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Citations de Jérôme Ferrari (630)


Oui, les images sont une porte ouverte sur l’éternité. Mais la photographie ne dit rien de l’éternité, elle se complaît dans l’éphémère, atteste de l’irréversible et renvoie tout au néant. 
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... les photographies opposaient l’impénétrabilité de leur surface à toute quête de profondeur.
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... elle considérait l’avenir de son île avec une terreur vierge de toute condescendance parce que d’un lieu où l’on applaudit les revendications d’assassinats, on ne peut attendre que le pire.
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... l’issue d’un combat entre le désir et la loyauté [est] rarement incertaine. 
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J'aimais votre solitude et votre silence, mon frère, mon capitaine, j'aimais votre gaieté, j'en venais même à aimer votre piété, moi qui savais qu'au-delà des nuages de la mousson le ciel immense était vide, et l'univers aveugle, et je vous accompagnais à la messe où nous écoutions sous la pluie l'homélie d'un aumônier hagard qui levait son calice derrière un autel de planches et de tréteaux rouillés, indifférent au sifflements des obus de 105, et regardait s'incliner toutes ensemble les nuques blafardes des officiers, comme si le poids d'une caresse invisible les courbait doucement vers la terre.
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Laisse l'éternité là où elle est. Le seul moyen de la préserver est de ne pas s'en approcher, car c'est dans la perte et l'éloignement que tu te tiens au plus près de ce qui est perdu, et à jamais inaccessible. Il n'y a pas d'attente, pas de rêves, pas d'élan, mais simplement la douceur limpide de ce qui est donné par surcroît.
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Epigraphe
Tu es étonné parce que le monde touche à sa fin ? Etonne-toi plutôt de le voir parvenu à un âge si avancé. Le monde est comme un homme : il naît, il grandit et il meurt. (...) Dans sa vieillesse, l'homme est donc rempli de misères, et le monde dans sa vieillesse est aussi rempli de calamités. (...) Le Christ te dit : Le monde s'en va, le monde est vieux, le monde succombe, le monde est déjà haletant de vétusté, mais ne crains rien : ta jeunesse se renouvellera comme celle de l'aigle.
Saint Augustin, sermon 81, §8, décembre 410
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Tu te vois passer des années ici ? Les filles qui défilent, toujours les mêmes pauvres filles. Les petits enculés du genre de Colonna. Les ivrognes. Les cuites. C’est un boulot de merde. Un boulot qui rend con. Tu ne peux pas vivre de la connerie humaine, c’est ce que je croyais, mais tu ne peux pas, parce que tu deviens toi-même encore plus con que la moyenne.
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"[...] chaque monde est comme un homme, il forme un tout dans lequel il est impossible de puiser à sa guise, et c'est comme un tout qu'il faut le rejeter ou l'accepter, les feuilles et le fruit, la paille et le blé, la bassesse et le grâce."
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Les mondes passent, en vérité, l'un après l'autre, des ténèbres aux ténèbres, et leur succession ne signifie peut-être rien. Cette hypothèse intolérable brûle l'âme d'Augustin qui pousse un soupir, gisant parmi ses frères, et il s'efforce de se tourner vers le Seigneur mais il revoit seulement l'étrange sourire mouillé de larmes que lui a jadis offert la candeur d'une jeune femme inconnue, pour porter devant lui témoignage de la fin, en même temps que des origines, car c'est un seul et même témoignage.
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Il entend les rires et les rires le blessent malgré lui, que suis-je devenu ? se demande-t-il, car il aimait jadis sentir la persistance de la vie côtoyer le recueillement du deuil, la maladresse insouciante de la vie, il aimait la rumeur des conversations enjouées, au seuil même de l'église, et jamais il ne s'est offensé de la candeur des rires ?
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Dès qu'elle a passé la porte de la maison, une odeur de renfermé et de moisi lui envahit les narines. Elle pose son sac et ouvre les fenêtres et les volets. Le salon lui semble minuscule. Les murs sont fissurés, il y a des toiles d'araignée et des cadavres desséchés de petits scorpions dorés sur le sol poussiéreux. Elle se sent redevenir triste et vulnérable. Elle regarde autour d'elle. La maison est la même que dans ses souvenirs mais quelque chose d'impalpable s'est brisé, et chaque objet qu'elle reconnaît est comme terni, bancal, mutilé.
