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Critiques de Jean-Marc Gancille (20)
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Carnage

Il est petit, sa peau est fragile, il n'est pas très fort, pas très rapide.

Il a des fusils, des filets, des buldozers.

Il a une forme d'intelligence.

Il invente, fabrique, achète, jette.

Il communique sur la toile, jusqu'aux étoiles.

Il ne sait plus qui il est, à quoi il sert. Il s'illusionne.

Il se propage, presque aussi vite qu'un virus.

Il tue, brûle, pollue, fore, écrase, gaspille.

Il mange, devient obèse, anorexique, déprimé, puéril.

Il affame, assoiffe, fait l'autruche.

Il est poète, philosophe, tractoriste, actionnaire, rêveur, briseur.

Il rit, il pleure. Il oublie. Recommence.

Il parque les lions, les girafes. Pour leur survie. Il paie pour les abattre entre les barbelés, se sent puissant, fait une photo le sourire en gâchette.

Il admire les dauphins, les requins, les méduses, dans leurs prisons de verre.Trop étroites, un goût de béton, aucun horizon aquatique. Il les soigne, les protège de l'océan ratissé jusqu'au corail par les grands chalutiers. Il est humain.

Il apprend aux enfants comment vivent ses cousins les chimpanzés, et aussi les éléphants, les tigres..., toute la belle faune sauvage, si loin de chez elle. Il singe la réalité. Il la soigne, la protège des chasseurs de trophées, de la sécheresse, de la déforestation.

Il multiplie cochons, moutons, veaux, poules. Et même les visons, juste pour la douceur de leur fourrure. Les abattoirs, c'est pas comme les aquariums, ils n'ont pas de vitres.

Plus de 7 milliards d'êtres humains à nourrir. Ils vont pas brouter de l'herbe, c'est pas des moutons. "La viande et le poisson c'est bon, quand-même ?"



On pourrait penser autrement la vie, notre rapport à ce qui nous entoure, tous les êtres, les plantes, les fleuves, la terre. On pourrait manger autrement, partager, préserver. On pourrait.



Juste après cet essai, j'ai lu le roman de Jørn Riel : le jour avant le lendemain.

Le peuple des Inuits savait vivre en harmonie avec les autres espèces. On ne pourrait plus vivre comme le faisaient ces tribus indigènes, ou comme le font encore quelques tribus isolées, notre culture est trop éloignée de la leur. Mais on peut réapprendre à écouter le monde, à ne plus piétiner, asphyxier, essorer la planète jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de vers de terre, d'abeilles, de krill. Peut-être bien qu'on vivrait plus heureux. Qui sait ?



Je remercie Les Éditions Rue de l'Échiquier et Babelio pour cet essai percutant. Un portrait sans concession de l'homme, ce sauvage qui ravage tout sur son passage. Un vrai carnage.











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Ne plus se mentir

Un livre qui se veut coup de poing, qui veut réveiller le lecteur et tout un chacun à l'urgence climatique...

Dans un langage parfois un peu trop savant, l'auteur veut nous montrer qu'il est en fait déjà trop tard et que même des mesures radicales, que nos sociétés ne prendrons pas, ne nous permettront pas d'éviter le pire...

Un peu trop extrémiste et un peu trop démotivant pour moi, sensible à la problématique climatique et adepte des solutions simples et directes.. Je pense que l'auteur manque la cible!.
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Carnage

"Pour en finir avec l'anthropocentrisme".

De la pêche artisanale aux safaris-chasse en passant par les delphinariums, la domestication des animaux ou les rituels sacrificiels, Jean-Marc Gancille décortique tout. Nous sommes une espèce génocidaire. Génocidaire parce que "anthropocentrée".

L'espèce humaine est persuadée d'être dans son droit quand elle asservit et tue des milliards d'animaux chaque jour, détruit des habitats pour en réquisitionner les surfaces, bricole la génétique des espèces pour assouvir ses plaisirs.

Mais l'espèce humaine sait trier. le chat, le chien ou le cheval nous émeuvent plus que d'autres. Pourtant, les massacres perpétrés dans les abattoirs chaque jour pour remplir nos assiettes ne sont pas moins atroces que ceux perpétrés contre les chevaux français dans nos champs, ou contre les dauphins dans nos eaux territoriales. Penser qu'un cheval a plus de valeur qu'un cochon est ce que l'on appelle du "spécisme".

Jean-Marc Gancille, dans des chapitres courts, à l'écriture particulièrement efficace, abordable dès l'adolescence, décortique l'état des lieux, avec des chiffres vertigineux, depuis que l'homme a domestiqué les animaux, jusqu'à nos jours. Il cherche ensuite les justifications à ce carnage en les démontant une par une, pour enfin proposer des solutions viables, tant pour notre planète que pour notre santé, mais surtout pour les animaux.

J'ai été conditionnée à ce massacre, à trouver des excuses plus ou moins valables au spécisme, à me complaire dans cet anthropocentrisme millénaire: "Oui, mais c'est tellement bon. Puis les animaux ont été créés pour nous!" Aaah, les fameuses idées judéo-chrétiennes.

Il m'aura fallu 15 ans pour m'éduquer grâce à des Gancille, convaincre mes proches, encaisser les moqueries, sortir du "Oui, mais c'est bio et local", mais aussi tâtonner pour déconstruire les repas "à la française", apprendre de nouvelles recettes.

Quand j'ai commencé il y a 20 ans, c'était par conviction. Aujourd'hui, il y a urgence.

Si vous aussi êtes irrité par le "Mais on a toujours fait comme ça", lisez cet excellent essai. Éduquez-vous. On s'éduque tous les jours.
Lien : https://carpentersracontent...
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Ne plus se mentir

"Ne plus se mentir" devant le désastre écologique, regarder la gravité de la situation en face, ne pas chercher à garder espoir mais plutôt s'armer de courage pour affronter ce qui nous attend, pour révolutionner le fonctionnement du monde actuel... c'est ce que semble proposer l'auteur dans ce livre. J'ai trouvé le propos très intéressant, il amène à réfléchir et, en effet, à exercer sa lucidité, à mesurer l'ampleur de l'effondrement écologique et l'intérêt qu'y trouvent encore les industriels et politiques.

