AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jesmyn Ward (177)


«  Nous nous glissons dans les interstices du temps comme les cafards à l’intérieur des murs , dans les espaces et les heures négligés, bêtement contents d’être encore en vie alors même que nous faisons tout pour mourir . »
Commenter  J’apprécie          20
"Des fois, je crois que ça a changé. Et après je m'endors et je me réveille, et y a rien qui a changé."
À croire que les menottes ont creusé jusqu'à l'os.
"C'est pareil qu'un serpent qui mue. Les écailles changent et l'extérieur est différent, mais à l'intérieur c'est toujours la même chose."
Commenter  J’apprécie          20
Comme tous les enfants, ces deux-là sont les produits d'une histoire et d'un lieu, enfants du Mississippi et de la Louisiane issus de lignées mêlant sangs africain, français, espagnol et indien pour finalement donner naissance à cette identité qu'on nomme noire dans le Sud des Etats-Unis...
Commenter  J’apprécie          20
C’est rien comparé à ce qu’a souffert maman en accouchant de Junior. Comme nous, il a vu le jour dans la chambre des parents, au milieu de la clairière que son père a créée de ses mains avant de nous construire notre maison. On l’appelle maintenant la Fosse. J’avais huit ans, je suis la seule fille de la famille, et j’avais rien pu faire. Papa dit que maman voulait pas qu’on l’aide, que Randall et moi étions sortis vite, sous l’ampoule nue au-dessus du lit, alors elle pensait que ça serait pareil avec Junior, mais elle se trompait. Elle est restée accroupie à hurler jusqu’au bout. Junior est né violet comme un hortensia : la dernière fleur de sa vie. Quand papa lui a montré, maman l’a effleuré du bout des doigts, comme si elle avait peur de la flétrir, sa fleur, d’éparpiller le pollen. Elle refusait d’aller à l’hôpital. Papa l’a portée jusqu’à la voiture, le sang coulait à ses pieds, on l’a jamais revue.
Commenter  J’apprécie          20
CHINA SE BAT CONTRE ELLE-MÊME. Si je savais pas, je croirais qu’elle veut manger ses pattes. Et qu’elle est folle. Ça, c’est un peu vrai. À part Skeet, elle laisse personne la toucher. Quand elle était bébé, avec sa grosse tête de pitbull, elle volait toutes les chaussures de la maison. Les tennis que maman nous achetait, noires pour pas qu’elles salissent trop vite, celles qui gardent leurs formes si on les brosse pas. Maman a pas eu de bol avec ses vieilles sandales plates, oubliées dans un coin, tellement pleines de terre rouge qu’elles étaient roses. On les reconnaissait plus. China cachait toutes nos pompes sous les meubles, derrière les toilettes, elle en faisait des tas et elle dormait dessus. Dès qu’elle a pu trotter, elle descendait le perron pour les planquer dans les rigoles. Impossible de lui reprendre : autant déraciner un arbre. Aujourd’hui, elle vole plus, elle donne, elle va nous faire des petits.
Commenter  J’apprécie          20
Nous élevons des enfants auxquels nous tentons d'enseigner une autre vision d'eux-mêmes et de ce qu'ils valent - c'est-à-dire plus que tout à nos yeux. Nous nous aimons avec fureur, durant notre vie et après la mort. Nous survivons ; nous sommes des sauvages. (p. 281)
Commenter  J’apprécie          20
Aujourd'hui, je comprends que des différences de classes m'interdisaient de nouer une relation avec ces deux élèves noirs : ils venaient de familles biparentales appartenant à la classe moyenne ou supérieure. Ils vivaient dans des quartiers huppés dotés de piscines, de clubs de gym, de terrains de golf et d'associations de voisins, choses totalement étrangères à ma culture faite de minima sociaux, de pauvreté et de familles décomposées. Nous n'avions rien à nous dire. (p. 208)
Commenter  J’apprécie          20
L'ouragan s'est marré. Un arbre dépouillé de branches a traversé le jardin en faisant des bonds comme à la marelle, qu'il arrivait au ciel en passant par les bonnes cases. Et le vrai ciel était si bas que j'avais l'impression de pouvoir y accrocher mon bras. P312
Commenter  J’apprécie          20
,je murmure. Given est près du lit, il y grimpe et s'enroule à elle, il dit Maman ,il dit Je suis venu te chercher, Maman, il dit Je suis venu, Maman, et Maman prend une longue inspiration déchirante, le souffle, le sang et l'esprit affolés comme un papillon de nuit dans une toile d'araignée, et ensuite Given fait Chhht, il dit Je suis venu avec le bateau, Maman, et il passe une main au dessus de son visage, depuis son menton privé d'air à ses narines dilatées et à ses yeux, ouverts les unes et les autres, qui vont de moi à Given à Jojo à Michaela à Papa à la porte et de nouveau à Given. La main de Given virevolte comme s'il était un jeune marié et Maman sa promise, qui vient d'ôter son voile pour qu'ils puissent se regarder avec un amour aussi clair et doux que l'air autour. Maman rue puis cesse de bouger. Le temps revient dans la chambre, un ouragan. Je pousse un gémissement.
