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EAN : 9782878271805
184 pages
Rackham (21/10/2014)
3.76/5   23 notes
Résumé :
La guerre est finie mais restent les décombres et les blessures qui ne se renferment pas. Dans une prison du Midi de la France, Josu – ex-militant de l’ETA – rencontre Emmanuel, ex-membre du GAL. À presque mille kilomètres de distance, Antón – ami d’enfance de Josu – vit dans le deuil de son père, tué par l’ETA vingt cinq ans plus tôt. Marqués au fer rouge par le conflit qui a ébranlé le Pays Basque, ces trois là sont rongés par la rancœur et la culpabilité ; ils en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Personnellement, c'est la première fois que je lis de la BD politique engagée et, pour dire le vrai, j'ai trouvé cela très bien. Je ne connaissais pas grand-chose d'ETA, de son histoire, et de la situation récente. Maintenant, tout est plus clair dans mon esprit.

L'auteur se place à mon avis nettement du côté des indépendantistes basques mais sans faire du tout l'apologie du terrorisme, bien au contraire. C'est une oeuvre pacifiste et intimiste qui nous invite à prendre du recul sur nos convictions, leur vigueur, leurs fondements et les altérations de la perception dont nous pouvons souffrir.

Au moyen d'une anecdote sur le fait d'avoir vu des baleines probablement imaginaires, l'auteur espagnol, Javier de Isusi renouvelle l'expression classique française " voir des chimères ". Et il s'agit bien d'essayer de débusquer toutes nos chimères, tout ce que nous avons cru très fort, tout ce que nous nous sommes persuadés d'avoir vu de façon certaine, toutes ces baleines et qui n'était sans doute… que du vent dans les vagues. D'où cette illustration de couverture qui brille par l'absence de son sujet.

Nous suivons en particuliers deux personnages atteignant probablement la cinquantaine, voire la cinquantaine bien sonnées : Antón Uriarte et Josu Gorostiaga. Les deux étaient d'excellents amis naguère ; le premier a vu son père se faire tuer par ETA ; le second est emprisonné pour avoir été un membre actif d'ETA.

Josu n'est pas le tueur du père d'Antón mais on suppose qu'il a pu en assassiner d'autres ou concourir à en faire mourir. L'auteur montre, selon moi de façon convaincante, qu'il n'y a pas de salut dans 1) le déni, 2) la haine, 3) le communautarisme aveugle.

1) le déni : On n'arrive pas à oublier. Que ce soit Antón qui clame haut et fort qu'il a pardonné ou Josu qui culpabilise bien plus vis-à-vis de sa propre conscience que par rapport à un quelconque jugement public. Les deux sont tiraillés par leurs vieux démons même des décennies après.

2) La haine : C'est le recours facile, les solutions qu'on croit définitives au moyen du corollaire de la haine, la violence. Mais la haine ne produit aucune solution (contrairement à la violence qui, si elle est mauvaise et à bannir, peut parfois faire bouger les choses à moyen ou long terme, à condition que préalablement la haine ait disparu, j'y reviendrai plus loin). La haine est un aveuglement qui maquille la vérité.

3) le communautarisme : Croire que l'on peut régler des problèmes en se repliant sur soi-même, en faisant abstraction de ceux qui pensent différemment, en se mettant des oeillères sur tout et en ne jurant que par son propre petit trou du cul est une autre stupidité. Pour la bonne et simple raison que l'autre n'a disparu que dans l'esprit du communautariste, or il est bien réel et il faudra, qu'on le veuille ou non, apprendre à vivre avec lui.

En somme, d'après l'auteur, le seul salut c'est, pour les victimes, d'aller remiser son orgueil au placard, d'aller faire des pas vers l'autre en vue d'un réel pardon qui ne se bornerait pas à des paroles jolies et creuses. Bref, d'aller vers l'autre.

Pour les criminels, c'est d'aller remiser son orgueil au placard, d'aller faire des pas vers l'autre en vue de réelles excuses qui ne se borneraient pas à des paroles jolies et creuses. Bref, d'aller vers l'autre.