L'auteur propose aussi des moyens d'agir : s'unir collectivement pour renverser l'ordre des choses, révolutionner cette civilisation de la consommation pour tendre vers la sobriété et le respect des autres espèces animales.



J'ai cependant été gênée dans ma lecture par le ton de l'auteur, trop péremptoire à mon goût. Je comprends que l'importance du propos nécessite une certaine gravité et un désir de convaincre, mais, personnellement, je me suis sentie parfois agressée par un discours qui ne laisse guère place au doute et à l'ouverture vers l'autre.

J'ai trouvé aussi quelques incohérences, notamment entre le fait de condamner les petites actions individuelles et celui de prôner la réduction du pouvoir d'achat, qui, me semble-t-il, débute par une prise de conscience et, au moins au départ, une action individuelle.

Enfin, j'adhère complètement au fait que "ce dont nous aurons certainement le plus besoin pour tenir dans les temps qui viennent c'est de fraternité, de vitalité et d'amour". Alors, j'aurais aimé sentir un peu plus d'amour dans ce texte...



Un grand merci aux éditions Rue de l'échiquier et à l'opération Masse critique de Babelio pour cette instructive découverte.
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Carnage

Après Ne Plus se mentir, pamphlet sur notre inertie face à la crise environnementale, Jean-Marc Gancille reprend la plume pour défendre la cause animale, celle qu'il défend sur le terrain quotidiennement. Nettement plus étoffé que son premier titre, Carnage présente toutefois une bibliographie encore trop peu fournie pour pouvoir prétendre peser dans le débat théorique. Mais, la conviction sincère et engagée de l'auteur, sa faculté à surmonter les positions clivantes, ainsi que sa lucidité devraient toutefois faire de ce livre une référence incontournable pour la cause animale, et potentiellement permettre une remise en cause de nos pratiques, jusqu'à interroger notre propre humanité.





Une extinction ou une extermination délibérée ?



On pourrait croire que les temps modernes tendent vers un rapprochement entre animaux et humains (animaux de compagnie, zoos, multiplication des parcs naturels, programmes de préservation des espèces...). En réalité, la modernité scelle un divorce sanglant. Carnage nous en dresse l'implacable panorama.



Rien que pour notre alimentation, selon une étude de la FAO portant sur la seule année 2012, le nombre d'animaux terrestres élevés et mis à mort dans le monde pour l'alimentation se montait à quelque 67 milliards. Des chiffres qui s'élèvent probablement à plus de 1000 milliards pour les poissons.



Encore faut-il ajouter à cela, la surpêche, les zoos, la disparition des insectes, la chasse, les déforestations, la chasse d'animaux sauvages et le trafic d'organes d'animaux.



L'essai de J.M. Gancille va tenter de comprendre pourquoi nous restons indifférents à ce massacre, pourquoi il faudrait que cela change, et comment.





Un massacre dispensable et préjudiciable



Cet état de fait est-il inéluctable ? La première objection faite aux animalistes consiste à dire que tous ces animaux ne sont pas tués pour le plaisir mais pour l'alimentation de plusieurs milliards d'individus.



L'auteur réfute cette assertion.



Le carnage a effectivement pour but principal l'alimentation humaine. Il est pourtant largement établi que les protéines animales ne sont pas nécessaires pour une alimentation saine. Bien au contraire, les risques de maladies sont multipliés par rapport à une nourriture végétale.

Mais, l'argument majeur est que l'élevage monopolise des espaces considérables : « L'élevage mobilise 80 % des surfaces agricoles en France et 70 % au niveau mondial, à travers les pâturages et les cultures destinées à l'alimentation animale (alors qu'il ne produit que 18 % des calories alimentaires et 37 % des protéines consommées dans le monde) » (p115).

Ainsi J.M. Gancille reprend les mots de Levi-Strauss : « Si l'humanité devenait intégralement végétarienne, les surfaces aujourd'hui cultivées pourraient nourrir une population doublée ».



Il faut donc comprendre qu'il en va de notre survie dans des conditions humaines de réorienter notre alimentation :



« Orienter l'agriculture vers la production végétale apporterait de nombreux bénéfices : une meilleure santé publique, une réduction de très nette des impacts écologiques de l'alimentation, la possibilité de récupérer des terres pour créer des puits de carbone et, bien sûr, une réduction drastique de la souffrance des bêtes. Pour toutes ces raisons, tuer des animaux pour le plaisir égoïste et dispensable de les manger devrait être interdit. Ceux qui considéreraient cette position comme scandaleusement liberticide devraient comprendre qu'aucune liberté ne peut découler d'une posture de domination. Mais ils devraient aussi se forcer d'imaginer combien le laisser-faire nous conduit à un monde invivable plus certainement liberticide que celui résultant du choix en conscience d'enrayer cette machine infernale d'extermination du vivant » (p164).





Malgré les rapports scientifiques, les vidéos insoutenables dans les abattoirs, le massacre continue, au grand désespoir des militants de la cause animale. Malgré un débat public intense sur la question, la consommation de viande n'a par exemple pas changé entre 2010 et aujourd'hui. Pourquoi ?



Selon J.M. Gancille, le premier frein est le travail d'invisibilisation effectué par tous les acteurs du carnage. On peut aussi voir une collusion entre ces acteurs privés et les institutions publiques, un faisceau d'intérêt solidement enchevêtrés.



A ce sujet, J.M. Gancille étrille la politique de l'actuel gouvernement :



« les avancées législatives sur la question animale sont timides et symboliques, quand elles ne sont tout simplement pas en régression. L'examen en 2018 du texte issu des états généraux de l'alimentation a vu rejeter l'ensemble des amendements favorables aux animaux, notamment ceux qui traduisaient des engagements de campagne du Président de la République (mise en place du contrôle vidéo dans les abattoirs, fin des élevages de poules en cage) et ceux relatifs aux pires pratiques d'élevage et d'abattage (fin du broyage des poussins mâles, interdiction de la castration à vif) » (p128).



On peut y ajouter les cadeaux incessants aux chasseurs, le renoncement à la lutte contre les néonicotinoïdes, etc. Le plus alarmant reste toutefois la criminalisation de la cause antispéciste (cellule Demeter de la gendarmerie) et l'assimilation de toutes formes d'activisme écologique à du terrorisme.





