en médecine qui tient à sa tranquillité. Le summum du lieu du progrès, de la technologie et de l’autosuffisance s’effrite peu à peu. Ca commence par les poubelles, les nuisances sonores, les gosses, les chiens… Et on finit par élever des barricades et à chercher de quoi se sustenter pour le lendemain en craignant pour sa vie. Absolument passionnant.
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La Trilogie de béton : Crash - L'Île de béton - ..

Dans l'ordre du plus tolérable au moins soutenable, trois livres majeurs sur l'aliénation moderne de l'homme par le progrès, réunis en une trilogie:

IGH (Immeubles de grande hauteur):

Des immeubles de quarante étages (ce qui est bien peu aujourd'hui! 163 au Burj Kaifa de Dubaï) mais par contre de 1000 appartements. un peu comme des cités antiques, puisque toute une humanité y vit, s'y hiérarchise et va s'y livrer à une guerre civile jusqu'à la régression ultime de la barbarie ... Trois points de vue fragmentent ce récit apocalyptique.



L'ile de béton,

ou la solitude et la survie au fond d'un quadrilatère de béton , surplombé par trois échangeurs d'autoroute, dans lequel un malheureux est venu accidenter son véhicule. Diminué, il ne peut s'échapper. Hors de vue, on ne peut le repérer. peu à peu, il fait le constat de l'échec de sa vie. Alors là ou ailleurs... La solitude au milieu de la modernité citadine: un pur cauchemar, à rapprocher de epepé de Ferenc Karinthy. Pas une dystopie futuriste, mais bien une aventure du registre du possible. Vraiment flippant.



Enfin, Crash, le roman clivant par excellence.

Les allergiques fuiront sa violence insoutenable, ses descriptions outrancières et redondantes de tôle froissée et de chair dévastée, sa galerie de victimes de la route tournés homo superior ni aimables ni attachants, sa pornographie insensée et fatigante, son absence de morale, son manque de progression dramatique.

Les fans loueront la peinture cauchemardesque de (dixit Ballard) la guerre à laquelle se livrent chaque jour des millions d'automobilistes, brisant des vies et laissant des blessures dignes de 14/18, la dénonciation de l'abrutissement d'une civilisation basée sur la vitesse, le sens de la méticulosité des détails sur la fusion de la chair et du métal, l'originalité d'une sensualité d'un nouveau genre, la radicalité de la forme et du fond.

Les deux auront raison! Crash, il y a autant de raison de le vouer aux nues qu'aux gémonies. C'est un livre expérimental, malaimable qui joue délibérément sur votre inconfort, vous êtes prévenus.

Pour moi qui suis une coquine, j'ai plaisir à imaginer Aurélie Valogne prendre ses jambes à son cou au lieu de les suspendre lubriquement autour du cou d'affreux couturés de la route ! cette confiture là, toute dégueu soit-elle, n'est pas pour les cochons du feelgood.



Bref, si cette triple dénonciation du modernisme vous donne à réfléchir, c'est peut-être que vous êtes dans l'affreux camp des nouveaux réactionnaires! Les sciences et techniques, à marche forcée vers le bien? A d'autres!











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La Trilogie de béton : Crash - L'Île de béton - ..

AVIS NE CONCERNANT QUE I.G.H. !!!



Tout se passe dans un immeuble de quarante étages, où chaque habitant est logé en fonction de son statut social : les moins aisés en bas, la classe moyenne dans les étages du milieu, et forcément la classe aisée tout en haut de la tour.

Peu à peu, les habitants vont perdre leur humanité et tout l’immeuble va être le théâtre de « révolutions sociales » puis de la déchéance humaine.

On est plongés dans ce qu’il y a de pire de l’humanité, encouragé par le progrès de l’Homme lui-même : cet immense immeuble.

Je dois dire que le pitch de base me plaisait beaucoup, et j’ai beaucoup apprécié l’histoire en elle-même… je pense que c’est le traitement qui ne m’a pas convaincue.



On n’a pas vraiment le temps de bien cerner l’univers que les problèmes commencent. Pourtant, c’est très simple à comprendre, il n’y a rien de complexe, mais j’aurais aimé avoir un peu plus de temps pour m’adapter à l’ambiance du roman. Du coup, la violence et l’ascension de la folie des humains arrive un peu comme un cheveu sur la soupe.

