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Citations de Jesmyn Ward (177)


Après l'étendue d'eau il y a une terre. Elle est verte et vallonnée, couverte d'arbres, traversée de cours d'eau. Les rivières s'écoulent à l'envers: elles commencent dans la mer et finissent dans les terres. L'air est d'or: l'or du lever et du coucher du soleil, perpétuellement pêche. Il y a des maison sur les crêtes de montagnes, dans les vallées, sur les plages. Elles sont bleu vif et rouge foncé, rose nuage et violet abysse.
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Et elle ajoute : "Ils sont grands."Si je comprends aujourd'hui ce qu'elle veut dire, à l'époque, en 2004, ce n'était pas le cas. Je ne comprenais pas que l'alcool était ma drogue à moi, depuis des années. Je n'associais pas l'effet qu'il avait sur moi aux substances prises par d'autres, je n'imaginais même pas qu'il pouvait en aller de même pour ces parents, pour mon frère, pour mes sœurs ou pour Rodge. Je savais que je vivais dans un monde où l'espoir et l'idée du possible étaient aussi éphémères qu'un brouillard matinal, sans pourtant discerner que le désespoir se trouvait à la source de nos addictions. (p. 49)
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J'attacherai mes petits cailloux avec des ficelles, je les suspendrai au-dessus de mon lit pour qu'ils brillent dans le noir et qu'ils racontent l'histoire de Katrina, la mère qui a envahi le golfe pour tout massacrer, dans un chariot si grand, si noir que les Grecs auraient dit que la tempête chevauchait les dragons. Une mère assassine qui nous prit tout sauf la vie, qui nous laissa nus et Groggy comme des nouveaux-nés, ridés comme des chiots aveugles, ruisselants comme des serpents dans leur œuf brisé. Le golfe est noir et la terre brûlée par le sel. Il nous faut apprendre à ramper, à fouiller les décombres, à sauver ce qui peut l'être. Katrina est celle qu'on se rappellera jusqu'à ce qu'une autre mère, assoiffée de sang, abatte sur nous ses mains sans pitié. (p. 303)
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Mais j'entends que les qui se disent de se taire, les chênes qui se froissent, les grandes feuilles dures des magnolias qui grelottent comme des assiettes en papier agitées par le vent. Les rafales annoncent Katrina là-bas dans le golfe, comme une voix grave qui parle dans le couloir avant d'entrer dans la chambre. (p. 195)
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C'est ça qu'il fait, Papy, quand on est seuls, quand on veille tard dans le salon ou qu'on est dans le jardin ou dans les bois. Il me raconte des histoires. (...) Des histoires de l'époque où sa mère et d'autres gens cueillaient de la barbe de vieillard pour bourrer les matelas. Il arrive qu'il me répète la même histoire trois ou quatre fois. Quand je l'écoute, sa voix devient une main qu'il tend vers moi, comme s'il me caressait le dos, et alors je peux échapper à tout ce qui me fait croire que je ne lui arriverai jamais à la cheville, que je n'aurai jamais son assurance.
(p. 27)
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«  La mémoire est une chose vivante , elle aussi en transit.
Mais durant ce moment, tout ce qu’elle contient se rassemble et vit—-le vieux et le jeune, le passé et le présent , les vivants et les morts. »
Eudora Welty , Les débuts d’un écrivain.
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À DeLisle et Pass Christian, les enfants circulent d'une maison à l'autre depuis des décennies. Du temps de mon arrière-grand-mère, une femme pouvait céder un nouveau-né à un couple sans enfants après en avoir eu cinq ou dix ou quatorze, et, une fois qu'ils étaient plus grands, les enfants quittaient souvent le foyer pour vivre avec d'autres membres de la famille. Parfois c'étaient les parents qui les chassaient, parfois les enfants eux-mêmes étaient mus par le désir de bouger. Ici, la famille a toujours été un concept mouvant. Il arrive qu'elle recouvre l'ensemble de la communauté,...
