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Citations de Jean-Luc Lagarce (174)


Nous serons amoureux, évidemment, le moins qu'on puisse. Et pas toujours en silence, pénibles et envahissants, et indignes, c'est bien et pas toujours mélancoliques et pas toujours fidèles et purs et pas toujours, je ne sais plus, mais amoureux, ça oui !
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Je me taisais pour donner l'exemple
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LA FEMME DE L'ANCIEN GOUVERNEUR
Vous ne nous dites jamais rien. C'est difficile pour nous, vous savez cela. Nous nous interrogeons. c'était il y a quelque temps..... Nous nous interrogions : Est-ce que ce n'est qu'un jeu ?... Rien qu'un jeu, une sorte de jeu, qui, ainsi, consisterait à nous contraindre encore plus.... Et ce n'est pas une mauvaise méthode, il ne me semble pas. Après tout, c'est habile, pourquoi pas ? Est-ce que je sais ? De nouvelles directives sur le sujet, c'est possible...

L'ANCIEN GOUVERNEUR
A ce que je crois savoir.... de mon temps.... (j'en suis déjà à cette expression !), de mon temps, déjà, il y avait un certain nombre de gens employés à la mise au point de ce type de procédés, la recherche minutieuse de cette sorte de technique....

LA FEMME DE L'ANCIEN GOUVERNEUR
Rien qu'un jeu consistant à parler le moins possible et à nous écouter..... Le silence de votre part, n'Est-ce pas un encouragement tacite à nos bavardages les plus désordonnés ?..... J'imagine que beaucoup de choses sont saisies et resserviront plus tard....
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Aubier : Je fais fonction de directeur départemental.
Brulat, à son mari : Puisque tu es là, essaie de te rendre utile. Je voudrais savoir de quel côté penche l'ivrogne.
Mariani : Vous faites fonction ? Vous avez été nommé à ce titre, non ?
Aubier : non, non, "je ne fais que fonction". Ma nomination n'a jamais été définitive. Ce n'est pas un problème, bien évidemment, mais les faits sont là, je n'ai pas le titre exact...
Schwartzer : et les émoulements, j'imagine.
Nelly, elle rit : surtout, oui.
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C'était comme le bonheur le plus grand, aujourd'hui, le souvenir que j'en garde, c'était comme le bonheur le plus grand d'être si paisibles et le désespoir encore de savoir qu'on se quitte.
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ANTOINE :
- Je n'ai "rien dit", ne me regarde pas comme ça ! ...
Qu'est-ce que j'ai dit ?
CE n'est pas ce que j'ai dit qui doit, qui devrait, ce n'est pas ce que j'ai dit qui doit t'empêcher,
je n'ai rien dit qui puisse te troubler.
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On me lave. Elles font ça machinalement, elles vous assoient sur le bord de la baignoire carrée, elles font tenir le sac d’os et elles le lavent machinalement. J’ai froid au cul et j’ai mal d’être posé ainsi en équilibre. Elles partent du côté droit dessus le bras, dessous le bras, elles descendent le long des côtes, elles recommencent sur côté gauche, dessus le bras, dessous le bras, machinalement, elles font toutes les mêmes mouvements, une technique, cela doit s’apprendre, il doit y avoir des cours d’apprentissage de nettoyage de sac.
Elles nettoient le sexe brutalement, elles empoignent le sexe, cette pauvre petite chose ridicule, maintenant, elles le décalottent et le nettoient, elles font ça machinalement, puis elles descendent le long des cuisses, côté droit, l’intérieur, l’extérieur, puis côté gauche l’intérieur, l’extérieur. Elles font basculer le corps et s’occupent du dos, du cul.

On n’est rien, on est l’objet de tous les soins, on doit être quelque chose.

[L’Apprentissage]
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C’était il y a dix jours à peine peut-être
où est-ce que j’étais ?
Ce devait être il y a dix jours
et c’est peut-être aussi pour cette unique et infime raison
que je décidai de revenir ici.
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Il y a des jours où il faut dire non, même si on meurt en disant ce mot-là.
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Cette fille-là, on ne croit pas, la première fois où on la regarde,
on la suppose fragile et démunie, tuberculeuse ou orpheline depuis cinq générations,
mais on se trompe,
il ne faut pas s'y fier :
elle sait choisir et décider,
elle est simple, claire, précise.
Elle énonce bien.
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Je pense du mal.
Je n'aime personne, je ne vous ai jamais aimés, c'était des mensonges, je n'aime personne et je suis solitaire, et solitaire, je ne risque rien, je décide de tout, la Mort aussi, elle est ma décision et mourir vous abîme et c'est vous abîmer que je veux. Je meurs par dépit, je meurs par méchanceté et mesquinerie, je me sacrifie. Vous souffrirez plus longtemps et plus durement que moi et je vous verrai, je vous devine, je vous regarderai et je rirai de vous et haïrai vos douleurs. Pourquoi la Mort devrait-elle me rendre bon? C'est une idée de vivant inquiet de mes possibles égarements.
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Il faut que je trouve la force de faire le point, réfléchir à ma vie, et ce que je veux faire, le temps qu'il me reste.
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Quand vous dites « l’homosexualité »… On me dit : « Est-ce que la visibilité (parce qu’on parle comme ça) de l’homosexualité, aujourd’hui, c’est important ou pas ? » Je n’en sais rien. Pour moi, en tous cas, ça ne l’est pas. Je n’ai pas à dire : « Bonjour, Jean-Luc Lagarce, homosexuel. » Je m’en fiche. Je ne suis pas un auteur homosexuel, pas plus que je ne suis un auteur franc-comtois. Je déteste ces compartiments. Cela sent le « politiquement correct ».
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La Fille‚ elle venait comme ça‚ du fond‚
là-bas‚
elle entrait‚
elle marchait lentement‚
du fond de la scène vers le public‚
et elle s’asseyait.
Parfois‚ c’est arrivé plusieurs fois‚ parfois‚
parce qu’il n’y avait pas la possibilité d’entrer par le fond‚
ou parce que la scène n’était pas assez profonde
ou d’autres fois encore‚ parce que la lumière avait dû être réglée autrement‚
la Fille‚ alors‚
c’était une habitude qui avait été prise pour faire face à ce genre d’incidents‚
la Fille entrait sur le côté dans le fond de la scène et alors‚ assez habilement je dois dire‚ elle effectuait un léger demi-cercle et gagnait ainsi la ligne centrale pour avancer‚
« comme si de rien n’était »‚
vers le public‚
et s’asseoir‚ au même endroit‚ de la même manière‚
lente et désinvolte.

