Citations de Jean Racine (1501)
OENONE
Juste ciel ! tout mon sang dans mes veines se glace,
O désespoir ! ô crime ! ô déplorable race !
Voyage infortuné ! Rivage malheureux,
Fallait-il approcher de tes bords dangereux ?
THERAMENE
[...]
Les forêts de nos cris moins souvent retentissent.
Chargés d'un feu secret, vos yeux s’appesantissent.
Il n'en faut point douter : vous aimez, vous brûlez ;
Vous périssez d'un mal que vous dissimulez.
BERENICE
[...]
Quoi ? dans mon désespoir trouvez-vous tant de charmes ?
Craignez-vous que mes yeux versent trop peu de larmes ?
ANTIOCHUS
Tous mes moments ne sont qu'un éternel passage
De la crainte à l'espoir, de l'espoir à la rage.
TITUS
Ah, Rome ! Ah, Bérénice ! Ah, prince malheureux !
Pourquoi suis-je empereur ? Pourquoi suis-je amoureux ?
BERENICE
[...]
; et pour jamais, adieu.
Pour jamais ! Ah ! Seigneur, songez-vous en vous-même
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?
Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le jour finisse,
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,
Sans que de tout le jour je puisse voir Titus !
TITUS, seul.
[...]
Car enfin au combat qui pour toi se prépare
C'est peu d'être constant, il faut être barbare.
BERENICE
[...]
Je me comptais trop tôt au rang des malheureux.
Si Titus est jaloux, Titus est amoureux.
TITUS
[...]
Quelle honte pour moi, quel présage pour elle,
Si dès le premier pas, renversant tous ses droits,
Je fondais mon bonheur sur le débris des lois !
ANTIOCHUS
[...]
Titus, pour mon malheur, vint, vous vit, et vous plut ;
Il parut devant vous dans tout l'éclat d'un homme
Qui porte entre ses mains la vengeance de Rome.
Mais j'espère qu'enfin le ciel las de tes crimes
Ajoutera ta perte à tant d'autres victimes,
Qu'après t'être couvert de leur sang et du mien,
Tu te verras forcé de répandre le tien.
J'ai vu sur ma ruine élever l'injustice.
De mes persécuteurs j'ai vu le ciel complice.
Tant d'horreurs n'avaient point épuisé son courroux,
Madame. Il me restait d'être oublié de vous.
Digne emploi d'un ministre, ennemi des flatteurs,
Choisi pour mettre un frein à ses jeunes ardeurs,
De les flatter lui-même, et nourrir dans son âme
Le mépris de sa mère, et l'oubli de sa femme !
Que présage à mes yeux cette tristesse obscure,
Et ces sombres regards errant à l'aventure ?
Sans doute on ne veut pas que mêlant nos douleurs
Nous nous aidions l'un l'autre à porter nos malheurs.
Toujours la tyrannie a d'heureuses prémices.
Il peut, Seigneur, il peut, dans ce désordre extrême,
Épouser ce qu'il hait, et punir ce qu'il aime.
Je sentais que ma haine allait finir son cours,
Ou plutôt je sentis que je l'aimais toujours.
Je pars plus amoureux que je ne fus jamais
Bajazet ,écoutez :je sens que je vous aime
Vous vous perdez.Gardez de me laisser sortir
Le chemin est encore ouvert au repentir
Ne désespérez point une amante en furie
S'il m'échappait un mot ,c'est fait de votre vie.