Aoutch, le français moyen va se reprendre une fessé , comment l'humain profite du malheur des autres pendant une période des plus noir de l'histoire mondiale, et française par la même occasion?
Jean Dutourd dépeint ici parfaitement un couple d'enfoiré moyen, comment profité, s'enrichir sur le dos des autre, changer de bord des que le vent commence a tourner. Ou comment la seconde guerre mondial a réussi a faire surgir les plus noir desseins chez certain.
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Est-il amoureux, ou se laisse-t-il simplement aimer ?
Dans ce roman magistral, l'auteur n'est pas dupe : il sait le mal qu'il fait, mais il persiste et signe, tout en le regrettant.
Alors le drame se tisse peu à peu : les petites mesquineries deviennent de petites horreurs qui conduiront à un gâchis ... peut-être au fond souhaité, qui sait ?
Le personnage principal aime son jouet.
Trop ?
Comment pourrait-il accepter un bonheur tout simple, lui, si raffiné ?
Alors, comme un enfant trop gâté, ce jouet, il va le détruire, patiemment.
Récit vrai, sincère, et méthodique d'un ratage.
Et puis ce style : Jean Dutourd vaut tellement plus que son personnage des "Grosses Têtes" !
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Paris 1930. XVIIème arrondissement. Un jeune garçon de la bourgeoisie nous raconte sa vie et ses émotions d’enfant et ce récit est réellement attendrissant. Jean Dutourd évoque ses souvenirs dans le Paris de l’entre -deux guerres, un monde paisible et « bien rangé » à jamais disparu. Le livre s’ouvre sur la description du quartier de l’église St Ferdinand avec en face la statue du Franc-Tireur armé de son chassepot et plus loin le Ballon ( en fonte ) de Gambetta. L’enfant , sur le chemin de l’école, (d’abord le cours Maintenon puis le lycée Janson de Sailly )découvre dans les vitrines des magasins des objets insolites qui l’étonnent, fait toutes sortes de rencontres qui forgent sa personnalité sans qu’il s’en rende compte. Souvent l’ennui le guette car peu d’activités l’émerveillent mais il va très vite se passionner pour la lecture et la peinture.
L’auteur nous fait aussi le portrait de ses maîtres et professeurs qui n’obtiennent chez lui des résultats que s’ils lui manifestent de la sympathie ( ça n’a pas changé) .
Les liens familiaux avec ses tantes en particulier, sont très étroits et son père lui fait découvrir les musées parisiens mais aussi la province et ses auberges de campagne qui enrichissent son imagination.
Il règne dans ces « mémoires » une nostalgie , une mélancolie mais aussi une candeur qui semble ne pas avoir quitté le grand écrivain qu’est Jean Dutourd. La langue est belle et lumineuse . J’ai été très émue par ce récit dont je garderai longtemps le souvenir.
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L'auteur dresse le portrait ironique et plein de tendresse d'un groupe de jeunes sociologues et chercheurs du CNRS. Brigitte Simonet la sociologue au caractère trempé dont la rationalité vacille sous l'impact d'une crise mystique, Jean-Claude Simonet son époux conciliant, Adeline la sociologue myope et maladroite qui s'exprime dans un jargon d'intellectuel, Laurent Schwob l'ami et amant sioniste d'Adeline, en quête de maturité et de sérénité affective, les parents de Laurent, M. Schwob, ancien résistant bourru et admirateur du Général de Gaulle, son épouse Madeleine une femme simple, affable et généreuse, et quelques autres personnages secondaires.
Le chapitre concernant un séminaire à Bordeaux où se rendent tous ces chercheurs est très drôle et rappelle l'univers de David Lodge de « Un tout petit monde » publié en Grande Bretagne en 1984 et en 1991 en France, alors que « le séminaire à Bordeaux » est paru en 1987. Coïncidence ?
Le style de Jean Dutourd, amoureux de la langue française, est irréprochable. L'auteur excelle à construire avec une grande précision des personnages attachants et cohérents, surtout il fait preuve d'une grande finesse psychologique pour décrire leurs états d'âme, leurs contradictions, leurs fragilités. L'humour est omniprésent.
J'ai préféré personnellement « Portraits de femmes » parce que de bout en bout les personnages sont cohérents et relativement stables, le réalisme atteint des sommets de crédibilité.
