AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jean-Pierre Martin (53)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Colères d'écrivains

Quand il attendait aux premiers rangs, dans une évidence trop manifeste, Louis-Ferdinand Céline, Paul Léautaud ou Thomas Bernhard, certes pris en compte ici, le lecteur apprend davantage (dans le désordre alphabétique) de Louis Aragon, Aristote, Antonin Artaud, Georges Bataille, Charles Baudelaire, Cicéron, Pierre Drieu La Rochelle, Gustave Flaubert, Jean Genet, Victor Hugo, Henri Michaux, Richard Millet, Friedrich Nietzsche, Paul Nizan, Ambroise Paré, Charles Péguy, Arthur Rimbaud, Jean-Paul Sartre, Germaine Tillion, Jules Vallès, Théophile de Viau, Michel Vinaver, et de beaucoup d’autres, plus ou moins évoqués ou cités dans cette passionnante promenade traversant de multiples époques et espaces linguistiques ou géographiques.

Ce recueil d’études consacré à ce dont Jean Genet, qui savait de quoi il parlait, fait l’éloge, «l’extraordinaire pouvoir de la colère», s’ouvre sur un brillant avant-propos de Jean-Pierre Martin dont on apprécie la vivacité quasi primesautière du style, postulant que la colère des écrivains qui n’ont pas «mis le couvercle sur la bouilloire» (portraits de Michaux et Nizan en «colériques congénitaux») leur vient de l’enfance et qu’il s’agit peut-être là de l’enfance de la littérature, même si l’on se réjouit plus loin de la souriante remarque de Jean-François Louette: «Les jeunes gens en colère ? Allons donc : voyez plutôt du côté des vieillards.»

Jamais les contributions de ce livre qui se lit avec un plaisir passionné – pour qui se passionne pour la littérature, s’entend, et même si peu féru de philosophie – ne s’enlisent dans quelque jargonneux délire d’analyse ou de didactisme «universitaire» quand elles se trouvent toutes signées d’enseignants des plus solides facultés. Au contraire, elles fournissent une foultitude d’informations et d’observations clairement énoncées et souvent mal connues, qui ne laissent d’intéresser, voire d’étonner.

Érudition n’est pas ennui. Cependant, presque toujours employée péjorativement, l’épithète universitaire «suscite aujourd’hui une réaction d’inappétence» reconnaît, un rien autocritique, Claude Burgelin, lequel enseigna la littérature française à Lyon 2, dans le texte qui ferme judicieusement ce volume; ici défendus et illustrés, même si égratignés, ses pairs savent aussi – dont acte – écrire mieux, beaucoup mieux et captivant (reprenons ses mots) qu’une prose de second rang, pesante, empesée, raide, une langue de bois marquée par la lourdeur et le verbiage, sans inattendu, ni… colère.

À l’opposé de la mélancolie romantique, la colère littéraire («furor poeticus» des anciens, «pensée poétique de la colère» de Artaud, de Michaux) concentre – citons à nouveau Genet, ce «grand furieux» (Martine Boyer-Weinmann) –, un «extraordinaire pouvoir de création verbale» puisque «l’écriture doit être capable de faire hurler le papier» (Jacques Neefs). Colère qu’il faut certes savoir, avec Aristote, distinguer de l’indignation. Colère qui, dépassée et féconde, se convertit en roman, en poème… (Martine Boyer-Weidmann) pour produire quelque chose de plus grand qu’elle-même. Ainsi de Baudelaire, cité entre cent, affirmant que «la colère m’a fait faire un bon livre sur la Belgique» – on notera que l’auteur de Amœnitates belgicae ne dit pas «contre les Belges»…

Un ouvrage riche, neuf, substantiel et nécessaire, auquel revenir.

On voudra souligner, pour finir, compliment que ne méritent pas tous les éditeurs, «petits» ou «micros», «gros» ou «grands», que le soin, particulièrement typographique et, oui, orthographique, que Cécile Defaut apporte à la fabrication de ses livres est non pas courant sinon «normal», mais rare, très rare, et digne d’éloges appuyés.



