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Citations de Javier de Isusi (25)


ANTÓN : Un jour, on était partis ramer en mer quand tout à coup… j'ai vu un truc hallucinant. Il y avait des baleines à tribord ! Je me suis mis à hurler comme un fou : " Baleines ! J'ai vu des baleines ! " Ils ont tous regardé, mais… crois-le si tu veux, j'étais le seul à les voir. Elles étaient là et personne ne les voyait. Ton père m'a charrié avec ça. Chaque fois que je lui racontais un truc qui lui paraissait bizarre, il me disait que je voyais des baleines. Pourquoi pas ? C'est une manière de le dire… Une manière de dire que parfois deux personnes regardent du même côté et voient pourtant deux choses qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre… Je suppose que c'est comme ça que lui et moi on a commencé à s'éloigner…
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Il n'y a pas de retour en arrière. Une fois qu'on a vu... on ne peut pas ne plus voir. On ne peut pas faire comme si on ne voyait pas.
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Nous n'étions ni deux cent mille, ni trois cent mille, mais près de cinq cent mille à traverser la frontière en 1939. Le plus grand exode de l'histoire de l'Espagne.
La France n'était pas encore en guerre contre l'Allemagne, elle ne voulait pas s'y engager, malgré les provocations de Hitler. Nous représentions donc une présence très embarrassante.
Nous étions les ennemis de Hitler, qui avait aidé Franco à nous massacrer. Dans la mentalité craintive de ces hommes politiques, nous aider revenait à provoquer Hitler.
Par ailleurs, la propagande de la droite nous avait transformés aux yeux de la population en une horde impitoyable et sans morale....Ils ont donc fini par nous conduire sur une plage. Un camp de réfugiés avec les barbelés derrière, la mer devant. En réalité, un camp de concentration.
[...] Les soldats qui nous surveillaient étaient des Maghrébins et des Sénégalais, ils nous traitaient comme s'ils se vengeaient sur nous des humiliations qu'ils subissaient au sein de cette armée coloniale.

P37+53
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OMAR : La vache ! Quelle histoire ! Vous payez les pots cassés et ils vous laissent tomber. Quelle bande d'enfoirés.
EMMANUEL : Enfoirés, enfoirés… On était tous des enfoirés, qu'est-ce que tu crois. C'est marqué dans le contrat du mercenaire… Si tu te fais choper, on te connaît pas. Non… Je ne peux pas me plaindre de ça, je savais où je mettais les pieds… C'était pas la première fois que je participais à un truc pareil. Si je dois me plaindre, c'est de mon propre aveuglement. C'est comme si un beau jour je me réveillais en sursaut et réalisais que j'étais dans la merde… en train de m'y noyer. Après ça j'ai commencé à me sentir comme une grosse bouse. Tu connais l'histoire du roi Midas ?
OMAR : Mmm… celui qui transformait tout ce qu'il touchait en or ?
EMMANUEL : Oui. Eh bien, moi, c'était pareil, mais à l'envers. Le roi Merdas. Tout ce que je touchais, je le transformais en merde.
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JOSU : On a tous les deux tué et on n'en est pas fiers. D'accord. Mais on n'est pas pareils. Toi, tu l'as fait pour de l'argent. Moi, pour un idéal. C'est pas pareil.
EMMANUEL : Ah… Je n'ai pas touché les six millions de pesetas qu'on m'a promis pour le dernier travail… Et toi, t'as réalisé ton idéal, au moins ?
JOSU : Je ne parle pas de ce qu'on a réalisé ou pas, mais des motivations qui nous ont poussés à agir.
EMMANUEL : Aah !… Je comprends… Tu n'es pas fier de ce que tu as fait, mais tes intentions étaient nobles et ça te rend meilleur que moi… Bon, t'as peut-être raison, on ne se ressemble en rien. J'étais un sicaire à la solde du pouvoir et toi, par contre… un guérillero de la liberté de ton peuple, si tu préfères cette appellation. Moi, je fais mon bilan et je l'assume : je n'ai pas obtenu l'argent que je visais et j'ai versé un flot de sang et de haine qui n'a en rien aidé à gagner la guerre qu'on était censés livrer. À la place, je passerai le plus clair de ma vie derrière les verrons. C'est franchement naze comme bilan. Le tien est-il meilleur, au moins ?
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EMMANUEL : Pour devenir un professionnel de la violence, il faut être aveugle à certaines choses. Il y a des choses qu'on ne peut pas se payer le luxe de voir... Si on les voit, on ne peut plus faire ce qu'on fait. Eh ben voilà... Tout à coup, un jour, j'ai commencé à les voir, j'ai vu tout le mal que j'avais fait. Et je ne pouvais plus faire comme si je le voyais pas. Je peux dire en toute franchise que je donnerais n'importe quoi pour ne pas avoir fait ce que j'ai fait... Mais ce qui est fait est fait et, comme toi, j'ai dû apprendre à vivre avec quelque chose qui a toujours été là, mais que je ne voyais pas...
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ANTÓN : Demain, ça fera vingt-cinq ans qu'ETA a assassiné aita* (* en euskera : papa). Vingt-cinq ans n'ont pas suffit à combler le creux laissé dans ma poitrine.
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OSKAR : Tu te souviens de Menahem Begin ?
JOSU : Non.
OSKAR : C'était le Premier Ministre israélien à la fin des années soixante-dix, mais avant il avait été le chef de l'Irgoun à son époque la plus sanguinaire.
JOSU : Ah oui, l'Irgoun... ★
OSKAR : Bon, ben il côtoyait les dirigeants du monde entier et on le traitait pas de terroriste, tu vois ce que je veux dire ? Il avait gagné. Regarde en revanche ce qu'on dit de nous, alors que toi et moi, on est des enfants de chœur, à côté de Begin. Tout est une question de pont de vue. C'est pourquoi ils sont si empressés de fermer nos journaux, parce qu'ils ne peuvent pas admettre un récit des faits différent du leur.
(★ Irgoun Zvaï Leoumi : organisation paramilitaire sioniste active entre 1931 et 1948, durant le mandat britannique en Palestine. Qualifié à ses débuts d'organisation terroriste, elle devint sous la direction de Menahem Begin le parti politique Herout, qui donna lieu à l'actuel Likoud.)
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JOSU : On aurait pu avoir un travail normal… Au lieu de ça on est devenus des militants, on s'est spécialisés en… Je sais pas, Oskar… Comment t'appelles quelqu'un qui s'est spécialisé dans la même activité que nous ? […]
OSKAR : Ben c'est dur à dire, mais la réponse à ta question dépend de l'issue du combat. Si la personne gagne, on l'appelle un rebelle, un libérateur, mais si elle perd, c'est un terroriste et même un assassin.
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ANTÓN : J'ai fait vœu d'obéissance et l'Église a ses règles… Je ne peux pas les ignorer, encore moins en occupant la fonction que j'occupe.
ICÍAR : Mon Dieu, Antón… Si toi tu ne peux pas m'aider, alors qui…
ANTÓN : Je ne sais pas… Prends un avocat… Essaie de te défendre par la voir judiciaire… En l'occurrence, tu ne peux trouver le salut que hors l'Église.
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ANTÓN : J'étais l'ami de ton père avant d'être curé. Et avant tout je suis une personne. Si tu as un problème avec les curés, ne me le fais pas payer, d'accord ? On passe notre vie à coller des étiquettes à tout le monde...
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L'art doit-il imiter la vie ou, comme il le prêchait, c'est au contraire la vie qui finit toujours par imiter l'art ?
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Le plus dur en prison, ce n'était pas du tout le manque d'alcool, mon bon Henri...

