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Citations de Jean-Paul Delfino (291)


J'ai fait tous les métiers du monde. Et je n'en ai jamais trouvé un seul qui vaille la peine qu'on sacrifie sa liberté pour lui. Travailler ? C'est la plus grande escroquerie qui soit. Et quand tu vois le nombre de gens qui se lèvent, tous les matins, pour faire un métier dont ils se foutent comme de leur première chemise, tu te dis que c'est peut-être eux qui ont raison. Va savoir... Se crever la paillasse, faire des enfants, les élever. Et mourir. Sans jamais rien avoir connu de la vie. Sans jamais avoir osé prendre le large, avoir mis le cap sur autre chose. Crois-moi : l'humanité est une bien belle friponnerie.
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En effet, la maison du Pouilleux, même s'il y vivait du premier jusqu'au dernier jour de l'année, n'était pas une maison. C'était un fourgon. Un reste de fourgon, si l'on voulait être rigoureusement exact. Un Type H de 1964, qui avait dû être gris. Ou vert. C'était l'une de ces boîtes de conserve de chez Citroën, avec le museau aplati, les flancs striés par de la carrosserie ondulée et des phares proéminents. Un véhicule qui, à sa grande époque, sillonnait toutes les routes de France. En jaune pour les PTT, en noir pour la police, en marron foncé pour les corbillards, en mauve et vert pour les routards du Flower Power. Ces fourgonnettes sentaient l'administration, le cadavre, l'herbe. Mais aussi, selon les professions de leurs propriétaires respectifs, le livarot, la macreuse et l'andouillette, le gros rouge qui éclabousse les lèvres, le pain chaud, la truie et l'agneau terrorisés.
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C'était donc là qu'Erik Satie, le bon maître d'Arcueil, s'était terré, à l'abri des regards, sans recevoir personne. C'était ici ce qu'il appelait, avec un orgueil demesuré, sa tour d'ivoire ou son repaire de Notre-Dame-des-Bassesses. Il n'avait jamais bougé de là, n'avait jamais voyagé, se contentant vraisemblablement de mâcher et de remâcher ses rêves et ses cauchemers dans la solitude la plus complète. Il n'y avait pas d'eau courante. Encore moins de gaz ou d'électricité. C'était celà l'univers d'Erik Satie, le créateur des Gnossiennes qui, elles, voyageaient maintenant à travers le monde, libres de toutes entraves, applaudies, admirées, louées pour leur modernité.
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Dans son pardessus à gros drap râpé jusqu'à la corde, avec sa large cravate froissée, ses pantalons trop courts et ses chaussures crottées, c'était un solitaire. Il était l'un de ces hommes que la Grande Guerre avait mâchonnés, leur broyant les nerfs, les rendant insensibles à tout, un de ces pauvres hères qui n'avaient pas le sou et que l'alcool ne parvenait même plus à saouler convenablement. Par le peintre Modi, un fameux client celui-là, le bistroquet avait appris qu'il se faisait appeler Cendrars, Blaise Cendrars.
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S'il l'avait pu, le géant Émile Zola aurait fait sauter le couvercle de son cercueil, se serait dressé et, les poings sur les hanches, dévisageant l'humanité entière, il aurait hurlé : "Assassins !
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Au fond d'elle-même, elle savait bien que cette révolte n'avait rien d'une révolution. Ce n'était que le soubresaut d'un peuple qui en avait assez quon lui mange la laine sur le dos et que ce soient toujours les mêmes qui se servent en premier, abandonnant tout juste à la plèbe de quoi ne pas mourir de faim. Elle avait connu l'Empire et les fazendeiros. Avec la République, rien ou presque n'avait changé. Les insurgés avaient beau piller les magasins, brûler les tramways, détruire les lampadaires Art nouveau qui venaient d'être scellés, cela ne modifierait en rien le cours de l'Histoire. Les loyers devenus exorbitants, l'inflation sauvage, le coût de la vie qui ne cessait d'augmenter, la violence, l'insécurité galopante, les scandales financiers qui éclataient parfois, les élections truquées, les crimes politiques qui demeuraient impunis, les immigrants que l'on ne voulait pas ou que l'on ne savait pas loger, mais dont on acceptait sans sourciller les bras pour des travaux payés une misère, tout cela existait depuis que le monde était monde, Empire ou République, République ou Empire, et tout cela ne changerait jamais. Le capitalisme ne faisait qu'accélérer les choses.