La folie des habitants s’intensifie en même temps que la violence, et même si on en connaît l’origine (la vie en communauté dans un immeuble qui fait tout pour nous isoler), j’ai eu du mal à comprendre comment ils ont pu en arriver là.



Cette hiérarchie étagée nous livre une belle critique de la société, et quoi que l’on puisse faire pour rendre l’humain civilisé, il restera toujours un animal, et le progrès, le fait de vivre constamment dans une jungle de béton ne fait qu’accentuer la perversité de l’homme. Pourtant, les habitants s’acclimatent à cette violence, ils en parlent sur un ton détaché et semblent même s’en réjouir, comme si ces horribles événements les rapprochaient, les solidarisaient, alors qu’ils étaient individualistes quelques mois auparavant.

L’évolution du comportement des humains est amenée petit à petit, presque subtilement.

D’abord délinquants puis assassins, ils redeviennent des animaux puis on a l’impression qu’ils se transforment en homme préhistoriques, avec évidemment tous les comportements qui vont avec. Le progrès fait régresser l’humain.



J’ai vu certains avis où les lecteurs se plaignaient du rôle de la femme dans ce roman, mais il faut se rappeler que l’être humain redevient petit à petit un animal, un homme de Néanderthal, le rôle de la femme est donc forcément très réducteur. C’est triste mais logique.

En revanche, je dois avouer que la violence à outrance a fini par me déranger légèrement. Je ne suis pourtant pas très sensible, mais là j’avais presque l’impression que c’était du voyeurisme.



Bref, c’est là un avis très mitigé. Une bonne histoire de base, mais la façon dont l’auteur l’a présenté ne m’a pas conquise.

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La Trilogie de béton : Crash - L'Île de béton - ..

Critique sur le premier roman du recueil, Crash !



Crash ! est probablement le roman le plus connu de J. G. BALLARD, grâce à sa thématique sulfureuse. L’auteur britannique s’intéresse en effet à la psycho-sexualité des accidents de voiture par le biais d’un petit groupe de personnages dont la vie a été irrémédiablement chamboulée à la suite d’un crash. Et cela va bien au-delà de l’aspect purement sexuel de ces vies.

Comme il se doit, l’oeuvre fit scandale à sa publication. Il est vrai que BALLARD ne s’embarrasse pas de précautions verbales et émaille son récit de détails éminemment crus quant aux accidents décrits et aux actes sexuels qu’ils suscitent, faisant de lui un roman tout simplement pornographique.

Mais ce caractère est à prendre dans le bon sens du terme, la prose de l’auteur étant de grande qualité, comme d’habitude avec BALLARD, et le propos général étant l’analyse des perversions humaines, en l’occurrence la fascination que les hommes vouent à la mort violente. En quelque sorte, il analyse presque scientifiquement le fait bien connu qu’un accident sur une voie d’autoroute engendre systématiquement un embouteillage sur l’autre voie…

Il n’empêche que le sujet du roman est dur et pourrait bien mettre mal à l’aise bon nombre de lecteurs. Rappelons à ceux-là qu’avec ce roman J. G. BALLARD influencera les réalisateurs David Lynch et David Cronenberg (lequel adaptera le roman en 1996), et probablement les romanciers William GIBSON et Chuck PALAHNIUK.
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La Trilogie de béton : Crash - L'Île de béton - ..

J'avais très envie de lire "La trilogie de béton", et je reconnais l'avoir laissée quelques mois dans ma bibliothèque avant de l'entamer, comme un cadeau qu'on garderait emballé pour retarder le plaisir de la surprise à venir.

Le premier roman de la trilogie est "Crash", et quelle déception !

Je n'ai compris ni le choix du sujet, ni le style. Je me suis sentie tout à fait assommée par une suite de mots d'un vocabulaire (particulièrement celui de la mécanique) qui ne me parle absolument pas, par des phrases longues et parfois abstraites, et surtout par une thématique que je n'ai pas réussi à approcher, ni de près ni de loin- peut-être un peu trop violente pour moi.

Je ne peux donc pas m'étaler davantage sur un roman dont je n'ai lu qu'une quarantaine de pages, je suis simplement surprise de savoir que tant de gens autour de moi ont vu (et apprécié) son adaptation cinématographique.

Peut-être suis-je passée à côté..?



Toujours est-il que je suis passé au second roman, "L'île de béton".

C'est le genre de récit que j'aime : quelque chose d'assez terre à terre finalement, mais qui comporte un subtil côté absurde.

