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Critiques de Jens Christian Grondahl (277)
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Quelle n'est pas ma joie

Que ça fait du bien de lire des romans de Grondahl ! C’est le maitre de la psychologie, de la finesse, de la profondeur non dénuée de touches d’humour, de la justesse des sentiments sans faux-semblants, des pensées dissimulées, du cœur de la vie, tout simplement.



Ici, la narratrice a 70 ans et vient de perdre son mari. Elle est effondrée, ça oui, mais ce n’est pas dans son caractère de se laisser aller. Donc elle écrit…à Anna, sa meilleure amie … décédée, mais aussi… la maitresse de son mari…et la première femme de son 2e mari. Vous me suivez ?

Sinon, vous pouvez imaginer l’imbroglio familial, d’autant plus qu’Anna avait 2 enfants de son premier mari dont la narratrice s’est occupée après sa mort.

Et puis la narratrice elle-même garde un lourd secret…



Ha ha ha ! Je reprends donc :

1. La narratrice s’appelle Ellinor. Elle se marie avec Henning.

2. Ellinor et Henning font la connaissance de Anna et Georg.

3. Ces 2 couples s’entendent à merveille, même trop, car Henning et Anna deviennent amants.

4. Le jour où Ellinor et Georg l’apprennent, Henning et Anna meurent dans une avalanche, étant partis skier tous les 2.

5. Ellinor et Georg, veufs tous les 2, finissent par se marier. Ellinor élève les 2 enfants de Georg et Anna, des jumeaux.

6. Longtemps après, Georg meurt, les jumeaux sont adultes et casés (plus ou moins) et Ellinor se retrouve seule.

C’est là que le roman commence.



Situation compliquée ? En tout cas, si c’est moi qui la raconte, oui ! Mais pas si c’est Jens Christian Grondahl, admirable de sobriété et d’authenticité.

Vous ne me croyez pas ? Quelle ne sera pas ma joie de savoir que vous vous êtes lancés dans cette lecture-analyse de sentiments …

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Les jours sont comme l'herbe

Le fond : six cours romans sur le Danemark post-1940 : un adolescent qui se lie d’amitié avec un jeune Allemand lors de l’occupation, des parents dépassés par leur adolescent qui prend fait et cause pour les migrants, une actrice sur le déclin, un policier qui enquête sur la disparition d’un riche industriel, une juge en passe d’inculper le beau-père de sa fille, et la vie d’une pasteure.

La forme : une écriture simple et directe.

Pour conclure, un aperçu du Danemark contemporain sous la forme d’un recueil de nouvelles de qualité inégales et manquant de souffle.

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Quelle n'est pas ma joie

Deux couples : Anna et Georg puis Ellinor et Henning. Lors de vacances dans les Dolomites, Anna et Henning sont tués sous une avalanche. Ellinor et Georg se marient quelques temps plus tard.



A la mort de Georg, Ellinor ressent le besoin d’écrire à son amie Anna, morte depuis des années. Sur ses relations avec Georg, avec les jumeaux (les enfants d’Anna), sur leur amitié, sur son histoire, celle de sa naissance.



C’est un monologue pas du tout ennuyeux, au contraire. Il n’y a pas de dialogue mais cela se lit très facilement même si le sujet est profond. Le deuil.

A sa manière et en se racontant Ellinor, fait le sien et s’ouvre à une nouvelle vie, une nouvelle liberté.



Le titre m’intrigue, traduit du danois cela donne « Souvent je suis heureux(se) » (traduction Reverso) qui correspond mieux au livre je pense.

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Bruits du coeur

J'ai été très déçu par cette lecture. La 4ème de couverture présentait une intrigue attrayante mais le style de l'auteur ne m'a pas convaincu. Il n'y avait que de la narration, aucun dialogue, ce qui rend la lecture très monotone. De plus, le narrateur (qui est le personnage principale du livre) est tres mélancolique. Dommage parce que malgré tout, l'histoire en elle même était intéressante.
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Bruits du coeur

— Pacemaker —



J’avais aimé Virginia, ma première incursion dans l’œuvre de Jens Christian Grøndahl, aimé pour l’ambiance incertaine dans laquelle il m’invitait avec simplicité et dont une citation de ce roman-ci me paraît décrire le secret : « Nous n'avons à notre disposition que nos mots usés. Ils se mettent parfois en travers du chemin, d'autres fois, ils ne suffisent pas mais, sans eux, il n'y aurait pas d'histoire, rien que le mutisme têtu des choses et des instants qui s'enfuient en passant fugacement. »



Grøndahl approche au plus près ses personnages, au premier rang desquels le narrateur anonyme des Bruits du cœur, sans que ce dernier et nous non plus ne les rencontrions véritablement, chacun ne pouvant être que frôlé, deviné, jamais possédé.

