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Citations de Jean-Marie Pelt (506)


Car les sciences aussi, on l'a vu, sécrètent leurs dogmes, leurs religions, leurs clercs intransigeants et sectaires : ce n'est pas un privilège réservé aux seules Églises ! En l'occurrence, l'impérialisme et le grégarisme dominants avaient singulièrement rapetissé le champ de ces sciences. Malheur au chercheur indépendant, non inféodé à une école, voire à une chapelle : le système ne laissait aucune place au marginal, car les clercs sont les serviteurs zélés du dogme ; ils ont l'intellect sec et le cœur dur. Le monopole de quelques-uns sur les sciences humaines avait pris de telles proportions que des chercheurs aussi éminents que Jacques Ellul, René Girard, Paul Ricoeur, Michel Serres, tenus à l'écart en raison de leurs positions hétérodoxes, durent aller travailler aux États-Unis. Carl Jung lui-même, l'un des plus grands esprits de ce temps, fut soigneusement tenu en lisière.
Dieu merci, le climat est aujourd'hui plus ouvert, et cette fin de millénaire s'accompagne partout, dans toutes les sciences, de la chute des idoles et de l'effondrement du credo scientiste.
p. 108-109
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L'astrophysique, elle, ne manipule pas : elle observe, elle photographie, elle simule sur ses puissants ordinateurs ; mais elle reste d'abord et fondamentalement une science “contemplative”, et sans doute n'insistera-t-on jamais assez sur la beauté du ciel étoilé pour les mortels que nous sommes, et d'abord pour les astronautes, émus et fascinés par la splendeur de la Terre, vue de l'espace, dans son éternel ballet avec la Lune. Tous se sont exprimés en poètes, manifestant combien le cerveau droit retrouve son rôle dès qu'explosent les notions étroitement terrestres du temps et d'espace !
p. 96
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Au terme de cet ouvrage consacré à la physique quantique, Bernard d'Espagnat pense que « de plus en plus, il apparaît comme hautement vraisemblable (ici je ne dis pas “certain”, car je n'ai pas de théorème qui me permettrait de le faire) qu'en définitive, cet existant dont je parle n'est pleinement connaissable ni par la science, ni plus généralement par la raison ». Prudent, il évite de se laisser entraîner sur le terrain de la transcendance ; il ajoute : « Je prends désormais la pré-caution, chaque fois que j'utilise les mots “réalité indépendante”, de bien souligner qu'ils ne se réfèrent pas à une réalité pensée a priori comme transcendante, et donc indépendante de notre action, mais bien à une réalité dont, au départ, il est posé que son existence et ses attributs généraux sont indépendants de notre existence à nous, hommes. » Voici donc que la physique aboutit à l'une de ses limites, et celle-ci est le réel qu'elle ne peut plus prétendre embrasser, expliquer et expliciter dans sa globalité.
Les principes fondamentaux de la physique quantique restent parfaitement étrangers à nos contemporains.
p. 91
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Pascal est au contraire plus sensible aux relations subtiles qui lient les choses et les êtres les uns aux autres en réseaux d'une complexité inouïe. Il écrit : « Toute chose étant causée et causante, aidée et aidante, médiatement et immédiatement, et toutes s'entretenant par un lien naturel et insensible qui lie les plus éloignées et les plus différentes, je tiens pour impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître les parties. »
Ces lignes peuvent être considérées comme l'un des textes fondateurs de l'écologie, voire d'une science ouverte, opposée au réductionnisme simplificateur encore trop répandu aujourd'hui dans toutes nos disciplines, hormis peut-être l'astrophysique.
