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Citations de Janine Teisson (111)


Elle a pris un ciseau, elle a fait sauter des copeaux de sa chair. Puis, avec une gouge elle a raclé ce qui restait, épointé les coudes, décharné les doigts, dégagé les clavicules. Elle a fait d'elle un Giacometti qui s'élance sans répit pour ne pas tomber.
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Je m’étais mise au monde des mots, habillée d’écriture.
J’avais fait peau neuve,
tatouée d’encre
de haut en bas, devant derrière
et chaque jour un tatouage différent. C’est ma nouvelle peau
que les flammes
ont léchée,
gommée,
rendue illisible,
décollée de ma chair.
Avant que je revête
cette armure à ma taille,
souple, invisible
et bottes de sept lieues,
un rien me disloquait,
un rien m’emportait.
Et de nouveau
je suis à nu.
Dans l’inconfort
et la mutité.
Je suis nue
et j'ai peur
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La lune accrochée dans le ciel
Voit les humains tout petits.
Mais elle n'a pas de jambes
Pour courir derrière les voleurs,
Pas de bras pour serrer
L'enfant qui fait des cauchemars,
Pas de pieds pour danser.
Alors elle regarde, c'est tout.
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Plus tard, il essaya de peindre la vision qui fut la sienne quand il se retourna ce jour-là. Une enfant echevelée, couverte de sang de la tête aux pieds. Mais comment peindre le bond d'animal sauvage qu'elle avait fait en le voyant, et cet effroi dans ses yeux?
Tu l'as compris, je rencontrais là mon troisième père.
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-Voici l'homme qui a sauvé ta jument et son poulain.
C'était Kara Muhammad qui parlait, le serviteur fidèle d'Abd el-Kader, celui qui le suivrait jusqu'à sa mort.
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Moi, j'étais en dehors. Etranger. S'il n'y avait pas eu l'interprète, les mains de ces trois personnes, tantôt souriantes, tantôt sérieuses, auraient dansé pour rien, dans le silence, dans l'ignorance. Mon ignorance. Et pour eux, ma voix ne servait à rien. J'étais assomé par cette révélation.
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Me voilà en cage.Je pense au gorille du zoo de Barcelone.Ses yeux au-delà du désespoir.Je déteste les cages.Qui a inventé les cages ? Qui a été pour la première fois mis en cage ?
Les Romains exhibaient les chefs ennemis vaincus dans des cages.

( p.32)
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Ce que j'ai pu crier contre toi, Karim !
Maman trouvait que j'étais trop sévère.Moi je sais que les mères algeriennes pourrissent leur fils à force de ne pas vouloir les contrarier, de vouloir leur faire plaisir.Eĺles les traitent comme des princes et ils deviennent des tyrans.

( p.40)
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- On ne peut rien faire ?
- Rien.Un juge n'est jamais accusé de mal juger.On ne juge pas un juge.

( p.51)
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- Tu devrais l'emmener dans un musée.C'est gratuit le premier dimanche du mois.
J'ai pris mon frère par la main un dimanche et en avant ! Dans ce lieu si nouveau pour nous, nous nous sommes sentis comme à l'abri de la tristesse, à l'abri de la vraie vie dans une bulle étrange, presque en apesanteur. On a beaucoup ri dans ce musée, beaucoup appris aussi.