Sous la direction de Martine Boyer-Weinmann et Jean-Pierre Martin. Textes de Daniel Bougnoux, Martine Boyer-Weinmann, Catherine Brun, Claude Burgelin, Belinda Cannone, Dominique Carlat, Bruno Chaouat, Jean-Michel Delacomptée, Jean-François Louette, Jean-Pierre Martin, William Marx, Hélène Merlin-Kajman, Jacques Neefs.



Critique parue dans, "Encres de Loire" n° 49 page 20, automne 2009


Lien : http://www.paysdelaloire.fr/..
Commenter  J’apprécie          30
Emancipation de la psychiatrie

Les besoins humains de la et du sujet malade dans sa singularité sociale et culturelle



Jean Pierre Martin propose, un Petit guide de lecture de son livre.

Il parle, entre autres, de ses précédents ouvrages, d’alternative à l’hôpital asilaire – mettre fin à une médecine spécifique par l’enfermement -, de la « condition aliénante pour tous ceux qui s’y retrouvaient sous contrainte, enfermés et laissés en dépôt dans leur propre étrangeté », de traitement du symptôme « sans que le malade en soit libéré et émancipé comme sujet », de transition « vers sa propre émancipation »…



« Comment résister aux réalités actuelles d’un humain de plus en plus marginalisé par le paradigme comptable, la gestion numérisée, les techniques neuroscientifiques et la contrainte médicalisée ? Comment transformer la psychiatrie dans une société soumise et dominée par les lois de marché économique, dont l’État est le régulateur et le « bras armé » ? ».



L’auteur présente succinctement un relevé de références théoriques (François Tosquelles, Lucien Bonnafé, Franco Basaglia…) du mouvement désaliéniste. Personnellement, je me souviens de l’impact de la lecture des ouvrages de Franco Basaglia.



Des dix points présentés par Jean-Pierre Martin, je souligne, la libération « des fous de leurs chaînes », la notion de « folie morale », celle de « santé mentale », « Elle combat la relégation par l’enfermement et propose un hygiénisme social qui associe le soin, la prévention et des droits humains pour les patients », la critique de l’hygiénisme, « Cette période hygiéniste va produire en Europe la perspective d’un homme nouveau, dont le résultat possible d’un eugénisme monstrueux se concrétise avec l’horreur de l’extermination des fous puis des Juifs par le nazisme, et sous le régime de Vichy pendant la Deuxième Guerre mondiale, qui laisse mourir de faim 40 000 malades dans les hôpitaux psychiatriques » (voir les différents textes d’Armand Ajzenberg publiés sur le blog), la psychanalyse freudienne, la phénoménologie et une pratique de soin relationnel, les apports de la sociologie et de la psychologie, « Elles traitent d’une connaissance des individus déterminée socialement par les rapports et les codes sociaux », la psychiatrie de l’enfant, « des besoins humains de l’enfant, relationnels, éducatifs, de la parole et des droits de l’enfant », l’antipsychiatrie, « Son approche est la dénonciation des conditions de vie et de privation des libertés et le caractère inhumain de certains traitements (électrochocs) dans le soin psychiatrique »…



Le point 9 concerne les politiques de santé mentale à l’heure des politiques néolibérales, la transformation des services publics et de la protection en « entreprises marchandes concurrentielles avec le privé », la promotion de l’« hôpital-entreprise », les « logiques économiques et d’ordre, « extérieures », qui sont imposées aux soignants et aux patients », le retour pour la psychiatrie de l’enfant aux « techniques comportementales de dressage et de prescriptions médicamenteuses qui s’inscrivent dans le seul traitement précoce de handicaps à appareiller », les mesures de tutelles réduisant « le libre-arbitre du sujet », la régression déshumanisante…



Enfin le dernier point est consacré aux associations de santé mentale, aux associations de patient es, aux associations des familles, aux collectifs et aux syndicats.



« Ce petit guide fait apparaître clairement la nécessité de reconstruire un véritable service public de soin et d’accompagnement social, en lien avec le mouvement associatif d’entraide et de défense des droits ».



