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Citations de Jean Giono (2674)


Quand je réfléchis qu'un homme seul, réduit à ses simples ressources physiques et morales, a suffi pour faire surgir du désert ce pays de Chanaan, je trouve que, malgré tout, la condition humaine est admirable. Mais, quand je fais le compte de tout ce qu'il a fallu de constance dans la grandeur d'âme et d'acharnement dans la générosité pour obtenir ce résultat, je suis pris d'un immense respect pour ce vieux paysan sans culture qui a su mener à bien cette oeuvre digne de Dieu.
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On a abattu un ormeau magnifique qui datait de l'époque où la ville n'était qu'un amas de couvents. Il gît en travers de la route, et pour ne pas que les voitures le heurtent la nuit, on a pendu à ses branches une lanterne que le vent balance. Il était majestueux et sa voix dans la brise du soir ronronnait doucement. L'été il faisait couler de ses feuilles une ombre bleue vaste comme un lac. À sa place on a planté un tronc de platane sans branche et la tête goudronnée. Il est juste un peu plus haut qu'un homme et pour le protéger on l'a entouré d'une grille en fer.
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Quand la solitude a ce visage, mon âme est en paix. Pour si paradoxal que soit mon sentiment, étant donné mon état, je déteste la loi. Je n’ai d’appétit que pour les lois qui sortent en éclair du sein même des événements. Il serait trop long d’expliquer à la suite de quelles expériences j’en suis arrivé à construire mon bonheur avec ces matériaux.
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J’étais seul. Le calme absolu qui précède les lourdes chutes de neige m’environnait étroitement. Aussi loin que mes yeux pouvaient voir, j’apercevais autour de moi des landes désertes dont l’aspect renouvelé par la neige m’était parfaitement étranger. Les lointains étaient de ce bleu sombre un peu funèbre que prend la mer sur de grands fonds.
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Mais j’ai sur l’avenir du soldat des idées personnelles. Ce qui l’attend de mieux à mon avis, c’est la mort. Brigou avait cherché et trouvé. Il ne me restait qu’à faire de même. Ce n’est pas que je sois un héros. Je ne les aime guère et je m’arrange fort bien de la vie ordinaire. Mais le travail bien fait est encore ce que j’ai de mieux pour me distraire.
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Je crois à la vertu de l’homme à cheval, mais il faut qu’il reste muet. S’il prononce un mot, c’est comme s’il mettait pied à terre.
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Je venais de m’apercevoir que tout le pays était truqué. Les fermes n’étaient plus des fermes, les bois n’étaient plus des bois, les routes n’étaient plus des routes, les enfants n’étaient plus des enfants, dès qu’on mettait le pied dans ce pays, on tombait dans un appareil à tuer et à dévaliser. Il devait même fonctionner automatiquement, à la façon d’un estomac qui digère tout ce qui tombe dans sa panse ; en tout cas, qui s’attaque à tout ce qui tombe dans sa panse, car je n’avais pas du tout envie d’être digéré.
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J’avais l’habitude de ces détrousseurs de grands chemins : ils ne sont pas courageux ; s’ils étaient courageux, ils travailleraient.
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Rentré à Aubagne, je repris mon cheval. Il faisait une nuit d’été somptueuse ; dans les vallons frais, des rossignols attardés multipliaient les étoiles. J’aime ce chant qui est comme un silence et ce fourmillement de lumière qui est la nuit. La route montait. J’allais au pas. A y réfléchir, Costa avait disparu vers minuit, je n’avais plus revu le « bon vieillard » : les hostilités avaient dû s’engager ; étions-nous gagnants ou perdants ? Restait aussi à définir le regard qu’avait eu la marquise en dansant avec moi. Je l’ai dit : son habilité la rendait semblable à du vent. Qui peut se flatter de tenir le vent dans ses bras ? Son regard n’était pas un regard de victoire mais un regard intelligent. C’est autre chose ; et qui ne m’apportait pas la paix dans ces vallons sonores.
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A peine sortis de la cour de l’auberge, le vent nous enveloppa. Nous étions encore protégés par le massif de la Sainte-Victoire, mais le ciel grondait et étincelait comme il n’est pas permis à un ciel chrétien. Il y avait mille fois plus d’étoiles qu’à l’ordinaire, et la voix de l’univers n’était certainement pas celle de l’enfant de la crèche.