Le paradigme de l'animalité humaine



Après avoir analysé ce qu'on pourrait appeler les causes extérieures de notre inertie, J.M. Gancille, va pointer une cause plus intime. Second mouvement de l'argumentation, la vieille conception anthropocentrique est accusée d'être à l'origine de l'indifférence générale au massacre des animaux.



L'idée est de nous rapprocher des animaux pour nous permettre de mieux les respecter. Pour cela on va mettre en avant ce qu'on appelle la sentience animale. Comme les êtres humains, les animaux sont des êtres sensibles.



Il faut ici remarquer que l'auteur est en droite ligne avec la plupart des éthiques animales qui tentent de substituer à l'anthropocentrisme un zoocentrisme. Pour cette raison, son propos prête le flanc aux critiques comme celle d'Etienne Bimbenet dans son essai Le Complexe des trois singes.



On peut ainsi craindre que l'animalité de l'homme ne devienne un énoncé presque indiscutable, comme un fétiche, au détriment d'une analyse rationnelle. Non pas que l'animalité humaine soit fausse en soi. Elle est simplement incomplète. Depuis Darwin, nous avons renoncé à une définition surnaturelle de l'être humain. Doit-on pour autant croire que l'animalité épuise le sens de notre humanité ?



Le philosophe E. Bimbenet constate à juste titre que les éthiques animales ont tendance à se fonder sur les données de la biologie, primatologie, éthologie, etc., en tournant ostensiblement le dos aux sciences humaines.

Et Carnage ne déroge pas à la règle : « une autre étude de 2018 confirme que les animaux communiquent entre eux de manière similaire aux humains. La prise de parole à tour de rôle était auparavant considérée comme un élément distinguant le langage humain de la façon dont les animaux se parlent, mais ce travail de recherche a révélé que la caractéristique existe dans tout le règne animal » (p120).

Or, si J.M. Gancille s'appuie ici sur un article d'une revue généraliste (Independent.co.uk), on remarque rapidement que la distinction proposée entre langage humain et communication animale n'est que peu représentative, se cantonne à un énoncé éthologique, et ignore les thèses des sciences humaines. Ainsi, par exemple, le chercheur en sciences cognitives Peter Gärdenfors suggérait dans son Comment Homo est devenu Sapiens que ce qui démarque le langage d'une simple communication relève du symbolisme, c'est-à-dire de la possibilité de se référer à quelque chose hors du contexte dans lequel le locuteur est inscrit. Lorsqu'un primate communique avec un autre, cela peut être par exemple pour demander de l'aide pour attraper un fruit. Mais cela n'est jamais pour échanger sur un souvenir ou un rêve lointain. Dans toute communication animale, il y a toujours un intérêt immédiat ou un enjeu imminent.



Un texte majeur, évoqué par les tenants du zoocentrisme, et que cite J.M. Gancille – la Déclaration de Cambridge de 2012 – utilise des termes comme : perception consciente, comportements émotifs, niveaux de conscience quasi-humains, capacité de se livrer à des comportements intentionnels.

Or, il est patent qu'en aucun cas n'est évoquée une conscience réflexive.

Les éthiques animales mettent en avant les points communs, mais éludent les différences. Or, cette manière de procéder présente le risque de nous replonger dans une sorte de métaphysique inversée où l'on nie la spécificité humaine. A terme d'aboutir à une forme de misanthropie, dont est toutefois totalement exempt, il faut le souligner, le texte de J.M. Gancille.



On peut malgré tout accorder à l'auteur la nécessité de prendre ses distances par rapport à un anthropocentrisme nécessairement inadapté à toute envie de prendre en considération la vie animale. Il s'agit maintenant de voir comment y travailler.





Une question politique



Sur le plan juridique, le Code Civil français reconnaît, depuis 2015, l'animal comme « un être vivant et de sensibilité » (article 515-14). Pourtant, dans les faits, nous en sommes loin.



Comme dans Ne plus se mentir, J.M. Gancille appele à prendre la mesure du problème et agir en conséquence : « Le droit ne saurait en effet suffire [...] On ne réglera pas l'Holocauste animal par une énième loi, non appliquée, sur le bien-être dans les abattoirs. » (p147). Il faut à tout le moins des mesures plus fortes et plus radicales que celles tentant de simplement ménager la peine des animaux (Welfarisme 1) !



Il s'agit de tendre vers des relations moins injustes avec les animaux, leur permettre de vivre une existence pleine et entière libérée de l'assujettissement et renoncer à les mettre à mort.



Cela nécessite une rupture radicale dans notre conception du monde : considérer que les animaux sont également des sujets de droits. J.M. Gancille prend en exemple le projet porté par Sue Donaldson et Will Kymlicka dans leur ouvrage Zoopolis2. En situant la question animale sur un plan politique, plutôt que moral, on ouvre des perspectives radicalement nouvelles.





Conclusion



Ce deuxième essai de J.M. Gancille invite à la remise en cause de notre quotidien. Dans un monde en proie à une crise environnementale de plus en plus aiguë, il ne s'agit pas simplement de changer de régime alimentaire, de devenir 'végan'. Il s'agit de rompre avec notre inertie face à un carnage aux proportions inouïes qui signe notre propre déshumanisation.

Au final, Carnage représente sans doute l'une des plus percutantes introductions à la philosophie animaliste et en démontre toute la pertinence dans le contexte de crise actuelle. Son auteur peut ainsi conclure :



« La cause animale n'est pas un délire d'extrémistes mais précisément l'inverse : elle est la cause de l'humanité, la clé d'une reconstruction éthique, écologique, sociale et politique potentiellement susceptibles de nous sauver de nous-mêmes » (p194)



Plus de détail sur le Blog Philo-analysis


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Ne plus se mentir

J’ai eu un peu peur au début – d’abord parce que ça va totalement à l’encontre de ma façon de voir les choses. Mais Jean-Marc Gancille a réussi à me faire passer l’état de petit choc que je vivais pour me démontrer en quoi ce qu’il me disait était logique et ce qu’on pouvait faire encore, même si « il est encore temps » est illusoire. J’ai surtout eu peur, en fait, du côté un peu fataliste de dire que ce qu’on fait à petite échelle ne suffit pas. Toutefois l’auteur m’a très vite rassurée : à aucun moment son propos n’est fataliste, que du contraire. Il est inspirant et pousse à se repositionner encore un peu sur ses positions écologiques.



