AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Janine Teisson (98)


CINGLER : Frapper fort avec un objet mince et flexible.

Obéir est la seule façon de complaire aux grands. mais parfois, à force d'essayer de ne pas parler à table, de ne pas parler en général si c'est pour dire des bêtises - mais comment savoir à l'avance si on va dire une bêtise ? - Donc ne pas parler du tout.
A force de ne pas toucher (...). Pas toucher ! Pas toucher ! On regarde avec les yeux, pas avec les mains !
A force de ne pas courir dans la maison, ni dans la rue, de ne pas sauter partout, de ne pas mettre ses doigts dans sa bouche, de ne pas chantonner tout bas (...) de ne pas dire NON, de ne pas dire JE VEUX, de ne pas, de ne pas, de ne pas, la fureur lui vient. Elle se met à hurler, à pleurer en se jetant par terre.
(...)
Elle se recroqueville sur son ventre et halète et hurle pour pousser hors d'elle quelque chose d'énorme, mais quoi ? Alors la mère arrive avec un torchon passé sous l'eau froide et l'en cingle jusqu'à ce qu'elle se taise. La petite fille est cinglée. tais-toi parce que tu es cinglée ! Tais-toi ou tu seras cinglée ! Plus tard le torchon ne sera plus nécessaire pour la faire taire, elle apprendra à se cingler elle-même, sans faire de bruit. (p.47-48)
Commenter  J’apprécie          10
Vers quatre-vingts ans, quand tous les indicateurs d'énergie sont à la baisse ou plus tôt, si l'on décèle une maladie grave, les vieux humains prennent pendant six mois du Mourisoft ou de l'Euphorimor, au choix, puis après une cure létale qui se déroule habituellement dans un lieu agréable, ils vont volontairement se faire piquer. (p.99)
Commenter  J’apprécie          10
On m'a appris que ces époques connaissaient le chaos, quand la canintelligence qui permet de créer dans la paix ne régnait pas encore. (p.64)
Commenter  J’apprécie          10
Ce monde me dégoûte. Nous devenons des chiommes. Je m'en vais. (p.64)
Commenter  J’apprécie          10
De toute façon, notre monde n'a plus rien de commun avec ce lointain passé. Nous sommes éduqués à ne pas commettre d'excès, à nous maîtriser, à agir pour la tranquillité générale. Dans notre société règne le bien-penser et la courtoisie. Nous sommes gouvernés par le Grand Ordinateur, réceptacle de nos remarques, idées, pensées, suggestions et désirs télémessagés. Chacun possède un télémessageur portable permettant de donner son avis sur les affaires du pays. Les appels sont comptés, classés avant qu'une décision soit prise. Le principal critère de classement et de prise en compte est la Raison. Le référendum est permanent. Nous vivons une démocratie immédiate et totale : la télédémocratie raisonnable. (p.43)
Commenter  J’apprécie          10
Je ne veux pas être une femme au service de celui qui dit je t'aime. (p.18)
Commenter  J’apprécie          10
Commenter  J’apprécie          10
― Hortense, ta salle de bain, elle est pas…
― Non, elle n’est pas d’origine, c’est un cadeau de Pierre. Pierre Fauret. Un peintre des années trente. Inconnu. Il n’avait pas le talent de Georges Braque ni de Van Dongen. Et puis, il aimait trop le luxe. Enfin je crois surtout qu’il n’a pas eu la patience de mourir de faim comme Modi.
― Maudit ?
― Modigliani.
― Il t’a offert ça comme ça ?
― Oui, il m’a invitée à Dauville une semaine et quand je suis rentrée ma petite salle de bain à carreaux de faïence blancs avait disparu.
― C’était un peintre ou un tailleur de pierre ?
― Il était peintre et sculpteur.
Commenter  J’apprécie          10
Mon copain Isidore m’a envoyé la même carte du lagon bleu chaque Noël, avec presque les mêmes mots : « bon Noël, bonjour de tous les amis, à bientôt j’espère. » Il n’a jamais été très bon pour écrire. A Rangiroa, le choix de cartes n’est pas très varié, et le lagon bleu, c’est ce qu’il y a de plus beau. La première fois, en ouvrant l’enveloppe, ça a été comme si on m’avait donné un coup de poing dans la poitrine. Ce bleu, je le reconnaîtrais entre cent mille. C’est dans ce bleu que je flotte quand je rêve de mon atoll. Même Véronique qui comprend tout ne peut imaginer ce que c’est que d’aller dans le lagon, là où on ne voit la terre que comme un fin trait de crayon au loin. On arrête le moteur du bateau. Le lagon est plat. Les nuages se reflètent dans l’eau. Le silence est total. On est suspendu dans le bleu. Le temps s’arrête. Rangiroa, dans notre langue, ça veut dire « Grand Ciel ». Peut-être qu’un jour mes parents, Eloïse et Benoît connaîtront ça. J’aimerais bien.