Vous avez remarqué, il s'agit de deux démarches très différentes. Les deux, à force d'aller l'un vers l'autre finissent par se rencontrer, se regarder, se parler, échanger, prendre la mesure de l'autre, la douleur de l'autre, la conviction de l'autre, la façon de penser de l'autre et finalement, respecter l'autre, le considérer comme un être humain lui, comme vous, comme moi, comme n'importe qui d'autre, qui a ses qualités et ses défauts, mais qui a droit au respect et à l'écoute.

185 pages de bandes dessinées au trait et avec deux nuances seulement, des lavis d'encre de Chine et de jaune que pour ma part j'apprécie beaucoup plus 6 pages de chronologie détaillée en petits caractères qui retracent l'histoire du sentiment national basque. Vraiment très intéressant et enrichissant pour qui souhaite creuser un peu la question basque.

Bref, quelque chose qui n'est peut-être pas un chef-d'oeuvre mais qui s'en approche fort. Cependant, si vous y regardez bien, cet avis n'est peut-être qu'une baleine au-dessus des flots, c'est-à-dire, pas grand-chose.

P. S. : J'ai parlé plus haut de la violence qui peut amener, à terme, des avancées contrairement à la haine. Il est bien évident que tout recours violent est, par nature, à proscrire. Mais, dans l'histoire, on s'aperçoit que bien souvent, avant la table des négociations, s'il n'y a eu aucune action de force, on nous renvoie chez nous avec une jolie tape dans le dos et une bonne parole apaisante du style : « Compte là-dessus et bois de l'eau. » C'est, par exemple, le thème du merveilleux roman de Romain Gary, Les Racines du Ciel.
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Difficile de faire une critique de cette BD. Plusieurs personnages prennent place tout au long de l'histoire. Un curé qui a perdu son père dans le terrorisme basque. Un de ses amis qui est en prison essaye de comprendre les actes qu'il a commis, leurs nécessités.
Je n'ai aucune connaissance sur ETA et ses rivalités avec d'autres "groupes". Ici, l'auteur nous montre l'effet qu'elles peuvent avoir sur les vies de ceux qui les rejoignent et les victimes.
De plus certaines pages sont très bien réalisées au niveau du graphisme.
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N'ayant pas ouvert le livre avant de le lire, j'ai donc été très surprise par l'histoire. Je m'attendais à une histoire en rapport avec la mer, les baleines....
Pas du tout. Il s'agit de la vie de plusieurs personnes ayant à différents degrés vécus les violences de ETA ou le GAL. Sur fond politique, cette BD fait surtout ressortir selon moi l'amitié, le pardon, les regrets.
Je dois avouer que je n'ai pas été très emballée par le scénario, ni par le dessin que j'ai trouvé trop flou et qui m'a gêné, et la fin m'a semblée trop abrupte.
Bref je n'ai pas trop aimé.