Le plus dur, c'était l'absence absolue et implacable de beauté.

Il n'y avait absolument rien de beau ou poser le regard...

Nos visage étaient des masque de souffrance...

Nos vêtements grotesques...

La nourriture toxique... La lumière n'atteignait pas nos cellules...

On n'entendait même pas le chant des oiseaux.[...]

Comme pour le géant, tant que j'y restai. je ne connus ni printemps, ni été, il n'existait qu'une seule saison...
Celle de la douleur.
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Mais le pays qui accueillit le plus de gens, ce fut le Mexique. Le gouvernement mexicain proposa la nationalité mexicaine à tous les demandeurs d'asile fuyant la guerre civile et la guerre mondiale. En quarante ans, il n'a jamais reconnu le régime de Franco.
En pleine guerre mondiale, le Consul Général du Mexique en France a loué deux châteaux pour pouvoir héberger tous les réfugiés en attendant leur évacuation vers le Mexique.

p68
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J’ai l’impression que ceux qui avons quitté la Colombie sommes devenus transparents aux yeux des ceux qui sont restés. Comme si on ne comptait plus… Mais je me dis parfois que si on y retournait, quelque chose devrait changer là-bas. Parce qu’on s’est déshabitués de l’horreur. 
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S’exiler, c’est s’enfuir, tu comprends? C’est… un déchirement… C’est perdre ce qu’on a de plus cher, perdre sa propre vie!
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Un aventurier d'un genre Corto Maltèse part à la recherche d'un ami disparu en parcourant le Mexique puis l'Amérique du Sud.
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La famille est un asile et un abri, un petit nid où l'on se sent en sécurité, protégé et aimé.
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L’avenir est en soi incertain, mais quand tu l’imagines toujours pire que le présent, c’est terrifiant… Quand tu as si peur que tu n’oses même plus rêver.
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Le plus dur en prison, ce n’était pas du tout le manque d’alcool, mon bon Henri… Le plus dur, c’était l’absence absolue et implacable de beauté. Il n’y avait absolument rien de beau où poser le regard… Nos visages étaient des masques de souffrance…
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