AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de JeF Pissard (75)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Dieu en 1970

Voilà un roman élégant qui sort des sentiers battus. Réjouissant. D'abord, le style. D'apparence simple mais audacieux, avec cette prose à la musicalité régulière, un peu obsédante (à bien y regarder, ça alexandrine pas mal...). Le phrasé cadencé épouse le rythme monotone de la vie provinciale qui appesantit les désirs interdits des deux personnages principaux. La France des Trente Glorieuses, le foot, le bistrot, les potins. Convivialité de façade mais aussi omniprésence de cadenas sociétaux. L'auteur ne se contente donc pas de raconter une histoire ; la forme de son roman nourrit le propos. Le style devient matière, en corrélation avec l'histoire. Bref, il y a du corps. Ceux des personnages peuvent parfois s'exprimer, à l'abri des regards, dans la clandestinité, ce qui casse de temps à autres le rythme du récit… autant que de la normalité qui les étouffe. Car, en deuxième lieu, il y a le thème abordé. De l'audace, encore de l'audace. L'histoire d'amour entre une femme mariée… et un prêtre. Femme de chair, homme de chaire. L'amour d'une femme, l'amour de Dieu : les deux, aussi sincères l'un que l'autre, sont-ils conciliables ou ne peuvent-ils aboutir qu'à une tragédie ? Un livre qui laisse des traces, fait réfléchir après l'avoir lu. Sur le désir, sur le devoir, sur les règles établies. Sur le sentiment amoureux. Ne devrait-on pas envoyer un exemplaire à notre pape François, dont la réputation d'ouverture n'est pas la plus mauvaise dans toute la lignée des locataires du Vatican ?
Commenter  J’apprécie          100
Le degré de connerie

Un menu de 50 questions avec auto-évaluation de 0 à 10 pour calculer son degré d’imbécillité (tiens ça s’écrit avec deux L, première preuve qu’on devient moins sot à la lecture du présent ouvrage). Ou, plus crûment, savoir si on est connement classable comme "léger", "épais" ou "profond". C’est ouvert à tous - et toutes, il n’y a pas de raison -, qu’on soit caduque ou débutant. Et impossible de se défiler, on est seul avec sa conscience, redoutant d’entendre un requiem à nos illusions d’intelligence. On peut par contre tricher un peu - ce qui serait un peu stupide - quand on évalue quelqu’un d’autre. Car oui, c’est possible aussi.

Plus que la notation, subjective et d’autant plus sujette à caution si on en est (car en effet : si je suis con, puis-je m’auto-évaluer judicieusement, même si je suis persuadé, en bon con que je suis, que j’ai répondu avec la plus grande honnêteté intellectuelle possible ?), je me suis surtout penché sur les textes qui complètent les questions-tests. Ces commentaires bienveillants ne donnent pas bêtement la leçon, ils éclairent de thème en thème chaque lecteur sur sa vision de lui-même et sur les rapports qu’il entretient avec les autres (sexisme, religion, etc.). Amical plus que professoral dans son ton, ce bouquin pas bougon a le mérite de nous bousculer un peu. Il nous invite à plus de pondération et de tolérance. D’une certaine façon à cultiver un peu mieux notre jardin plutôt que d’asséner des vérités au monde entier.

Ou bien alors, la vérité est tout autre, et toutes les lignes précédentes ne sont qu’un tissu de [cf titre]. Et si, déguisés en psychologues-statisticiens, les auteurs n’avaient pas simplement trouvé le moyen futé de tous nous traiter de gros/ses c… ?

Commenter  J’apprécie          92
Woody : L'éducation conjugale

De but en blanc, une constatation : les romans de JF Pissard que j’ai eu le plaisir de lire ont au moins trois points communs (obsessions ?) : l’enracinement dans une région que je connais bien (toponymie d’un lieu par-ci, élément de syntaxe sûrement inconscient par-là), un regard sociologique souvent drolatique porté sur le quotidien, et un désir de cerner les rouages et ressorts de la psychologie féminine.