Cependant, la fluidité du style, la finesse des évocations, ne laissent pas de nous raconter un monde, par des détails, des considérations générales, nous menant l’air de rien au seuil de l’intime et à la limite de l’universel.



« La nuit tombe moins rapidement et, malgré le froid, il y a quelque chose dans les dernières lueurs éclairant le ciel qui nous dit que l’on peut raisonnablement se mettre à penser au printemps. »



Le véhicule, c’est dans ce roman le double récit, mené dans une forme d’introspection par le narrateur à partir de la mort d’une son ami d’enfance : « Quand je parle de lui, je raconte seulement comment il est devenu une partie de ma propre histoire. Je ne parvenais pas à me pardonner mon nombrilisme mais, d’un autre côté, comment cesse-t-on de contempler ce nœud ridé cerné de peau fine, ce lieu qui témoigne de la coupure brutale du lien avec le corps originel de l’amour ? »



L’amour, sous toutes ses formes, comment il se noue. L’histoire suivant aussi le fil d’un secret dont, pour tout dire, la révélation ne m’intéressait à la fin plus du tout sans que le roman m’ennuyât vraiment, vraiment tout à fait.



Dans Virginia, plus court, quelque chose de mal-aimable avait davantage retenu mon attention. Ici, tout est parfaitement et sans doute trop bien huilé à mon goût. Bien menée, bien écrite, cette histoire ne m’a en définitive que peu intéressé — ce qui est somme toute un problème de taille à ma satisfaction de lecteur.
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Lucca

Lucca, publié en 1998 dans sa version originale danoise, n'a à ma connaissance pas encore été traduit en français. J'ai lu ces derniers mois plusieurs romans de Jens Christian Grøndahl, avec des ressentis variés mais globalement positifs. Celui-ci est peut-être celui de trop. Pourtant, il ne diffère pas foncièrement des autres, il est même à mon sens parfaitement typique de l'oeuvre de l'auteur. Mais la structure m'a un peu lassé. On suit deux personnages principaux, un médecin et sa patiente, dont on retrace à tour de rôle la vie passée : les différentes histoires d'amour, leurs relations avec leurs parents, leurs enfants etc. Au final, on a le sentiment que tout finit par se ressembler. Vers la moitié du livre, il me semblait parfois que l'auteur aurait pu empiler les histoires de couple qui se font et se défont indéfiniment ou presque. Et ce qui, habituellement, me plait chez Grøndahl, c'est-à-dire une attention extrême portée à la psychologie, au détriment d'une action souvent assez réduite, a fini par avoir raison de ma patience. Je suis arrivé au bout de ma lecture assez péniblement, d'autant plus que je lis moins vite en danois qu'en français.
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Les jours sont comme l'herbe

Le livre est composé de six nouvelles, aussi intéressantes les unes que les autres. Dans chaque nouvelle, JCG se centre sur un personnage confronté à une situation difficile : Un enfant danois qui rencontre un enfant allemand en fuite et recherché à la fin de la deuxième guerre mondiale ; un père négligent face à la fugue « politique » de son fils adolescent ; une magistrate qui découvre des malversations d’un proche, etc., ce qui lui permet nous faire partager des réflexions sur la responsabilité individuelle et collective tout en nous plongeant dans des actions immédiates. C’est passionnant.

De son écriture sobre, JCG tisse des histoires puissantes, graves mais aussi riches en sensations hédonistes, décrivant des paysages, souvent de bords de mer, ou des atmosphères. Il est aussi très contemporain dans les sujets abordés : la solidarité avec les migrants, la perversité des réseaux sociaux, l’enrichissement aveugle. Il a un art incomparable pour sonder la psychologie de ses personnages dans toute leur profondeur et leur complexité. Je lui trouve de fortes proximités avec Ingmar Bergman dans son approche de la responsabilité individuelle, de la morale, des relations familiales mais aussi dans sa prédilection pour l’Italie.

