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Citations de Jérôme Fourquet (68)


Dans la France d’après, le zoo-parc de Beauval et ses pandas constituent donc une destination touristique plus fréquentée que le château de Chambord tout comme Disneyland Paris surclasse nettement le musée du Louvre ou le château de Versailles.
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Mondialisation, obsession du zéro stock, essor de l'e-commerce, toutes ces tendances nourrissent le développement du secteur de la logistique et du transport, qui est aujourd'hui l'un des secteurs les plus pourvoyeurs d'emplois. Peu rémunérés, soumis à de fortes amplitudes horaires, au bruit, au respect drastique des cadences et des délais, et pour certains au port de charges lourdes, le salarié d'entrepôt incarne le prolétariat d'aujourd'hui comme le "métallo" symbolisait celui d'hier.
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La France est devenu un énorme syndicat de copropriété. On respecte le réglement du lotissement. Point.
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De la messe à Ikea : la banalisation du jour du Seigneur
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"Avant, je pouvais me permettre Intermarché. Depuis deux ans, jen e vais plus que chez Lidl" (Aurélie, coiffeuse). "Je suis de la classe moyenne, nous ne sommes pas les plus à plaindre mais notre situation se détériore. On travaille toujours plus, on donne beaucoup, mais on ne s'en sort pas mieux. Le premier des arbitrages, c'est d'avoir dû passer de Leclerc à Lidl" (Linda, conseillère clientèle).
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En dépit de ces nuances, le modèle majoritaire repose sur une vision du monde commune qui fait passer la vie privée domestique au premier plan. Autre trait commun à toutes les gammes de la vie périphérique, l’homogénéité sociale y est plus forte qu’ailleurs. Ony vit entre Gilets jaune, entre bourgeois ou entre membres des classe smoyennes. C’est ici que la fracture avec la littérature urbanistique prend racine : alors que la ville se caractérise par sa mixité et par sa densité, le mode Plaza tend au contraire à organiser une vie sociale riche mais centrée sur les cercles familiaux et amicaux dans le cadre du domicile - et du jardin. Comme le souligne l’urbaniste Philippe Genestier, les intellectuels et les professions à fort capital culturel ont tendance à faire de leur idée de la ville idéale une aspiration partagée par les autres groupes sociaux, “or ces condamnations ne perçoivent pas que la préférence pour le périurbain correspond aussi bien souvent à un choix de vie et exprime une réelle prédilection pour un type de socialité où l’on privilégie l’autonomie individuelle et les liens sociaux d’interconnaissance, plutôt que les liens anonymes et mercantilistes propre à la ville du centre”.
p. 162
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On comptait encore 1 017 000 agriculteurs en 1988. Douze ans plus tard, ils n'étaient plus que 664 000. Aucune autre profession n'a vu ses effectifs se contracter de manière aussi brutale. C'est ainsi que, de manière silencieuse, les campagnes françaises ont été frappées par le plus grand plan social de la période.
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Jérôme Fourquet
Alexandra Saviana: Quel scénario politique vous semble le plus probable pour les années 2020 ?

Jérôme Fourquet: On peut esquisser non pas un, mais différents scénarii. Premièrement, une poursuite de la fragmentation de la société et du paysage politique. Seconde option, l’émergence de ce que j'ai appelé des "matrices structurantes", parmi lesquelles on peut par exemple classer l'écologie, et qui pourrait contribuer à reconfigurer la société. Il faut être attentif à l'émergence d'autres grands récits, comme celui du macronisme, qui a commencé à apporter une argumentation sur la modernisation, la rupture. Troisième option, un scénario conforme à celui esquissé par Gérard Collomb. Lorsqu'il a quitté Beauvau, Gérard Collomb avait déclaré "Aujourd'hui les Français vivent côte à côte, je crains que demain ils ne vivent face à face". Il s'agit d'un scénario de montée des tensions qu'il ne faut pas exclure mais qui ne me semble pas le plus probable.

