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Critiques de Jeroen Brouwers (35)
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Le client E.Busken

Le roman le plus pathétique et le plus désopilant qu’il m’ait été donnée de lire ces derniers temps.



Pathétique parce qu’il narre la déchéance physique et psychique d’un homme qui fût reconnu et encensé par ses pairs, qui resteront une énigme car le cerveau endommagé du narrateur n’est pas très clair sur sa carrière passée et brillante selon ses pensées. Jusqu’à ce qu’un accident regrettable dû à une consommation excessive, bien qu’habituelle d’alcool, (c’était dans cet état que ses capacités intellectuelles étaient les plus productives dit-il). Il a chuté violemment sur le dos et s’est retrouvé prisonnier de son corps tout d’abord, et surtout enfermé dans une institution pour personnes âgées dépendantes. Peuplée de déments plus ou moins atteints comme lui et de blouses blanches.

La description qu’en fait le narrateur, ne donne pas vraiment envie d’y terminer sa vie. Assez réaliste selon ce que j’ai pu observer en fréquentant un EHPAD pour y faire des lectures aux résidents que cela intéressait.



Désopilant par les observations féroces du client E. Busken, selon les coutumes de l’institution, il n’y a pas de patients, il n’y a que des clients. Les contemporains qu’il est amené à côtoyer, ses congénères aux nombreuses déficiences, le personnel soignant, jeune, inexpérimenté et plutôt bienveillant. et enfin l’encadrement qui déclenche particulièrement son courroux par le vocabulaire hypocrite pour restreindre ses mouvements et surtout son accès aux cigarettes.

Le narrateur n’est pas tendre avec lui et ses défaillances qui s’accentuent et lui font honte. Ils les utilisent parfois comme une vengeance malodorante et fétide envers ceux qui décident de son sort. Par protestation, il se refuse à énoncer le moindre mot et fait le sourd, quoiqu’il entende très bien par contre il n’est pas sûr d’être encore capable de parler n’ayant pas essayé. Il reste à journée longue devant la fenêtre de sa chambre, les yeux fixes même quand il reçoit des visites particulièrement quand elles sont non désirées.



Le lecteur ne sait pas, et ne saura pas, si les pensées qui agitent le client E. Busken, correspondent ou non à une période de son passé ou si ce ne sont que le reflet de sa démence.

En tous les cas, je me suis délectée des paroles du narrateur muet.

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Le client E.Busken

Même dans ce dernier livre, moins ancré historiquement, plus immédiatement universel – le réel y échappe en partie, n’est accroché que par bribes –, l’ironie, le mordant sont en léger décalage et font de la fin de vie, étrangement, un élan.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Rouge décanté

Sans l'insistance des amies de mon groupe lecture, je serais passé à côté de ce bouleversant témoignage.

L'auteur raconte l'horreur d'un camp de concentration tenu par les Japonais lors de la dernière guerre mondiale.

Ce poignant récit propose une réflexion approfondie sur le bien et le mal, tels que perçus par un enfant soumis à l'enfermement et témoin des tortures pratiquées sous ses yeux, puis tels que ressentis à l'âge adulte.

C'est enfin un magnifique hommage à sa mère qui a partagé, avec ses deux enfants, des années d'épreuve, de douleur et de courage.

Coïncidence, j'ai été particulièrement sensible à ce livre lu le jour de la Fête des Mères.





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Le bois

Il y a, dans ce puissant roman néerlandais, deux thématiques principales qui se croisent : d'une part celle mise en avant sur la 4è de couverture, l'enfer vécu par les jeunes garçons pensionnaires du monastère, et d'autre part l'itinéraire d'un homme, devenu moine sans vraiment le vouloir, observateur de cette micro-société. C'est la violence, physique, psychologique, qui est le trait d'union de ces deux fils. On pourra être choqué que Bonaventura ne dénonce pas les événements dont il a connaissance, mais cette "résistance passive" est assez cohérente avec le portrait psychologique du personnage, homme faible qui peine à passer à l'action mais que l'amour aidera à ouvrir les yeux. Une lecture coup de poing, qui n'est cependant pas à conseiller à tous car certains passages sont difficilement soutenables.