Une histoire qui ne s'embarrasse pas de futilités ou d'un contexte trop lourd, qui dit les choses telles que le héros les subit. Avec lui on découvre cet environnement improbable dans lequel il est amené à évoluer, et avec lui on s'étonne, on s'agace et on jubile.

Coincé en contrebas d'échangeurs d'autoroute, là où mille personnes passent chaque jour mais où personne ne s'arrête jamais, notre Robinson moderne explore un espace atypique et plein de surprises, bonnes ou mauvaises.

Comme dans tout "naufrage", le sens des priorités se voit modifié, l'essentiel devient futile, et on trouve même une fonction à l'inutile.

Entre ruses, désespoir, frustration et folie, Robert Maitland cherche à s'évader. Mais finalement, est-ce cela qu'il désire vraiment ?



J'ai terminé la trilogie avec "I.G.H."

Si cela m'a semblé déroutant au départ, j'ai finalement aimé l'idée de suivre trois protagonistes différents, et le fait de passer de l'un à l'autre donne une dynamique intéressante au récit, en plus de permettre une variation dans les points de vue.

Cette plongée au cœur d'un immeuble de quarante étages, pensé et érigé pour être une sorte de représentation miniature de la société, nous livre de prime abord l'image d'un microcosme presque idyllique.

Mais cette civilisation auto-suffisante et organisée par castes est rapidement confrontée aux limites et aux dangers que ce type de projet représente.

Ainsi, chacun voit ses ambitions et son mode de vie se transformer, jusqu'à en devenir primaires. Se nourrir, protéger les siens, chasser, se défendre et bientôt survivre deviennent les objectifs des habitants de la tour.

Un roman quelque peu dérangeant qui, bien sûr, nous pousse à nous demander jusqu'à quel point nous aurions eu, nous-mêmes, la force et le courage de résister… Et de rester.

L'instinct remplace les bonnes manières, et chacun livre son propre combat contre ceux (ou ce) ce qu'il considère comme ses ennemis.

Quelques longueurs cela dit, qui contrastent avec un dénouement que je qualifierais d'expéditif et de relativement attendu.

En conclusion, je dirais que, si cette trilogie a été écrite sur une période courte de trois années consécutives, on y trouve des contenus (tant dans le fond que dans la forme) radicalement différents, qui s'apprécient à des niveaux variables.

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La Trilogie de béton : Crash - L'Île de béton - ..

Crash: j'ai un peu de mal à entrer dans le délire mécanico-sexuel. j'arrive pas à comprendre la folie, le plaisir que peuvent retirer les protagonistes à la vision ou à la seule évocation de tôle froissée ou de parfum de tableau de bord enduit en sperme et de sang... En tout ça, on peut dire que ça y va, et même si ça ne m'est pas apparu au début de la lecture, entre senteurs froides métalliques et vieux cuir rance recouvert de matière fécale, ce livre ne sent pas bon !

IGH : Nous ne sommes pas faits pour vivre dans des cages à poules, entassés les uns sur les autres... Tôt ou tard "ça pête"... Ici c'est un peu extrème, très vite le rationnel disparait je trouve et la folie s'installe et prend ses aises à tous les étages...

L'île de béton : est le texte le plus aéré du livre mais ça sent quand même l'huile de vidange et le béton humide...
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La Trilogie de béton : Crash - L'Île de béton - ..

Critique complète sur le site.



Dur, violent, glauque et dérangeant. On pourrait dire tout cela d’IGH. Parfois presque trop d’ailleurs. Mais qu’importe. Ballard a instauré une direction qu’il compte suivre, et nous mène de situations impensables en comportements aberrants, et pourtant si logique dans l’esprit et la continuité des événements de la tour. Entre régression en mode tribal et retour à une enfance dégénérée, les personnages d’IGH se complaisent dans leur folie, et attendent que d’autres suivent. Ballard, comme à son habitude, fait preuve d’une acuité et d’une modernité assez glaçante.
Lien : http://www.undernierlivre.ne..
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La Trilogie de béton : Crash - L'Île de béton - ..