« La psychiatrie est redevenue un soin médicalisé par la contrainte et la contention ». Jean Pierre Martin fait un état des lieux de la psychiatrie publique sous politique économique néolibérale. Il aborde, entre autres, les impositions extérieures aux organisation du soin, la gestion comptable et ses effets sur « le temps et l’espace du travail soignant », les experts en technique de maîtrise, les politiques de la peur et d’« une sécurité du chacun pour soi », la déshumanisation de « la psychiatrie comme soin relationnel »…



Il revient sur l’« éthique soignante », l’impensé du soin psychique « l’émancipation », la « double utopie dés-aliéniste et de la médecine sociale ». Il rappelle aussi que l’outil principal du travail de psychiatre « est la parole du patient », que le projet de libération de l’enfermement du soin psychiatrique nécessite « une remise en cause d’établissements et de lois spécifiques », que la/le malade doit être considéré·e « en sujet-patient accédant à la vie sociale », que l’objet de la santé mentale est « le traitement d’une aliénation sociale productrice de souffrance psychiques ». Il insiste particulièrement sur l’éthique soignante : « L’éthique soignante se réfère par conséquent à des situations concrètes de soins, à une clinique de l’altérité qui libère de cette norme unique qu’est l’enfermement de et dans la maladie. La psychiatrie est son cadre clinique institutionnel soignant-patients, ce qui implique la négociation du consentement aux soins des patients. Ce qui fait politique de santé mentale n’est donc ni une action « positive » en soi, ni une « bonne pratique », mais sa capacité à créer en commun une subjectivité fondé sur le lien social ».



L’auteur parle de santé et de politique, de souffrances et d’émancipation. Il propose une analyse critique des conditions historiques présidant à la naissance de la psychiatrie et de l’idée de santé mentale, une présentation des approches différenciées et conflictuelles comme creuset de l’émergence du dés-aliénisme. Il aborde la contradiction structurelle entre adaptation et libération, « Un des fils rouges de cet ouvrage est de traiter cette contradiction entre libération et adaptation, à partir de pratiques cliniques concrètes qui constituent une éthique soignante et sociale comme outils d’une pensée d’émancipation et de ses transitions », le discours politique du soin, la place de l’écoute du savoir profane des patient·es et de leur entourage, les malades et les thérapeutes comme sujets, l’historicité des savoirs et des pratiques, la violence sociale ordinaire, la souffrance au travail, « La désespérance d’une précarité généralisée témoigne et alimente le sentiment d’inexistence ou de colère », les lieux de relégation, les souffrances sociales collectives à traiter politiquement, le rôle de la psychiatrie, « La psychiatrie n’est pas un outil du ministère de l’intérieur, mais celui de la santé », l’organisation d’une déshumanisation du « commun » dans toutes les activités humaines, les techniques maltraitantes, la famille comme rapport social aliéné, le déjà-là comme transition du possible…



Sommaire :



Chapitre 1 : Une histoire critique de la santé mentale



Chapitre 2 : Aliénation mentale et aliénation sociale dans la société néolibérales



Chapitre 3 : Emancipation et institution psychiatriques



Chapitre 4 : Quelle politique démocratique de la psychiatrie et de la santé mentale ?



En conclusion, Jean-Pierre Martin revient sur quelques points : la question de l’émancipation, l’acte clinique « comme élucidation du psychisme individuel » comme acte politique, la reconnaissance de l’humanité du sujet « dans son monde imaginaire et d’étrangeté irrationnelle », les besoins pratiques des malades, l’hétérogénéité et l’imprévisibilité du psychisme humain, l’abrogation des lois sécuritaires, les nouveaux droits des patient·es, l’oppression spécifique des femmes et son impensé dans les pratiques de la psychiatrie, la constitution de l’« identité sexuelle » dans l’éducation et la socialisation…



« La richesse est, fondamentalement, une reconnaissance de l’autre dans son humanité commune »






Lien : https://entreleslignesentrel..
Commenter  J’apprécie          40
Histoire et civilisation des États-Unis : Te..

