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Citations de Jean-François Revel (236)


existerait-il chez l'homme une aspiration secrète à l'esclavage politique et intellectuel, aspiration d'autant plus perverse qu'elle se déguise en recherche de la liberté ?
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(...) découvrir une paix intérieure qui ne dépende pas de la santé, du pouvoir, du succès, de l'argent, des plaisirs des sens; une paix intérieure qui soit source de paix extérieure
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P645 : [Le totalitarisme] ne se borne pas à contrôler l’expression et la diffusion matérielles des idées jugées dangereuses pour l’autorité en place. Le totalitarisme veut atteindre la racine même de la pensée et de la sensibilité, tuer la source de l’indépendance intellectuelle et morale en chaque individu. La preuve en est qu’il y est parvenu chez de nombreux intellectuels, même parmi nous, et continue à les stériliser, même après s’être éteint. Il veut se substituer à nous en chacun de nous, régner en maître à l’intérieur des consciences. Le ramas d’ineptie du Petit livre rouge de Mao tint lieu de cerveau à presque tous les Chinois et à nombre d’Occidentaux pendant la Révolution culturelle. (…) « Totalitarisme » n’est pas une étiquette fabriquée après coup par les historiens, c’est un programme et un concept consciemment forgé par un politicien – Benito Mussolini en 1922 – et, ensuite, « perfectionnés », si j’ose dire, par les nazis. Quant aux communistes, ils avaient, dès l’époque de Lénine et de Trotski, devancé tous les autres totalitarismes et préfiguré avec talent les apocalypses futures.
Les dissidents de l’Est furent d’autant plus héroïques que, non contents d’être en butte aux procédés d’extermination morale de leurs régimes, ils essuyèrent aussi les calomnies, le mépris et les mesquineries de la gauche occidentale (…). « Traîtres » dans leurs pays, ils devinrent parias dans les nôtres. Que des hommes et des femmes élevés, enfermés dans ces systèmes aient pu néanmoins préserver leur intelligence et la retourner contre la machine qui devait l’anéantir, tout en étant abandonnés, répudiés par les intellectuels des sociétés qui auraient dû les secourir, tant d’énergie et de lucidité, en eux et grâce à eux, rachète nos aveuglements et nos lâchetés et prouve que l’espèce humaine mérite, bien pesé, peut-être de survivre.
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P606 : Les historiens mesurent trop peu, à mon sens, à quel point, par son idéologie et son programme, le Parti socialiste français, rénové en 1971, différait plus des autres partis socialistes européens, du sud comme du nord, que du Parti communiste. Cette « exception française » faisait l’objet de mes analyses depuis dix ans. Elle se traduisait, sur le plan doctrinal, dans le PS français par un abandon du socialisme réformateur au profit d’un socialisme de « rupture avec le capitalisme ». Ainsi, Branko Lazitch, juste avant son entrée à L’Express, cite dans un article du Figaro (20 mai 1977), parmi les preuves de cet alignement, une brochure intitulée Petite bibliographie socialiste, éditée par le Parti socialiste. Destinée aux nouveaux adhérents, elle est présentée par Lionel Jospin, secrétaire national et futur premier secrétaire. Ce manuel initiatique présentait la liste des « classiques du socialisme », établie comme suit : 1) Karl Marx et Friedrich Engels ; 2) Lénine ; 3) Jean Jaurès ; 4) Léon Blum ; 5) Rosa Luxembourg ; 6) Antonio Gramsci ; 7) Mao Tse Toung ; 8) Fidel Castro.
A part Jaurès et Blum, qu’il eût été tout de même en France scabreux d’éliminer, et qui sont les seuls socialistes démocrates jugés dignes d’être lus, tous les autres « classiques » retenus appartiennent au courant totalitaire. Aucun des théoriciens du marxisme réformiste et démocratique, tous condamnés par Lénine il est vrai – tels Karl Kautsky, Otto Bauer, Edouard Bernstein –, n’est jugé assez orthodoxe pour figurer dans la liste. En sont tout de même exclus les œuvres des auteurs assassinés par Staline, un Trotsky ou un Boukharine. En revanche, le PS conserve Mao, dont les crimes et l’échec étaient, en 1977, amplement connus, et intronise parmi les « classiques » du socialisme » Fidel Castro, que même les Soviétiques n’avaient jamais élevé au grade de penseur.
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La démocratie a organisé la surveillance et l'éventuelle réprimande des opérations financières de l'exécutif par le législatif et des magistratures appropriées. Dés lors que cette surveillance devient symbolique et que le pouvoir n'a cure des réprimandes, c'est que l'on est tombé de la démocratie dans la présidentocratie. (p.99)
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Ne pas trouver quelque chose n'est pas une preuve de son inexistence.