L'homme trouvant son plaisir dans les accidents de la route et les blessures infligées au corps (Crash!); l'homme immobile et coincé en contrebas d'une autoroute où personne ne passe (L'île de béton) et l'homme en conflit avec son voisinage dans une tour de quarante étages transformée en champ de bataille (I.G.H.). Un triptyque fascinant.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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La Vie et rien d'autre : Mémoires

J.G. Ballard, célèbre écrivain de science-fiction, auteur de Crash !, Millenium People ou encore Le Monde englouti, est né en 1930 à Shanghai où il vécut son enfance et son adolescence. Il rejoignit ensuite l’Angleterre et après deux ans d’étude de la médecine, se consacra à l’écriture malgré l’opposition de ses parents. Il se maria, eut trois enfants, sa femme mourut jeune, il les éleva seul. Son début de vie en Chine le marqua à jamais, il en fit un roman autobiographique, Empire du Soleil, qui fut adapté à l’écran par Steven Spielberg. Ballard mentionne aussi ses amis écrivains, ses proches qui le soutiennent et l’amour qu’il porte à ses enfants. Si l’évocation d’un Shanghai aux prises avec l’occupation japonaise ou la mort de la jeune épouse nous resteront longtemps en tête, le reste de cette autobiographie nous apparaît bien peu incarnée, l’auteur répugnant visiblement à se livrer. Etait-ce la fameuse retenue britannique ou Ballard était-il pris par le temps, rongé par un cancer, ne pouvant finalement livrer au lecteur que la vie et rien d’autre ?
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
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La Vie et rien d'autre : Mémoires

Loin des provocations de "Crash !", cette autobiographie de J.G. Ballard se rapproche de "L'empire du soleil" pour la partie qui concerne son enfance. On ne connaissait guère que par "Le lotus bleu" le Shanghai de l'entre-deux guerres et l'invasion du Japon. Ballard décrit la chute d'un monde avec le regard lucide d'un enfant qui s'adapte à toutes les situations, y compris à celle d'un camp d'internement où les japonais rassemblent les occidentaux. Imre Kertész, enfant, avait su aussi survivre dans les camps nazis ("Être sans destin"). J.G. Ballard, dont un médecin lui a annoncé une maladie fatale, se hâte de faire le récit de sa vie, sans concession. Au regard critique qu'il pose sur des parents lointains et futiles, il oppose la révélation inattendue de l'amour conjugal et de la paternité, dans des pages très touchantes. Le talent d'un grand écrivain s'exprime dans ce récit très simple et d'une extrême lucidité, qui apprend beaucoup sur le contenu de son œuvre et sa conception de la science fiction, dont il est un des maîtres. La vie, célébrée dans le titre, mal traduit en français, en ce qu'il renvoie au très beau fil de Bertrand Tavernier, est de l'ordre du miracle ("Miracles of life" titre originel), tant la folie du monde tend constamment à la détruire.
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La Vie et rien d'autre : Mémoires

Critique de Bernard Quiriny pour le Magazine Littéraire



Quelques mois après avoir découvert le cancer qui l'a emporté le 19 avril dernier, J. G. Ballard avait entrepris d'écrire ses mémoires : en moins de trois cents pages, il y retrace son parcours, depuis sa naissance dans le Shanghai de 1930 jusqu'aux années tranquilles dans son pavillon de Shepperton. Ce qui frappe d'emblée dans ce petit volume à l'humour très British, c'est la part respective accordée par l'écrivain aux différentes phases de sa vie : tandis que l'enfance chinoise, l'internement au camp de Lunghua en 1943 et le retour déprimant dans une Angleterre en ruine occupent la moitié du texte, tout ce qui concerne les années 1970 à 2000, autrement dit sa période la plus féconde, est expédié en cinquante pages ; il n'y parle même d'aucun de ses romans, à l'exception de ceux qui ont connu un succès particulier (L'Empire du soleil et Crash !). On peut conjecturer que l'approche de la mort l'a empêché de s'attarder sur la seconde moitié du livre, mais cette différence de traitement est significative d'autre chose : elle montre en fait que, à partir de son installation comme écrivain professionnel, il ne s'est plus rien passé dans sa vie, ce qui confirme la légende d'un Ballard à l'existence paisible et casanière. Lui-même l'explique avec franchise : son épouse Mary étant morte en 1963, il a élevé seul leurs trois enfants, organisant son travail en fonction des horaires de l'école et des repas familiaux. Cette vie monacale, répétitive et heureuse, tout en le tenant à l'écart des mondanités, a largement favorisé sa productivité : « Mes enfants occupaient le centre de mon existence, entourés par l'écriture. Les quelques heures qui séparaient le repassage d'une cravate, le service de la saucisse-purée et l'heure de Blue Peter représentaient une nouvelle ou un chapitre de roman. Mon allié le plus fidèle était la poussette du vestibule. » C'est cette image d'un Ballard attentif et paternel qui domine le texte et le rend particulièrement émouvant. Malgré des informations intéressantes sur l'oeuvre (la découverte de Freud et des surréalistes, l'importance de ses études d'anatomie, le paysage de la S.-F. après guerre...) et quelques portraits bien sentis, La Vie et rien d'autre, conformément à son titre, n'est pas une analyse littéraire mais une sorte d'histoire intime du xxe siècle et, surtout, la confession touchante d'un père de famille britannique.
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La Vie et rien d'autre : Mémoires