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Une bande dessinée toute en nuances et en émotions, qui prend sa source dans la lutte pour l'indépendance du Pays basque, mais qui évoque avant tout l'amitié, les regrets, la rédemption. Magnifique.
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critiques presse (1)
BoDoi
05 décembre 2014
Nourris de regrets, hantés ou amers, les personnages de Isusi, sincères et touchants, se répondent par les souvenirs, se confrontent par leurs regards. En résultent des questionnements intéressants sur la politique, le militantisme, la religion à l’épreuve de la modernité, et des passages forts.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
JOSU : On a tous les deux tué et on n'en est pas fiers. D'accord. Mais on n'est pas pareils. Toi, tu l'as fait pour de l'argent. Moi, pour un idéal. C'est pas pareil.
EMMANUEL : Ah… Je n'ai pas touché les six millions de pesetas qu'on m'a promis pour le dernier travail… Et toi, t'as réalisé ton idéal, au moins ?
JOSU : Je ne parle pas de ce qu'on a réalisé ou pas, mais des motivations qui nous ont poussés à agir.
EMMANUEL : Aah !… Je comprends… Tu n'es pas fier de ce que tu as fait, mais tes intentions étaient nobles et ça te rend meilleur que moi… Bon, t'as peut-être raison, on ne se ressemble en rien. J'étais un sicaire à la solde du pouvoir et toi, par contre… un guérillero de la liberté de ton peuple, si tu préfères cette appellation. Moi, je fais mon bilan et je l'assume : je n'ai pas obtenu l'argent que je visais et j'ai versé un flot de sang et de haine qui n'a en rien aidé à gagner la guerre qu'on était censés livrer. À la place, je passerai le plus clair de ma vie derrière les verrons. C'est franchement naze comme bilan. Le tien est-il meilleur, au moins ?
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ANTÓN : Un jour, on était partis ramer en mer quand tout à coup… j'ai vu un truc hallucinant. Il y avait des baleines à tribord ! Je me suis mis à hurler comme un fou : " Baleines ! J'ai vu des baleines ! " Ils ont tous regardé, mais… crois-le si tu veux, j'étais le seul à les voir. Elles étaient là et personne ne les voyait. Ton père m'a charrié avec ça. Chaque fois que je lui racontais un truc qui lui paraissait bizarre, il me disait que je voyais des baleines. Pourquoi pas ? C'est une manière de le dire… Une manière de dire que parfois deux personnes regardent du même côté et voient pourtant deux choses qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre… Je suppose que c'est comme ça que lui et moi on a commencé à s'éloigner…
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OMAR : La vache ! Quelle histoire ! Vous payez les pots cassés et ils vous laissent tomber. Quelle bande d'enfoirés.
EMMANUEL : Enfoirés, enfoirés… On était tous des enfoirés, qu'est-ce que tu crois. C'est marqué dans le contrat du mercenaire… Si tu te fais choper, on te connaît pas. Non… Je ne peux pas me plaindre de ça, je savais où je mettais les pieds… C'était pas la première fois que je participais à un truc pareil. Si je dois me plaindre, c'est de mon propre aveuglement. C'est comme si un beau jour je me réveillais en sursaut et réalisais que j'étais dans la merde… en train de m'y noyer. Après ça j'ai commencé à me sentir comme une grosse bouse. Tu connais l'histoire du roi Midas ?
OMAR : Mmm… celui qui transformait tout ce qu'il touchait en or ?
EMMANUEL : Oui. Eh bien, moi, c'était pareil, mais à l'envers. Le roi Merdas. Tout ce que je touchais, je le transformais en merde.
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OSKAR : Tu te souviens de Menahem Begin ?
JOSU : Non.
OSKAR : C'était le Premier Ministre israélien à la fin des années soixante-dix, mais avant il avait été le chef de l'Irgoun à son époque la plus sanguinaire.
JOSU : Ah oui, l'Irgoun... ★
OSKAR : Bon, ben il côtoyait les dirigeants du monde entier et on le traitait pas de terroriste, tu vois ce que je veux dire ? Il avait gagné. Regarde en revanche ce qu'on dit de nous, alors que toi et moi, on est des enfants de chœur, à côté de Begin. Tout est une question de pont de vue. C'est pourquoi ils sont si empressés de fermer nos journaux, parce qu'ils ne peuvent pas admettre un récit des faits différent du leur.
(★ Irgoun Zvaï Leoumi : organisation paramilitaire sioniste active entre 1931 et 1948, durant le mandat britannique en Palestine. Qualifié à ses débuts d'organisation terroriste, elle devint sous la direction de Menahem Begin le parti politique Herout, qui donna lieu à l'actuel Likoud.)
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EMMANUEL : Pour devenir un professionnel de la violence, il faut être aveugle à certaines choses. Il y a des choses qu'on ne peut pas se payer le luxe de voir... Si on les voit, on ne peut plus faire ce qu'on fait. Eh ben voilà... Tout à coup, un jour, j'ai commencé à les voir, j'ai vu tout le mal que j'avais fait. Et je ne pouvais plus faire comme si je le voyais pas. Je peux dire en toute franchise que je donnerais n'importe quoi pour ne pas avoir fait ce que j'ai fait... Mais ce qui est fait est fait et, comme toi, j'ai dû apprendre à vivre avec quelque chose qui a toujours été là, mais que je ne voyais pas...
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