74 textes importants qui jalonnent l'histoire politique, économique, militaire et sociale des Etats-Unis.
Commenter  J’apprécie          20
L'autre vie d'Orwell

Si un auteur est emblématique de ce siècle tourmenté c’est bien George Orwell.

L’essai de Jean-Pierre Martin n’est pas une biographie, c'est le récit de quelques mois de la vie d'un homme.

C’est un écrivain en marge, ses prises de position antifascistes, sa participation et ses écrits sur la Guerre d’Espagne l’on rendu à la fois connu mais aussi impopulaire car à contre courant.

Les journaux lui refusent ses articles, il a pris position pour l’indépendance de l’Inde, il affiche un anti stalinisme très peu orthodoxe pour l’époque.

C’est un homme fatigué, il vient de perdre sa femme, il est marqué par la tuberculose qui finira pas l’emporter et en 1946 il éprouve le besoins de vivre à l’écart du monde pour pouvoir se consacrer à l’écriture.



Il choisit pour sa retraite l’île de Jura en Ecosse, une île loin de tout, le voyage prend plusieurs jours, de bateau en bateau, de petites routes en chemins.

Il va vivre environ deux ans dans la ferme de Barnhill, une île envahie par les cerfs et très peu peuplée mais qui fabrique un Single Malt très prisé des connaisseurs.

Chose plus étrange encore Orwell s’installe sur l’île avec un très jeune enfant, son fils adoptif alors que la maison est tout juste habitable : pas de chauffage, pas d’électricité ...

Il va réinventer sa vie, se transformer en agriculteur, il sème, il plante, il retourne la terre, il crée un poulailler, achète une vache, crée un potager, se fait menuiser, plombier, bref en quelques semaines il peut vivre en autarcie. La soeur d’Orwell et quelques amis feront le voyage jusqu’à Barnhill.



Un très bel essai qui révèle une facette de cet écrivain surprenante et qui s’interroge sur les raisons de ce retrait.

JP Martin a tenté de comprendre cette volonté de vivre loin de tout, coupé du monde, il s’est rendu à Jura et il dit :

« maintenant que je peux imaginer l'homme oscillant entre la main à plume et la main à charrue, entre la chambre où s'invente Big Brother et cette vie du dehors livrée aux éléments, à l'écart de l'Histoire, je ne vois pas davantage de raison majeure, de raison tout court qui l'emporterait, qui puisse justifier cette fugue, mis à part ce qui dépasse la raison, une pulsion profonde, une intériorité exigeante, radicale »



L’auteur nous permet de voir vivre Orwell, échapper ainsi à la pression de Londres, aux polémiques, aux demandes en tous genres. Il nous le montre heureux de s’occuper de son fils Richard et peu gêné par la rudesse des conditions de vie, s’adonnant à la chasse et à la pêche pour améliorer l’ordinaire.

Un temps de pose où il redevient Eric Blair avant que la maladie le rattrape.



Lisez cet essai qui donne fortement envie de lire une biographique de George Orwell et de le retrouver sur le Quai de Wigan ou en Catalogne


Lien : http://asautsetagambades.hau..
Commenter  J’apprécie          80
L'autre vie d'Orwell

Un très beau récit de Jean-Pierre Martin, qui nous fait découvrir une période très particulière de la vie d'Orwell, qui , après la mort de son épouse, sa lassitude des snobismes de la vie littéraire, se retire...très loin dans une île d'Ecosse difficile d'accès.... il va travailler la terre.... et écrire dans un cadre exceptionnel mais aussi un état d'esprit très particulier son très célèbre "1984".... Après cette lecture, et la connaissance de ce retirement du monde d'Orwell, on ne peut relire "1984" qu'avec une autre perception, un autre regard...

c'est un texte magnifiquement écrit, où on ressent très fort une communion d'idées et d'aspirations entre l'auteur et son "biographe"....même si c'est très loin d'une biographie classique....
Commenter  J’apprécie          90
L'autre vie d'Orwell