Un grand livre. Un des meilleurs sinon le meilleur lus en 2023 en ce qui me concerne.

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Les Mains Rouges

On trouve souvent - presque toujours même - dans les romans de Jens Christian Grøndahl le portrait d'une femme dans la cinquantaine, qui à la suite d'un événement soudain, va porter un regard rétrospectif sur sa vie. Ce roman, à cheval sur deux époques, ne fait pas exception. Sonja vit avec le poids de la culpabilité depuis qu'elle sait qu'elle a été impliquée indirectement dans la mort d'un homme. Par deux fois, c'est une rencontre fortuite, soit avec un activiste allemand dans les années 70, soit avec le narrateur dans les années 90, qui va donner à sa vie une nouvelle orientation. Avec elle, on s'interroge pour essayer de comprendre comment une personne peut, sans le réaliser, se retrouver acteur d'événements extrêmes. L'indifférence de la Sonja des années 70 est presque insupportable. Par amour, à peine réciproque, elle suit aveuglément sans trop s'interroger. Cette Sonja-là m'a un peu énervé. Mais la Sonja des années 90 a compris et porte le poids de la responsabilité et du remords. Ce roman est typique de l'œuvre de Grøndahl, mais ce n'est à mes yeux pas le meilleur.
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Quelle n'est pas ma joie

QUELLE N'EST PAS MA JOIE de Jens Christian Grøndahl



Une femme écrit à son amie décédée et, c'est ce qui fait l'originalité de ce roman comme dans celui de Lionel Shriver, Il faut qu’on parle de Kévin, mais en moins bien réussi. Cette amie a été la maitresse de son mari et tous deux sont morts dans une avalanche. La femme s'est alors retrouvée en couple avec le mari de l'amie décédée.



L'écriture n'est pas à se rouler par terre.







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Les jours sont comme l'herbe

Jens Christian Grøndahl est à mes yeux l'auteur de la psychologie féminine. Mais dans ce recueil de 6 longues nouvelles, qui constituent presque autant de petits romans, il élargit nettement le spectre de ses personnages. On y retrouve certes, comme souvent dans son œuvre, la femme d'âge mûr qui jette un regard rétrospectif sur sa vie, mais aussi, et c'est plus inhabituel chez lui, des portraits d'adolescents ou d'hommes. Les six nouvelles ne se valent pas forcément toutes, mais j'ai été particulièrement touché par "Edith Wengler", portrait d'une actrice fictive (pour le coup, du pur Grøndahl), par "Je suis la mer" où un riche homme d'affaire décide de faire croire à son suicide (mais où en fait, l'épouse de ce dernier joue quand même le rôle primordial), et par "Hiverner en été" où une femme doit enquêter sur les malversations de la famille de son beau-fils. Encore et toujours, c'est dans la description psychologique des femmes que Jens Christian Grøndahl excelle. la première nouvelle, celle qui donne son titre au recueil, est la description d'une amitié entre deux adolescents. J'en attendais beaucoup, car le lieu (Skagen) me fascine, et la période (les jours qui suivent la Libération) m'intéresse, mais j'ai été moins convaincu, j'ai trouvé le texte un peu bavard.
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Bruits du coeur

Pourquoi avais-je réservé ce livre à la bibliothèque ? Je ne m'en souviens plus, comme demain je ne me souviendrai plus de son contenu... alors j'en fais vite la critique.

Le narrateur apprend la mort subite, à quarante ans, de son ami d'enfance.

Les souvenirs remontent, en vrac. Les années qu'il a passées avec Adrian son ami, Ariane la sœur de celui-ci, l'amour de sa vie, avec ses parents, son fils...

Il y a des pages et des pages d'écriture, normal me direz vous, c'est un livre ! Des descriptions à n'en plus finir. Exemple : "C'est là, où se rejoignent les routes de la nuit aux petites heures enfumées de l'aube Ces lieux obscurs fonctionnent comme les ventricules du cœur de la ville, recevant péniblement leurs flots de songe-creux, de sages et de beauté fanées, avant de les rejeter dans les artères grises et vides du matin. La décoration la plus marquante du lieu est un grand tableau des années cinquante, montrant une blonde apeurée, au milieu de la rue, qui perd son slip tandis que le tramway se rapproche au loin entre ses jambes. " voilà, comme je l'ai dit , c'est écrit, mais suffit -il d'écrire pour écrire un livre ?

