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Citations de Jérôme Ferrari (631)


Virginie n'avait jamais rien fait dans sa vie qui pût s'apparenter, même de loin, à un travail, elle avait toujours exploré le domaine infini de l'inaction et de la nonchalance et elle semblait bien décidée à aller jusqu'au bout de sa vocation.
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(...) tandis qu'un grand vent poussait les nuages vers la montagne, au dessus d'une petite chapelle consacrée à la Vierge, une chapelle toute blanche au pied de laquelle brûlaient les bougies écarlates que Sauveur et Virgile allumaient parfois pour honorer leur compagne de solitude, et les mains qui avaient bâti cette chapelle avaient été depuis longtemps balayées par le vent, mais elles avaient laissé ici les traces de leur existenc, et plus haut, le long d'une pente abrupte, on apercevait les vestides de murs écroulés, presque invisibles car ils avaient la même couleur rouge que la roche granitique d'où ils avaient surgi avant que la montagne ne les reprenne en les absorbant lentement dans son sein recouvert de pierres et de charbon, comme pour manifester non pas sa puissance, mais sa tendresse.
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Mais au beau milieu des cimetières, certaines choses demeurent vivantes à jamais et continuent à exister quand meurent les hommes et les mondes qui les ont fait naître, elles continuent à exister, obscures et indestructibles, blotties dans les tremblements fragiles de l'air, comme des parcelles infimes de réalité dispersées dans l'immensité d'un songe.
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Vous vous demandez encore comment il est possible que vous soyez devenu un bourreau, un assassin. Oh, mon capitaine, c'est pourtant la vérité, il n'y a rien d'impossible : vous êtes un bourreau et un assassin. Vous n'y pouvez plus rien, même si vous êtes encore incapable de l'accepter. Le passé disparaît dans l'oubli, mon capitaine, mais rien ne peut le racheter.
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Messieurs, dit-il, la souffrance et la peur ne sont pas les seules clés pour ouvrir l'âme humaine. Elles sont parfois inefficaces. N'oubliez pas qu'il en existe d'autres. La nostalgie. L'orgueil. La tristesse. La honte. L'amour. Soyez attentifs à celui qui est en face de vous. Ne vous obstinez pas inutilement. Trouvez la clé. Il y a toujours une clé.
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Pourtant, ils essaient tous désespérément d’exister et d'être reconnus, et d'être uniques, ils ont leur page personnelle sur Internet, ils y publient leurs photos, ils y expriment leurs opinions, ils y dressent la liste de leurs goûts, de leurs attentes et de leurs centres d'intérêts, comme autant de preuves tangibles de leur existence, et ils ne parviennent qu'à bâtir un temple vide dédié au culte d'un fantôme.
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La bombe a fait connaissance avec ses victimes dont certaines, parce qu'elle a offert à la mort de nouveaux visages, n'appartiennent qu'à elle. Et parmi celles-ci, il en est qui ont, plus que d'autres, partagé son intimité et saisi la singularité inédite de son essence. Ce ne furent bien sûr pas celles qui furent, comme tant d'autres avant elles dans tant d'autres villes, ensevelies sous les décombres de leur maison ou qui périrent dans les incendies ; mais ce ne furent pas non plus celles qui ont vu leurs cheveux tomber ou leur peau partir en lambeaux, ni celles dont la partie du corps exposée aux rayonnements fut brûlée jusqu'aux os quand l'autre demeurait intacte et fraîche, ni même celles que la semence radioactive discrètement déposée en elles tua des années plus tard - non : les vrais morts de la bombe ont disparu sans laisser d'eux aucune trace sauf, peut-être, une vague silhouette claire sur un mur calciné, figée dans l'instant de la révélation ; le coeur d'uranium a battu tout près du leur, ils ont communié avec le fond des choses et sont revenus d'un seul coup, sans efforts inutiles, sans étapes superflues, à la substance commune qui les compose, et qui, au fond, comme leur silhouette, comme leur souvenir, comme eux-mêmes, n'est rien.
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Elle commence à penser qu'elle a vu quelque chose qu'il aurait été infiniment préférable pour elle de ne pas voir parce que maintenant, elle ne peut plus en détourner le regard. et ce n'est pourtant qu'un événement minuscule, un bégaiement, l'épisode insignifiant d'une histoire qui n'a pas commencé ici et ne finira pas ici parce qu'elle n'a ni début ni fin.