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Le bois

Nous sommes en 1953 aux Pays-Bas dans un pensionnat de moines franciscains qui éduquent de jeunes garçons. Très vite en cours de la lecture on remarque des actes de sadisme , de violence sur ces jeunes garçons hébergés. Pas moyen de s'enfuir, le collège est comme une prison. Ceux qui ne se comportent pas bien sont punis, frappés avec une tige en bois qui laisse des traces indélébiles sur la peau nue. Avec la venue d'un nouveau moine avec des tendances SS qui dirigera le couvent on sombrera dans l'horreur de la pédofilie avec des scènes comme le décalottage brutal du pénis de gamins, la masturbation de ceux-ci puis les pénétrations anales .

Frère Bonaventura viendra mettre une lueur d'espoir.... pour tous ces malheureux.

Un roman je que je conseille de lire ; j'ai eu l'honneur de le lire en néerlandais.

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Le bois

Le pensionnat franciscain Sint Jozef ter Engelen se situe au fin fond du Limbourg, à la frontière allemande. Nous sommes en 1953. Le narrateur est un jeune moine, frère Bonaventura, témoin des mauvais traitements infligés aux garçons scolarisés là: humiliations, coups, abus sexuels... Ces violences ont toujours existé mais ont gagné en intensité et en fréquence avec l'arrivée d'un nouveau directeur du collège, Mansuetus, surnommé le Sanglier, un pervers sadique qui en a fait la base de l'éducation donnée dans cette institution.



Le narrateur réprouve ces agissements et a toujours refusé d'y participer mais il est dans l'impossibilité de les empêcher ou de quitter le monastère: entré à Sint Jozef en tant que professeur laïc il a subi peu à peu une forme de lavage de cerveau qui l'a amené à se faire moine sans l'avoir vraiment choisi. Sa rencontre avec une jeune femme à l'occasion d'une sortie lui a permis de prendre conscience de l'emprise qui s'exerce sur lui et il a mis en place des stratégies de résistance passive. Il s'agit de mensonges, de petites désobéissances, de pensées iconoclastes: les croyances et le rite catholique sont tournés en ridicule.



"Une colombe se pose sur le rebord de ma fenêtre, creator spiritus, juste le temps de chier, puis elle repart en claquant des ailes."



C'est à une véritable opération de dézingage de l'Eglise catholique à laquelle s'attelle Jeroen Brouwers par la voix de son narrateur. La critique est caustique, les attaques violentes, à la mesure des violences subies par les victimes des bons frères. Les faits se déroulent peu après la seconde guerre mondiale et la comparaison est filée tout du long avec le nazisme.



"Il y a des siècles que le clergé abuse sexuellement des enfants et des jeunes, et ces pratiques se perpétueront. Tout le monde sait, et tout le monde se tait par crainte du pouvoir de cette Gestapo qu'est l'église".



L'auteur touche juste et j'ai trouvé ça assez réjouissant. La fin est particulièrement bien trouvée et jubilatoire. J'ai apprécié aussi l'écriture qui sert parfaitement le propos avec des phrases hachées dans les moments de confusion ou d'hésitation des personnages. C'est une lecture qui me donne envie de découvrir d'autres titres de Jeroen Brouwers.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Rouge décanté

Un hommage a une mere double d'une description realiste et donc terrible des camps de la seconde guerre mondiale,le tout en cent cinquante pages: Voici l'exploit realise par l'auteur dans ce court ouvrage tres realiste,dur mais qui a la force du temoignage.
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Le bois

Roman dérangeant, parfois à la limite de la nausée.

Pays-Bas, nous sommes dans l’après-guerre et les « amitiés » allemandes planent encore à l’horizon.

Un pensionnat pour jeunes garçons comme il en existait beaucoup à l’époque. Bien sous tout rapport vu de l’extérieur, mais au coeur de ce lieu, que de souffrances, d’humiliations, et parfois de sévices corporels et plus encore.



Et au milieu de tout cela, Eldert, professeur d’allemand, devenu Frère Bonaventura, sans l’avoir vraiment demandé. Il deviendra comme une petite porte de secours pour certains de ses élèves, même s’il ne peut faire tout ce qu’il souhaite, règle franciscaine oblige encore et encore.

Mais il a en parallèle, un secret qui lui vaudra de fâcheux moments, mais également la découverte d’un monde jusqu’alors inconnu…..