Je me suis ennuyée.

Quatre mauvaises critiques sur cinq, promis, je ne me défoule pas...mais la roue va tourner, j'en suis sûre.

Ce soir les amis, je pars à Combray, chez mon ami Marcel et je lirai ses longues phrases qui m'enchantent et me comblent .

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Les jours sont comme l'herbe

Un remarquable romancier qui rend sensible chaque détail et chaque nuance dans l’action, la perception ou l’imaginaire de ses personnages, qu’il s’agisse du récit d’un narrateur ou d’une confidence reçue, en 1945 à la Libération ou au temps présent, dans un décor du Danemark, d’Andalousie ou de Rome. Sont communs à ces six romans la densité, la puissance de la nature, les pièges de la bonne volonté, l’amertume des illusions. Ma préférence va au roman central, « Je suis la mer », qui commence comme un polar et s’achève dans la rencontre de deux renonçants, au sens indouiste de Sadhu. Son exergue cite un poète danois que je ne connais pas, Henrik Nordbrandt (Wikipédia n’en dit à peu près rien). Il pourrait aussi bien citer, dans sa polysémie, Amers de Saint John Perse.



Quelques points à signaler. Le livre est sous-titré Romans, au pluriel, dont chacun fait une soixantaine de pages. Ce qui pourrait distinguer ces romans de nouvelles est la présence d’un exergue et de plusieurs chapitres dans chaque roman. Le titre général, non référencé, m’a fait penser à l’Ecclésiaste, mais vérification faite il cite le psaume 103:15. Les citations en allemand dans le texte ne sont pas traduites en français, mais l’exergue du deuxième roman est une citation de Virgile dans la traduction de Valéry, donc en français ; est-ce le cas dans la version danoise ? Accessoirement, quelques passages sont peu logiques : on ne suit pas le locuteur, le lieu ou la chronologie. Liberté assumée ou maladresses du traducteur ? Ces détails ne nuisent pas à la haute qualité des romans.

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Les jours sont comme l'herbe

Les éditions Gallimard m'ont offert un livre rare.

Un livre Danois. A l'atmosphère blanc laiteux et gris souris foncé. Aux paysages blancs battus par les vents frigorifiés des pays du Nord. Aux personnages peu prolixes en paroles mais habités par une vie intérieure mystique dense.

C''est un ouvrage littéraire brillant. L'écriture est blanche et bleu soutenu. Avec les mots, l'auteur peint les émotions étouffées et les douleurs fulgurantes des âmes humaines. En quelques phrases, il sculpte LA solitude et le lecteur ressent physiquement le poids du temps qui passe...lentement...inexorablement.



Un recueil riche de 6 courts romans. Six rencontres d'humains remarquables qui nous offrent un cadeau précieux : entrer dans leur intimité. Connaitre leurs pensées les plus cachées, leurs émotions, leurs doutes, leurs valeurs. Nous avons le privilège de nous approcher à pas feutrés pour observer leurs maladresses. C'est doux comme le souffle de l'air marin dans les herbes vertes et fragiles qui colorent le granit blanc des falaises.



Par des approches différentes, Jens Christian Grøndahl aborde la question du choix. Chacun de ces protagonistes a fait un choix, ou des choix qui vont conditionner son existence.
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Les jours sont comme l'herbe

Il s'agit d'un recueil contenant six petites histoires. Le thème principal serait les décisions difficiles à prendre et qui changent une vie, les choix décisifs. J'ai aimé surtout " hiverner en été" et l'histoire de l'actrice. Même si les histoires sont courtes, les personnages sont fouillés et existent vraiment, on a le temps d'apprendre à les connaître. L'écriture est belle, c'est très profond. Une lecture qui se savoure lentement.
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Virginia