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À l'époque de notre emménagement dans cette maison en bois, toute de guingois, pleine de coins et de recoins, j'étais tombée amoureuse de la lecture. Je crois que mon amour des livres venait du besoin d'échapper au monde dans lequel j'étais née, de me glisser dans un autre où les mots étaient simples et honnêtes, où la frontière entre le bien et le mal était clairement marquée, où les filles étaient assez fortes, futées ou folles pour combattre des dragons, s'enfuir de chez elles, s'installer dans un musée, devenir espionnes, se faire de nouveaux amis ou créer des jardins secrets... Peut-être était-il plus simple pour moi de plonger dans ces univers que de comprendre un monde qui ne m'expliquait rien, surtout pas le chemin à suivre. (p. 103)
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Miss Dedeaux nous a dit qu'avant, cette école-là était seulement pour les Noirs, jusqu'à l'abolition de la ségrégation. C'était juste après le dernier gros ouragan*, en 1969, les gens étaient trop épuisés pour aller chercher les corps de leurs parents, parce qu'ensuite il faudrait les enterrer une deuxième fois. Ils dormaient n'importe où, les gens, dans les fondations puisqu'ils avaient plus de maison au-dessus, ou sous la tente, et ils faisaient des kilomètres à pied ou à vélo pour trouver de l'eau et à manger, alors par-dessus ça, ils allaient pas lutter contre la fin de la ségrégation. (p. 174)

*Ouragan Camille, mi-août 1969, 259 morts, 9000 blessés.
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Il a su voir au-delà de ma peau café sans lait, de mes yeux noirs, de mes lèvres prune, et il m'a vue moi. Il a vu que j'étais une blessure ambulante, et il est venu me panser.
(p. 59)
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«  Allongés les yeux sous les étoiles,
On se demandait ce qu’on ferait
Quand on serait grands.
J’ai dit : «  Qu’est- ce que tu veux être ? »
Et elle a dit : «  VIVANTE » .
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Quand elle était à bout, elle se disputait avec mon père à propos de ses maîtresses et, tandis que les colères de mon père étaient du genre spectaculaire, à faire valser les matelas par terre, celles de ma mère étaient d'une sécheresse contenue. (p. 71)
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C'est pas qu'il est gros, mais tout est plus grand chez lui. Ses mains comme des gants de base-ball, sa tête comme un melon, sa poitrine qui ressemble à un steel-drum qu'on pourrait faire des barbecues dedans, ses jambes qui partent comme les branches d'un tronc qu'on sciera jamais. (p. 152)
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Mon ventre vit sa vie, comme un animal que je connais pas,...(p. 137)
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... Malgré la dureté de ses paroles, j'ai entrevu l'espoir sur son visage. Elle pensait que si elle m'apprenait tout ce qu'elle savait sur la guérison par les plantes, si elle me donnait une carte du monde tel qu'elle le connaissait, un monde organisé selon la volonté divine, où l'esprit est partout, alors je pourrais m'en sortir. Mais je lui en ai voulu à l'époque, je lui en ai voulu pour ses leçons et son espoir mal placé. Et, par la suite, parce qu'elle continuait à croire au bien dans un monde qui l'avait condamnée au cancer, qui l'avait essorée comme un torchon et qui la laissait se désintégrer. (p. 106)
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«  Terrible.
Le vent cogne dans tous les sens, il fait claquer mille fouets et mille ceintures.
La pluie brûle comme une pluie de cailloux qui s’enfonce dans les yeux si on les ferme pas.
L’eau tourbillonne et se ramasse et explose, noire avec des filets rouges, c’est l’argile de La Fosse, une blessure qui n’arrête pas de couler. Les épaves du jardin, les frigos, les tondeuses, le camping- car, les matelas flottent comme une armée de bateaux .
Les arbres et les branches se brisent , éclatent comme des séries de pétards , sans fin, sans fin...... »
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il a su voir au-delà de ma peau café sans lait, de mes yeux noirs, de mes lèvres prune, et il m’a vue moi. Il a vu que j’étais une blessure ambulante, et il est venu me panser. 
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«  Nous avons vu des éclairs, et c’étaient des fusils; puis nous avons entendu le tonnerre et c’étaient des canons ; puis la pluie s’est mise à tomber et c’était du sang qui coulait ; et quand nous sommes allés ramasser les récoltes , ce sont des hommes que nous avons trouvés.
. Funèbres Moissons » ....
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Depuis qu'à douze ans il (Skeet) a rapporté un pitbull volé dans un jardin quelque part, je ne l'ai jamais vu qu'entouré de chiens. Tigrés, pelés, blancs, rosâtres, gros ou tellement maigres que leurs os ressemblaient à un banc de poissons qui nageaient sous leur peau. Il parle pas, il aboie. Quand il marche, on entend la queue d'un clebs qui frappe le sol en frétillant. On s'est un peu perdus de vue, tous les deux. Et maintenant je me demande où il est, à quoi il pense quand ils dorment ses chiens. (p. 48)
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Mon sandwich dans la main, j'ai trottiné derrière elle. La porte s'est refermée et je l'ai poussée. J'avais envie de demander à Léonie, Tu vas m'abandonner ici ? mais le sandwich formait une boule dans ma gorge et il ne pouvait pas descendre à cause de la panique qui remontait de mon ventre ; je n'avais jamais été tout seul à la maison. (p. 22)
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