Un récit délicat, limpide, vivifiant.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
Commenter  J’apprécie          00
La curiosité

Ce livre est jubilatoire: non, la curiosité n'est pas forcément un vilain défaut, même si certains philosophes antiques et l'Eglise la vilipendaient. Jean-Pierre Martin la considère au contraire comme une qualité, une ouverture, un élan vivifiant permettant de sortir de sa monotonie. Sans la curiosité, pas de grandes découvertes, pas de progrès scientifiques, pas de débats d'idée et pas de lectures et pas d'amour. C'est un livre intéressant et très stimulant.
Commenter  J’apprécie          10
La curiosité

Nous avons un point de vue intéressant sur la curiosité et l'histoire de ce point de caractère. A quel point sommes-nous curieux ? Est-ce bien ou mal ? Petit à petit, sans nous en rendre compte, on perds tout intérêt pour ce qui nous entoure, tout devient routinier et monotone. J'aimerais pouvoir revenir aux premiers instants, aux moments où j'ai vu quelque chose pour la première fois. Mais j'essaye de prendre conscience des choses afin de m'en souvenir, et je m'émerveille chaque jour de ce qui m'entoure !
Commenter  J’apprécie          30
La honte : Réflexions sur la littérature

De Rousseau à Ernaux, la littérature a su s’emparer de la honte pour en explorer les nombreuses facettes.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
Commenter  J’apprécie          00
Le laminoir

" Tout a commencé par une vision : durant un cours de philosophie à la Sorbonne, la Madone des métallos, en toute sa splendeur charnelle, est apparue au jeune Simon. Dès lors, le voici voué à caboter d'usine en usine, à errer entre petits chefs et petites frappes, entre patrons et matons. dernière et lumineuse escale : un laminoir "...Roman fortement autobiographique, fruit de cinq années de travail en usine , vécues par l’auteur…



- Bibliographie :



L'autre vie d'Orwell, Gallimard, collection « L'un et l'autre », 2013.

Les écrivains face à la doxa, essai sur le génie hérétique de la littérature, José Corti, 2011.

Queneau Losophe, Gallimard, collection « L'un et l'autre », 2011.

Les liaisons ferroviaires, Champ Vallon, 2011. Réédition, J'ai lu, 2013.

Éloge de l'apostat, essai sur la vita nova, Le Seuil, collection « Fiction & Cie », 2010.

Réédition, Le livre de poche , 2013.

Le livre des hontes, Le Seuil, collection « Fiction & Cie », 2006 (Grand Prix de la critique,

sélection du prix Renaudot essais) (traduit en russe et en roumain).

Sabots suédois, roman, Fayard, 2004.

Henri Michaux, biographie, Gallimard, 2003 (Prix Louis Barthou de littérature

générale de l’Académie française).

Henri Michaux, ADPF-Publications, Éditions des Affaires Etrangères, 1999.

La Bande sonore : Beckett, Céline, Duras, Genet, Perec, Pinget, Queneau, Sarraute, Sartre, José Corti, 1998.

Corner-line, Paroles d'Aube, 1998 (épuisé).

Contre Céline ou D'une gêne persistante à l'égard de la fascination exercée par Louis Destouches sur papier Bible, José Corti, 1997.

Le Piano d'Épictète, récits, José Corti, 1995.

Le Laminoir, Champ Vallon, 1995.

Henri Michaux, écritures de soi, expatriations, José Corti, 1994 (Prix Rhône-Alpes du Livre 1994).



- Quelques informations biographiques sur Jean-Pierre Martin, extraites de son site officiel



http://jeanpierremartin.net/jpm_biographie.html



« Jean-Pierre Martin est né le 15 mars 1948 à Nantes.

Après des études secondaires au lycée Jules Verne à Nantes, il est interne en hypokhâgne à Paris au lycée Louis-le-Grand, puis s’inscrit en philosophie à la Sorbonne, où il termine sa licence en septembre 1968.