MR.
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Comme la démocratie même, la liberté de l'information est-elle en pratique répartie de façon fort inégale sur la planète.
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La première de toutes les forces qui mènent le monde est le mensonge.
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Ensuite, comment ai-je peu à peu découvert et perçu le bouddhisme ?Est-ce une religion ? Est-ce une sagesse, une métaphysique ? C’est une question fréquemment posée au Dalaï-lama, qui y répond souvent avec humour : « Pauvre bouddhisme ! Voilà qu’il est rejeté par les religieux, qui disent que c’est une philosophie athée, une science de l’esprit, et par les philosophes, qui ne classent pas le bouddhisme parmi les philosophies mais le rattachent aux religions. Le bouddhisme n’a dons nulle part droit de cité. Mais, ajoute le Dalaï-lama, c’est peut-être là un avantage qui permet au bouddhisme de jeter un pont entre religions et philosophies. »
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L'idéologie repose sur une communion dans le mensonge impliquant l'ostracisme automatique de quiconque refuse de la partager.
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M. — Mais alors pourquoi la philosophie ne fournit-elle plus de modèles de vie ?
J.F. — Au cours des trois derniers siècles, la philosophie abandonne sa fonction de sagesse. Elle se limite à la connaissance. Mais, au même moment, elle est progressivement détrônée de sa fonction scientifique par la science elle-même. Au fur et à mesure qu’apparaissent l’astronomie, la physique, la chimie, la biologie, que ces sciences se développent, deviennent autonomes et suivent des critères qui n’ont plus rien à voir avec les méthodes de pensée des philosophes, à partir de ce moment-là — comme Kant l’a très bien dit dans la Critique de la raison pure, même si les philosophes n’en ont guère tenu compte par la suite — la fonction scientifique de la philosophie se vide pour ainsi dire de son objet. Elle est, au fond, tuée par son propre succès, puisque son but avait été de donner naissance à ces diverses sciences. Quant à l’autre volet, celui de la sagesse, qui comporte à la fois la recherche de la justice et la recherche du bonheur, il n’est plus affirmé sur le plan personnel, celui de la conquête d’une sagesse individuelle, comme c’était encore le cas chez Montaigne ou Spinoza.
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La minorité organisée se désigne elle même comme interprète de la majorité inorganisée, et veille par tous les moyens à préserver cette exclusivité.
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Comme Proust, Montaigne se refuse à cette conduite infantile qui consiste, sous prétexte que nous avons besoin d'objets de certitude, à en fabriquer de postiches, ou alors à nier ce besoin.
P153
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Le goût qu'a Proust du réel dans tout son détail explique que la Recherche se décompose en vastes fragments.
p47
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LES DJINNS

Murs, ville
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort. (…)

(V. Hugo)
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Extrait de LES DEUX PIGEONS

Amants, heureux amants, voulez-vous voyager?
Que ce soit aux rives prochaines ;
Soyez-vous l'un à l'autre un monde toujours beau,
Toujours divers, toujours nouveau ;
Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste.
J'ai quelquefois aimé : je n'aurais pas alors
Contre le Louvre et ses trésors,
Contre le firmament et sa voûte céleste,
Changé les bois, changé les lieux
Honorés par les pas, éclairés par les yeux
De l'aimable et jeune bergère
Pour qui, sous le fils de Cythère,
Je servis, engagé par mes premiers serments.

J. de la Fontaine
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Schumpeter souligna combien la révolution socialiste de Russie lui procurait la plus grande satisfaction. Désormais, le socialisme ne se bornerait plus à un programme sur le papier, il aurait à prouver sa viabilité.
Ce à quoi Weber répondit, en témoignant de la plus grande agitation, que le communisme à ce stade de développement en Russie constituait virtuellement un crime, qu’emprunter cette direction conduirait à une misère humaine sans précédent et à une terrible catastrophe.
« ‘Cela se passera tout à fait ainsi’, répondit Schumpeter ‘mais quel parfaite expérience de laboratoire’. ‘Un laboratoire où s’entasseront des montagnes de cadavres’, répondit Weber fiévreusement. ‘On pourrait dire la même chose de n’importe quelle salle de dissection’, répliqua Schumpeter. »
Cet échange se situe au tout début du régime bolchévique, puisque Max Weber est mort en 1920. Ainsi, l’un des plus grands sociologues et l’un des plus grands économistes de notre siècle étaient d’accord pour ne nourrir par avance aucune illusion sur le communisme et pour en déceler les dispositions criminogènes. Un point cependant les séparait : Schumpeter conservait encore une illusion que Weber n’avait pas, l’illusion que les échecs et les crimes du communisme serviraient de leçon à l’humanité.
(p. 163-164)
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Jean-François Revel
« Le temps efface le souvenir des malheurs, jamais celui des fautes. La morsure d’un remords se ravive
chaque jour plus cruelle dans notre conscience, à mesure que la vie passe. »
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Si quelqu'un s'est bien payé de mots, c'est bien Bergson. Son extraordinaire réputation de son temps, suivie de sa chute non moins spectaculaire, s'explique par le fait qu'il est une fin et non un début. Il a su admirablement orchestrer des thèmes déjà périmés à son époque et qui, par conséquent pouvaient s'emparer des esprits sans rencontrer aucune résistance. Le public était enthousiasmé de se voir redevenu original au prix de si peu d'efforts et de sacrifices. Mais à son temps Bergson n'a rien compris. Il est passé sereinement - ou hargneusement - à côté de la psychanalyse, du socialisme, de la physique moderne, pour culminer avec Les deux sources de la morale et de la religion, dans une exaltation pré-fasciste du " héros "* guidant les peuples. [p. 67]

* Ici il faudrait des guillemets français…
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Le désir profond des publics bourgeois dans les sociétés de consommation est d'être à la fois flatté et dupé. Flatté en voyant reconstituée à son profit une culture minoritaire, aristocratique, au sein de la culture de masse qui lui enlève son statut d'élite. Dupé parce que, cette culture minoritaire, il accepte de n'en avoir que le simulacre, le bavardage de la linguistique, par exemple, mais non la linguistique elle-même ; dupé encore, et par lui-même, parce que cette culture présentée comme révolutionnaire et même « prolétarienne », il la sait fort bien être un simple avatar du narcissisme mondain. C'est à fabriquer cette culture que servent les épigones. [Préface à l'édition de 1971, p. 19]
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