Ce livre est finalement un appel à la révolution nécessaire que l’humanité va devoir vivre pour sauver sa planète. Je reconnais que je suis loin d’être prête pour ce bouleversement. Mais je me rends compte de plus en plus d’à quel point il est nécessaire et inévitable, et ce livre m’a aussi aidée à comprendre quelque chose qui pourrait pourtant couler de source : perdre une partie de notre confort serait la meilleure chose qui pourrait nous arriver pour sauver ce qu’on peut encore sauver. Ne pas le faire risque d’être bien pire. Alors oui, je vous dis ça bien au chaud derrière mon PC. Comme je viens de le dire, et comme le pointe l’auteur, c’est assez anxiogène cette idée qu’on doit renoncer à des avancées pour y arriver.



Mais surtout, le point que l’auteur essaye de démontrer, c’est qu’il n’est pas efficace de le faire seul dans son coin. C’est l’ensemble de notre société qui va devoir être chamboulée dans ses fondations les plus profondes pour qu’on y arrive. La partie la plus fataliste du livre résiste finalement dans le fait, assez juste, que les mentalités des puissants ne vont pas aller dans ce sens-là. Alors il faudra que cela vienne de tous les autres.



C’est une belle claque que je me suis prise avec cette lecture – mais une claque nécessaire et qui me pousse à réfléchir encore plus à tout ça. Je vais bientôt revenir sur un autre « support » pour cette thématique et un tout autre point de vue, puisque j’aimerais te parler ici de la conférence donnée par Rob Hopkins à Mons – toute aussi inspirante, un peu moins fataliste (mais est-ce une bonne chose finalement ?)
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Ne plus se mentir

Quelle déception.

Pourtant, Gancille prêchait un convaincu. Mais comment être d'accord avec ce texte qui vient sans cesse démoraliser le lecteur en rejetant la faute sur "nos élites" ? Le changement ne peut pas passer par l'action individuelle nous dit l'auteur.



Pourtant, pour qui produisent les entreprises ? Qui remplit les avions ? Qui élit les politiciens ? Il me semble que tout changement collectif entraîne des changements individuels, et inversement, la somme de changements individuels entraîne des changements collectifs. Donc, agissons, questionnons sans cesse nos modes de consommer et les modèles sociaux qui en découlent, votons pour protéger notre environnement et non pour le barricader, et surtout partageons : les connaissances, les sentiments, l'espace, partageons.



Si les entreprises et les gouvernements finissent par prendre la marche, accueillons les, mais arrêtons de les attendre.
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Ne plus se mentir

Merci à Babelio et Rue de l'échiquier pour cette participation à cette masse critique.

Mr Gancille a un écrit un livre qui bien que (malheureusement) très réaliste donne sérieusement envie de sangloter, roulé en boule dans son canapé.

La vision du futur qui nous ait proposé ici est dure, impitoyable, catastrophique, donne des sueurs froides. Les alternatives pour rattraper la catastrophe imminente sont inexistantes, il ne faudrait pas se mentir...

Pour l'auteur, qui écrit assez bien, il faudra compter sur l'humain pour s'en sortir... et on sait bien que l'humain est faillible, changeant, égocentré. Parfois capable de choses magnifiques, mais noyées dans un conglomérat d'horreurs. Il faudra compter sur notre mémoire, pour pouvoir raconter à nos enfants un monde qui n'existera plus. L'avenir parait bien sombre... There is no planet B...
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Comment l'humanité se viande - Le véritable imp..

‘Le principal fléau de l’humanité n’est pas l’ignorance, mais le refus de savoir’ disait Simone de Beauvoir. En nous interpellant avec embrasement et urgence dans son dernier essai « COMMENT L’HUMANITÉ SE VIANDE », Jean-Marc Gancille dévoile un pan caché du véritable impact de notre alimentation carnée. Véritable plaidoyer sans concession, précis, rigoureux, documenté et argumenté qui dénonce une situation alarmante si rien n’évolue dans nos habitudes alimentaires.



Près de 80% des terres arables sont accaparées par le bétail et leur alimentation : l’équivalent en superficie du continent Américain. L’heure est pourtant au déni et la filière viande profite de l’angle mort pour s’engraisser : abolir ce carnage est un enjeu existentiel pour l’humanité, notre appétit de protéines animales étant suicidaire avec ou sans modération, la production de viande générant à elle seule 3 fois plus d’émissions de GES que l’ensemble du trafic aérien mondial.



L’impact de notre consommation carnée est vertigineux. Plus de 80 milliards d’animaux terrestres sont abattus chaque année : au-delà du chiffre qui donne la nausée et qui traduit notre faillite morale, il induit un risque majeur et une menace planqués derrière un écran de fumée pourtant dénoncés par les scientifiques, les organismes internationaux et les agences alimentaires et sanitaires. En France notre rapport à la viande reste un puissant marqueur identitaire et nous regardons ailleurs alors que les protéines animales détruisent le monde : elles ne sont pourtant plus nécessaires à la nutrition d’une majorité d’humains.



Jean-Marc Gancille dénonce l’aberration dans un implacable constat. Pour nourrir les animaux de rente, près de 85% des cultures mondiales de soja sont exploitées, première cause de déforestation au Brésil : une vraie bombe atomique en devenir. La FAO publie en 2006 le rapport ‘L’OMBRE PORTÉE DE L’ÉLEVAGE qui fera enfin vaciller l’agro-industrie. Une étape majeure dans la prise de conscience mondiale. L’élevage serait responsable de 14,5% de la production de GES. Cet accaparement de la surface terrestre par l’élevage nuit terriblement à la vie animale sauvage qui voit son territoire morcelé, dispersé et pollué. Les conflits permanents entre éleveurs et protecteurs du loup et de l’ours en France traduisent notre incapacité à partager nos territoires au profit d’une expansion du bétail qui elle, n’a rien de naturel.



En 2023 l’ONU alertait sur le risque imminent d’une crise mondiale de l’eau douce et appelait à modifier nos régimes alimentaires en les orientant vers des produits moins consommateurs d’or bleu.



Marcher sur nos somptueuses plages Bretonnes infestées d’algues vertes n’a plus le charme d’antan : chiens, chevaux, humains y ont déjà laissé la vie. La faute aux élevages intensifs de porcs dont le lisier empoisonne les cours d’eau. Dans le Doubs, c’est la rivière la Loue qui est saturée d’azote et de phosphore en raison de la production faramineuse de comté. La filière a recours à un trop grand nombre de vaches par rapport à la surface du territoire.