Il devient militant de la Gauche prolétarienne, et travaille en usine pendant cinq ans : d’abord à Saint-Nazaire (en particulier aux établissements Baudet, fabricant de caravanes, où il participe à une grève avec occupation, et à Sud Aviation), puis à Saint-Etienne (dans une fonderie, Socober la soupape, aux Aciéries du Furan, et enfin deux ans à Creusot-Loire comme aide-lamineur). Entretemps, il est condamné à deux mois de prison ferme pour « apologie du crime d’incendie volontaire ». Il transposera ces expériences dans un roman publié en 1995 chez Champ Vallon, Le laminoir.



Anticipant l’autodissolution de la Gauche prolétarienne, il s’auto-dissout ( il raconte ce moment, qu’il appelle « le trou noir », au début de son Éloge de l’apostat publié en 2010 au Seuil ), et s’engage dans une longue période de vie à la campagne : d’abord trois ans dans le nord-Finistère ( où il passe une maîtrise de Lettres sur Queneau ), puis près de dix ans en Auvergne, dans un hameau perché à mille mètres d'altitude, où il exerce divers métiers : chantiers, artisanat, fabrication et vente de ceintures de cuir et de sabots suédois ( d’où le titre d’un récit publié chez Fayard en 2004, Sabots suédois ). Il effectue alors de nombreux et longs voyages, en particulier en Amérique et en Asie. Il travaille intensément le piano jazz, apprend l'harmonie, et joue en trio ou en quartet.



• En 1987, il décide de préparer par correspondance les concours de l'agrégation et du CAPES de Lettres auxquels il est reçu cette année-là. Il commence aussitôt une thèse sur Michaux, et enseigne pendant un an aux États-Unis, à l’Université d’Oregon. À partir de cette époque, il consacre une bonne partie de son temps à l’écriture tout en pratiquant, par intermittences, avec des musiciens de jazz, ce qu'il appelle la « lecture be-bop ».



Il publie dans la NRF ses premiers textes qui seront réunis chez José Corti sous le titre Le piano d'Epictète. Depuis, tout en continuant à écrire des fictions, il a achevé une biographie monumentale, Henri Michaux ( Gallimard, 2003 ) et entrepris une sorte d’anthropologie et d’autobiographie oblique à partir de la lecture des grands textes de la littérature et de la pensée critique, dont deux volumes sont parus en 2006 et 2010 au Seuil dans la collection « Fiction & Cie » : Le livre des hontes et Éloge de l'apostat.



• Il est aujourd'hui professeur de littérature contemporaine à l'Université Lyon 2, membre de l’Institut universitaire de France (chaire de littérature du XXe siècle). Il vit en Ardèche.



Commenter  J’apprécie          60
Le livre des hontes

Rougir et enfouir la honte au plus vite, en espérant que cette émotion violente est passée inaperçue. Cacher l’inavouable et tenter d’oublier ce moment gênant en le recouvrant de silence. Qui n’a pas connu cela !

La littérature plonge dans ces eaux troubles et en tire des récits qui nous touchent forcément. En fait, toutes les hontes avouées nous rendent solidaires et c’est la puissance des histoires partagées qui nous rend plus fort et tellement humains.

Commenter  J’apprécie          80
Le monde des Martin

Invitation à une lecture inattendue,

celle du « Monde des Martin »

par Jean-Pierre Martin

(Ed. L’Olivier)



La lecture de cette passionnante petite somme de quelque 700 pages n’invite en rien au sommeil, mais au contraire à un éveil constant, jusque dans les régions les plus proches et les plus reculées de notre planète. Et ce qui est rarissime, on y voit vivre aussi, entre autres, les « petits hommes » quasiment en les accompagnant dans leur vie intérieure et intime, leurs mystères et leurs clartés. Ce sont là les mille et une choses que le livre de Jean-Pierre Martin nous apporte. Il y pratique une sorte de labourage dans le sol et le sous-sol de nos vies et de celle de nos ancêtres. Cela nous manquait, et le lecteur est conduit à reconsidérer le tohu-bohu de la vie des humains, sans omettre leurs inimaginables injustices….