( p.56)
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Elle a été une femme contraire très réussie. Une femme double, aussi, vivant deux vies superposées, la vie pour les autres, officielle et rangée, à peu près ancrée dans la réalité et la vie pour elle, secrète, folle, imaginative. Parfois ses deux vies sont en équilibre, et parfois I'une des deux prend l'avantage. Si c'est la vie pour les autres, la contrainte l'entraîne vers le dégoût d'elle-même, la dépression. Si c'est l'autre vie, ce sont des moments de création, de fantaisie, d'audace. Une liberté qui lui donne le vertige, un bonheur qu'elle croit ne pas mériter. Qu'elle abrège, d'une façon ou d'une autre.
Est-ce que tous les humains sont ainsi ? se demande-t-elle.
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Leur éducation tient en trois consignes : obéis, tais-toi, et, surtout pour les filles, fais plaisir aux autres.
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-Quelles choses arrivent ? demanda Slimane.
-Qu'une jument meure en mettant bas.
-Où est-elle?
-Là bas, sous la tente rayée de brun.
-Tu crois pouvoir faire quelque chose, toi? demanda le grand homme noir.
-Je vais essayer, dit Slimane, et l'homme le prit par le bras et l'entraina rapidement avec lui. La nuit tombait.
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Mon sauveur s'appelait Slimane. Avant de m'emporter loin du douar fumant, il m'emmena reconnaitre les miens.Je les vis dans le long alignement des corps posés sur le sol.
-Pourquoi t'a-t-il imposé cela?
-Il me l'expliqua plus tard. Il le fit pour moi et pour lui. Je devais voir mes morts. Il faut les voir , tu sais, Felix, car sinon un espoir fou subsiste et l'on peut perdre sa vie à la recherche de ceux dont dont n'admet pas la mort. Tu comprends? Pour Slimane aussi, c'était important. Pour qu'il remplisse son pleinement son rôle de protecteur, il fallait qu'il me sache , que je me sache seule au monde. C'est une certitude terrible lorsqu'on a 4 ans.
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J'ai décidé de me cacher dans les livres parce qu'eux, s'ils déçoivent souvent, ne demandent rien. Je peux abuser d'eux ou les jeter sans les lire, les user, les crayonner, les insulter, leur pleurer dessus, me tromper de livre, les lire deux fois sans les reconnaître, ne pas les comprendre, relire cent fois la même ligne ou sauter cent pages, dormir avec eux, les froisser, les oublier, leur faire une tâche de café sur le titre.
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Ne t'inquiète pas ,ils sont tous sourds,ils ne viennent que pour les images .
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Je hurle: «Tu ne mange rien, que notre vie!». Oui, elle nous mange. Elle nous ring jusqu'à l'os.
Je j'ai plus rien de mon cliquant, plus mob rire.
Tant pis, on m'a dit qu'il était faux. Peut-etre s'en poussera-t-il à un autre, un jour, un vrai?
Mon brillant est jusqu'à la chair. Je me dépouille de tout ce qui n'est pas la lutte, la recherche de l'issue, de la vérité peit-etre? Tous mes faux semblants tombent comme des écailles. Elle me force à la mue, en m'couchant vive. J'accepte.
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- La jeunesse d'aujourd'hui ne respecte rien. Vous riez pendant que les bombes tombent ?
- Et Alors ? Vous croyez que si on arrête de rire elles vont s'arrêter de tomber ? Qu'est-ce que vous pariez ?
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Gentil lecteur, pourquoi s’interroger plus avant sur le titre du modeste ouvrage que tu as entre les mains ? Bien sûr tu trouveras au fil de ces pages deux ou trois détails, pas plus, qui te feront soupçonner une ressemblance entre la petite histoire qu'il offre à ta curiosité et quelque illustre et merveilleuse œuvre orientale; mais ne te méprends pas : si le prénom de notre héros présente un semblant d'homonymie avec celui d'une princesse fameuse, si sa langue est aussi agile que celle de cette dame, la personne pour laquelle il la fait aller si bon train au moment où commence mon histoire est une sultane et non le sultan moustachu dont la cruauté fit naître l'œuvre célèbre.
Regarde notre cher Azad : dans la chambre aux mosaïques bleues, sur le grand lit à baldaquin, à genoux entre les cuisses de la souveraine, il soulève ses fesses à deux mains et sous sa bouche, Lalla Yasmina se pâme et se meurt dans un grand nuage froissé de soie rose, le visage caché dans le flot sombre de ses cheveux. Oui, Azad a la langue et les doigts agiles, et le corps mince et ambré dans la lueur des lampes à huile. Lorsque la sultane a poussé un cri plus fort que les autres et arqué les reins, il attend un instant, la joue contre son ventre, puis, comme le musicien reprend sa phrase après la syncope et en varie le motif, il poursuit sa caresse. Pourquoi porte-t-il un bandeau de cuir sur les yeux ? Question judicieuse dont la réponse est déjà une histoire.
Il faut que tu saches, lecteur curieux, qu'Azad est un poète musicien. Lassé d'une vie aux bonheurs trop prévisibles, il a quitté depuis des mois la ville lointaine où il était célèbre. En quête d'aventures, il a traversé le désert pour atteindre l'étrange royaume de Yasmina, perle verte posée sur l'or infini des dunes, dans sa sertissure de montagnes noires. Azad en savait les habitants plus férus de musique que nul autre peuple.
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Elle m’a dit : « Toi, tu vis dans les romans, si tu veux, je t’offre le roman de mon existence. » Alors pour moi elle a déroulé sa vie, comme elle avait déroulé des centaines de pièces de tissu. Jusqu’au bout. Enfin, presque. Elle m’a dit : « Je te la résume, hein, et j’en garde un peu pour moi. On a ses secrets. Je te dis l’essentiel. Enfin… pas tout à fait. »
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