Ici, je n'ai pas totalement adhéré aux options prises par l'auteur. Adeline, la sociologue maladroite et enfermée dans son langage ésotérique est un peu caricaturale. La crise mystique traversée par la sociologue révolutionnaire Brigitte me laisse sceptique, Jean-Claude fait face avec une patience proche du surnaturel à une Brigitte caractérielle qu'on aurait envie d'envoyer balader, autant de ficelles utilisées par l'auteur pour créer des situations cocasses mais parfois tirées par les cheveux ou des événements nouveaux pour étirer le roman.
Cela reste un très bon roman plein d'humour qu'on lit jusqu'au bout avec plaisir, et on admire cette fine psychologie digne De Balzac.
Voir extraits en citations
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Coup de coeur, découverte d'un auteur irrésistible sur ce portraits de femmes qui contient tous les ingrédients dont je raffole : l'humour, l'amour, les femmes, les relations hommes-femmes, trajectoires de vie, le tout dans une langue irréprochable.
Jean DUTOURD (1920-2011), ancien résistant, membre de l'académie française en 1978, pilier de l'émission "Les Grosses Têtes de 1977 à 2008, anticconformiste, moraliste, grand défenseur de la langue française, fondateur et président de l'association de défense de la langue française de 1958 à 2009.
Ce roman est un bijou d'humour, de finesse psychologique, un régal. Je rejoins donc l'enthousiasme de BVIALLET et rajoute mon obole.
Ce roman fait le portrait ironique de Rémi Chapotot, écrivain renommé mais au fond plutôt médiocre, autour duquel gravitent quelques personnages parfaitement brossés :
- Blanche, la secrétaire dévouée, au profil de vieille fille mais sauvée par son étiquette de veuve précoce. Elle voue une admiration sans bornes à son patron qu'elle couve, protège, conseille, accompagne dans tous les aspects de sa vie. S'il n'y a pas de grand homme pour son valet de chambre, il y a un grand homme pour son assistante, car elle lui prête un génie qu'il n'a sans doute pas.
- Jacky LATASTE, esthéticienne, entreprenante et entrepreneuse, ambitieuse, qui fait la conquête de Chapotot et se voit déjà la compagne d'un futur académicien.
- Adélaïde DE LA BIGNE, la vieille aristocrate. Elle tient un salon mondain hebdomadaire à Paris, a un esprit vif, sélectionne minutieusement ceux qui fréquentent son salon.
- Gérard et Marie-Ange ASCONA, l'éditeur de Chapotot accompagné de sa charmante épouse qui use de ses charmes auprès des auteurs pour les faire entrer dans la maison d'édition de son mari.
- Eric CARLOMAN, un jeune homme amoureux de Jacky, rapidement ami de Chapotot, plutôt Lucien de Rubempré au début du roman et rapidement un profil de Rastignac qui comprend vite que les femmes serviront son ascension sociale, du moins sa réussite.
Cette Satire sociale dans le milieu de l'écriture et de l'édition est terriblement efficace, drôle et bien écrite. J'aimerais que ce roman ait une suite qui raconterait la carrière de cet Eric Carloman protégé par la vieille Adélaïde de la Bigne et poursuivrait la vie de ce couple Lataste-Chapotot.
Je vous invite à lire les larges extraits en "citations" en espérant que cela incite à lire ce roman, et que d'autres critiques enthousiastes apparaissent prochainement sur Babelio.
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Plus connu comme homme de médias (chroniqueur de presse, sociétaire des « Grosses Têtes » de Philippe Bouvard), Jean Dutourd prend ici sa plume d'académicien pour confier ses souvenirs d'enfance. Il nous plonge dans l'ambiance de l'entre-deux-guerres et nous fait découvrir comment s'est forgée la personnalité attachante, non-conformiste, d'un homme qui s'est efforcé de construire sa vie selon ses goûts, s'affranchissant, au besoin, des conventions sociales.