Maxime Caron

Commenter  J’apprécie          40
Le monde des Martin

Roman choral, collection de miniatures ? À travers une inoubliable galerie de portraits, l'écrivain philosophe Jean-Pierre Martin nous conte l'histoire picaresque de son nom de famille, particulièrement répandu, du Moyen Âge à nos jours.


Lien : https://www.telerama.fr/livr..
Commenter  J’apprécie          00
Le monde des Martin

La 36ème édition de la Fête du Livre de Bron qui a cours tout ce week end a commencé en fanfare mercredi dernier à la Médiathèque Jean Prévost de Bron pour une rencontre hors les murs avec l’écrivain Jean-Pierre Martin à laquelle nous avons pu assister.



Dans son nouveau roman, Le Monde des Martins,Jean Pierre Martin, l'homme qui a frolé le prix Goncourt en 2020 avec Mes Fous où il n'a rien pu faire contre la tornade L'anomalie, et qui est également professeur de littérature contemporaine à l’ Université Lyon 2, se lance dans un défi de taille et qui s'avère être pleinement réussi..



À mi-chemin entre l’enquête historique, le roman et l’arbre généalogique, Jean-Pierre Martin s’applique à traduire l’identité d’un patronyme, le sien !.



Des vies de saints, de soldats, de missionnaires, de colons, de héros, de salauds, d'escrocs, d'artistes, d'explorateurs... Pour la plupart, des oubliés ou des anonymes, ayant pour seul point commun leur nom de famille : Martin.



Nous prenons ainsi connaissance de quarante et une destinées pour le moins singulières, de Trayvon Martin, un jeune noir assassiné en 2012 par un vigile raciste - une mort tragique qui donna naissance au mouvement Black Lives Matters- à Pedro Martins, célèbre évèque au Japon, en passant par Jean francois Martin, héros des guerres de Napoléon ou encore évidemment le fondateur de tous les Martin du Monde , le saint Martin de Tours né au 4e siècle.



S'appuyant sur des ouvrages historiques solides, des témoignages anciens ou des journaux de famille, Jean Pierre Martin livre une épopée collective intelligente et admirable.



Le monde des Martin est une biographie collégiale, malicieuse, empathique et pétrie d'humour qui exhume de l'oubli des êtres singuliers et souvent formidables.



C'est surtout un livre qui témoigne; une fois de plus ,des facultés de conteur hors pair de cet énième Martin, Jean Pierre du prénom et formidable romancier de profession....
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          220
Le monde des Martin

Jean-Pierre Martin écrit l’épopée des Martin en sortant de leur anonymat onomastique une quarantaine d’entre eux, dans un livre aussi érudit que drôle.
Lien : https://www.la-croix.com/Cul..
Commenter  J’apprécie          00
Le monde des Martin

Membre de la secte Martinienne, j'avoue avoir été attirée bien narcissiquement par cet ouvrage. Mais dès les premières pages, j'ai été bluffée : mes ressentis "patronymiques" étaient couchés là, sous mes yeux ! Ah ! L'anonymat de la multitude ! Les problèmes d'homonymie... Sous une plume passionnée, érudite mais aussi très actuelle, Jean-Pierre Martin nous embarque dans l'histoire, l'ethno-socio des "phares" Martin. C'est jouissif (et sans trop m'avancer, ce doit l'être aussi pour ceux qui ne portent pas ce nom, car oui, il y en a :))
Commenter  J’apprécie          40
Les écrivains face à la doxa : Du génie hérétique d..

Critique de Baptiste Morizot pour le Magazine Littéraire



Dans Les Écrivains face à la doxa, les protagonistes sont plutôt les lecteurs face à la doxa scolaire. La doxa est «l'ensemble des idées dominantes qui contribuent à former la religion d'une nation». Ce livre est une thérapie pour une maladie bien spécifique : «la doxa littéraire, produit dérivé de l'enseignement», ou le marasme dans lequel semble se mouvoir l'enseignement scolaire et universitaire de la littérature. Il s'agit d'un drame sociologiquement restreint, mais qui pourrait s'étendre aux lecteurs de demain.