L’Éducation conjugale est écrit un peu comme le journal de bord égo-centré d’un homme qui veut comprendre les femmes... et surtout la sienne. Les scènes, dans une transcription cinématographique, iraient du romantisme d’un Lelouch au burlesque d’un Pierre Richard ; d'un zoom sur deux mains tendrement prises à un plan large sur un bon coup de pied au c**. Mon passage préféré reste celui des retrouvailles avec la mère, en Suisse, teinté d’un humour un peu british, cadencé par un phrasé subtil qui rend l’atmosphère vraiment touchante.

Ensuite, le personnage principal retourne valdinguer dans ses expériences. C’est que c’est un drôle d’énergumène, ce Woody ! Pas toujours fin il faut l’avouer, mais il met du cœur dans ce qu'il fait ; un grand gamin, un ado attardé un peu couard - de nos jours on dit« adulescent » -, pas fondamentalement inadapté socialement, mais sacrément tête-à-claque. Ses copains un peu lourds, ses expériences professionnelles hétéroclites et décousues, toute sa routine à la limite du borderline.

Mais un immature conscient du fossé qui le sépare de sa compagne. Et, il l'aime, oh que oui ! Mais bon sang, on se dit qu'il a de la chance de l’avoir, sa Dana, car plus d’un lecteur mâle aimerait être à sa place, c’est-à-dire à côté de cet archétype de femme belle et intelligente. Mais que fiche-t-elle avec un gonze pareil ?

Alors Woody avance, il teste, se goure, fait des bourdes (et pas que des petites). Le zigue nous est tantôt attachant, tantôt agaçant. Le genre à tenter l’improbable… pour arriver à des résultats catastrophiques parfois prévisibles. Il veut savoir, le Woody, s’imprégner de l’esprit féminin, alors il écoute attentivement Mireille Dumas à la télé, pioche dans les magazines pour nanas adolescentes puis dans les livres de Simone de Beauvoir, preuve « d’avancées psychologiques » assez irréfutables ; et le voilà qui tente aussi l’épilation intégrale, le port de jupe avec croisement et serrement de jambe (à essayer, avec une balle de ping-pong), etc. De savoureuses analyses étayent ce difficile apprentissage comme celle sur l’absence de pédagogie sexuelle chez les garçons : « Nous ne sommes que des autodidactes ». Bien vu. Woody gagne en lucidité, il sait qu’il ne sait rien, donc il en sait un peu plus que la moyenne des hommes qui eux croient savoir. Oui, on sent qu’il progresse, Woody, à force de prendre des claques réelles et figurées, et nous aussi (nous, lecteurs masculins néanderthaliens).

Un roman distrayant et turbulent, par un écrivain qui aime les femmes. Les aime vraiment, avec sensualité et respect.
Commenter  J’apprécie          72
Bob l'Amerloc

Disons les choses clairement : ce genre de littérature n'est pas ma tasse de thé. En fait le nombre de bouquins de ce genre que j'ai lus depuis les San Antonio de mon adolescence doit être égal au nombre de tasses de thé bues durant la même période : zéro.

Pour le reste :

- l'intrigue, malgré toutes ses invraisemblances, tient la route et joue bien son rôle : elle fournit tous les rebondissements nécessaires pour tenir le lecteur en haleine.

- les personnages sont de belles caricatures, hautes en couleur.

- l'écriture est légère, plutôt fluide, mais finit pas lasser un peu. Les effets de style deviennent trop prédictifs.

A réserver aux amateurs du genre...
Commenter  J’apprécie          60
Le degré de connerie

J'ai été surprise au début...les auteurs nous expliquent en préambule comment mesurer le degré de connerie de quelqu'un que l'on connait...voir soi même. Cela m'a dérouté. Je me suis demandé quel était l'intérêt. Puis, chaque item pour mesurer ce fameux degré de connerie est détaillé en un chapitre. Et c'est à ce moment là que j'ai commencé à me laisser prendre dans l'histoire. Les auteurs nous donnent leurs regards sur notre société actuelle, avec beaucoup de réalisme et d'humour. (à prendre au moins au troisième degré selon moi). Résultat, la lecture est vraiment agréable et très divertissante.
Commenter  J’apprécie          50
Qui a tué les Muller sur la Riviera Suisse ?