Paru quelques mois avant sa mort en Grande-Bretagne, La Vie et rien d'autre se lit comme un roman. JG Ballard y livre des clefs résonnant étrangement avec son œuvre foisonnante dans laquelle l’horrible côtoie souvent l’indicible.

En vrac : Rêves humains conduisant au désastre programmé à coup de béton, de voitures, d’armes sophistiquées, de thérapies machiavéliques ; dérèglements climatiques, errances sociales, réalités transfigurées et artificielles, mensonges et tromperies.

Pour l’enfant élevé dans le cocon de la Concession Internationale de Shanghai, durant la guerre sino-japonaise, où « (…) un grand feu d’artifice célébrait l’ouverture d’une nouvelle boite de nuit, pendant que les voitures blindées de la police municipale s’enfonçaient dans la foule hurlante des émeutiers. » ; « Il ne se passait pas un trajet dans Shanghai (…) sans (qu’il ne soit) témoin de quelque chose d’étrange, de mystérieux, pourtant normal, à (ses) yeux. »

Le spectacle de la guerre est érigé en loisir dominical « (…) le dimanche après-midi quand nous allions visiter en compagnie de nos parents et de leurs amis les champs de bataille du sud et de l’ouest de Shanghai, tout juste rendus au calme (…) »

Le jeune James est attiré par les armes, l’autorité des soldats japonais et les symboles de la guerre « mais jamais on ne (lui) permit de garder ne serait-ce qu’une simple baïonnette »

Il joue dans une veille carcasse de chasseur chinois abandonné « (…) seul dans l’appareil mystérieux, quoique frappé à mort – rêve de vol préservé. »

A partir de 1941 (il a 11 ans) L’expérience du camp de Lunghua va forger la personnalité de James en l’extrayant de l’autorité parentale. La transgression permanente de cette autorité et de la morale qui en découle devient la règle « Mon père resta muet lorsque je lui montrai le combustible, mais il se doutait forcément que je l’avais volé dans l’entrepôt des cuisines. »

La fréquentation quotidienne de l’humiliation d’adultes, de scènes de tortures, enfin de la mort, fait partie de cette expérience.

C’est un James profondément bouleversé qui retrouve l’Angleterre et ses grands-parents chez lesquels il va vivre désormais « Jamais encore la vie ne m’avait conduit à explorer un abysse aussi profond, des kilomètres sous l’altitude zéro de la santé mentale. J’espère y avoir survécu, mais je n’en ai toujours pas la certitude absolue. »

Les années de collège et d’université qui suivent servent à mesurer l’écart séparant James de cette Grande-Bretagne sortie vainqueur de la guerre dont il se demande « (…) en quoi (sa) situation aurait pu être pire si elle avait perdu la guerre. » et il comprend « très vite que cette Angleterre en laquelle (son) éducation l’avait amené à croire (…) n’était qu’une illusion. »

A Cambridge il suit ses cours, mais se réfugie dès qu’il le peut au Cinéma des Arts, Carné, Arletty, Cécile Aubry, Max Ophüls, Clouzot, Cocteau, Maria Casarès, Wolfgang Staudte deviennent ses compagnons d’étude. Plus tard, il découvrira Freud et les surréalistes à une époque où « ils faisaient figure de plaisanterie éculée jusque dans les journaux les plus respectables. »

En choisissant la psychologie, il est « orienté » vers la médecine. « Près de soixante ans plus tard, je reste persuadé que mes deux ans d’anatomie comptèrent parmi les plus importants de ma vie et participèrent largement à la formation de mon imaginaire (…) un fonds imposant de métaphores anatomiques qui allaient s’insinuer dans toute mon œuvre… » (Cf Crash est tenté de répondre le lecteur.)