Commenter  J’apprécie          10
Son corps est un hurlement. Que revendique-t-elle ?
Commenter  J’apprécie          10
Les guerriers tatouent ceux de leur clan et deviennent ainsi les proies les plus intéressantes. (9)
Commenter  J’apprécie          00
Elle est dans un drôle de conte, victime d'une formule maléfique qui a le pouvoir de transformer une lycéenne douée en philosophie en une ménagère nulle en cuisine. Cette formule n'est pas le célèbre « Abracadabra », mais le plus célèbre encore " Je t'aime ».
Commenter  J’apprécie          00
Janine Teisson
Elle est proche des animaux. Oui. Avec eux, elle par-tage le silence, le sentiment d’être à la merci et, comme n’importe quel objet ou animal, d’être remplaçable. Elle a conscience de son insignifiance, de son anormalité, et vit par conséquent dans une grande insécurité. Elle vaut si peu, elle pèse tellement, elle est si inutile qu’elle se de-mande quel intérêt ses parents ont à la garder. Elle pisse au lit, elle suce son pouce, elle est laide et presque idiote. Et si incapable de s’améliorer ! Elle se sent perpétuellement en danger. Suis-je un être humain ?
Commenter  J’apprécie          00
Elle a attendu très longtemps avant d’oser penser qu’elle portait une part de l’âme de sa grand-mère.
C’est en écrivant qu’elle aura la conviction d’être son héritière. Lier ses phrases les unes aux autres, trouver les formes, ajuster les mots, les accorder entre eux comme on accorde les couleurs, les tissus selon leur grain, équilibrer contraste et harmonie, classicisme et fantaisie, lisser, ne pas perdre la trame, retirer encore et encore de la matière, se relever la nuit pour ajouter le détail qui donnera de l’allure, corriger jusqu’à penser enfin qu’on ne peut plus améliorer son texte est travail de couturière. Couturière des mots.
Commenter  J’apprécie          00
1956 Elle vit une enfance hébétée et mutique. Une
enfance de myope. Évidemment elle ignore ce que veut dire myope et n’imagine pas que la plupart des gens voient mieux qu’elle. Comment pourrait-elle le savoir ? Sans doute, la bouillie qui occupe son cerveau est-elle le reflet de celle dans laquelle elle évolue. À voir flou, elle entend flou. Pourquoi ne pas en conclure alors, que pour la même raison elle pense flou ? Elle flotte dans un grand aquarium impressionniste, espérant ne jamais heurter d’obstacle. Elle distingue uniquement les petites choses, celles qu’elle tient dans sa main, qu’elle touche du nez. Les insectes. Elle voit plus distinctement les traits d’une sauterelle ou d’un escargot que ceux de sa mère. Il faut dire que celle-ci demeure distante. Les livres, eux, ne se dérobent pas. Quand elle en cap-ture un, le visage presque collé à la page, elle dévore les mots sans jamais connaître la satiété.
En dehors de la lecture, elle explore le seul domaine à sa portée : son corps. La verrue au genou comme un minus-cule cœur de marguerite qu’elle détruit grain à grain. Goût de soufre de la peau l’été, dessins tracés avec une brindille sur ses cuisses brunes, effacés à la salive, doigts appuyés sur les yeux, étoiles derrière les paupières, doigt explorant le nez jusqu’au sang, doigt dans le derrière, l’odeur.
Ils la disent anormale. Elle se colle aux miroirs. Elle n’attrape jamais le ballon qu’on lui lance. Elle se tord les pieds.
À force d’être déçue par l’évaporation des êtres et des choses qui perdent leurs contours et leur existence sans qu’elle puisse les retenir, elle s’est elle-même éloignée. Elle a renoncé à avoir de l’emprise sur quoi que ce soit. Elle ne désire rien qui soit à plus de deux mètres d’elle. Séparée des autres, elle voit le monde comme une goutte d’eau croupie sous le microscope. Beaucoup d’animal-cules indistincts qui s’agitent, traversent subitement son champ de vision puis disparaissent. Pourquoi ? Pour aller où ? Elle n’en sait rien.
Un jour ils lui posent des lunettes sur le nez. Mais l’ha-bitude de la solitude et du flottement est prise. S’extirper de l’indistinct dans lequel elle a fait son nid est malaisé.