Prenez une affaire criminelle bien saignante et suffisamment mystérieuse pour captiver un large échelon de la population allant de l’étudiant boutonneux à la ménagère désœuvrée, en passant par toutes les autres cartes du jeu des sept familles.

Lancez quelques enquêteurs, style journalistes d’investigation particulièrement compétents et accrocheurs, qui éplucheront systématiquement, indices, photos, rumeurs, faits, rapports de police, qui interrogeront voisins, familles, amis, proches, flics, juristes, médecins légistes, et aussi quelques inconnus artistiquement floutés ayant fait le choix de demeurer anonymes.

Munissez-vous d’une carte Michelin pour bien repérer les lieux, d’un guide touristique afin de repérer de beaux sites locaux et d’un appareil numérique susceptible de shooter un nombre indéfini de clichés et bien sûr d’une caméra full HD.

Une fois cet important panel d’études achevé, confiez le tout à un scénariste TV talentueux qui se chargera de rédiger, scène après scène les éléments constitutifs du film à venir puis à un réalisateur nerveux qui nous concoctera un show réalité à l’américaine.

Le concept est défini, Ce sera une reconstitution narrée… Il nous faut à présent un titre…

« Faites entrer l’accusé » déjà pris !

Nous proposons. “Rapport d’enquête… Ou « enquête en cours » ou bien encore « affaires élucidées”

Personne n'est d'accord ? OK, Séance de brainstorming demain au studio !

Le directeur de casting s’est chargé d’auditionner puis de sélectionner un présentateur TV, genre beau gosse, la quarantaine, mal rasé mais propre sur lui, le style baroudeur qui nous racontera avec tout le talent de sa verve narratrice la périlleuse enquête, comme s’il l’avait lui-même vécue.

Il sera entouré de comédiens qui, régulièrement, incarneront les véritables antagonistes, revivant des dramatiques situations sous l’indispensable et discrète inscription portée en bas et à droit de votre écran : reconstitution. (Ben oui, au où certains spectateurs peu futés s’imagineraient avoir devant les yeux les véritables victimes du drame revenues de l’au-delà afin interpréter leur propre rôle).

Deux petits plus au gout sucré de cerise sur le gâteau.

Une équipe de tournage a filmé quelques véritables témoignages plus ou moins mis en scène et des stagiaires fouilleurs ont déniché quelques vieilles images d’archives dans les stocks de l’INA.

L’émission “narration d’enquête” (oui le titre a finalement été trouvé par l’assistant monteur) est diffusée.

Sous titre de complément : Qui a tué les Muller sur la Riviera Suisse ? C'est long mais accrocheur… Et puis ça sous entend que nous détenons la réponse !

ça passe en "prime time" etcC’est un succès !

Il faut dire qu’elle était vraiment bien ficelée cette émission et, avec un réel professionnalisme, elle a su rendre passionnant ce macabre faits divers.

À quand le second programme ! La chaine signe tout de suite !

Tel était le pari de JeF Pissard. Nous proposer avec ses mots, son humour décalé et son originalité, la totalité de ce que je viens d’énumérer, sans cependant nous accorder la moindre image accrocheuse, la moindre vedette de télé au regard gris acier, le moindre comédien talentueux cachetonnant dans le but de nous arracher toutes les larmes de notre corps, ni le moindre flic taciturne et retraité qui accepte courageusement de témoigner.

Et ça marche ! Ambiances et descriptions se bousculent si régulièrement sur les pages qu’elles permettent à notre imaginaire brutalisés de se créer lui-même l’émission en direct et de se la visionner virtuellement. On visualise même la tête des personnages !

Pour résumer, c’est la télé sans la télé. C’est Christophe sans Hondelatte, C’est une d’émission de télé sans page de pub ! Et rien que pour ça, Jef mériterait un César !

Chroniques criminelles sans replay – On choisit l’horaire, inutile de se presser.

