Citations de Jean d` Ormesson (2585)
Je t'aime dans le temps. Je t'aimerai jusqu'au bout du temps. Et quand le temps sera écoulé, alors, je t'aurai aimé. Et rien de cet amour, comme rien de ce qui a été, ne pourra jamais être effacé.
Ceux qui ne croient pas en Dieu font preuve d'une crédulité qui n'a rien à envier à celle qu'ils reprochent aux croyant.
Il me semble parfois que les choses se sont faites presque toutes seules et que je n’y suis pour rien. Je n’ai pas choisi de naître. Je ne suis pas arrivé n’importe quand. On ne m’a pas déposé n’importe où. Je n’ai pas débarqué hier devant Troie, entre Achille et Ulysse. Ni avant-hier pour la guerre du feu. Ni demain ou après-demain parmi des robots distingués et de plus en plus savants. Non. Je me suis retrouvé sans le vouloir entre deux guerres mondiales, au temps de Staline et d’Hitler, dans un corps qui, bon gré, mal gré, a été le mien pour toujours, c’est-à-dire pour un éclair.
L'argent est la plus funeste des inventions de génie. (p. 203)
"Tout le bonheur du monde est dans l'inattendu."
Nous découvrions avec stupéfaction que les autres nous regardaient, et pas seulement pour nous admirer, et qu'ils nous jugeaient comme nous les jugions.
Selon l'épigraphe d'A l'Ouest rien de nouveau, l'intention de l'auteur n'était d'écrire ni un réquisitoire ni une confession, mais de faire le récit d'une génération dont les survivants étaient "détruits par la guerre". Mais plus qu'une mise en garde ou même une autodéfense, cette épigraphe que caractérisent la simplicité et la clarté déclare en une seule phrase, toute tranquille qu'elle soit, que ce qui suit est une histoire de destruction.
A l'Ouest rien de nouveau - Erich Maria Remarque
Le monde est une poupée russe.Dans le grand roman de l'univers,il y a le roman de la terre.Dans le grand roman de la terre,il y a le roman de la vie.Dans le grand roman de la vie,il y a le roman de l'histoire.Dans le grand roman de l'histoire,il y a le roman de chacun de nous...
La mort est l'autre nom de la vie.
La littérature n'est pas faite d'abord d'histoires, quelques belles ou séduisantes qu'elles puissent être, ni de passions, ni d'expérience : elle est faite d'abord de mots. La littérature n'est pas un message. Elle n'est pas non plus une plaisanterie, une gaudriole, un divertissement. Il y a quelque chose de presque indéfinissable, quelque chose d'obscur et de lumineux, qui règne sur la littérature : ce quelque chose est le style.
S'il fallait résumer en deux mots l'image que nous nous faisons de la littérature, nous dirions : le plaisir et le style. Ils ne cessent de se mêler et de s'entrecroiser.
Le plaisir : les histoires, l'intrigue, les personnages, la surprise et la gaieté, l'intelligence et la hauteur, le souvenir et l'espérance. Tout cela n'est rien et ne peut rien être sans le dieu mystérieux qui règne sur les mots et qui donne son statut à la littérature : le style.
Cioran détestait les discours, les éloges, l'enthousiasme et les bons sentiments. Il ne comprenait pas comment " le risque d'avoir un biographe n'a jamais dissuadé personne d'avoir une vie. "
(...)
Né à Rasinari en Transylvanie, Emile Cioranescu était le fils d'un pope .Il jouait au football au cimetière avec les crânes des morts et lisait Dostoïevsky. Le chagrin de vivre, qui ne le lâchera plus, ne met pas très longtemps à passer sa geule de requin : à vingt-deux ans il publie ... un livre au titre très éloquant : Sur les Cimes du Désespoir.
Dans l'illustre lignée qui va de Job sur son fumier jusqu'à Beckett dans ses poubelles, en passant par Alceste et par Shopenhauer, par Kafka et par Chestov, il se situe quelque part entre l'Ecclésiaste et Vauvenargues.
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Le noir prophète transylvain, le misanthrope des Carpates était, dans le privé, l'enjouement même, et la gaîeté... " Je suis, disait-il de lui-même, un sahara rongé de voluptés, un sarcophage de roses."
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Rien de plus roboratif que la lecture de ce manuel des désespérés qu'est l'oeuvre de Cioran. Il devrait être remboursé par la Sécurité sociale. Revers de fortune ? Chagrin d'amour ? Malaise existentiel ? Quelques pages de Cioran sur la tristesse d'être né, sur l'inutilité de l'existence, sur l'échec sans appel de toute vie, et hop! vous vous sentez déjà mieux !
(pp.99-103)
Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c'est la présence des absents dans la mémoire des vivants.
Que vois-tu ?
Je vois des maisons des champs et des arbres.
Eh bien tout ça est à moi.
Maintenant ferme les yeux, que vois-tu ?
Rien.
Eh bien tout ça est à toi.
Et, à travers les visages et les larmes de ceux qui se souvenaient, je voyais surgir tout un passé qui, pour moi et quelques autres, avait été presque tout et dont il ne restait presque rien.
P. 14
J'ai aimé les livres plus que tout.
La vie pour vous sera si belle que, malgré les échecs et les souffrances que nous connaissons tous, vous aurez, je vous le dis, un peu de mal à la quitter.
le temps est la seule chose au monde que tout le monde connaît et éprouve, et qu'on ne peut ni voir, si sentir, ni toucher, ni diriger ni modifier ni définir... il devrait être interdit d'en parler.
Théoriquement "roman d'amour", Nadja est en réalité une réflexion sur le surréalisme comme mode de vie, qui renverse les distinctions entre art et monde, rêve et réalité.
André Breton - Nadja
J'ai eu de la chance. Je suis né. Je ne m'en plains pas. Je mourrai, naturellement. En attendant, je vis.
Les mémoires, on écrit ça quand on n'a plus rien d'autre à écrire.