L’auteur dessine les contours d’un panorama affligeant et consternant : l’élevage souille l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons et les sols que nous foulons. Une dégradation continue est en marche : le surpâturage est devenu problème mondial quant au pastoralisme qui a des consonances pittoresques, il est lui aussi problématique : la flore est dévastée, les sols érodés.



En pointant du doigt les méfaits pernicieux de notre appétit pour la viande, Jean-Marc Gancille nous met en garde sur la mise en danger de notre santé ainsi que celle des animaux. Nos 8 milliards de corps d’humains représentent des hôtes attractifs pour de nombreux pathogènes tels que parasites, virus, bactéries. Au total, 60% des maladies infectieuses et 75% des maladies émergentes ont une origine animale



Dans cet essai ‘coup de poing’ l’auteur s’attaque aux idées reçues et déconstruit méthodiquement les discours dominants, leur ambivalence, les éléments de langage véhiculant tant d’illusions vertes sur le sujet.



• Non, les prairies pâturées n’ont pas capacité à fixer le carbone atmosphérique. Il n’est pas nécessaire de répandre du fumier pour cultiver. La seule solution durable pour réduire l’usage des engrais aujourd’hui consiste à étendre les surfaces de prairies riches en légumineuses qui elles, ont la capacité de fixer l’azote de l’air dans le sol.



• Manger local ou locavorisme n’a un impact significatif que si le transport est responsable d’une part importante de l’empreinte carbone finale des aliments or il n’est responsable que de 6% des émissions de GES alors que la production de viande et produits laitiers représentent 83%.



• La Chine ne connait pas la honte à construire ces immeubles porcheries géants cauchemardesques de 26 étages emprisonnant 650 000 cochons. L’état de l’Idaho et ses feed-lots ou parcs d’engraissement regroupent eux pas moins de 150 000 bovins sur une seule ferme. Le lobby agricole Français s’appuie sur ces exemples de démesure pour crier haut et fort que l’élevage intensif n’existerait pas dans notre pays vantant l’image d’Epinal d’élevages à taille humaine. L’auteur nous met en garde sur cette distorsion flagrante : la demande en France de protéines animales est massive : on tue par an 1,2 milliard d’animaux. 95% des porcs connaissent l’enfer concentrationnaire, 99% des lapins engraissent jour et nuit en batterie ne connaissant aucun répit. Plus de 8 animaux sur 10 en France sont issus d’élevages intensifs.



• Un autre cliché à déconstruire : la viande serait indispensable à la sécurité alimentaire. Il n’en est rien ! Le bétail mange 41% de la production céréalière mondiale et 76% de celle du soja pour ne fournir que 18% des apports en calorie et 37% des protéines de l’humanité. Se tourner vers des régimes végétaliens contribuerait à répondre aux enjeux d’insécurité alimentaire.



• Autre fausse idée : le petit élevage paysan aurait une influence positive sur le dérèglement climatique. Un ruminant nourri à l’herbe voit son espérance de vie s’agrandir, le moment d’abattage est plus tardif, la production de viande est moindre et le méthane continue d’être émis. L’empreinte carbone se révèle alors la plus élevée dans le système d’alimentation à l’herbe !



Nous sommes seuls responsables et décideurs du contenu de nos assiette et les chiffres alarmant interrogent sur notre déni. Les viandes cachées se trouvent dans les nuggets, pizzas et sandwichs. Les français mangent 2 fois plus de viande que la moyenne mondiale, nul doute qu’à ce rythme aucun des objectifs de consommation durable de viande n’aura de chance d’être atteint. Les lobbies surfent sur l’hypocrisie générale.



Alors que la transition vers d’autres modes d’alimentation devrait être la priorité, jamais les animaux n’ont été autant exploités et massacrés qu’aujourd’hui.



La prise de conscience collective reste dramatiquement faible, l’enjeu ne suscitant que très peu de discussions sur les questions éthiques et sanitaires : il est plus que temps de mener un vrai plan d’action pour nous offrir une chance d’éviter le pire.



Des solutions existent pour opérer un changement radical et salvateur et sortir de ce système carniste. Végétaliser l’alimentation est un premier levier primordial, l’élevage extensif souvent réputé vertueux n’est pas une réponse satisfaisante à la crise majeure que nous vivons. L’abandon de la viande et des produits laitiers devrait être une priorité absolue des plans climatiques. Il y aura d’incommensurables coûts financiers et humanitaires induits par un dérèglement climatique global dans un monde à +4 °, bien plus que si nous pratiquons une transition de l’élevage vers des productions végétales. Notre imaginaire de chasseur cueilleur d’un autre temps est resté figé comme une sorte de résistance au changement. Nous sommes encore persuadés d’être au sommet de la pyramide des prédateurs, nimbés d’une croyance de notre toute puissance.



L’auteur débusque nombre de procédés rhétoriques utilisés par les communicants : vanter le côté naturel, donc sain par essence d’un mode de consommation, est un subterfuge. Sélection génétique, insémination artificielle, antibiotiques, hormones, compléments alimentaires, robots de traite, supervision par ordinateurs, chaines d’abattage mécanisée n’ont rien de naturel ! Cette manipulation des géants de l’agro-alimentaire diabolise les substituts et invisibilise une réalité industrielle pernicieuse et une souffrance silencieuse.



Réduire le cheptel de 30% depuis 2021 comme l’ont fait les Pays-Bas, taxer la viande dont le prix est largement sous- évalué aujourd’hui sont autant de leviers d’action pour enrayer la chute. Tout comme encourager une agriculture végane rejetant élevage ET fertilisants d’origine animale.



En laissant les écosystèmes évoluer d’eux-mêmes, ces derniers enclenchent un processus de reconstruction salutaire. Les loups réintroduits à Yellowstone ont freiné l’expansion des wapitis , les arbres ont pris de la hauteur offrant une ombre bienvenue à de nouvelles espèces d’amphibiens, d’oiseaux. Le réensauvagement pourrait atténuer le réchauffement climatique.