Allez un petit couplé de "contre"

C’est un peu court parfois. On regrette presque la simplicité du dénouement que l’on voyait progressivement venir. En fait, on voudrait en savoir plus. On se dit : l’auteur a choisi le format “Enquête criminelle”. OK ! Mais peut-être aurait-il pu argumenter, prévoir un plus long métrage, rajouter à son équipe de chercheurs un journaliste psychologue qui, en s’intéressant plus aux suspects, aurait su les transformer en personnages attachants et complexes, susceptibles d’être aimés, plaints ou détestés.

Mais, je reconnais volontiers que par malice, je fouille le pelage d’un chat angora à la recherche d’une simple et modeste puce… Ce bouquin se lit sur une respiration. La preuve, je l’ai consommé en moins d’une matinée sur ma liseuse, lors d’un salon littéraire aux visiteurs plus que parsemés.

Donc un bouquin court, intéressant et parfois drôle… en un mot réussi.

Et pour l’anecdote. La postface très argumentée chargée d’instruire le lecteur ignare, m’a rappelé la collection marabout poker de mes jeunes années qui, au terme de chaque roman, proposait plusieurs dossiers reprenant et détaillant les différents thèmes, lieux et faits historiques, abordés par l’auteur. J'ai appris plein de choses comme ça… Et de façon ludique !
Lien : http://mesbouquins.jeanbjout..
Commenter  J’apprécie          30
Le degré de connerie

Tout d'abord, je remercie JF Pissard et les Éditions Jerkbook qui m'ont permis de découvrir cet essai.

La couverture m'avait laissé croire qu'il s'agirait d'un livre très humoristique mais si l'humour est bien présent, il n'est pas du tout dominant. Il s'agit là d'un réflexion personnelle aux auteurs sur ce qu'ils appellent "connerie". Les items proposés offrent une observation intéressante. Que l'on soit d'accord ou non avec ce qu'ils proposent, cela nous invite à remettre en cause certains comportements.

J'aurais apprécié que le mot "connerie" bénéficie d'une présentation étymologique, il est toujours intéressant de comprendre à quoi renvoient les termes que nous utilisons. Pour celui-ci, on en oublie souvent la dimension sexiste et c'est dommage car passionnant à développer.

Jean-François Pissard et sa co-autrice proposent une vision souvent nuancée et avec une bonne dose de bienveillance.



Au final, un essai qui ouvre les portes d'une certaine réflexion, intéressant.


Lien : http://jeanneselene.blogspot..
Commenter  J’apprécie          30
Le degré de connerie

Mon avis :

Il est difficile, pour moi, de faire une chronique de ce livre. Pourquoi ? Parce qu’il ne s’agit pas d’une œuvre de fiction, mais d’une exposition d’idée, et que cela pourrait tourner au débat plutôt qu’à l’appréciation. Mais je vais m’essayer à cet exercice.

Les auteurs, Jean-François Pissard et Geneviève Ballereau, nous proposent une méthode originale (c’est la première du genre) pour évaluer le degré de connerie de nos contemporains.

D’un point de vue purement littéraire, c’est répétitif, mais une telle démarche peut-elle éviter cet écueil ? N’ayant pas moi-même abordé ce genre de travail, et ne disposant pas de référence en la matière, j’avoue que je n’ai pas la réponse. Cependant, je m’interroge sur certains choix. Par exemple, pourquoi avoir fait un thème particulier (thème 7) de la superstition, qui ne contient qu’une seule question, alors que tout un chapitre est consacré à la religion ? La superstition et la foi ne reposent-elles pas sur la même croyance aveugle à des dogmes ou des idées dont le fondement n’est pas de l’ordre de la logique ? Bien sûr, ce choix paraît logique en regard du fait que les religions sont placées dans le thème des phénomènes de groupes, et qu’on peut considérer que les superstitions sont d’une nature plus individuelle…

Toujours sur la forme, certaines tournures de phrases m’ont paru un peu trop tarabiscotées, non pas à cause des termes employés, mais en raison d’une syntaxe rendant l’idée parfois difficile à appréhender.