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(...) dans un sens, j'étais bien incapable de soulager la souffrance, du moins la sienne, et à son retour de Yougoslavie, elle a fini par ne plus me supporter du tout, la foi n'était plus pour elle une erreur ou une naïveté dont on pouvait à la rigueur se moquer , c'était une faute morale, une infamie, le symptôme d'un aveuglement coupable et monstrueux (...) (p. 96)
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À Zagreb, ..... Curzio M. est reçu par le dirigeant de l’État indépendant de Croatie qui lui montre avec émotion le précieux cadeau reçu de ses Oustachis, un saladier rempli d’yeux arrachés. S’il n’est pas prudent d’accorder une foi trop littérale au témoignage de Curzio M., on ne peut qu’admirer le talent qu’il déploie pour condenser la multiplicité de situations complexes en une seule inoubliable parabole.
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Nous roulions dans la nuit en dehors de la ville, nous survolions la baie, ils étaient silencieux à l'arrière du camion ou dans l'hélicoptère, ils ne pleuraient pas, ils ne suppliaient pas, il n'y avait plus en eux ni désir ni révolte, et ils basculaient sans un cri dans la fosse commune, ils tombaient vers la mer dans une longue chute silencieuse, ils n'avaient pas peur, je le sais parce que j'ai regardé chacun d'entre eux dans les yeux, comme je le devais, mon capitaine, la mort est une affaire sérieuse, mais ils n'avaient pas peur, nous leur avons rendu la mort douce, nous avons fait cela pour eux, ils me rendaient mon regard, ils voyaient mon visage et leurs yeux étaient vides, je m'en souviens très bien, on n'y trouvait aucune trace de haine, aucun jugement, aucune nostalgie, on n'y trouvait plus rien si ce n'est peut-être la paix et le soulagement d'être enfin libérés car grâce à nous, mon capitaine, aucun d'eux ne pouvait plus ignorer que le corps est un tombeau.
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En tout homme se perpétue la mémoire de l’humanité entière. Et l’immensité de tout ce qu’il y a à savoir, chacun le sait déjà. C’est pourquoi il n’y aura pas de pardon. p 146
(...) Bien sûr, Jeanne-Marie, quelqu’un demeure à l’abri de ton coeur aimant, là où rien ne peut l’atteindre, et aussi dans le coeur des enfants, mais ce n’est pas moi. Moi, je n’ai pas de demeure, pas même en enfer. Mes bras qui se tendent vers vous devraient tomber en cendres. Les pages du Livre saint devraient brûler mes yeux. Si vous pouviez voir ce que je suis, vous vous voileriez la face et Claudie se détournerait de moi avec horreur. C’est ainsi. Quelque chose surgit de l’homme, quelque chose de hideux, qui n’est pas humain, et c’est pourtant l’essence de l’homme, sa vérité profonde. Tout le reste n’est que mensonge. p 147
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Il n'y avait pas de hordes barbares. Pas de cavalier vandale ou wisigoth. Simplement, Libero ne voulait plus garder le bar. Il attendait la fin de la saison, ou le milieu de l'automne, il trouverait un travail aux filles, quelque chose de bien, et il aiderait son frère Sauveur ou Virgile Ordioni à la bergerie, ou il reprendrait ses études, il ne savait pas, mais il ne voulait plus garder le bar. Il n'aimait pas celui qu'il était devenu. Matthieu avait le sentiment d'être trahi. Et lui que ferait-il? Libero haussait les épaules.
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Le capitaine Degorce allume une cigarette qu'il fume avec soin, le front appuyé contre une vitre. Le soleil brille sur la baie et aucun nuage ne passe au-dessus de la mer mais le ciel n'est pas vraiment bleu, il est parsemé de traînées délavées, jaunâtres, qui lui donnent la teinte sale et terne de l'eau d'un étang. Dans ce pays, le ciel n'est jamais bleu, pas même en été, surtout pas en été, quand le vent brûlant du désert efface les contours de la ville dans ses tourbillons de poussière ocre et que s'élèvent des flots morts de la Méditerranée les vapeurs d'une brume éblouissante où tremble la coque rouge des cargos. Il se rappelle les vacances passées en avril, deux ans plus tôt, avec Jeanne-Marie et les enfants, le déjeuner sur la terrasse d'un hôtel de Piana, en face du golfe de Porto, la déchirure incroyablement nette des calanques sur le bleu profond d'un ciel limpide et il a du mal à croire que les rivages qu'il regarde aujourd'hui sont baignés par la même mer, qui s'étend sous le même ciel.
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Si durement qu'on juge le monde, on n'en est jamais qu'une partie et il faut l'accepter car, hors du monde, il n'y a rien, nul repos, nulle bonté, nulle échappatoire, et on ne peut pas s'enfuir hors du monde.
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Le cœur des hommes est un tel mystère. Le cœur de celui-ci est un mystère encore plus grand
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