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Une chronique argumentée n'apporterait rien de plus à tout ce que je viens de lire ici et ailleurs à propos de ce roman : d'autres ont dit bien mieux que moi comment Jérôme Ferrari raconte les liens entre la photographie, la mort, le réel et l'image. Mais j'ai trop apprécié le livre pour ne pas écrire juste ça : j'aime les belles phrases longues et enveloppantes de l'auteur qui nous promènent dans son récit sans nous lâcher, j'aime avoir l'impression de reconnaitre des lieux et des comportements familiers dans cette Corse où je vis, j'aime ces digressions qui n'en sont pas et qui nous emportent dans des réflexions toujours renouvelées. J'ai donc adoré ce roman et j'attends déjà le prochain avec impatience !
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L'appartenance de Pascal B. à une organisation clandestine offrait quelques avantages pratiques. Il n'était jamais censé dire où il était, ni ce qu'il faisait, ni avec qui et on ne pouvait guère douter qu'il profitait de cette obligation professionnelle de secret pour se livrer à des activités qui n'avaient que peu de rapport avec le colonialisme français et la lutte de libération nationale. Elle ne lui en voulait pas.. Elle le connaissait comme elle connaissait tous les garçons avec qui elle avait grandi et pour lesquels la gent féminine se divisait le plus simplement du monde en deux catégories non seulement distinctes mais d'une inaltérable étanchéité : celle des femmes respectables et celle des femmes qui ne l'étaient pas. La compagne officielle faisait évidemment partie de la première où elle côtoyait les mères, les tantes et les sœurs. Toute autre représentante du sexe féminin appartenait à la seconde au sein de laquelle il était loisible de choisir une partenaire occasionnelle sans que cela prête à conséquence. p.130
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Chaque homme est un abîme et gît tout au fond de lui-même, là où ses rêves de cohérence et d'unité ont été engloutis avec lui.
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Il arrive parfois que les choses, avant de tourner mal, nous donnent plus que nous n'attendions.
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Les conversations commencèrent à voix basse, puis de plus en plus fort, on entendit un petit rire et, bientôt, la vie fut de retour, impitoyable et gaie, comme il arrive toujours, même si les morts ne doivent pas le savoir.
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(...) il n'y avait en elle ni extérieur, ni intérieur, elle était une surface exposée sur laquelle s'étalait la matière organique de ses désirs, (...)
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Les mondes passent, en vérité, l’un après l’autre, des ténèbres aux ténèbres, et leur succession ne signifie peut-être rien.
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On essaye de comprendre les choses à partir de sa propre expérience parce que c'est tout ce dont on dispose.
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Libero avait d'abord cru qu'on venait de l'introduire dans le cœur battant du savoir, comme un initié qui a triomphé d'épreuves incompréhensibles au commun des mortels, et il ne pouvait pas s'avancer dans le grand hall de la Sorbonne sans se sentir empli de la fierté craintive qui signale la présence des dieux. Il emmenait avec lui sa mère illettrée, ses frères cultivateurs et bergers, tous ses ancêtres prisonniers de la nuit païenne de la Barbaggia qui tressaillaient de joie au fond de leurs tombeaux. Il croyait à l'éternité des choses éternelles, à leur noblesse inaltérable, inscrite au fronton d'un ciel haut et pur. Et il cessa d'y croire. Son professeur d'éthique était un jeune normalien extraordinairement prolixe et sympathique qui traitait les textes avec une désinvolture brillante jusqu'à la nausée, assénant à ses étudiants des considérations définitives sur le mal absolu que n'aurait pas désavouées un curé de campagne, même s'il les agrémentait d'un nombre considérable de références et citations qui ne parvenaient pas à combler leur vide conceptuel ni à dissimuler leur absolue trivialité. Et toute cette débauche de moralisme était de surcroît au service d'une ambition parfaitement cynique, il était absolument manifeste que l'Université n'était pour lui qu'une étape nécessaire mais insignifiante sur un chemin qui devait le mener vers la consécration des plateaux de télévision où il avilirait publiquement, en compagnie de ses semblables, le nom de la philosophie, sous l'œil attendri de journalistes incultes et ravis, car le journalisme et le commerce tenaient maintenant lieu de pensée, Libero ne pouvait plus en douter, et il était comme un homme qui vient juste de faire fortune, après des efforts inouïs, dans une monnaie qui n'a plus cours.
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Oui, le monde est rempli des ténèbres du mal, il le croit toujours, mais il sait aujourd'hui qu'aucun esprit ne les anime, qui porterait atteinte à l'unité du Dieu éternel, car les ténèbres ne sont que l'absence de lumière, de même que le mal indique seulement la trace du retrait de Dieu hors du monde, la distance infini qui les sépare,que seul Sa Grâce peut combler dans les eaux pures du baptême.
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Les morts sont des enfants qui nous viennent à mesure que nous vieillissons.
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Tu pleures parce que Rome a été livrée aux flammes ? Dieu a-t-Il jamais promis que le monde serait éternel ?
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