Parfois encore‚ une ou deux fois‚
et pas plus tard qu’il y a un an‚
parfois encore‚ au fond de la scène‚ il n’y avait aucune porte‚
et dans ces cas extrêmes‚
mais il était bon de les prévoir au cas où‚
puisque pas plus tard que l’an dernier‚ et d’autres fois encore‚
et dans des circonstances qui ne le laissaient pas prévoir‚
une telle situation pouvait se révéler possible‚
il avait été prévu que la Fille‚
mais ce devait être exceptionnel‚
la Fille serait déjà là‚
elle attendait au fond‚ et lorsque cela commençait
– mais c’est elle toujours qui décida du début –
lorsque cela commençait‚ elle avançait en ligne droite vers le public et elle s’asseyait‚
de la toujours même manière lente et désinvolte.
Comme ça‚ « l’air de rien ».

Parfois encore‚ une fois‚
deux‚
je ne sais plus‚
et il serait bon‚ franchement‚
c’est ce que je pense‚
parfois‚ une ou deux fois‚
trois‚
admettons quatre‚
je compte‚ je réfléchis et je compte‚
mettons quatre fois‚
parfois‚ non seulement il n’y eut pas de porte‚
où que ce soit‚ ni au fond‚ ni sur le côté‚
et d’autre part
– c’est là que je veux en venir –
et il faut reconnaître que ce n’était pas rien‚
– quand j’ai vu ça‚ j’en aurais pleuré‚ et bien que cette éventualité-là fût prévue‚
je n’aurais jamais imaginé devoir un jour m’en servir‚
y recourir –
d’autre part‚
la scène était si petite‚ vraiment‚ de là à là‚ pas plus‚
que rien ne permettait de marcher‚ très lentement‚ et d’une manière désinvolte‚ rien‚
franchement‚ il fallait l’admettre
– j’en aurais pleuré‚ c’est vrai‚ on ne me croit pas‚ j’ai l’air comme ça‚ mais j’en aurais pleuré –
si petite‚ oui‚ qu’il fallut que la Fille‚
c’était la solution‚
que la Fille soit déjà là‚ assise‚ l’air de rien‚ déjà‚ oui‚ déjà‚
toute coincée entre le fond et le public‚ si proches l’un de l’autre.
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Tu ne disais rien. Tu buvais ton café, tu devais boire un café
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Je parle trop mais ce n'est pas vrai, je parle beaucoup quand il y a quelqu'un, mais le reste du temps, non, sur la durée cela compense, je suis proportionnellement plutôt silencieuse.
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Je me réveillai avec l’idée étrange et désespérée et indestructible encore
qu’on m’aimait déjà vivant comme on voudrait m’aimer mort
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Les gens qui ne disent jamais rien, on croit juste qu'ils veulent entendre,
mais souvent, tu ne sais pas,
je me taisais pour donner l'exemple.

-Antoine
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Je cédais.
Je devais céder.
Toujours j'ai dû céder. (...)
[J]e cédais, je t'abandonnais des parts entières, je devais me montrer, le mot qu'on me répète,
je devais me montrer "raisonnable".
Je devais faire moins de bruit, te laisser la place, ne pas te contrarier (...).
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LOUIS. — Au début, ce que l’on croit
– j’ai cru cela –
ce qu’on croit toujours, je l’imagine,
c’est rassurant, c’est pour avoir moins peur,
on se répète à soi-même cette solution comme aux enfants qu’on endort,
ce qu’on croit un instant,
on l’espère,
c’est que le reste du monde disparaîtra avec soi,
que le reste du monde pourrait disparaître avec soi, s’éteindre, s’engloutir et ne plus me survivre.
Tous partir avec moi et m’accompagner et ne plus jamais revenir.
Que je les emporte et que je ne sois pas seul.
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