J’ai pris mon temps pour digérer le chef d’œuvre de Laclavetine et vous en faire le récit. Nous vivons une époque de pragmatisme sec, de réalité lucide, et c’est très bien comme ça, du moins le croit-on, jusqu’à ce qu’on tombe sur un roman comme celui-ci, où un homme vient raconter tous les soirs une histoire à son amante dans le coma pour la réveiller et la ramener à la vie.
Le narrateur est écrivain, son amante aussi. Raconter des histoires fait partie de leur vie, leur quotidien. C’est leur métier, c’est ce qui les unit, c’est comme ça que démarre leur liaison, loin du quotidien conjugal quand elle s’échappe pour le rejoindre … « Raconte-moi une histoire ».
Lorsqu’elle a un grave accident, il est démuni. Sa seule arme pour la ramener est l’histoire. Raconter une histoire qui émeut, qui choque, qui bouleverse. Et tous les soirs, quand le mari rentre chez lui, l’amant prend sa place. Nous inaugurons avec lui de nouveaux récits, de nouveaux personnages, des nouvelles vies qui se croisent et s’entrecroisent, car il faut exciter les sens, susciter l’envie. Réveille-toi. Sauve tes personnages d’un battement de cil. Ils sont à toi.
J’ai adoré ce roman. J’ai adoré l’usage qui est fait de la littérature et du pouvoir des mots. J’ai adoré cet homme fou d’amour pour son amante. J’ai adoré cette espérance. J’ai adoré qu’on puisse être autant aimée. J’ai adoré qu’on puisse jouer du réel avec des histoires imaginaires, car finalement, croire c’est faire exister. Alors croyons, croyons à nos mots, à nos sentiments et à nos rêves, et peut-être seront-ils là devant nous, échappées de l’éternité et bien réels.
Lien :
https://desruesetdeslivres.w..