p. 64
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Réduire les animaux à de simples machines, à des « choses », à des automates, est à l'évidence une erreur que l'écologie aura toutes les peines du monde à redresser, tant nos mentalités restent imprégnées par l'idée de notre absolue supériorité sur tous les autres vivants. Or, on a vu comment la conscience n'est pas apparue abruptement avec l'homme, mais émerge progressivement tout au long de l'évolution pour, il est vrai, exploser, s'épanouir et culminer en l'homme. En séparant aussi radicalement l'âme du corps – ce que n'avaient jamais fait ni les Hébreux de l'Ancien Testament, ni les premiers Pères de l'Église –, Descartes introduit ce que Franck Cosson, dans un récent essai critique, appelle une « rupture anthropologique dans la mesure où, d'une certaine manière, l'homme s'oppose à lui-même, puisque composé à la fois d'une partie corporelle, matérielle et sensible, et d'une autre partie immatérielle et purement intelligible ; il a en lui-même deux principes ou deux ordres de réalité hétérogènes l'un à l'autre et qui ne peuvent être envisagés qu'en termes d'opposition. La dualité qui caractérise ainsi la nature de l'homme devient, à l'intérieur du sujet, une tension et une opposition difficilement surmontables. Celui-ci est donc affecté d'une scission interne ...
p. 61
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Bref, pour Pascal, la raison n'est pas capable de démontrer que Dieu existe ; elle n'est pas davantage capable de démontrer qu'il n'existe pas : l'autocritique de la raison marque le commencement de la foi qui se déploiera ensuite sur l'autre chemin de la connaissance.
p. 59
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Thomas, lui, nous invite à esquisser, à chaque époque, mais uniquement pour cette époque — car l'avenir ne nous appartient en rien —, les nécessaires synthèses dont nous sommes si étonnamment privés en un siècle comme le nôtre, si riche en multiples spécialisations, en technologies hyper-sophistiquées, mais si pauvre en visions globales, en synthèses satisfaisantes et cohérentes. Deux orientations dont il importe, aujourd'hui plus que jamais, que nous entendions la leçon si nous ne voulons pas périr étouffés par les slogans, les modes médiatiques, les pseudo-mots d'ordre de la “modernité”.
p. 54
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Enfin, si le cerveau gauche est bien, comme on l'a longtemps nommé, le cerveau dominant », celui par lequel s'expriment la conscience claire du moi et sa volonté de s'affirmer dans et par le pouvoir, il est remarquable de constater que la tradition du monachisme, depuis les tout premiers siècles du christianisme, s'est appliquée à réduire ces tendances dominatrices par le moyen des trois vœux monastiques. Le vœu d'obéissance exhorte à l'esprit d'acceptation et d'abandon ; il s'oppose à la tentation de domination par le pouvoir. Le vœu de pauvreté s'oppose à la tentation de dominer par l'argent. Quant au vœu de chasteté, il contrecarre la tentation de dominer ou de se laisser dominer par le sexe. En freinant l'expression des noyaux limbiques de l'agressivité et celle des modules neuronaux néocorticaux du cerveau gauche, la mise en pratique de ces vœux contribuait à l'inverse à favoriser le déploiement des potentialités du cerveau droit, siège de la musique (le grégorien), de la créativité (l'art des cathédrales), de l'union mystique (aboutissement normal et sans doute jamais vraiment atteint d'une vocation monastique).
p. 52-53
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Lire Thomas d'Aquin est aujourd'hui un exercice particulièrement ardu ; décrypter ses cinq preuves de l'existence de Dieu est une tâche réservée aux seuls philosophes avertis. Pourtant, curieusement, une de ses idées vient de réémerger dans la modernité : il s'agit du « principe de subsidiarité » selon lequel le “pouvoir” doit être le plus proche possible des gens, ou, plus exactement, les gens doivent être les premiers à décider de ce qui les concerne directement dans leur vie quotidienne. Ce principe, l'Europe de Bruxelles l'a repris à son compte, tout en ayant bien du mal à le mettre en pratique !
p. 50
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Alors qu'Averroès tendait à opposer la foi et la raison comme sources de deux vérités difficilement conciliables, n'ayant ni méthodes ni objet communs — à ses yeux, l'autonomie de la raison ne s'accorde pas avec l'obéissance par la foi, et pas davantage avec la subjectivité de l'amour —, Thomas transcende cette opposition apparemment radicale entre les deux savoirs et dépasse ce dualisme irrecevable pour un croyant dès lors que ce dernier attribue au même Dieu créateur les lumières de la raison et les révélations, du mystère. Il reconnaît néanmoins la spécificité des deux domaines : l'objectivité du savoir scientifique et la subjectivité de la croyance, l'universalisme de la science et l'incommunicable intériorité de la foi, la première se fondant sur une certitude acquise par des expériences répétées et reproductibles, la seconde étant adhésion à un témoignage révélé. Un tel enseignement, tout en accordant priorité à la foi, ne pouvait que s'harmoniser à un monde où le progrès technique faisait passer l'homme d'une économie agraire à la civilisation urbaine, avec l'introduction organisée des corps de métiers, le développement de l'économie de marché, ...