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Le bois

L'auteur joue d'un mysticisme ironique, jugeant sévèrement la loi du silence du monde religieux. Un récit violent, au style pesant et multidirectionnel, comme pour ajouter à l'ambiance de morgue, une chape supplémentaire. Sur le fond, on comprend la fable sur le réapprentissage de sa propre liberté mais l'on éprouve la descente aux enfers des personnages.
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Le bois

La bure rêche des frères franciscains du pensionnat néerlandais Saint-Joseph des Anges force la sudation de ces malheureux porteurs placés sous la férule du cruel supérieur Mansuetus. Le frère Bonaventura, entré là comme professeur d'allemand et devenu presque sans le vouloir novice, semble se réveiller d'un cauchemar. Un matin, l'un des élèves manque à l'appel et personne n'ose soulever cette mystérieuse disparition. Lors de son enquête, le jeune enseignant met aujour la politique d'abus et le sadisme d'une communauté religieuse de la fin des années 40, début des années 50, alors que l'après-



guerre n'est toujours pas digéré.
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Le bois

Conseillé par mon libraire, je me suis plongée dans l'univers de ce pensionnant franciscain aux Pays-Bas, peu après la seconde guerre mondiale. On suit le frère Bonaventura, témoin de plusieurs scènes de pédophilie, et qui s'ancre dans l'ambivalence de protéger ses paires ou d'apporter son soutien à ces enfants victimes.



Je pense que c'est la première fois que je suis aussi gênée, dérangée, dégoutée même par certains passages, à la limite du supportable. J'ai été révoltée, choquée, et je pense que ce livre est très fort et qu'il me marquera.

Mais d'un autre côté, j'ai trouvé l'expérience difficilement soutenable, et la lourdeur de certaines phrases, alliée à un champ lexical religieux que je ne maitrise que très peu, j'ai eu du mal à avancer dans la lecture.



je reste mitigée donc, mais je lirai néanmoins d'autres livres de Jeroen Brouwers.
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Le bois

L'histoire se déroule probablement en 1953 puisqu'on y fait mention de la Watersnoodramp, dans un pensionnat pour garçons tenus par des Frères franciscains.



L'ambiance de l'après-guerre dans ce Limbourg, à quelques kilomètres à peine de la frontière allemande est très bien rendue. Le fantasmagorique soupçon d'un passé nazi de certains plane sur certains passages.



Je ne reviendrai pas sur l'histoire (très mince d'ailleurs) d'un jeune homme sans famille - j'ai tout de suite pensé qu'il s'agissait de Fritz von Egters de De Avonden de Gerard Kornelis van het Reve (d'ailleurs, les dates concordent) qui aurait continué sa vie de roman dans ce pensionnat limbourgeois.



En effet, on retrouve la même indécision, la même manière de se laisser porter par le flot de la vie : aucun des deux ne choisit rien, ni ne prend aucune décision.



C'est la raison pour laquelle on ne peut pas dire que le héros du livre s'insurge ou se dresse contre les abus commis par les moines : ils viennent à sa connaissance mais lui ne fait rien, ni pour les dénoncer, ni pour protéger les garçons, ni pour s'y opposer.



En revanche, l'auteur s'en donne à cœur joie en dénonçant les crimes de l'Eglise, et en ratissant large, mettant tout le monde dans le même bateau : les moines, les moniales dont il parle aussi, le curé de la paroisse et les fidèles !



Son langage est vraiment sale et blasphématoire et bien que la lecture de "Rouge décanté" m'ai un peu préparée, j'ai été choquée.



Le personnage de Patricia Delahaye dont on parle peu - toutes les critiques ne parlent que des abus sexuels (même fixation que celle du Sanglier) - est équivoque : tentatrice, elle séduit ce malheureux moine malgré lui et c'est entre ses griffes de luxure qu'il ressent finalement (enfin, il ressent quelque chose !) un sentiment de peur devant le Mal qu'elle incarne à ses yeux.



Quant à la fin, elle m'a déçue. Je ne trouve pas du tout plausible que cette chiffe molle ait agit ainsi. Et la mise en scène de la sortie et de l'égaiement n'est pas du tout croyable.