Commenter  J’apprécie          20
. Là elle a un soupir humide . J'avance la main pour lui essuyer le visage et la peau en dessous des larmes est chaude, trempée et vivante de sel et d'eau et de sang.
Commenter  J’apprécie          22
Une peluche, toute chaude, avec un cœur qui bat. "Tss!", et elle fiche le camp en ouvrant les ailes, un oreiller qui vole. (p. 98)
Commenter  J’apprécie          20
Kayla chante et la foule de fantômes se penche vers elle en hochant la tête.Ils sourient et ça ressemble à du soulagement,à du souvenir.à de la sérénité.
Commenter  J’apprécie          20
Mais je ne veux pas la lâcher.Je ne veux pas la laisser dans son siège avec Richie à ses pieds,les orteils de Kayla près de sa tête,les petits pieds de Kaymla qui remuent près de sa bouche.Et si le le voit?
Commenter  J’apprécie          20
Il avait pile la bonne taille et, quand il m'a prise dans ses bras, son menton s'est posé sur ma tête et j'étais blottie sous lui. Une place faite pour moi. Parce que je voulais sa bouche sur moi, parce que dès l'instant où je l'ai vu traverser la pelouse pour me rejoindre dans l'ombre du panneau de l'école, il m'a vue. Il a su voir au-delà de ma peau café sans lait, de mes yeux noirs, de mes lèvres prune, et il m'a vue moi. Il a vu que j'étais une blessure ambulante, et il est venu me panser. (p44)
Commenter  J’apprécie          20
C'est ça qu'il fait, Papy, quand on est seuls, quans on veille tard dans le salon ou qu'on est dans le jardin ou dans les bois. Il me raconte des histoires. Des histoires de l'époque où il mangeait des massettes que son père était allé chercher au marais. Des histoires de l'époque où sa mère et d'autres gens cueillaient de la barbe de vieillard pour bourrer les matelas. Il arrive qu'il me répète la même histoire trois ou quatre fois. Quand ke l'écoute, sa voix devient une main qu'il tend vers moi, comme s'il me caressait le dos, et alors je peux m'échapper à tout ce qui me fait croire que je ne lui arriverai jamais à la cheville, que je n'aurais jamais son assurance.
Commenter  J’apprécie          20
Les antalgiques lui donnaient l’impression de flotter. Il étudiait les fines mèches blanches qui se déplaçaient dans le ciel avec une patience infinie. Le vent se levait ; la tempête n’allait pas tarder.
Commenter  J’apprécie          20
Christophe ferma les yeux, sans retirer sa main. Il haussa les épaules. Son frère, leurs blessures, Ma-Mee qui s’éteignait comme une ampoule, des parents en orbite autour d’eux, comme de lointaines lunes, un père SDF, et jamais ils n’étaient allés chez Cille à Atlanta. Assez.
Commenter  J’apprécie          20
...et j,ai pleuré aussi, l'amour qui me coulait des yeux comme les grosses pluies d'été, quand on voit plus rien à travers. (p.85).
Commenter  J’apprécie          20
J' attacherai mes petits cailloux avec des ficelles, je les suspendrai au-dessus de mon lit pour qu' ils brillent dans le noir et qu' ils racontent l' histoire de Katrina, la mère qui a envahi le golfe pour tout massacrer, dans un chariot si grand, si noir que les Grecs auraient dit que la tempête chevauchait les dragons. Une mère assassine qui nous prit tout sauf la vie, qui nous laissa nus et groggy comme des nouveau-nés, ridés comme des chiots aveugles, ruisselants comme des serpents dans leur oeuf brisé.
Le golfe est noir et la terre brûlée par le sel. Il nous faut apprendre à ramper, à fouiller les décombres, à sauver ce qui peut l' être. Katrina est celle qu' on se rappellera jusqu' à ce qu' une autre mère, assoiffée de sang, abatte sur nous ses mains sans pitié.
Commenter  J’apprécie          10
J'étais tellement déprimée par le sous-texte, par le message que j'entendais résonner partout, que j'en étais réduite au silence. Tu es noire. Moins qu'une blanche. Et surtout, au fond : Moins qu'humaine.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jesmyn Ward (1250)Voir plus

Quiz Voir plus

Paul Auster

Sous quel pseudonyme a-t-il publié un roman ? (indice : ce pseudonyme est également le nom de certains de ses personnages)

Paul Dupin
Paul Retsua
Paul Benjamin
Paul Palace

10 questions
276 lecteurs ont répondu
Thème : Paul AusterCréer un quiz sur cet auteur

{* *}