En termes de probabilité, je privilégie davantage la quatrième et dernière option : celle d'une société fragmentée, de facto très multiculturelle mais aussi très hédoniste et individualiste. Dans ce climat, le réflexe le plus répandu n'est pas l'affrontement (qui a un coût physique, psychologique, matériel et moral très élevé), mais l'évitement. Cela a déjà commencé si l’on en juge par le contournement de la carte scolaire, le départ de certaines populations de certains quartiers… On pourrait l'appeler le "syndrome du syndic de copropriété". On se dit qu'il est acceptable et utile qu'on continue à payer les charges communes pour que l'édifice soit à peu près entretenu parce qu'on en retire encore un certain nombre d'avantages. Mais cela étant, si on peut éviter de se croiser sur le palier, c'est très bien. Et la règle absolue est de ne surtout pas se mêler de ce que chacun fait dans son appartement. ("Une société d'évitement plus que d'affrontement", Le Point, 24/12/2019)
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Jérôme Fourquet
Quand [ceux qu’on n’appelait pas encore les gilets jaunes] ont vu Hollande et Sarkozy un soir de G20 parler en anglais, cela les a fait marrer, et soudain, avec leur accent nul et leur grammaire boiteuse, ils ne se sentaient pas trop éloignés d’eux. Aujourd’hui, ils entendent Macron parler en anglais de la start-up nation. La rupture est nette. [ au sujet des langues étrangères comme marqueur de classe sociale ]
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S'il ne faut pas nier la situation de certains quartiers, je ne crois pas que nous soyons à la veille d'un embrasement généralisé. L'intérêt bien compris dans une société individualiste n'est pas que tout le monde se fasse la guerre, compte tenu des coûts physiques, psychologiques, moraux et économiques que cela engendre.
(...)
Plutôt que la libanisation, je redoute le syndrome du syndic de propriété, où chacun vit chez soi en évitant le frottement ou la confrontation avec les autres, ce qui n'exclut pas des affrontements ponctuels dans certaines parties de la résidence. On essaie cahin-caha de faire contribuer les mauvais payeurs aux dépenses communes, mais avec un degré d'autonomisation sans précédent.
(Pierre Vermeren). Pour ma part, je parlerai plutôt d'évitement. On compte déjà un million de jeunes qui ont quitté la France depuis quinze ans, c'set la première fois dans l'histoire de France qu'on observe un phénomène de cette ampleur.

Entretien accordé par l'auteur avec Pierre Vermeren à Eléments, n°179, août-septembre 2019, p. 36.
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Au plan électoral, le macronisme (...)
p. 285
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L'office HLM de l'Oise est alerté depuis plusieurs années par ses locataires du Clos des Roses à Compiègne, quartier de 4000 habitants, face à la montée de l'insécurité liée à l'incrustation du trafic de drogue dans certains bâtiments ; le 4 avril 2016 une agence de sécurité privée est mandatée pour y mettre fin ; deux jours plus tard, la dizaine de vigiles déployés est attaquée et expulsée par les dealers, qui, pour faire diversion et retenir les forces de police à l'écart du quartier, brûlent le centre technique de la ville et ses 34 véhicules ; face à cette perte de contrôle et à la détermination des trafiquants de "tenir" leur territoire, l'OPAC décide, début 2017 d'abandonner aux dealers trois cages d'escalier ; les 25 familles qui y résidaient encore seront déménages discrètement au petit matin ; 70 millions d'euros avaient été alloués à un programme de rénovation urbaine...
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Le pourcentage de porteurs de prénoms arabo-musulmans parmi les nouveau-nés, qui atteignait 11,4% en 2002, a connu ensuite une nouvelle phase d'augmentation très sensible. Cette puissante dynamique, comparable à celle que l'on observe pour les années 1970, porte le pourcentage de porteurs de prénoms arabo-musulmans parmi les nouveau-nés à 21,1% en 2017. Ces données indiquent clairement une amplification des flux migratoires depuis la fin des années 1990 et le début des années 2000.