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Je pris par les champs. C’était le crépuscule le plus clair du monde. Le vent était de noroît et d’une violence royale : un mistral bien établi dans son septième jour, glacé, tranchant, et dont les coups allumaient dans mes yeux des lueurs vermeilles. Le ciel était vert d’un bord à l’autre, les premières étoiles s’allumaient dans un air si pur qu’elles semblaient nouvelles.
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Depuis longtemps il attendait la venue d'un homme. Il ne savait pas qui. Il ne savait pas d'où il viendrait. Il ne savait pas s'il viendrait. Il le désirait seulement. C'est comme ça que parfois les choses se font et l'espérance humaine est un tel miracle qu'il ne faut pas s'étonner si parfois elle s'allume dans une tête sans savoir ni pourquoi ni comment.
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Mais je ne suis pas très apprivoiseur. Ce n'est pas à moi qu'on verra des oiseaux sur l'épaule ou dans la barbe.(En parlant de barbe, la mienne est devenue tout ce qu'il y a de bien. Il faut même que, de temps en temps, je la taille au ciseau.) Je ne suis pas de ceux qu'on admire parce qu'ils sont les maîtres des animaux. Ou qui paraissent l'être. Pour apprivoiser qui que ce soit, il faut être trop longtemps son domestique. Et pour monter un petit numéro d'amour-amour, avec becquetage des lèvres et tout le saint-frusquin, il faut trop avoir été soumis, gentil, et tout et tout... je suis d'ailleurs comme ça avec les chats et les chiens. Je ne leur fait pas d'avances. Au gens non plus. Enfin, c'est rare.
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Il faisait un temps de plein hiver rose et gris, si aigre qu’au plus petit déplié de vent on était griffé à pleine peau. Dès le matin, de longs nuages pointus comme des barques traversèrent le ciel. Rien ne bougeait, sauf cette silencieuse navigation.
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La pluie a ciré les branches nues des arbres. L’hiver est venu. Les nuits sont mortes. Il n’y a plus d’étoiles, plus de bruit, plus de vent.
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Je ne dormais plus. J’écoutais le temps qui glissait dans la nuit.
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Mes mains étaient bleues de froid. Puis le temps se mit à ronronner et il joua avec la terre à demi-griffe, comme un chat avec une pelote de laine. Des fois on sentait la griffe, d’autre fois la douceur tiède d’un beau poil profond, parfumé de sueurs de bêtes. Enfin il griffa le dessus des arbres et les fleurs sortirent ; il égratigna les prés et on entendit les rainettes ; il creva les collines ; les rossignols s’envolèrent et ce fut le printemps.
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Le silence était tout autour de nous comme du sable dans du vent. A peine s'entendait de loin en loin le bruit d'un pinson éveillé qui tapait du bec sur sa mangeoire. Un mouton soupira. La nuit dehors, eut comme un tressaut des ailes, puis elle resta sans bouger à couver le monde sous ses plumes noires.
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Les jours recevaient de grands coups de feu qui éclaboussaient de la poussière jusqu’aux hauteurs du ciel. On trouvait sous l’ombre grise des thyms des alouettes exténuées, paupières clauses, haletantes, ébouriffées et qui revenaient des hauts parages de l’air. Tout le long du jour, sous les coups de soleil, elles jaillissaient comme des étincelles, elles fusaient en sifflant jusqu’aux assises de ciel bleu où ruisselait encore un mince fil de frais. Leur scintillement s’éteignait et elles retombaient, grises et lasses. Les pies et les corbeaux restaient à l’affût, près des puits. Dès qu’ils entendaient grincer la chaîne, ils arrivaient. Ils appelaient vers la femme qui puisait l’eau. Ils venaient becqueter les flaques d’eau et, tout d’un coup, ils s’envolaient ; un renard débouchait du buisson, s’élançait, tête baissée, vers le seau, voyait la femme, sautait en arrière et repartait vers les collines. Il aboyait vers le soleil.
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Soudain on déboucha sur le boulevard. On eut en plein visage toute la braise des étoiles et on entendit les collines qui gémissaient sous la main du vent.
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