J’étais très excitée de découvrir ce roman qu’on nous teasait depuis un petit moment maintenant et j’avoue avoir été rapidement séduite par l’ambiance sombre et violente de ce récit de dark fantasy. Cela faisait un petit moment que je n’en avais pas lu ailleurs que chez Damien Mauger, et c’est donc avec un immense plaisir que je me suis plongé dans la lecture. Il y a beaucoup de choses à dire sur ce roman.
Pour commencer, l’univers est incroyable. Je suis très peu familiarisée avec la mythologie nordique. J’en connais les grandes lignes et j’ai vu Marvel en parler un peu, mais ça s’arrête là. C’est un pari risqué qu’a pris l’auteur en la choisissant pour le cœur de son intrigue, d’autant plus que son intrigue est déjà complexe de base. C’est une mythologie très complexe à tous les niveaux, et au vocabulaire spécifique très important. J’ai eu un peu de mal à m’habituer à ses spécificités, mais une fois dans l’intrigue, on finit par s’y habituer sans que ça ne pose plus de problèmes. De plus, heureusement, l’auteur nous guide avec un petit lexique en fin de chapitre à chaque fois, ce qui permet d’en ressortir plus instruit.
J’ai adoré le fait que l’intrigue se passe dans des terres maudites, ce qui ouvre un champ des possibles quasi-infinis au niveau des dangers rencontrés par les personnages. Le bestiaire de l’univers est sa plus grosse force. Il y a des tas et des tas de bestioles toutes plus flippantes les unes que les autres et incroyablement mortelles. Il y a des visages très connus, je pense par exemple aux barghests, ces gros chiens fantômes aux desseins bien sombres, ou encore Fenrir, le loup géant, fils de Loki, et annonciateur du Ragnarök. J’ai beaucoup aimé également le jeu sur la réalité et l’illusion, qui vient complexifier l’intrigue et piéger le lecteur, beaucoup. On en vient à douter sur tout ce que l’on voit.
Ce dernier point est un avantage autant qu’un défaut pour l’histoire. Même si l’intrigue paraît être une quête assez basique de fantasy, ce n’est en réalité pas du tout le cas à cause de bien des facteurs. Les illusions en sont un. Même si elles sont produites par la « méchante » de l’histoire, elles sont également une arme utilisée par les héros entre eux pour nuire, aider, convaincre, sous la forme de la foi, de la tentation ou encore du regret. Si cela permet de créer un développement de personnage exceptionnel, c’est aussi un petit soucis qui rend l’intrigue très confuse à certains endroits. J’ai perdu le fil de l’histoire plusieurs fois, je l’avoue, même si on finit toujours par retrouver son chemin rapidement.
Parmi les autres petits défauts de l’intrigue, on retrouve la succession des événements, que je trouve pour ma part un peu rapide par endroits, et au contraire trop longues sur d’autres. J’ai trouvé le début assez long jusqu’à la première attaque, et ensuite on ne s’arrête plus vraiment, de péripéties en péripéties jusqu’au dénouement où le rythme devient bien meilleur et fluide. Cela n’empêche pas les chapitres d’être de grande qualité, mais cela rend parfois confus le développement des relations des personnages.
Il est temps d’en parler, par ailleurs, de ces personnages. Ce sont de véritables petites pépites dont le travail est tout en finesse. J’ai absolument adoré chacun d’entre eux, parce qu’absolument aucun d’entre eux ne rattrape les autres. Il y en a pour tous les goûts : NoireLouve, le leader désigné mais incapable de gérer les tempéraments explosifs de ses camarades, Jarand, son soigneur terrorisé à l’idée de le perdre, Rehn, la tempestaire à l’ambition démesurée, Aslak, son esclave muet dévoué mais capable d’anéantir des monstres gigantesques d’un seul coup, Signe, la jeune banshee qui ne vit que par le fantôme de son amour perdu, Knud, un mercenaire fanatique uniquement obsédé par le pouvoir et l’argent, et Grikar, un nain aux pouvoirs incroyables mais à la fiabilité aussi faible que celle d’un caillou. Chaque personnage est à la fois une force d’attaque et de destruction possible, qui rend toute cohabitation impossible, voire très dangereuse.
J’ai absolument adoré les voir se débrouiller durant cette histoire. Il n’y a rien qui se passe comme prévu entre eux, et surtout, ce ne sont pas forcément ceux qui ont le rôle principal qui sont forcément ceux qui guident la troupe. Plusieurs tournants scénaristiques violents viennent confirmer cela par la suite, et j’avoue avoir été traumatisée par la manière dont tourne les événements pour au moins trois d’entre eux. Mes petits chouchous sont Signe et Aslak, les deux personnages les plus mystérieux et a priori faibles qui se révèlent être de véritables machines à tuer quand la situation l’imposent. Leur développement est celui que j’ai le plus aimé. Mais tous les autres personnages sont également très chouettes, autant pour leur morale douteuse que l’inventivité dont ils font preuve pour achever leurs buts même s’ils sont totalement hors de leur portée.
Je terminerais cette chronique en portant l’attention sur le style de l’auteur, qui est incroyable. Il ne plaira pas forcément à tous les lecteurs, puisqu’il est très complexe et imagé, difficile à comprendre même parfois, mais il rappelle l’âge d’or de la « High Fantasy » avec ses descriptions enflammées et ses combats épiques. Je suis tombée littéralement sous le charme en très peu de pages, et j’espère pouvoir en lire plus dans le futur. C’est de l’excellent travail.
En bref, dans l’ensemble, c’est une excellente découverte. L’intrigue a quelques défauts rapidement masqués derrière la présence des personnages et l’incroyable diversité du bestiaire. C’est une grande épopée qui ne vous laissera pas indifférent et qu’il faut à tout prix découvrir, ne serait-ce que pour l’expérience de lecture qu’est ce roman. Très bonne impression pour ce premier roman de Crin de Chimère qui annonce du lourd pour la suite de l’aventure !
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