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L’archéologie des vieilles couches culturelles et idéologiques nous permettra d’expliquer certaines particularités locales, là où elles affleurent encore, mais aussi certains phénomènes électoraux ponctuels (mouvement des Bonnets rouges dans le Centre-Bretagne, écho de la candidature de Jean Lassalle dans les terroirs ruraux des pays d’oc…) résultant d’une réactivation momentanée de ces strates enfouies. Pour autant, sur une grande partie du territoire, le lessivage des vieilles couches culturelles a été intense et le substrat n’opère plus. Pour appréhender le nouveau paysage électoral et sociétal qui a progressivement émergé au cours des dernières décennies, nous devrons nous pencher sur la nature des courants qui ont parcouru et irrigué ce substrat dévitalisé. Car, à l’instar des solutions chargées de nutriments dans un système de culture hydroponique, ce sont eux qui autorisent la croissance et les caractéristiques des végétaux qui y pousseront
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Le grand remplacement musical n'a donc, pour l'heure, pas eu lieu, même si le créneau qu'occupe désormais la variété orientée pop-rock a son pendant sur la scène gastronomique, certains chanteurs étant devenus, en quelque sorte, des "blanquettes de veau" (résistant au renouvellement des modes mais à l'état de niche). Sous cette même analogie culinaire, la pop urbaine serait le "tacos" de la musique (influence culturelle de la banlieue et de la globalisation, plébiscite chez les jeunes générations), alors que seule une poignée d'artistes issus de la variété traditionnelle sont encore capables de rassembler un public intergénérationnel, à l'image de l'indétrônable Jean-Jacques Goldman, véritable "steak frites" de la musique populaire française.
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Aujourd'hui, comme dans bon nombre de villes moyennes et petites ailleurs en France, l'hôpital est de loin le principal employeur avec 560 personnes y travaillant, suivi par l'Education nationale, la mairie (150 emplois) et la grande distribution : le Centre Leclerc et l'hypermarché Auchan emploieraient chacun une centaine de salariés.
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D'après les experts, ce qu'on pourrait appeler "l'interprofession du chichon" emploierait aujourd'hui pas moins de 200 000 personnes, ce qui est considérable et classe ce secteur d'activité parmi les tout premiers employeurs français - au même rang que la SNCF (200 000 salariés), mais devant EDF (160 000) ou Intermarché (130 000). La plupart de ces emplois clandestins sont localisés dans les quartiers sensibles et les banlieues et, dans ces territoires en difficulté, l'économie du cannabis assure un revenu à dix fois plus de personnes qu'Uber et autres compagnies de VTC (qui auraient créé 20 000 emplois selon une étude du cabinet BCG), qui sont pourtant d'importants pourvoyeurs d'emplois pour les jeunes de ces quartiers.
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Jérôme Fourquet
l'agglomération toulousaine a enregistré une croissance moyenne de l'emploi de 1,6% par an au cours de la période 2003-2013, alors même que la crise économique frappait le pays depuis 2008 ; cette croissance a été la plus importante de tous les territoires français ; avec 11500 salariés, Airbus est le plus gros site industriel français, la ville compte aujourd'hui 10000 chercheurs et 110000 étudiants, et pas moins de 15 écoles d'ingénieurs ; un centre de recherche sur le cancer, l'oncopole, a été bâti à la place de l'usine chimique AZF, détruite en 2001 ; Toulouse fait donc aujourd'hui la course en tête en France, mais aussi au plan européen puisqu'elle occupe l'une des premières places du classement des principales métropoles européennes de taille comparable... le Grand Mirail abrite près de 40000 habitants et le chômage touche un tiers de sa population, 50% chez les plus jeunes
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de 1900 à 1950, la proportion de nouveau-nés en métropole portant un prénom arabo-musulman va rester proche de 0% ; la courbe franchit la barre des 2% en 1964, la pente s'accentue après 1976 et l'institutionnalisation du regroupement familial ; la dynamique démographique est alors alimentée par l'accroissement de la population grandie sur notre territoire et par la poursuite de l'immigration ; un premier pic sera atteint entre 83 et 84 (7% des naissances) ; un léger tassement s'ensuit au milieu des années 80, période marquée par une politique migratoire plus restrictive et la mise en place de dispositifs d'aide au retour ; la marche en avant reprend à la fin des années 90 (8% en 1997), pour s'accélérer considérablement depuis et approcher de la proportion d'une naissance sur cinq ces dernières années
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Dans cette France qui vient, la part de la population issue des mondes arabo-musulmans représentera mécaniquement, du fait du renouvellement des générations, un habitant sur cinq, voire sur quatre, si la tendance haussière observée depuis le début des années 2000 se poursuit. On mesure à la lecture de ces chiffres que la société française est devenue de facto une société multiculturelle, et que notre pays ne connaîtra plus jamais la situation d’homogénéité ethnoculturelle qui a prévalu jusqu’à la fin des années 1970. Il s’agit là sans conteste d’un basculement majeur, et sans doute la cause principale de la métamorphose qui se produit sous nos yeux et aura (a déjà) des conséquences profondes. (p. 140).
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