L'enseignement littéraire apparaît ici comme automatisé par une série d'habitudes mortifères, qui consistent à empêcher l'expérience intime et intense de lecture d'un livre, pour lui substituer des modes d'analyse programmés, produisant de la répétition. Parmi ces dogmes et opinions reçues, la «doxa techniciste» transforme la littérature en ingénierie des tropes, où la lecture consiste en un rangement minutieux des organes du texte selon les catégories des formalismes les plus abstrus. Connaître la littérature, c'est alors connaître les outils pour la disséquer vive, et non plus les livres eux-mêmes. La doxa du secret, quant à elle, interdit toute incursion dans la biographie d'un auteur pour donner un éclairage à son oeuvre. Cette doxa à la mode postule l'autonomie pure du texte, et la mort de l'auteur. Sur ce point le débat est houleux : Jean-Pierre Martin s'oppose ici à une théorie qui ne manque pas d'adeptes, et qui reste pertinente pour résoudre certains problèmes, comme celui qui est posé par le psychologisme d'un Sainte-Beuve prétendant expliquer toute l'oeuvre par la psyché de l'auteur. Néanmoins, Jean-Pierre Martin montre bien que le débat est faussé par une radicalisation des positions en présence. Les lectures biographiques peuvent être pertinentes, à condition de ne pas prétendre réduire l'oeuvre, mais l'éclairer.

Si ces critiques semblent éclairantes, le point qui reste en débat est celui de leur extension : à qui s'adressent-elles ? Si l'hypothèse sociologique de l'auteur est juste, elles ne s'appliquent pas qu'à l'enseignement universitaire et scolaire de la littérature, mais aussi à vous et moi, à l'honnête homme, qui croit être libre de lire des romans comme il l'entend, quand c'est la doxa qui lit à travers lui. Cette hypothèse aujourd'hui un peu catastrophiste pourrait être un risque pour demain : les honnêtes hommes de demain étant les élèves d'aujourd'hui, le danger est que leur rapport à la littérature soit vicié par les programmes éducatifs. La thérapie que propose Jean-Pierre Martin revient au mot de Hölderlin : «Là où est le danger croît aussi ce qui sauve.» Car les écrivains continuent à écrire, et les lecteurs à les lire, de sorte qu'ils réactivent ensemble ce mode authentique de lecture qu'est l'expérience intime, sans trop de médiation théorique, sans nécessité immédiate de professer une opinion, et sans explication de texte à rendre. Pour une fois, le bon sens semble être une solution.
Commenter  J’apprécie          10
Les liaisons ferroviaires

Ce que je retiens de ce roman, c'est l'intrigue se déroulant dans un TGV passant par la Gare de Lyon et Marseille, j'étais moi même dans un train Marseille-Paris... Au-delà je dirais que ce n'est pas un indispensable, sans s'ennuyer, il arrive de lire le cheminement de ce train de manière totalement passive, comme dans un train le nez collé à la fenêtre...
Lien : http://lesquotidiennesdeval...
Commenter  J’apprécie          00
Les liaisons ferroviaires

Ce livre aborde les rencontres que l'on peut faire au hasard d'une ligne de train. Rencontres amoureuses, rencontres amicales, rencontres...

Livre qui se lit sans déplaisir mais dont je n'ai retenu qu'un paragraphe sur la raison d'être d'un livre, paragraphe que j'ai écrit en citation.
Commenter  J’apprécie          00
Les liaisons ferroviaires

Une histoire à huit clos dans un TGV, le train de l'amour à grande vitesse !

Drôle et plein de finesse.

Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Pierre Martin (229)Voir plus

Quiz Voir plus

SECONDE GUERRE MONDIALE

Quelles sont les dates de début et de fin de la Seconde Guerre mondiale ?

De 1940 à 1945
De 1914 à 1918
De 1939 à 1945

8 questions
594 lecteurs ont répondu
Thèmes : seconde guerre mondialeCréer un quiz sur cet auteur

{* *}