J'avais déjà lu deux romans de Jens Christian Grøndahl avant celui-ci, et j'avais été charmé par son écriture, son style, l'atmosphère si particulière qu'il instaure. J'étais un peu plus mitigé, en revanche, sur la trame de ses récits, qui me paraissent toujours un peu les mêmes (une thématique semble visiblement le fasciner, celle de la femme de 60 ans qui se retourne sur sa vie passée). Et je retrouve dans Virginia ce que j'ai déjà aimé chez lui, sans surprise : son écriture très sensuelle, sa façon de dépeindre les aléas psychologiques de ses personnages, féminins en particulier. Mais aussi ce que j'avais moins aimé : une histoire réduite à très peu de choses. Pourtant on devine sans peine dans les romans de Jens Christian Grøndahl la patte d'un grand auteur. C'est de la très belle littérature, mais je n'y suis pas pleinement sensible. Pour résumer, si vous connaissez déjà Jens Christian Grøndahl et que vous aimez son style, vous retrouverez tout ce qui vous a plu.
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Les portes de fer

Je suis ravie d'avoir été attirée par la couverture de ce roman : un homme seul assis face à un fleuve. Peut-être le symbole de sa vie qui défile devant nous ?

Au commencement, la maladie et la mort de sa mère alors qu'il n'a pas vingt ans.

C'est le désarroi, le chagrin, et l'absence qui l'habitent. A l'instant où le mauvais diagnostic de la maladie tombe il découvre que sa mère allait partir avec un"autre" et que son père avait une autre vie. Que de chocs et de désillusions en peu de temps!

Il connaît sa première maîtresse, vénère Marx et Hendrix.

Commence un long et lucide travail d'introspection. Il analyse ses besoins, ses désirs, ses exigences tout en s'interrogeant sur les sentiments des autres.



Vers quarante ans, divorcé, il n'en a pas fini avec les femmes mais en pensant à son mariage, il refuse "la voie du milieu" là où on se laisse aller dans une routine confortable, fade, sans surprise, sans interrogation.

Durant cette période il s'attache au bien être de sa fille devenue ado et à son métier de professeur qu'il conçoit comme un sacerdoce : transmettre et apprendre à réfléchir aux jeunes qui lui sont confiés.

Dans sa solitude voulue et paisible l'intrusion d'un jeune migrant et de sa mère mystérieuse et sensuelle sera un épisode aussi court que bouleversant.



Puis arrive la soixantaine qu'il va fêter seul à Rome. C'est le temps des bilans, du souvenir des sept femmes qui ont compté dans sa vie. De la conscience de cette vie qui finit. Il n'y a ni regret, ni tristesse. " Pour moi les ans sont comme une lente arrivée vers soi-même ".

Et arrive cette joie qui le submerge : " J'étais devenu grand-père, ce mélange douceâtre de graisse de bébé et de lait maternel génère en soi de l'amour. Une petite main, un petit pied. J'étais cuit". ( Là je craque !)



C'est la vie d'un homme avide de vérité qui ne se complaît jamais dans la facilité ordinaire, pour qui la lecture, la peinture, la musique, la sensualité, la solitude paisible sont les secrets d'une vie riche sans mensonge.



Difficile de faire le tour de cette lecture à chaque page si dense, si envoûtante, si enveloppante qu'il est difficile d'en sortir.



Les portes de fer sont un défilé du Danube, encadré par un relief difficile, à l'image de la pensée rigoureuse de cet homme ?



Je ne vais pas en rester là avec cet auteur.





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Les Mains Rouges

Ce roman à la recherche du temps passé à remplir le vide ou à fuir la banalité de jours fades, au prix d'actions insensées, m'a remis en mémoire l'année 1977. J'allais me marier, j'exerçais le métier dont je rêvais, le sens de la vie était évident. C'était les années de plomb en Allemagne, le terrorisme aveugle au nom de la libération des peuples opprimés, le "suicide" des meneurs emprisonnés à la une de Libération.

Il est question de cette page d'histoire contemporaine agitée dans Les mains rouges, mais ce n'est pas l'essentiel.

À nouveau, l'auteur sonde les élans incongrus qui poussent chacune ou chacun à exploser l'ennui d'une existence bien rangée, bien conforme, bien insipide. L'auteur place ses personnages en suspens, exprime leur humeur en phrases sinueuses qu'il faut parfois relire pour en saisir la signification profonde. J'admire la virtuosité d'un précis de philosophie existentielle nourri d'une interrogation constante sur les accidents de la vie, créateurs de rupture d'une normalité endossée plutôt que taillée sur mesure. C'est d'une beauté taciturne, un brin démoralisante .

