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Citations de Jean Molla (162)


- L'espoir est une forme de tromperie ! Il conduit à l'attente, à la résignation. Les choses changeront, que je l'espère ou non ! Sais-tu ce qu'un de vos plus brillants esprits, un physicien qui vivait au siècle dernier, a dit du bonheur, ce bonheur qui vous obsède tant et auquel vous ne comprenez plus rien ?
- Non.
- "Le bonheur est l'idéal des porcs." Conclus toi-même sur ce que vous êtes devenus.
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La misère n'est pas une fatalité ou un accident, elle est à l'évidence la preuve que ceux qui la subissent ne sont pas armés pour la vie.
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8 juin 1942.
[...] La procédure est désormais immuable et fort proche de celle employée par nos homologues de Belzec et Treblinka. Les gardes ukrainiens réceptionnent le matériel humain sur la rampe d'accès de la gare de Sobibör et le conduit à l'intérieur du camp. Tout est fait pour rassurer les arrivants, car il est impératifs qu'ils ne se doutent de rien !
La rapidité d'exécution et une des clés de notre réussite.
En traversant le camp 1 , ils peuvent apercevoir des jardins joliment entretenus, des ateliers. Les gardes les invitent à laisser leurs sacs et affaires puis leur conseille de bien repérer l'endroit où ils les déposent afin de pouvoir les retrouver plus tard. L' Oberscharführer Hermann Michel, suppléant de Stangl, accueille les nouveaux venus et s'excuse pour les pénibles conditions de transport qu'ils ont eu à supporter. Il leur explique avec beaucoup de conviction qu'ils viennent d'arriver dans un camp de transit et qu'ils vont être rapidement déplacés vers l'Est. Les Juifs, ajoute-t-il non sans humour, devront désormais devenir des membres productifs de la société et se rendront en Ukraine pour y vivre et y travailler. Hermann leur annonce alors qu'ils vont devoir se soumettre à une désinfection dans le but de prévenir tout risque d'épidémie. Il organise les groupes, les hommes séparés des femmes et des enfants . Ordre leur est ensuite donné de se déshabiller et de confier aux gardes leurs objets de valeurs qui seront enfermés dans un coffre et leur seront rendus ultérieurement en échange d'une reçu officiel que nous leur remettons . La bonne bouille d'Hermann inspire naturellement la confiance et pas un songe à protester. Bien au contraire , il faut voir le contentement qui s'affiche sur leurs faces. Pour peu, certains danseraient de joie. Hermann est un merveilleux comédien!
Je n'en dirais pas autant des subalternes qui ont pour mission de conduire les arrivants jusqu'aux cabines de "désinfection". Ce sont des rustres grossiers et brutaux, Ukrainiens et Lituaniens pour la plupart , d'une arrogance crasse mais absolument parfaits pour exécuter les tâches qui leur sont imparties.
Une fois les juifs déshabillés et leurs vêtements soigneusement pliés, deux cas de figure se présentent: les vieillards, les handicapés, les malades, tous ceux qui sont incapables de marcher sont rassemblés à part afin d'être conduits au Lazarett, l’hôpital du camp. Ils sont en réalité conduits en charrette jusqu'aux fosses. Là, ils sont liquidés d'une balle dans la nuque et ensevelis.
Les Juifs valident sont emmenés jusqu'au camp 3. Nous commençons par traiter les hommes puis vient ensuite le tour des enfants et des femmes. Les Ukrainiens font entrer tout se petit monde dans les douches et Fuchs met le moteur Diesel en marche.
Environ six cent personnes sont traitées à la fois. Au bout de trente minutes, les détenus juifs aèrent les chambres à gaz et évacuent les corps par la porte arrière. Ont arrache leurs dents en or, s'ils en possèdent, puis on entasse les dépouilles dans des tranchées de cinquante mètres sur dix environ, où elles sont bien recouvertes de terre.
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[…]le monde a perdu sa transparence. Je me suis heurtée à l'opacité des êtres.
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Ataraxie, anorexie, oubli. Mon tiercé gagnant.
Je suis debout face au miroir de la salle de bains. Je l'essuie pour en ôter la buée puis je me dégage de ma serviette qui tombe à mes pieds. J'observe mon reflet...
... Je ne possède rien à cacher. Je me suis débarrassée de ce qui parasite un corps de femme : l'excès de chair, la graisse, la peau qui se modèle en courbes tendres et le sang qui coule, chaque mois. Seule l'ombre brune, obscène, au bas de mon ventre témoigne de ma féminité.
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J'ai sorti mon arme et j'ai abattu l'enfant. Curieusement, je n'ai rien ressenti. Ni joie, ni haine. Rien. J'avais l'impression d'assister à une scène à laquelle je ne prenais pas part. J'étais le spectateur de mes propres actes, un spectateur étonnamment indifférent.