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Le bois

Eau coup d’émotions pour moi dans ce livre que j’ai emprunté mais que je vais acheter

L’histoire se déroule aux Pays Bas dans les années 1950

Il ne m’a pas été simple d’entrer dans l’histoire mais une fois pleinement intégrée au pensionnat et « aux franciscains » , j’ai enfin pu apprécié la portée du livre et comprendre le cheminement de frère Bonaventura, de son engagement, de ce que je prenais pour de l’inaction et enfin sa décision’ Je n’oublie pas pour autant le sort des jeunes pensionnaires livres aux bons soin d’un directeur aux méthodes pédagogiques particulières.
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Rouge décanté

"Rouge Décanté" était le premier roman de l'écrivain hollandais Jeroen Brouwers (° 1940) que j'ai lu, donc je pouvais enfin imaginer à quel point cet auteur pouvait être controversé. On peut lire ce livre comme un acte d'accusation sévère contre les atrocités commises par l'armée japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale, dans les camps de prisonniers en Indonésie lorsque ce pays était une colonie néerlandaise. C'est donc intéressant en tant que document historique, et quand il a été publié en 1981, il a provoqué beaucoup de remous, comme Brouwers l'avait prévu (il était particulièrement indigné de la façon dont les victimes elles-mêmes se moquaient de leur temps dans les camps).

Mais ce roman parle aussi de Brouwers lui-même, plus précisément de sa réaction à la nouvelle de la mort de sa mère, avec qui il a été emprisonné dans un tel camp japonais. Brouwers avait rompu avec sa mère des années avant sa mort, et sa première réaction fut: "et alors?". Mais dans ce roman on peut le voir lutter contre cette apathie et les sentiments très différents qu'il a à propos de sa mère et de son départ. C'est émouvant.

Une troisième couche dans le livre est la lutte de Brouwers contre tous les côtés négatifs de sa personnalité, et il y en a beaucoup. Brouwers les a mis clairement sur papier pour que tout le monde puisse le voir. Je doit avouer: c'est assez dérangeant. J'ai eu quelques difficultés avec cela, non pas à cause de la concentration sur lui-même, mais à cause de la psychologisation radicale qui est typique de la littérature néerlandaise depuis la seconde guerre mondiale. Un psychiatre peut trouver tout cela assez intéressant, pour moi c'était juste un peu trop.

Enfin, en tant que document littéraire, ce livret est parfois très inégal, avec des chapitres assez grossièrement écrits et d'autres poétiques. Donc, cela ne m'a pas complètement captivé, mais son prochain roman, "De Zondvloed" (hélas pas traduit en français) m'a beaucoup impressioné.
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Le bois

"Laissez venir à moi les petits enfants". Cette belle phrase du Christ résonne dans ce livre comme une gifle et fait froid dans le dos. On a du mal à y croire, on voudrait y voir une caricature de quelques pensionnats catholiques de l'époque, ce qui est peut-être le cas, mais les dénonciations actuelles et les silences passés ne vont pas dans ce sens.

Mon père, pensionnaire dans une école catholique dans les années 1930, me racontait que son éducation sexuelle s'était faite au confessionnal (questions dirigées et curiosité insistante).

L'écriture reflète bien la culpabilité, les hésitations, les scrupules, les peurs et l'embrigadement de ce pauvre Bonaventura, dont la révolte finale, si elle semble un peu théâtrale, est bienvenue.
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Le bois

Livre d'une très grande force tragique et puissant comme cet auteur rare nous a habitué. Un jeune homme un peu perdu se fait piéger dans une institution monastique dans l'après guerre et devient moine. Emprise, violence, pédophilie, un voyage en enfer
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Le bois

Quel est le point commun entre les nazis et les moines franciscains d'un pensionnat aux Pays-Bas ?

C'est à partir de cette comparaison déclinée tout au long ce beau roman, que l'auteur dénonce le régime de dictature et de cruauté barbare qui sévit dans ces institutions catholiques. Les enfants y sont maltraités, violés, affamés par des moines, qui, sous l'emprise d'un directeur machiavélique, se livrent en toute impunité à des actes pédophiles d'une grande sauvagerie.

Un jeune moine, enrôlé par faiblesse, va peu à peu ouvrir les yeux sur un système de corruption et de sadisme. Mais que faire lorsque l'on a peur, lorsque l'on n'ose pas, lorsque l'on est seul contre une communauté bien rigide. Il va falloir la rencontre d'une jeune femme et la découverte du désir amoureux pour qu'il puisse cheminer dans sa foi et dans la révélation du bien et du mal.

Ce roman est d'une rare densité sans jamais être pesant ou racoleur. La résistance du moine, émaillée d'hésitations, est parfaitement traduite dans la langue par ces phrases qui s'arrêtent brutalement, ces mots qui se bousculent au fur et à mesure que la pensée bascule.
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Le bois

Quel homme étrange cet Eldert qui prend la plume pour nous raconter sa vie au sein d'un pensionnat de garçons tenu par des moines franciscains.