Je me demande si je pourrai côtoyer encore et encore la tonalité triste d'une écriture si habile à fouiller le coeur d'êtres désemparés face à une oeuvre dont l'ampleur les dépasse : vivre une bonne vie, juste bonne.

































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Les jours sont comme l'herbe

L'amateur de nouvelles que je ne suis pas salue le talent d'un auteur qui réussit à passionner en égrenant six mini-romans d'excellente facture. Une même tonalité habite des histoires variées, oscillant entre mélancolie et fuite du temps.

Jens Christian Grøndahl épouse le rythme d'une fausse lenteur, ses protagonistes toujours à la recherche d'un sens de la vie ou d'une vision sur eux-mêmes.

L'écriture apparemment atone vous emmène en des contrées insoupçonnées, à la lisière du romanesque et de la destinée, cette dernière subie ou voulue, jamais pesante. Les bruits du monde nous parviennent assourdis ; le regard fuit vers je ne sais où, à travers une vitre, vers des rivages lointains, dès que la personne touche une part obscure d'elle.

Deux mots me viennent à l'esprit, "saudade" et "weltanschauung", surtout le premier, à la fois sentiment d'un manque ainsi qu'espoir et désir de le combler. Cette oscillation, cachet de récits toujours attirants et intrigants, diffusée à mon insu, m'a complètement séduit.















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Les jours sont comme l'herbe

Je crois que Jens Peter Grondahl est vraiment un grand du Nord. Très attiré depuis toujours par Septentrion je viens de terminer ce recueil de six court romans, ne dit-on pas novelas ou peut-on encore parler de nouvelles? Je l'ignore mais les textes sont tous remarquables et, une fois n'est pas coutume, je vais revenir brièvement sur chacun, tant Grondahl sait sonder les coeurs et les reins avec des approches très différentes et toujours la même acuité. Celle qui m'avait tant plu avec notamment Quelle n'était pas ma joie et Les Portes de Fer.



Les jours sont comme l'herbe reprend un thème approché dans Virginia, très court roman de Grondahl des année 2000. Une fraternité s'ébauche à la fin de la guerre entre un adolescent et un prisonnier allemand guère plus âgé. L'amitié n'aura pas le temps et la paix qui arrive est tout à fait capable, elle aussi, de broyer les êtres.



Villa Ada. Un autre ado, tout à fait contemporain Père danois, mère italienne, rejoint, probablement sincère d'une sincérité qui n'exclut pas un brin de démagogie, une sorte de mini ZAD dans un parc romain. Les parents se déchiraient avant. Puis pendant. Puis après. Se méfier des miroirs aux alouettes. Il en est de toutes sortes. Le scalpel de l'auteur est très convaincant.



Edith Wengler, la vie d'une grande actrice fictive, est une belle méditation sur le métier de comédienne, nantie de toute la mélancolie du temps, cet assassin en fuite. Dans sa gravité Edith Wengler parvient à rester un texte lumineux.



Je suis la mer, titre curieux pour l'enquête d'un policier sur la disparition d'un riche industriel. L'éternel "changer de vie", cet eldorado inaccessible, ne peut qu'émouvoir.



Hiverner en été, et Adieu abordent le thème du choix pour deux belles figures de femmes. Confrontées à différents dilemmes, la juge et la pasteure. elles devront décider. Vertiges et tourments...Ces romanellas (c'est ainsi que j'ai décidé de les nommer) devraient faire mieux connaître J.G.Grondahl. De longues et douloureuses sonates. Bergman...Camus...
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Virginia

Impressions ténues



Ce court roman m'a laissé une forte impression, mais somme toute insaisissable, fluide et brumeux à la fois, bien que le style me fasse davantage penser à Philip Roth qu'à Patrick Modiano...



Difficile de raconter l'histoire, ou même l'argument du livre, tellement ils sont ténus. Le (court, j'insiste) roman n'en est pas moins pleinement habité, sans fioriture. Un souvenir, des rencontres qui sont des frôlements, me rappelant avec Leibnitz que chaque être humain est une monade...



En m'attaquant prochainement à des romans plus longs, je vérifierai si Virginia est une bonne porte d'entrée dans l'œuvre de ce romancier dont l'intelligence et la sensibilité m'ont conquis.
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