Mais dans ce genre d’ouvrage, c’est certainement plus sur le fond que sur la forme qu’il faut s’attarder.

La réflexion essentielle qui sous-tend cet essai pourrait s’inscrire ainsi : qu’est-ce que la connerie, et de quelle manière se manifeste-t-elle, au quotidien ?

Huit thèmes sont abordés : 1- Les caractéristiques psychologiques. 2- L’évolution comportementale. 3- Les comportements symptomatologiques. 4- Les phénomènes féminins et masculins. 5- Les comportements liés à l’âge. 6- Les phénomènes de groupes et de bandes. 7- Les superstitions. 8- L’intelligence et la culture.

Chacun de ces thèmes est subdivisé en un nombre variable de questions concernant un aspect particulier du point abordé, et chaque question est accompagnée d’un texte proposant un éclairage sur le sujet. C’est dans ces textes que réside, pour moi, tout l’intérêt de ce livre.

En effet, la connerie ordinaire se dilue dans le quotidien, et il est parfois bien difficile de l’apercevoir. Jean-François Pissard et Geneviève Ballereau décortiquent pour nous ces petits travers qui dénotent un manque de recul sur les agissements et les pensées de tout un chacun. Chacun de ces textes est une piste de réflexion sur nos comportements et ceux des autres dans diverses situations de la vie en société. Pour moi, plus qu’une méthode de calcul, cet ouvrage est avant tout une analyse fine des tendances de tout individu, selon son âge, sa culture et son éducation, à calquer son mode de fonctionnement sur le plus grand nombre ou à réfléchir à ses actes. Et rien que pour cela, il mérite d’être lu.

Maintenant, est-ce un travail exhaustif ? Non, et il n’en a pas la prétention. Il ouvre des voies de réflexion, d’introspection, même, mais chacun peut développer ces pistes vers d’autres questionnements.

Ensuite, quel est l’intérêt d’évaluer le degré de connerie ? Pour soi-même, pourquoi pas ? Mais il faut déjà avoir un sacré recul pour être suffisamment honnête avec soi-même, et rien que ça démontre qu’on est pas trop con…

Pour les autres, personnellement, je trouve ça un peu prétentieux. D’abord, il faudrait connaître parfaitement la personne évaluée, ensuite n’oublions jamais qu’on est toujours le con d’un autre, et qu’on ne juge de la connerie qu’à l’aune de ses propres limites, de son intelligence et de sa bêtise.
Lien : http://poljackleblog.blogspo..
Commenter  J’apprécie          30
Qui a tué les Muller sur la Riviera Suisse ?

Un drame… avec toutes les composantes pour déchaîner les passions des téléspectateurs accrocs aux nouvelles tragiques et éveillant ce quasi voyeurisme si excitant pour certains. Ce roman pourrait donc être une histoire baignant dans l'hémoglobine et dont les scènes habituelles d'un roman policier feraient la part belle aux évocations à sensation, à la psychologie détaillée des personnages, au génie d'un enquêteur…. Mais le talent de l'auteur est justement de ne pas faire comme les autres et de nous proposer un livre qui sort des sentiers battus. Atypique, déroutant et surtout très réussi, « Qui a tué les Muller sur la Riviera Suisse ? » m'a complètement séduite.

Nous débutons notre lecture, emportés au début des années 70 et nous la terminons projetés 15 ans plus tard. Plus d'une décénie ! Et pourtant, il ne m'a pas fallu bien longtemps pour traverser les pages du livre que je ne pouvais pas lâcher. Un couple, les Muller, est assassiné dans son lit, laissant orphelins trois enfants : Karl 19 ans, Luise 16 ans et Dany, 15 ans. L'identité du coupable ? L'enquête traîne, l'enquête s'enlise malgré l'acharnement de celui qui la mène.