p. 48
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À vrai dire, ce qui choquait François au plus profond, c'était l'orgueil de l'intelligence, cet égocentrisme qui recourt à la science comme moyen de satisfaire la vanité du “moi”. François ne désirait point que ses frères fussent avides d'être vus et appréciés des hommes ; mieux valait, à ses yeux, se tenir à genoux et prier Dieu pour son prochain, dans la solitude ignorée d'une grotte ou d'une cellule d'ermite, là-haut dans les montagnes, plutôt que se pavaner en chaire dans la nef d'une cathédrale, l'âme congestionnée à l'idée de jouer son personnage. Seul le très fameux saint Antoine de Padoue fit exception : François lui confia le soin de dispenser des leçons de théologie à ses frères, à la seule condition que cette étude ne leur fît point négliger la prière et n'éteignît pas en eux l'esprit de recueillement.
p. 39
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Plus rigoureux pour lui-même que pour ses frères, au demeurant, il était devenu une sorte de modèle vivant du chrétien parfait. Il fallut attendre le XVIIIe siècle pour trouver une critique réellement malveillante à son égard. Elle émana de Voltaire, lequel fut, selon Ingres, le prototype de l'homme de talent séduisant son époque, mais le contretype du génie incompris de son temps. Hermétique à toute élévation spirituelle, il traita François de “fanatique en démence”, opinion que ne partagea point un Renan, qui le considérait au contraire comme « le seul parfait chrétien depuis la mort du Christ ».
La vie de François est une perpétuelle ivresse d'amour divin.
p. 34
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Âme incandescente, François a pratiqué comme nul autre sans doute ne le fit jamais — du moins est-ce le souvenir qu'il a laissé à ses contemporains — les vertus d'altruisme, de générosité, de miséricorde, de compassion et d'amour ; à l'inverse, il s'abstint dans les mêmes proportions de toute agressivité, préférant convaincre par la persuasion que punir ou admonester. Il aimait mieux, disait-il, « atteindre un but au moyen du bien plutôt qu'au moyen du mal », s'abstenant de toute mesure répressive ou violente dans la conduite de l'ordre et se refusant à sévir et à commander « comme les pouvoirs du monde »... Peut-être était-ce là une faiblesse chez un homme de son envergure, mais il était fondamentalement un non-violent, ce qui lui valut d'ailleurs de renoncer à diriger son ordre sous la pression de fortes personnalités qui ne partageaient pas ses vues sur l'exercice du pouvoir...
p. 32-33
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D'après le neurophysiologiste américain Paul Mclean, le cerveau humain serait en quelque sorte le fruit des acquisitions successives correspondant à toutes les grandes étapes de l'évolution du monde animal. S'exprimant par un raccourci saisissant, il considère le cerveau humain comme résultant de la superposition de trois cerveaux : celui des reptiles (l'hypothalamus ou « cerveau reptilien »), celui des mammifères (le système limbique), et le cerveau proprement humain (l'écorce cérébrale ou néocortex). Naturellement, ces trois cerveaux fonctionnent en étroite interrelation, l'ensemble formant un système cybernétique d'une complexité inouïe qui est loin de nous avoir livré tous ses secrets.
p. 17
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Paul Valéry s'est exprimé à ce sujet : « Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles [...]. Nous avons entendu parler de mondes disparus tout entiers, d'empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins, descendus au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques... Mais ces naufrages, après tout, n'étaient pas notre affaire.
Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie [...] ce seraient aussi de beaux noms ! Et nous voyons maintenant que l'abîme de l'histoire est assez grand pour tout le monde. »
p. 286/87

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« Nature et spiritualité », Jean-Marie PELT en collaboration avec Franck Steffan, éd. Fayard © - 2008
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Oublier que l'homme est doué de potentialités spirituelles pour le réduire à ses dimensions naturelles, économiques et sociales serait une erreur absolue — une erreur et une horreur ! Une nouvelle éthique s'impose, celle de cette écologie spiritualiste, de cette « méta-écologie », seule voie ouverte sur le futur, qui intègre aux acquis des grands courants spirituels ceux, plus récents et universels, de l'écologie.
p. 284
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Conclusion : Pour une civilisation de l'amour
Or voici précisément venu le temps de mettre pied à terre pour réfléchir et pour souffler, si nous voulons assurer à nos enfants un avenir vivable. Car nous voici, nous, humains, devant le « grand choix » : ou on continue comme avant, et c'est l'impasse, voire la catastrophe ; ou on fait autrement, et on crée une nouvelle civilisation, laquelle présuppose une véritable révolution culturelle.
p. 276
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Une écologie spiritualiste ?
… les « créatifs culturels » selon plusieurs critères : ils sont « préoccupés par les problèmes écologiques, favorables au principe du développement durable. Ils prônent un rôle plus large des femmes dans la société et une meilleure condition de la femme. Ils sont davantage dans l'être que dans l'avoir et le paraître. Ils sont sensibles à la spiritualité et à l'ouverture aux autres. Ils sont porteurs d'une conscience différente en matière d'éducation. Ils pensent qu'un changement personnel peut contribuer aux changements de notre société. Ils sont défenseurs de valeurs multiculturelles. »
p. 237
Ce qui caractérise les créatifs culturels, c'est l'individualisation de la quête spirituelle. Ils s'inscrivent donc dans les tendances lourdes de la modernité. Ils sont de ce point de vue nettement moins catholiques que la moyenne de la population française, et plus attirés par les religions de l'Orient. Pour eux — et cela les différencie aussi de la moyenne nationale —, les valeurs éthiques fondamentales sont plus importantes que les croyances religieuses. C'est au sein de ce courant que s'affirment les nouvelles tendances spirituelles liées à l'écologie.
Celles-ci ont pris un brusque essor à la suite des événements de Mai 1968, cette révolution non sanglante qui a introduit néanmoins une rupture forte et un brutal changement des mentalités et des valeurs.
p. 238
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Pour défendre la propriété privée des biens, des idées, des brevets et des personnes, le marché fera surgir polices, armées, justices privées, mercenaires et arbitres. Tout le temps passé à autre chose que consommer — ou accumuler des objets à consommer de manière différée — sera considéré comme perdu... Les transports, les hôpitaux et les écoles laisseront la place pour l'essentiel à des lieux de vente et à des services après-vente d'auto-surveillants et d'auto-réparateurs. L'homme percevra le monde comme une totalité à son service dans la limite des normes imposées par les assurances à son comportement individuel ; il ne verra l'autre que comme un outil de son propre bonheur, un moyen de se procurer du plaisir ou de l'argent, voire les deux. Nul ne songera plus à se soucier d'autrui : pourquoi partager quand il faut se battre ? Pourquoi faire ensemble quand on est concurrent ? Plus personne ne pensera que le bonheur d'autrui puisse lui être utile. Encore moins cherchera-t-on son bonheur dans celui de l'autre. Toute action collective semblera impensable, tout changement politique, de ce fait, inconcevable.
p. 227
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Après l'effondrement du communisme, plus aucun frein ne devait limiter l'expansion du capitalisme. Et rien non plus ne devait le réguler. L'application de la loi du plus fort ne pouvait par conséquent qu'aboutir à un écart de plus en plus large entre les revenus dans tous les pays avancés : les riches, peu nombreux, deviennent de plus en plus riches, et très nombreux sont ceux qui restent pauvres, voire qui deviennent de plus en plus pauvres. Selon Jacques Attali, les inégalités se creusent entre les plus riches des Américains et les autres : « Le revenu des 0,01 % les plus riches (pour l'essentiel, des acteurs des marchés financiers) est passé de 50 fois le salaire moyen de l'ouvrier en 1975 à 250 fois ce même salaire trente ans plus tard ; la moitié de la richesse créée de 1990 à 2006 a bénéficié à 1 % des ménages. Le salaire ouvrier américain baisse depuis 1973 en raison de la concurrence de l'immigration et de celle des délocalisations. »
Ces délocalisations sont naturellement le fruit amer de la mondialisation, à la fois si valorisée et si contestée.
p. 225
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