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J'ai entendu un jour, aux informations, que près de neuf mille personnes s'évaporent dans la nature chaque année. La plupart quittent leur ville, leurs proches, changent d'identité et repartent à zéro.
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J'ai refermé le cahier. Mes mains tremblaient, mes dents claquaient. J'avais mal, j'avais honte. De quelle espèce était ce monstre qui avait pu tenir son journal, consignant ses états d'âme avec une minutie satisfaite, indifférent aux hommes, aux femmes, aux enfants qui descendaient des wagons et mouraient asphyxiés avant d'être jetés dans des fosses puis brûlés? Et cela pour la seule et unique raison qu'ils étaient juifs.
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Il ne m'a pas été difficile de lui répondre, puisque c'est moi qui collecte les chiffres transmis à Himmler. J'ai annoncé soixante-dix-sept mille Juifs traités. Elle m'a regardé, incrédule. Je n'ai pas été véritablement surpris de sa réaction. Konrad m'a prévenu : on ne croira pas les témoignages des survivants, si d'aventure il en réchappe. Notre entreprise est trop énorme, sans précédent dans l'histoire, pour qu'on prête l'oreille à ceux qui voudront en révéler l'existence. Les Alliés ne savent, m'a-t-on dit, que faire des informations contradictoires qui leur parviennent et accordent peu de crédit aux agences juives qui s'épuisent à les informer.
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Je ne possède rien à cacher. Je me suis débarrassée de ce qui parasite un corps de femme: l'excès de chair, la graisse, la peau qui se modèle en courbes tendres et le sang qui coule chaque mois. Seule l'ombre brune, obscène, au bas de mon ventre témoigne de ma féminité.
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C'était sans importance. Ce qui comptait, c'est que l'on soit ensemble et que le temps nous épargne encore un peu.
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Rapidement c'est devenu une drogue: j'avais besoin de manger "rien". Un rien qui devenait la chose la plus essentielle à consommer. Un rien désirable. Et j'éprouvais une jouissance démesurée à me laisser remplir de cette absence. Mon estomac vide était le signe de ma liberté. Je n'étais plus asservie à cette dépendance animale qui me faisait horreur.
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C'est un livre que j'ai du lire pour mes cours ( en 3°). Au début je n'était pas vraiment emballée.. Mais à partir de la découverte du journal trouvé par Emma ( l'héroïne du roman ), ce livre est allé de surprise en surprise.
Il s'agit d'un livre très émouvant et prenant, qui nous captive jusqu'à la fin. C'est un livre à lire.
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J'ai envie de rire. Le seul thé que j'ai l'habitude de boire, c'est celui de la mère d'Hamid. A la menthe. Avec quinze kilos de sucre minimum par verre.
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Je ne sais pas si je dois essayer de suivre la chronologie des faits ou m'abandonner aux souvenirs. Peut-être ferai-je un peu des deux, jusqu' à ce que quelque chose jaillisse. Peut-être vais je essayer de vomir en mots ce que j'ai des mois durant vomi en silence.Nourritures à peine digérées me lacérant la gorge, me laissant épuisée, douloureuse.Nourritures avalées comme une forcenée, pour me faire taire, ou pour remplir ce vide immense au-dedans de moi.

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Il ne m'a pas été difficile de lui répondre, puisque c'est moi qui collecte les chiffres transmis à Himmler. J'ai annoncé soixante-dix-sept mille Juifs traités. Elle m'a regardé, incrédule. Je n'ai pas été véritablement surpris de sa réaction. Konrad m'a prévenu : on ne croira pas les témoignages des survivants, si d'aventure il en réchappe. Notre entreprise est trop énorme, sans précédent dans l'histoire, pour qu'on prête l'oreille à ceux qui voudront en révéler l'existence. Les Alliés ne savent, m'a-t-on dit, que faire des informations contradictoires qui leur parviennent et accordent peu de crédit aux agences juives qui s'épuisent à les informer.
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- Je me demande par quelles souffrances est passé cet homme...
Un sourire espiègle éclaira le visage du médecin.
- Avez-vous remarqué, cher ami, que vous souffrez beaucoup pour les criminels que vous arrêtez ? (p.178)
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Je te demande plus simplement si tu aurais le courage de transformer une idée en acte et de tuer non par procuration, mais, comment dire, par tes propres mains. Il ne s'agirait pas d'un acte gratuit, à la manière du Lafcadio de Gide, mais d'un acte délibéré, chargé de sens. Un acte qui t'engage.
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J'ai eu la tentation, un instant, de m'arrêter là, de détruire ce cahier, de le brûler. Et puis j'ai compris que ça aurait été faire offense à ceux qui ont trouvé leur fin à Sobibor.
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Ce qui nous rend la vanité des autres insupportable, c'est qu'elle blesse la notre.
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