Et tant mieux pour nous, car nous voici plongés dans Montreux à la découverte de cette station touristique tranquille, à l'histoire du lac Léman et au bonheur de la douceur de vivre en Suisse. Il y a bien sûr ce fait divers sordide, mais la vie se poursuit malgré tout à Montreux et dans la région : concert des pink-Floyd, installation de Freddie Mercury, festival de jazz annuel… Elle nous mène aussi au-delà des frontières, avec une immersion dans la culture des hippies, un clin d'oeil à Maxime le Forestier ... Et puis aussi à Charlie Chaplin et à d'autres personnalités. Tout cela a son importance, car l'auteur resitue le drame dans son contexte sociologique autant régional que planétaire et finalement prend la distance nécessaire pour ne pas tomber dans le piège d'un récit policier à sensation. J'ai adoré cette manière « décalée » de saisir ce drame.

Ce qui sert aussi à ce parti pris de nous étonner et de nous prendre dans ses filets ? La plume précise, sans fioriture de Jef Pissard, son angle de vue : Il n'est pas dans la scène, mais à côté. le journaliste explore l'Affaire par l'intermédiaire des propos de l'enquêteur.

Merci Jef Pissard pour votre roman. Merci pour la post-face qui m'a instruite et passionnée.





Commenter  J’apprécie          20
Itinéraire d'un jeune homme

Une écriture jubilatoire !

Je viens de découvrir cet auteur et j’en suis ravie. J’aime son écriture, elle est vraie, originale, pleine d’énergie positive, un pur plaisir ! Je suis rarement emballée, mais là je suis conquise. À lire sans modération !

Commenter  J’apprécie          20
Bob l'Amerloc

Vous avez lu et aimé Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire de Jonas Jonasson, vous adorerez Bob l’Amerloc.

Ce livre est complètement jubilatoire, les personnages sont déjantés et leurs aventures rocambolesques.

Le style est percutant, l’humour n’est jamais corrosif mais plutôt tendre et loufoque.

À lire très vite pour passer un très bon moment.
Commenter  J’apprécie          20
Qui a tué les Muller sur la Riviera Suisse ?

Une enquête policière originale !

J'ai bien aimé le parti-pris de ce roman : le narrateur dialogue avec un enquêteur sur une affaire criminelle de 1970 qui a défrayé la chronique durant 15 ans. De plus l'auteur adopte un style journalistique , émaillé de citations fort justes, qui nous éclaire sur la Suisse, la ville de Montreux et plus largement sur les actualités des années 70 à nos jours : criminelles - notamment les cas de parricides -, politiques et musicales. Nous voyageons même jusqu'à San Francisco et sa célèbre maison bleue, une chanson que j'ai chantée bien souvent ! Quand vous aurez lu ce roman à la postface très riche, vous aurez envie de réécouter Pink Floyd, Keith Richard, Led Zeppelin et David Bowie, des années extraordinaires, musicalement parlant !

Alors merci à l'auteur pour ces bons moments !
Commenter  J’apprécie          20
Pour une ouverture d'esprit

Bien pensé !

Un livre simple et efficace, à relire une fois par an, pour bien se fixer dans l'esprit les bonnes approches. Cette petite bible balaie les principales situations de la vie, conseille tous les âges et, bien que courte, 127 pages, remplit bien son rôle de notice de fonctionnement de l'être humain.
Commenter  J’apprécie          20
L'impossible amour

Tant d'émotion! Cette lecture fut un vrai moment de plaisir. ce roman, inspiré des confessions d'un prêtre, m'a profondément émue. J'ai lu chapitre après chapitres, gloussant parfois en parcourant les pages consacrées à cet amour interdit entre un homme d'Eglise et une femme mariée. Comment ne pas être insensible à cet homme partagé entre son amour inconditionnel pour Dieu et celui pour cette femme? Savoureux et bouleversant.
Commenter  J’apprécie          20
Bob l'Amerloc

Quand trois papys jouent les redresseurs de torts

Bob, Gandji et JiCé sont trois papys assez teigneux et pas toujours très futés. Ils nous sont pourtant sympathiques d'emblée tant on a l'impression de se retrouver en famille. Ces trois-là ont une belle vitalité en dépit des vicissitudes de l'âge. Ils se souviennent que, dans leur jeunesse, ils ont roulé des mécaniques dans les rues de Chateauroux en compagnie de Depardieu. Bref, ils ne sont pas décidés à se laisser faire. Aussi lorsque Bob est rossé pour une faute qu'il n'a pas commise, il entraîne facilement ses compères dans une opération vendetta. L'aventure va les entraîner bien plus loin qu'ils ne l'imaginaient, et jusqu'en « Très haut lieu » en passant par diverses organisations caritatives auxquelles on ne donnerait pas le Bon Dieu sans confession.