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Dans un paysage d'Apocalypse, une seule maison se dressait encore au milieu des gravats, solitaire, insolente, semblant fichée comme un couteau de pierre dans la plaine retrouvée.
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Les pauvres, ça intéresse personne. Surtout quand ils viennent d'ailleurs. Quand on connait pas les gens, on peut pas avoir de la peine pour eux.
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Qu'est-ce que ça veut dire : bizarre? Bizarre, c'est un mot qui veut tout et rien dire à la fois, ma fille. Sois plus précise. Si on a inventé autant de mots, c'est bien pour qu'on les utilise, non? Alors, réfléchis un peu à ceux qui conviennent, à ceux qui sont faits pour. Et redis-moi ce que tu sens.
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toi t'es pas un Nègre comme les autres, tu risques de pas vivre vieux
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c'est les hommes qui sont fous, pas les dieux.
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Au même instant, le taxi repris son cours dans le flot du boulevard de l’Hôpital où les automobiles, grondantes, vrombissantes et klaxonnantes, faisaient de leur mieux pour noyer les dernières charrettes qui tentaient encore de résister à la modernité en marche.
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Le poète roula de sa main unique une énième sèche et, à la flamme de la bougie, l’incendia dans les crépitements discrets de brins de tabac se tordant dans la braise.
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Moi, je suis bien placé pour savoir que l’écriture ne nourrit pas son homme. Pour en vivre, il ne faut pas seulement écrire. Il faut en plus savoir manigancer, manger à tous les râteliers, avoir de l’entregent et, souvent, pas beaucoup de fierté ni d’orgueil. Kostro était doué pour ça. Et Cocteau, à ce jeu-là, c’est un maître. Moi, pas.
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Il n’y avait qu’une méchante croix de bois et pas même de pierre tombale. Et regarde ça, maintenant. On dirait l’un des menhirs de Stonehenge. Ou un gibet. Ou non : on dirait un transatlantique en route pour les tropiques, avec une cheminée qui cherche à tutoyer les étoiles. Ben merde, alors ! Quel orgueilleux quand, même, ce Kostro...
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Il n’y avait pas d’eau courante. Encore moins de gaz et d’électricité. C’était cela l’univers d’Erik Satie, le créateur des Gnossiennes qui, elles, voyageaient maintenant à travers le monde, libres de toutes entraves, applaudies, admirées, louées pour leur modernité.
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La question est celle-ci : d’où vient l’homme ? Où va l’homme ? Je la résous triomphalement en disant : l’homme va et vient dans la nuit. Émile Zola
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Elles incarnaient le peuple brésilien dans leur aspiration à sortir de leur condition.
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Cela était écrit. Cette nuit serait sa dernière nuit.Le visage trempé de sueur, figé au plus profond de ce matelas qu'il maudissait,il cherchait. Il laminait son cerveau pour répondre à la question qui tambourinait entre ses tempes.
Quelqu'un voulait sa mort. Mais qui ? Qui possédait au fonds de lui suffisamment de haine pour mettre un terme à son existence ?
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Ce collège Bourbon fut pour lui l'apprentissage de la vie. Une suite de douleurs et de brimades que sa mère ne soupçonna sans doute jamais. Dans la grande cour carrée sordide, il avait espéré passer sans faire de vague. Les autres ne l'avait pas entendu de cette oreille. Il avait dû se battre. Ou, plutôt, recevoir des coups. Des volées de coups, sous l'œil suffisant et dédaigneux des pions. C'était un pauvre garçon qui ne passait jamais plus de quelques mois dans le même appartement parce que la mère, disait-on volontiers, ne payait pas les termes. Alors, les pions tournaient le dos. Avec tous ces étrangers qui envahissaient la France, il fallait bien que chacun restât à sa place.
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