« Jeannot » nous emmène d'abord dans le Paris de ses premiers pas : le quartier des Ternes (où il est né), le boulevard Magenta (où habitait « la duchesse de Magenta », sa bien-aimée grand-mère maternelle), la Nouvelle Athènes (où allaient s'encanailler les mirliflores de Janson), le XVIe arrondissement (où il croisa des célébrités roumaines, Mistinguett à cheval dans l'avenue Foch). Il n'oublie pas pour autant (sacrée mémoire !) ses expéditions provinciales : Vence (où sa mère tuberculeuse allait en cure), l'Auvergne natale de son père (où il passait ses vacances) et bien d'autres régions.
En termes choisis, il nous fait partager ses émotions d'enfant, un rythme de vie disparu (trois jours de route en « De Dion Bouton » pour se rendre de Paris à Vence !), les « grises années d'école » (sujet des remontrances paternelles), les brimades de l'abbé Bottinelli (« le Savonarole de la rue de la Pompe »), les réceptions bienveillantes chez d'accortes douairières, le zèle des « petites gens » (l'assistante du dentiste, la ravaudeuse des jeudis,...).
Hermétique aux sciences et techniques (au grand désespoir de son père chirurgien-dentiste), Jeannot clame son aversion pour le Meccano et les trains électriques,... ; il est attiré par le dessin et la peinture, il aime lire (Alexandre Dumas, Anatole France, et les grands auteurs russes), préfigurant sa carrière d'écrivain. Du bel ouvrage.
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Un bébé naît avec une tête de chien. Sa vie sera difficile, surtout en amour… Un (trop) court roman amusant et original introduisant dans la vie réelle ce personnage à tête de chien de façon réaliste, on y croit presque ! Un peu trop anecdotique tout de même, et finalement vite oublié, mais agréable sur le moment.
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j'ai plutot senti le contraire....
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Je ne me lasse pas de lire et de relire ce livre...
Je suis toujours ébloui par le talent de Jean Dutourd. C'est avec légèreté et dérision qu'il traite cette période noire et nous montre le comportement abject de cette famille Poissonnard, emblèmatique de tous ceux qui ont profité des rationnements pour s'enrichir.
Beurre, œuf, fromage (BOF) est l'ancien sigle du commerce de produits alimentaires, du grossiste des Halles au détaillant crémier vendant donc du beurre, des œufs et du fromage.
Son sens est devenu péjoratif en France, durant l'Occupation allemande avec les cartes de rationnement, très recherchées au marché noir. Par extension, BOF désigna une personne s'enrichissant grâce au marché noir pendant cette période.
Je recommande ce livre qui a connu une adaptation télévisée d'Edouard Molinaro avec Roger Hanin et Andréa Ferréol.
Ce livre a connu un grand succès en France et au-delà de nos frontières. La traduction en langue anglaise portait le titre "The Milky Way".
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Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - « Quoi qu'elle fît, Julie Poissonard fleurait toujours le brie-coulommiers : elle était crémière. » Dès l'incipit, le ton est donné : cruelles et jubilatoires, ces scènes de la vie sous l'occupation allemande dressent un portrait féroce des B.O.F. (beurre, oeufs, fromages). Jean Dutourd avoue sans ambages qu'Au Bon Beurre, publié en 1952, répondait autant à un désir de vengeance - « une vengeance d'homme de lettres, [qui se mange] froide à souhait à cause du recul romanesque » - qu'à une ambition littéraire : écrire un roman réaliste à la manière de Balzac autour d'un type nouveau, le commerçant enrichi par le marché noir. Verve et noirceur s'allient pour retracer l'ascension des Poissonard, crémiers parisiens, qui ont l'idée géniale d'entasser des stocks en prévision des restrictions à venir. « Des boîtes de jambon Olida, grosses comme des foies de boeuf, servaient de support au lit conjugal ; des sacs de riz et de lentilles tapissaient les murs. Les sardines avaient pris possession de la « bibliothèque [...] « Banania, sur des étagères, alignait des régiments de Sénégalais hilares, qui reluquaient cinq mille Hollandaises de la maison Van Houten. » L'instauration des cartes d'alimentation va faire la fortune nos crémiers ; déconcertants de cupidité et de veulerie, ils arnaquent le chaland comme il se doit et rédigent avec volupté des lettres de délation afin que chacun reste « à sa place : les soldats au front, les commerçants dans leur magasin et les prisonniers au stalag ». Pour mettre à la portée des plus jeunes cette indispensable lecture, L'École des Loisirs en édite une version illustrée par un Philippe Dumas inspiré, qui a puisé dans ses souvenirs d'enfance et ponctue d'un trait drôle et cinglant ce grand roman de l'Occupation. Charlotte Plat