Sortie du film « Et Dieu créa la femme ». Brigitte Bardot est promue Sex-symbol. L’enfant n’a jamais entendu le mot sexe. Sa collection de mots n’en est qu’à ses débuts.
Commenter  J’apprécie          00
Elle se déshabille dans la salle de bain. Comment ses membres tiennent-ils encore à son tronc? Il semble qu'un rien la disloquerait, comme une caille trop cuite. Sa peau suit les creux des os du bassin. A la place des fesses elle a deux trous, profonds à y loger les poings. Plus de ventre non plus. Un cratère vide suspendu entre les deux pics de ses hances. Ses épaules sont un portemanteau. Elle ressemble à un pantin, à un mauvais dessin. Ses jambes sont trop éloignées l'une de l'autre, comme celles des squelettes. Ses poils se hérissent sur ses bras décharnés. Son cou de Ramsès II semble prêt à se rompre. Ses dents avancent. Et au fond de ses orbites bistres, son regard est traqué, perdu, las.
Je hurle; Ca vient du fond de mes entrailles. Du fond du monde. 9a dure. Je ne me reconnais pas dans ce feulement qui me rabote comme un nouvel accouchement. Je refuse. Je refuse ça. Je refuse la mort.
Je me ramasse sur moi-même pour expulser l'enfant loin du danger.
"Rhabille-toi. On va à l'hôpital."
Tout à coup, à part cette volonté qui m'emplit toute, il n'y a rien. Je n'ai aucun doute sur la décision à prendre: c'est l'hôpital. Le constat de notre impuissance à la guérir est fait. L'urgence de la confier à ceux qui en ont le pouvoir s'impose. Aucune hésitation. Pour la première fois.
Commenter  J’apprécie          00
Je suis folle. Rencontrer à nouveau ce garçon, c'est vraiment aller tout droit à la catastrophe. Ça ne peut se terminer que mal. Mal pour moi. Je le sais. Et pourtant je ne souhaite que ça. Je suis folle, c'est sûr. Je ne connais même pas son nom et je crève parce que je n'ai pas entendu sa voix depuis quinze jours.
Commenter  J’apprécie          00
"Je suis assez découragé, surtout que les effets du congrès de Milan de 1880 se font maintenant sentir pleinement. Les entendants sont bien décidés à nous réduire au silence et à l'imbécilité ! "
Commenter  J’apprécie          00
temps merveilleux où elle n'avait pas conscience d'être une enfant pauvre
Commenter  J’apprécie          00
- A mon âge, je me trouve complètement idiot de découvrir les sourds alors qu'ils existent depuis toujours ! Mais comment ai-je pu être aussi ignorant ?
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Janine Teisson (500)Voir plus

Quiz Voir plus

Prométhée le révolté de Janine Teisson

Le récit commence par un combat, lequel?

Zeus contre les Titans
Les Titans contre les Titanides
Les hommes contre les Olympiens
Zeus contre les autres Olympiens

35 questions
137 lecteurs ont répondu
Thème : Prométhée le révolté de Janine TeissonCréer un quiz sur cet auteur

{* *}