L'écriture, comme les héros, est vive, pétaradante même, pleine d'inventions langagières, désopilante, un peu à la San Antonio en moins vulgaire.

L'histoire rocambolesque, est néanmoins plausible (on nous cache tout ! ). Elle colle à l'actualité du moment, elle est savoureusement irrespectueuse lorsqu'on y croise certains de nos dirigeants politiques bien aimés. Rien n'est convenu dans ce roman, et surtout pas ses personnages, principaux et secondaires, croqués avec réalisme et tendresse. On sent que l'auteur a pris son pied en l'écrivant et le lecteur fait de même.
Lien : http://leromandaventures.ove..
Commenter  J’apprécie          21
Le Poulpe au couronnement de Bokassa

Une tranche d'Histoire sur un mode satirique

J’avoue que je ne connaissais que vaguement l’histoire de Bokassa. Mais comment un étudiant en droit s’est-il fait passer pour le roi de Basoche au couronnement de ce tyran ?

Avec une plume journalistique qui ne s’embarrasse pas de fioritures, l’auteur nous livre un récit souvent burlesque, s’amusant avec les mots et les proverbes – voire les chansons paillardes 😄.

J’ai non seulement été instruite sur les aspects historiques, mais j’ai aussi passé un bon moment de lecture. Ton certes léger, mais sujet grave. Et, cerise sur le gâteau, l’auteur faisait partie de cette bande d’étudiants ! Si si ! Quelle aventure !





Commenter  J’apprécie          10
Itinéraire d'un jeune homme

Un très joli roman porté par un personnage/narrateur à la fois maladroit et attendrissant. Tour à tour léger et profond, drôle et sérieux, ce récit nous propose un itinéraire de vie inattendu, un quotidien plein de questionnements, une tranche de vie croustillante et tendre. Les menus faits deviennent presque des aventures. Les anecdotes ébouriffantes entrecroisent des réflexions émouvantes, ce « jeune homme » nous interpelle et sa plume est de qualité. Le style est tout à fait original, parfois trivial, parfois poétique, le mélange est une heureuse combinaison pour passer un excellent moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          10
Le Poulpe au couronnement de Bokassa

Comment évoquer un fait historique ubuesque, le couronnement de Bokassa et le pari fou d’un étudiant, tout en s’autorisant discrètement à une critique corrosive de l’envers du décor ? Comment instruire de manière détaillée et documentée, tout en divertissant et en donnant à l’ensemble une ambiance drôlement jouissive ? jeFpissard sait faire tout cela. Et bien plus, car son roman est un diamant aux multiples facettes taillées avec une originalité qui en fait toute sa saveur.

Les facettes de ce diamant de livre ? Les jeux de mots, une verve au-delà de toute comparaison épicée de multiples pirouettes syntaxiques, les registres de langages aussi variés que truculents, les descriptions détaillées qui semblent sortir des pages et se poser là, devant nous, un style vif et direct, des personnages haut en couleurs, les uns ridicules, les autres rusés pour ne nommer que cet étudiant qui s’invente roi de Basoche et fait un pied de nez à tous les grands puissants de ce monde. Bref, ça voltige, ça fait du bruit, ça décoiffe !

Alors, cela vous dirait-il de faire un tour dans la Françafrique sous l’ère de Giscard ? Si oui, accrochez-vous bien car jeFpissard, risque de vous en faire voir de toutes les couleurs et surtout de vous faire mourir de rire. Quoique… sous la farce, transcrite dans un style jubilatoire, il se pourrait bien qu’une réalité plus déprimante, quasi tragique pointe le bout de son nez. Les apparences sont parfois trompeuses et cachent des vérités bien laides.