Entré comme professeur laïc pour y enseigner l'allemand, le voilà en deux temps trois mouvements devenu frère Bonaventura vêtu d'une robe de bure "couleur de merde". Il n'avait pas la vocation mais les manoeuvres sournoises des frères ont peu à peu attiré cette proie facile dans une véritable toile d'araignée qui le retient prisonnier. Privé de ses biens matériels, de sa liberté, de son identité et de toute volonté, il subit la vie monastique sous la férule d'un tyran cruel et répugnant. Cet homme à fort accent germanique, surnommé "le sanglier" en raison de sa ressemblance physique avec l'animal, est venu d'un monastère allemand pour rétablir l'ordre et la discipline en faisant régner la peur.

Le "bois" fait référence non seulement au bois de la croix mais aussi à celui de l'archer utilisé pour administrer les corrections. Bonaventura observe les humiliations, les terribles châtiments corporels et les abus sexuels infligés aux pensionnaires par les "bons frères". Il en fait des commentaires critiques mais reste passif, soumis au système fasciste imposé par le "sanglier" sans jamais oser s'opposer directement à ces méthodes dignes d'un camp de prisonniers car se taire est la règle pour survivre.

Mais frère Bonaventura a un secret salvateur…

Situé peu de temps après la fin de le seconde guerre mondiale, le roman dénonce de façon abrupte les dérives de l'Eglise, son hypocrisie, sa complaisance coupable à l'égard du régime nazi et de ses anciens criminels parfois recyclés dans les ordres mais aussi, et surtout, envers l'immonde pédophilie qui la gangrène. L'atmosphère y est extrêmement particulière, nauséabonde et violente mais parfois rendue amusante par le ton sarcastique des réflexions que se fait Bonaventura en son for intérieur.

Une lecture intense et captivante même si elle ne sent pas toujours bien bon. Un bémol quand même pour les longueurs à propos de certaines subtilités linguistiques, chères à l'auteur néerlandais mais sans aucun intérêt pour le lecteur francophone. Et pour finir, l'épilogue parait un peu trop théâtral mais s'intègre quand même bien, émotionnellement et symboliquement, à l'ensemble du récit.
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Le bois



J’avais entendu parler de « Rouge décanté » (1ere publication en 1981 et Prix fémina étranger 1995) qui était une sorte de longue évocation des années passées par Jeroen Brouwers dans un camp de l’Indonésie néerlandaise pendant l’occupation japonaise. Dans « Le bois », on suit de près le quotidien du frère Bonaventura dans un pensionnat franciscain aux Pays-Bas, au début des années 50. Le directeur et nombre de ses « disciples » infligent régulièrement d’ignobles traitements aux jeunes garçons. Perversité et sadisme sont présents à tous moments et chez presque tous. Bonaventura, empreint de respect des règles et sous l’emprise du système, cherche autant à dénoncer les exactions commises qu’à « défroquer » afin, notamment, de retrouver une femme rencontrée à plusieurs reprises à l’extérieur des murs. Au-delà de la dureté des propos sur l’Eglise et la quasi-totalité de ses représentants, c’est ici le phénomène de la culpabilité qui est brillamment mis en exergue. Loi du silence, après-guerre non idyllique, le protagoniste ne sait comment se dépêtrer de la situation qui, telle une glu malfaisante, lui colle à la peau. Il lui faudra un certain temps, le courage de prendre la parole et, par-dessus tout, la certitude de la possibilité d’un amour partagé au-dehors. À ne pas mettre sous tous les yeux.
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Le bois

Sévices physiques, pression psychologique sous couvert de la discipline et de l'austérité monastiques, rien n'est épargné aux pensionnaires comme au lecteur. L'auteur de « Rouge décanté » joue d'un mysticisme ironique, jugeant sévèrement la loi du silence du monde religieux et livre un récit violent, au style pesant et multidirectionnel, comme pour ajouter à l'ambiance de morgue une chape supplémentaire. Sur le fond, on comprend la fable sur le réapprentissage de sa propre liberté, mais l'on éprouve la descente aux enfers des personnage comme un calvaire Du coup, « Le bois » est certes un livre à lire, mais à lire avec un certain recul et qui mérite un débat public. L’après-guerre n’a pas été que victoire et réjouissements. Beaucoup ont subi des brimades dans les écoles catholiques où la main de Dieu était souvent lourde et parfois munie d’un bâton.
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