Nous ne pouvons parler des protéines animales sans dénoncer le massacre continu des habitants des mers. Plus de la moitié de la superficie des océans est exploitée par la pêche si peu médiatisée. Le fond des océans est moins accessible, les profondeurs abyssales sombres et peu propices à l’éclairage. Jouant un rôle majeur dans le cycle du carbone ces océans absorbent entre 15% et 40% du Co2 émis par les activités humaines. Plancton, coraux et poissons nous sauvent la mise et pourtant le chalutage de fonds continue détruire les sédiments, vrais réservoirs de carbone.



Autre mythe atomisé par l’auteur : celui de la petite pêche soi-disant durable : la Méditerranée est la mer la plus surexploitée au monde alors que 92% des bateaux qui y évoluent font moins de 12 mètres. En vidant les mers de leurs habitants, nous raccourcissons notre durée de vie de façon dramatique. A l’heure actuelle moins de 3% de l’océan bénéficie d’un haut niveau de protection, ce qui au vu de la catastrophe en devenir, n’est vraiment qu’une goutte d’eau.



Au cœur même de cet enjeu crucial qu’est l’habitabilité future de notre planète, il y a la sentience animale, un concept crucial attribuant un statut moral aux animaux. L’anthropocentrisme est encore bien trop présent: jamais le sort des animaux n’est vu comme une injustice en soi qu’il s’agit de combattre. Cesser de manger de la viande est un choix simple, éthique, écologique à portée de chacun. Y renoncer de manière définitive aurait un effet colossal.



« Seul un projet d’écologie sentientiste permettrait de relever ce défi, marqueur d’une rupture dans notre évolution face à la spirale de destruction qui menace de tout emporter sur son passage, ce serait comme un nouveau départ, un pacte refondé entre nous et le vivant, la condition même d’une dignité retrouvée et finalement notre seule planche de salut’ conclue l’auteur.



Une efficace méthode Danoise prônant des cours d’empathie a vu le jour dans 1000 écoles françaises afin de lutter contre le harcèlement scolaire. Espérons que l’ouverture des chakras saura inclure d’autres espèces que la nôtre. Les enseignants des écoles pilotes ont utilisé une mascotte - l’ami ours - pour incarner les valeurs du respect, de la bienveillance, de la tolérance et du courage. Les enfants peuvent aller le voir en cas de chagrin, pour lui raconter ce qu’il se passe ou le donner à un camarade pour le consoler.



Gageons qu’en suggérant à ces enseignants lire cet ouvrage indispensable de toute urgence et de troquer la mascotte de l’ours contre celle d’un lapin, d’un cochon, d’un veau ou d’un agneau, notre regard changera sur ces grands sacrifiés. En cessant d’exploiter une fois pour toute ce vivant comme une ressource soumise à notre bon vouloir, nous comprendrons enfin tout l’enjeu de ce changement capital de paradigme. Un élan neuf pour une société plus juste.





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Carnage

Dans le cadre de la masse critique non fiction, j’ai lu l’essai de Jean-Marc Gancille Carnage : en finir avec l’anthropocentrisme aux éditions de l’Echiquier. Lors des premières pages, j’ai cru que c’était une incitation bien menée pour basculer dans le veganisme – je n’ai absolument rien contre les végétariens, les vegans, les végétaliens mais je suis un peu lassée des leçons de morale qui pleuvent ça et là.



Couverture du livre « Carnage ; pour en finir avec l'anthropocentrisme » de Jean-Marc Gancille aux éditions Rue De L'echiquier

Cependant au fil des pages, on apprend avec chiffres et sources à l’appui les ravages que l’homme est capable de produire, volontairement ou involontairement sur l’espèce humaine.



Dans son essai, Jean-Marc Gancille éveille et bouscule les consciences, met devant nos yeux le carnage que les hommes perpétuent au nom des traditions.



Cependant faire bouger les choses est souvent un défi difficile et j’avoue la première que je ne me vois pas renoncer à l’alimentation raisonnée et raisonnable que j’ai. Certains diront que cette alimentation n’est pas suffisante mais je fais un peu à mon échelle et ce qui m’a un peu gênée dans cet essai c’est la thèse parfois extrêmement culpabilisante de l’homme figure de destruction…



En résumé : un essai intéressant qui interroge et bouscule mais dont je ne serai pas encore le porte étendard. Mais réfléchir et penser n’est pas déjà une façon d’agir ?



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Carnage

Ouch...



Je ne vois vraiment pas d'autre mot pour définir ce livre! OUCH! Et en majuscules s'il-vous-plait.



L'uppercut reçu en pleine face de l'être humain que je suis me laisse totalement KO.

Non pas que je ne me sois jamais intéressée à la cause animale et aux dégâts causés par l'Homme sur notre planète mais là, les chiffres sont si vertigineux en terme de massacres, de carnage, de tueries ignobles, que j'ai vraiment du mal à penser leur ampleur.



À la lecture de ce bouquin on pourrait se dire qu'on a affaire à un lobby de la protection des animaux ou je ne sais quelle secte végane délirante. Mais voilà, tout est annoté et sourcé. Alors je ne vous raconte même pas le malaise...



Carnage nous dépeint en moins de 200 pages le calvaire des animaux (de toutes les espèces) sous le joug de l'humain depuis des millénaires. Les détails sont parfois effarants. Certaines infos sont à peine croyables. Et pourtant véridiques.



Comment lire ce livre sans ressentir un grand malaise et une forte culpabilité? Je dois le confesser, je n'ai pas réussi.

Pourtant vais-je arrêter à 100% de manger de la viande? Probablement que non. Je ne m'en sens pas encore capable. Et j'en suis malade de honte! Mais si vous voulez comprendre pourquoi cela est absolument nécessaire pour notre survie, lisez ce bouquin. Après cela vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas...

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Ne plus se mentir

Ne Plus Se Mentir est un petit bouquin aussi incisif que la collection éponyme* sous laquelle il a été publié. Jean-Marc GANCILLE dresse un portrait exhaustif somme toute assez bien sourcé de l’état de notre monde en espérant convaincre de dépasser le déni pour agir, ici et maintenant.



Sur environ 80 pages, tous les pans de notre société thermo-industrielle sont examinés de manière à avoir une image fidèle des dégradations perpétrées au sein de la biosphère en parallèle d'une critique politique pertinente, mettant en exergue les dangereuses tendances d’exploitation abusive de notre mode de vie. Tous les rapports récents y sont mentionnés, du GIEC à l’IPBES en passant par Oxfam et son analyse des financements fossiles des banques françaises, ou encore de l’ADEME.