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Journal des années de peste (1986-1991) Jean Dutourd
Académie Française
Ce recueil d’éditoriaux de Jean Dutourd publiés au cours des années 86 à 91 est une sorte de journal intime de la France d’alors. Ne dissimulant jamais ses convictions politiques, Jean Dutourd donne dans la sincérité la plus totale et sans langue de bois. Il ne cède jamais au politiquement correct et déteste les idées reçues. Regardant le monde avec les yeux d’un vieux sage, ce chroniqueur et polémiste parfois pamphlétaire, use de l’humour à bon escient, tout en restant une manière de moraliste, afin de brocarder ceux qui ne lui plaisent pas. De nombreux personnages jalonnent ce parcours des années de peste aux prises avec des péripéties de toutes sortes et l’auteur n’hésite pas à nous offrir des caricatures gentilles de ces hommes politiques que l’on un peu oubliés. Jean Dutourd éprouve souvent un malin plaisir à ronchonner ; il écrit : « Nous vivons dans le siècle des masses. Il suffit d’être une masse, fussent une masse d’analphabètes, pour représenter une culture et une civilisation ! Le suffrage du nombre est devenu le critère unique. On ne peut plus avoir raison tout seul. » Plus loin il se moque un peu des Français : « Les Français n’écoutent rien et saisissent toutes les occasions de chahuter. » J’ai bien aimé l’éditorial où il est question des grands écrivains sud américains que sont Borges et Bloy Casarès. Et puis à la page 110, l’art de s’en aller qui est un art difficile, car il faut savoir le faire un peu avant qu’on ne vous ait assez vu et on laisse alors un bon souvenir : ceux qui vous aimaient vous regrettent et ceux que vous irritiez se disent avec satisfaction que ce n’est pas trop tôt. Et quand l’auteur applique cette éventualité à son cas personnel, on ne peut que sourire…Et encore le mot sur les salaires en France : le salaire chez nous, est le dernier refuge de la pudeur surtout s’il est gros !
Le chapitre sur l’éventualité du mariage des prêtres est intéressant quand l’évêque d’Evreux prétend que si les prêtres avaient le droit de se marier, on verrait davantage de vocations sacerdotales. Jean Dutourd n’est pas du tout de cet avis et argumente avec souvent une pointe d’humour.
Plus loin l’auteur s’en prend à ceux qui veulent réformer l’orthographe. Pour lui, et je souscris personnellement, les mots ne sont pas seulement des sons, ils sont aussi une figure qui joue son rôle dans l’écriture, puis dans la lecture. Une page est faite pour l’œil autant que pour l’oreille. Et de conclure que la réforme de l’orthographe ne profiterait qu’aux ignorants qui hélas ont proliféré ces dernières décennies.
Extraits : « Ce que l’on demande à un président, c’est d’incarner une grande âme collective, non de se laisser aller intimider par des additions et des soustractions. »
« Le politicien m’a toujours semblé être le contraire d’un homme de bonne volonté. »
« La politique, pour la plupart des gens, est l’art d’ « arriver ». »
Faisant montre d’une certaine détestation à l’encontre de François Mitterrand qu’il brocarde à l’envi, Jean Dutourd revient souvent contre la Pyramide du Louvre qu’il abhorre et sur Bernard Pivot qu’il adore, pour lui le grand homme de la télévision.
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Jean Dutourd a une vraie plume, et nous fait participer avec délectation à la réussite de son couple de crémiers pendant l’occupation; il s’agit là du premier livre grand public osant affirmer avec force et humour que la légende gaullienne affirmant que toute la France avait été résistante n’est qu’une légende, nécessaire sans doute pour permettre à la France de se réconcilier avec guerre, mais bel et bien une légende.
Et le succès de ce livre à sa parution, couronné du prix Interallié, prouve à quel point cet ouvrage était nécessaire.
A le lire aujourd’hui, on apprécie sa qualité d écriture, son humour, et on ne peut que s’interroger sur l’attitude qui aurait été la nôtre en 1940.
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