La dissection de cadavres le ramène inlassablement à l’horreur de la guerre dont il a été le témoin « je faisais l’autopsie de tous les Chinois abandonnés au bord de la route, sur le chemin de mon école, je menais une sorte d’enquête émotionnelle, voire morale… »

JG Ballard met sa plume d’écrivain reconnu et expérimenté, au service de ses mémoires en décrivant sans Pathos, à la manière d’un entomologiste, les différents épisodes de sa vie en précisant en quoi ils ont contribué à faire de lui l’homme (le père de famille) et le romancier pessimiste mais souvent visionnaire qu’il est devenu.

Un livre de références dont la lecture s’impose non seulement comme clé de l’œuvre de Ballard, mais comme témoignage cru et sans fard d’une période de l’histoire qui influence toujours notre histoire actuelle.



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La Vie et rien d'autre : Mémoires

Auteur d’une vingtaine de romans dont plusieurs adaptés au cinéma et de presque autant de recueils de nouvelles, James Graham Ballard est un écrivain de science-fiction et d'anticipation sociale anglais né en 1930 à Shanghai et mort en 2009 des suites d'un cancer de la prostate à Londres. La Vie et rien d’autre (2009) est un livre de mémoires.

Le livre est découpé en deux parties dont on peut s’étonner qu’elles occupent une importance presque égale puisque la première retrace l’enfance et l’adolescence de l’auteur à Shangai, une quinzaine d’années, la seconde le reste de sa vie. Mais il faut aussi admettre que sa jeunesse ne fut pas banale. En 1930 nous sommes dans la Chine de Tchang Kaï-chek et son père est PDG de la filiale chinoise d'une grande entreprise de textile de Manchester. Les Ballard vivent confortablement dans la Concession internationale avec les autres étrangers puis vient la guerre sino-japonaise et l’invasion nippone, la famille est internée jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale dans un camp pour civils où les Occidentaux s’organisent au mieux. Toute cette première partie ne manque pas de sel, Ballard la racontant avec son regard d’enfant ingénu, même les cadavres de Chinois dans les rues ne l’effraient pas et le gamin, à le lire, vit une période riche en aventures et découvertes de mille sortes.

La seconde partie de cette autobiographie court de 1946 à 2007. Il part en 1946 pour l'Angleterre et commence des études de médecine (étonnantes pages sur les cours de dissection mais il avait déjà une certaine expérience des cadavres vus en Chine) envisageant de se consacrer à la psychanalyse qui le passionne et le passionnera toute sa vie. Des études rapidement abandonnées et suivies d’études de littérature anglaise puis de petits jobs avant qu’il ne s’engage dans l’Armée de l’air et soit envoyé au Canada. La proximité des Etats-Unis lui fait alors découvrir les revues de S.F. et il écrit sa première nouvelle de science-fiction qui sera publiée en 1956.

Il y aura aussi son premier mariage avec Mary, décédée trop tôt, le laissant avec trois jeunes enfants qu’il élèvera seul. Ce qui nous donne de belles pages sur l’amour familial, compensant avec ses enfants ce que ses parents très « british » ne lui avaient pas donné. Bien plus tard il rencontrera Claire… Quand le bouquin s’achève après un court retour à Shangai pour la BBC et boucler la boucle, Ballard soigne son cancer avec un succès temporaire, sachant très bien qu’il est condamné à court terme. L’homme est calme et stoïque, acceptant avec sérénité son destin. Respect.

Le livre nous offre encore de belles pages sur l’écriture, les motivations ayant poussé Ballard à écrire, la genèse de quelques uns de ses romans (Crash !, La Foire aux atrocités, Empire du Soleil), le rôle et la place de la S.F. dans la littérature ; on y croise ses amis écrivains, Kingsley Amis, Michael Moorcock, Iain Sinclair, Will Self. Mais il est aussi question d’Art et de peinture, de l’explosion culturelle des années 60 et de mille autres choses passionnantes sur la vie en général, d’ailleurs j’ai annoté ou souligné de nombreux passages du livre méritant d’y revenir plus tard.

Vous n’êtes pas amateur de S.F., Ballard ne fait pas partie de vos écrivains favoris, qu’importe, ce livre dépasse largement ces critères. Fort bien écrit, il se lit avec grand plaisir, mêlant aventures, émotions, humour discret, sincérité, critique sociale de l’Angleterre et tant d’autres choses… Un très bon livre.

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