Pour un habitué de ces thématiques, il n’y a rien de bien nouveau mais la synthèse est accessible au néophyte grâce à une structure adéquate et sans temps mort, ce qui fait que l'ouvrage se lit très bien.



Si dans l’ensemble il n’y a pas grand-chose à redire aux constats mis en lumière, j’ai tout de même quelques remarques sur des approximations ou exagérations qui m’ont dérangé à la lecture. Par exemple, s’il existe effectivement des difficultés de modélisations climatiques dues aux fameux « tipping points » (points de bascule), il est faux de dire qu’au-dessus de 2°C « la situation n’est plus modélisable par les scientifiques » (p. 41). Concernant les actions à mettre en œuvre et la place de la « violence », la part-belle est faite aux thèses que Gelderloos défend dans son opus « Comment La Non-violence Protège L’Etat » bien que sur certains points cet ouvrage ne soit pas exempt de critique, notamment dans son traitement Historique assez orienté (p. 53). Je regrette également l’évocation de Harari ou Mignerot, à mes yeux dispensable.



Mais je suis dur. Globalement j’ai vraiment apprécié l’exhaustivité du traitement. Gancille vise juste à chaque thématique (ou presque) et n’y va pas avec le dos de la cuillère pour nous faire prendre conscience de la gravité de la situation et de la montagne de défis qui se dessinent à l’horizon, même si nous changions, tous, radicalement, ce qui n’a – et je le rejoins – aucune chance d’arriver. Le livre entier est un appel au « bon sens radical », celui de la profonde et honnête remise en question de notre civilisation, en pointant ses multiples dérives, violences, exploitations, destructions et exterminations.



On peut sans doute tergiverser sur l’inéluctabilité, sur la dose de doute à apporter quant à l’avenir, toutefois, le constat présent est lui bel-et-bien indéniable ; et c’est bien le déni du présent qui ne fait que nous enfoncer un peu plus, à chaque seconde, limitant nos marges de manœuvres.

Gancille réussi dans l’ensemble son pari qui est de déconstruire, exemples à l’appui, la logique mortifère de notre mode de vie, tout en appelant à l’action en évitant l’écueil d’un « doomisme » paralysant.



* Collection « Les Incisives », aux éditions Rue De L’Echiquier
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Ne plus se mentir

Livre alarmiste à défaut d'être aussi lucide qu'il le prétends, même s'il est vrai que tous les indicateurs sont au rouge l'auteur prends de vastes raccourcis et libertés avec les faits quitte à insister lourdement sur un dogmatisme antispéciste qui sauverait au moins l'honneur de l'humanité lorsque la fin sera là.
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Ne plus se mentir

Un livre assez alarmiste sur l’avenir de la Terre et de la vie sur Terre. Le mal est fait et nous ne pourrons pas inverser la tendance avant de nombreux siècles. L’homme est à l’origine de la 6e extinction d’espèce et il subira aussi les conséquences.

Entrainés par les lobbyistes, multinationales et les politiques, notre société de consommation n’a pas pris la mesure du danger de la sur-exploitation des ressources terrestres, tant en énergies qu’en végétaux et animaux. Ce ne sont pas nos petits gestes du quotidien, nos actes éco-responsables qui pourront dorénavant inverser la tendance. On ne peut plus contrer les lois de la biophysique. « Les gestes qui font sens pour chacun d’entre nous ont le mérite de réduire la dissonance cognitive qui nous tiraille en nous permettant de nous aligner sur nos convictions. »

Pour avancer, il faut arrêter de se leurrer en pensant que nous pourrons inverser la tendance mais plutôt se préparer à faire face au changement.

Le meilleur atout qu’il peut rester serait de préserver la biodiversité car elle est à la base des écosystèmes dont nous dépendons. Sans elle, pas d’eau, pas d’alimentation, pas d’oxygène….

Un livre anxiogène et percutant qui fait réfléchir et surtout à percevoir le monde actuel sous un autre point de vue édifiant. La société de consommation actuelle est faite de telle sorte que ce sont les bénéfices pécuniers qui mènent le monde et que tout le monde s’achète une bonne conscience en mettant un peu de bio, d’éco-responsable qui permettra de vendre ou acheter plus… : « Une majorité de la population vit aujourd’hui de ce qui détruit l’environnement, nuit à sa santé et hypothèque l’avenir de sa descendance ».

Un monde de moins en moins équitable où les plus riches s’enrichissent et consomment au détriment des plus pauvres qui s’échinent à fournir les matières premières ou héritent des poubelles. « Le niveau de confort que nous partageons actuellement dans les pays riches se paie au prix du saccage des ressources naturelles, de pollutions multiples et d’un pillage écologique planétaire ». Toute la technologie possible ne pourra pas contrer le réchauffement climatique. Elle y participe même

« Alors, il serait encore temps ? Pour inverser la tendance, sûrement pas. Pour nous adapter à un environnement radicalement perturbé, éventuellement. »

Un livre qui se termine sur un certain optimisme. Nous allons dans le mur, maintenant il faut s’y préparer : allégeons nos « empreintes carbones » en se contentant de ce dont nous avons besoin, affranchissons nous des politiques actuelles, faisons front commun sans oublier les autres animaux. La solidarité et la clairvoyance sont de mise car il est déjà trop tard….

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Comment l'humanité se viande - Le véritable imp..

Dans ce petit essai de 152 pages, Jean-Marc Gancille reprend son plaidoyer commencé avec Carnage, pour les animaux, pour une écologie sentientiste, et au final pour une agriculture végane sans élevage et sans amendements animaux.