Lisez ce livre, abusez-en. Ne passez pas à côté, ce serait trop dommage.

Commenter  J’apprécie          10
L'impossible amour

J’ai lu l’impossible Amour de Jef Pissard.

Les oiseaux se cachent (toujours) pour mourir.

Jef Pissard nous raconte avec sa plume précise et ciselée les amours contrarié d’un curé de campagne qui s’éprend d’une paroissienne. Nous voilà plongé au cœur des sentiments humains, au cœur de l’intime et assistons jour après jour, en direct, au déroulement des opérations. Un livre sensible, qui pose le problème du célibat chez les religieux, de la solitude et des pulsions, mais aussi du sentiment de culpabilité et de trahison. Quand à savoir si cet amour est réellement impossible, je vous invite à lire ce livre très bien ficelé.

Commenter  J’apprécie          10
Assis sur terre, debout au paradis

JeF Pissard nous invite à pousser une porte et à entrer en ami dans une de ces maisons devant lesquelles nous passons souvent sans jamais nous y arrêter. A l’intérieur, y vivent des gens comme vous et moi, c'est-à-dire se levant, mangeant, s’activant, communiquant… Bref, des hommes et des femmes occupant leur place sur terre. Sinon que… cette maison s’appelle une Institution, et cette Institution est composée de plusieurs pavillons accueillant des résidents polyhandicapés.

Ce sont eux les héros de ce roman, nous prenant la main pour nous mener dans leur « chez eux » qui est une contrée bien inconnue à beaucoup d’entre nous. Un voyage au centre d’un quotidien extra-ordinaire. Alors, tous ces résidents prennent la parole par l’intermédiaire de l’auteur. Leur parole d’ailleurs ce n’est pas nécessairement une combinaison de mots mais une communication à travers leurs rires, leurs pleurs, leurs facéties, leurs gestes, leur besoin d’être reconnus et d’aimer, à travers tout simplement leur manière d’être à leur façon. Pour beaucoup leur âge mental n’est pas celui de leur carte d’identité, il faut apprendre alors à être en phase avec ces adultes dépendants, ces enfants qu’ils ne sont pas.

Les mots et les gestes des soignants s’occupent de ces corps qui ont trahi et trahissent encore car n’obéissant qu’à leur bon vouloir. Se pose alors la question obsédante pour chaque aidant : interprète-t-il bien ce que le résident donne à voir ? Passe-t-il à côté d’une douleur, d’une demande, d’une intention ? Un geste de violence est-il vraiment la volonté d’agresser ou autre chose ? Comment trouver le moyen d’aider cette personne alors que différentes tentatives ont déjà mises en œuvre, en vain ?

Les résidents doivent donc faire sans ce dont ils ont été amputés. Et croyez-moi, cela est une aventure de chaque instant. Une journée est un vrai défi. L’auteur décrit ce quotidien avec précision, sans censurer les situations qui peuvent déranger le lecteur non initié. Pourtant, parler de tout peut-être fait avec pudeur, soulever certains tabous peut-être fait avec délicatesse malgré un vocabulaire vrai et parfois cru. Décrire une dure réalité sans jamais être larmoyant, c’est bien la prouesse de l’auteur.

Et sous ses corps déformés, enraillés, vibrent de vie des êtres uniques. Nous suivons certains d’entre eux à nous fendre de rire. Ils nous impressionnent par leur esprit créatif et sans artifice. Ils nous agacer de leurs exigences, et nous émerveillent finalement par leur capacité à nous remettre en question et à nous rendre meilleurs. C'est-à-dire à recevoir de belles leçons de vie de leur part.

On s’aime dans ce livre, on s’entraide, on s’engueule, on se pardonne, on rit souvent, on se regarde avec bienveillance, on se sent humain.

Lisez ce livre qui est un témoignage, une sorte de carnet de route pour découvrir, comprendre qu’il n’est pas besoin de tenir debout pour être un grand homme.

Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de JeF Pissard (46)Voir plus


{* *}