La première partie de l'ouvrage rappelle les chiffres affolants d'animaux tués (80 milliards chaque année) juste pour nourrir les 8 milliards d'habitants qui peuplent la planète, dont 4 milliards environ de classes moyennes aux besoins insatiables. Sans oublier que le carnage est également sur les mers et les océans du globe. Le pire, si c'est possible, a lieu en mer. L'emprise humaine de la pêche artisanale et industrielle est en effet bien plus importante que sur terre, les océans occupant plus de place sur le globe que les terres émergées. Avec les inconvénients que l'on sait maintenant, sauf à vivre dans un caisson hyperbare insonorisé depuis 20 ans. Accaparement de terres cultivables pour nourrir des bêtes, destruction des habitats des animaux, de la biodiversité terrestre animale et végétale, de la faune marine, réchauffement climatique dû à la déforestation et aux émissions de méthane, pollution de l'air à l'ammoniac, des eaux par eutrophisation avec les rejets d'effluents tels le lisier de porc. Antibiorésistance, pollution médicamenteuse, et dégâts pour la santé publique par consommation excessives de protéines et de graisses animales ; risques accrus de mutation de virus provenant de zoonoses frappant des animaux aux organismes affaiblis, tous génétiquement identiques et vivant confinés, et donc d'épidémies ravageuses pour les humains. Les maladies épidémiques de grippe, variole, malaria, tuberculose, typhus, diphtérie, rougeole, fièvre jaune, peste, choléra sont apparues il y a 10 000 ans avec l'élevage, du fait de la proximité entre humains et animaux.

L'auteur s'applique dans un chapitre à démystifier nos croyances et sentimentalismes culturels pittoresques à propos de la chasse, de l'élevage et de la consommation de viande. Tels les prairies stockant le carbone, les amendements organiques "nécessaires" pour les cultures, fumier, purin ou leur compromis moderne, le lisier, l'entretien des paysages par les paysans, le bocage (talus entourant les champs, surtout garants des limites des propriétés et contenant les animaux, les empêchant de fuir), le mythe du "petit élevage" comme de la "petite pêche artisanale", tous aussi destructeurs sinon plus que l'intensif, car à plus forte intensité foncière donc d'occupation d'espace, le pastoralisme (subventionné) ravageant les flancs de montagne et en guerre contre les prédateurs (loups, lynx, ours) et tous les animaux sauvages accusés de disséminer la tuberculose bovine et toutes sortes de pestes ; le locavorisme pas forcément plus vertueux s'il est obtenu sous serre chauffée, et last but not least, la 'transition écologique' (en prouvant que l'humanité n'a jamais au cours de son histoire transitionné vers d'autres formes d'organisation sociale que celle dont nous subissons aujourd'hui les conséquences), toutes des croyances que nous avons dû nous inventer et entretenir pour justifier le massacre.



Jean-Marc Gancille plaide en conclusion pour la sortie planétaire de l'élevage et du système carniste avant que nous ayons tout détruit pour satisfaire nos estomacs : le désert avance, le futur sera végétal ou ne sera pas. La phrase de Gunther Anders "nous ne vivons plus dans une époque mais dans un délai" est en exergue de l'ouvrage. Quelques lueurs d'espoir tout de même : l'élevage bovin (le plus destructeur) est en perte de vitesse, sans aides, hélas, pour une transition professionnelle en douceur ; certains pays, la tête sous les excréments, tels la Hollande, pourtant dirigée par une coalition de centre-droit veut imposer une diminution de 30 % de son cheptel, mesure très impopulaire, c'est dire si la situation est devenue intenable ; la FAO, l'ONU et l'OMS lancent des avertissements sur les désastres à venir, et des coalitions internationales tentent de démontrer le vrai coût des protéines animales en incluant dans leur prix les nombreuses externalités négatives afin de faire pression sur les institutions européennes, dont il convient de rappeler que le budget de la PAC (Politique Agricole Commune : 37 % du budget de l'UE) contribue largement au ravage et à ses conséquences désastreuses à venir. Passer à une alimentation végétale est facile et peu coûteux à faire. Cela dépend de chacun de nous de s'y engager et d'en constater les avantages. Il suffit juste de faire une révolution culturelle dans nos mentalités, nos assiettes suivront. Très documenté de statistiques émanant d'organismes scientifiques tout à fait sérieux et reconnus, cet ouvrage de bonne vulgarisation est à mettre entre toutes les mains.
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Ne plus se mentir

Opuscule écrit juste avant le covid qui est à la fois un constat lucide sur le fait qu'on va dans le mur et l'impuissance à changer notre modèle consumériste malgré les alertes des scientifiques.

La prise de conscience à encore du chemin à faire pour endiguer l'action d'homo destructor ! Au final, il légitime l'appel à la révolte contre le système organisé par l'action -radicale-et non un mouvement pacifique. Je pense que chaque individu porte une responsabilité dans sa facon de vivre (et de consommer) et que le grand changement passe par de petits changements individuels. Les entreprises et l'Etat suivront...
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Carnage

De la préhistoire à l'ère contemporaine, "Carnage" désosse la propension de l'humanité à massacrer le vivant. Des arènes romaines aux abattoirs industriels. Des chiffres et des faits pour ceux qui veulent argumenter leur véganisme face à l'éternelle excuse du "oui mais moi je vais chez un p'tit boucher qui ne propose que des petits producteurs".
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Carnage

Ouvrage clair, bien construit, forcément éprouvant. Il décrit les faits, apporte des explications en analysant de manière synthétique les ressorts de l'anthropocentrisme, et il ouvre des perspectives pour tourner enfin cette page sanglante et universellement mortifère.
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Ne plus se mentir

excellent livre de vulgarisation qui a l'avantage d'être court et écrit par un non scientifique ce qui le met plus à la portée de tout le monde. Pour ceux qui ne l'ont pas fait il est ensuite indispensable de lire les bouquins de Pablo Servigne et Raphaël Stevens.
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Ne plus se mentir

Tout est dans le titre ! Effectivement, Jean-Marc Gancille nous montre très bien, exemples chiffrés à l’appui, qu’il est inutile de continuer à se leurrer sur notre avenir… je ne vais donc pas vous mentir, c’est carrément déprimant.

Nous sommes en train de détruire notre planète, des espèces animales et végétales ont disparu mais on fait comme si de rien n’était et je ne parle même pas des lobbies financiers et des politiques qui ne font qu’aggraver la situation.

Il y a tout de même un côté positif dans la lecture de cet ouvrage ; pour une fois, on ne nous prend pas pour des imbéciles (à défaut de pouvoir dire autre chose). L’auteur ne cherche pas non plus à nous apporter des solutions toutes faites qu’il suffirait d’appliquer au quotidien. Il nous ouvre les yeux et nous invite à tenter « d’éviter l’ingérable et de gérer l’inévitable ».

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