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Citations de Jesmyn Ward (177)


Ils tremblent tous les deux. Ils parlent tellement bas que je ne les entends pas, susurrent et bruissent comme un arbre qui frémit dans le vent.
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Je fronçai les sourcils. La majeure partie du quartier fumait donc du crack. Des hommes et des femmes squelettiques qui passaient la journée à errer dans les rues à pas saccadés ; les seules autres personnes qu'on apercevaient dehors, c'était un ou deux beaux garçons un peu plus vieux que moi, en débardeur, des chaînes en or autour du cou. Ils passaient la journée avachis sur une barrière métallique à l'ombre des chênes grêles, ce qui ne les empêchait pas de bronzer, et les morts vivants s'agglutinaient autour d'eux par paquets. Des gamins, à pied ou à vélo, traversaient ces petites foules en jouant et en riant. (p. 225)
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À l'époque, je suis trop immature pour imaginer que la noirceur que je porte en moi depuis des années, ce sentiment de nullité et de mépris pour moi-même, puisse avoir affecté d'autres membres de ma communauté.
(p. 194)
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Terrible. Le vent cogne dans tous les sens, il fait claquer mille fouets et mille ceintures. La pluie brûle comme une pluie de cailloux qui s'enfonce dans les yeux si on les ferme pas. L'eau tourbillonne et se ramasse et explose noire avec des filets rouges, c'est l'argile de la Fosse, une blessure qui arrête pas de couler. (p. 276)
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Aujourd'hui il ne m'appelle plus que par mon prénom, et ça ressemble systématiquement à une gifle.
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Ma prof d'histoire était revenue dans la classe. Ses mèches de cheveux blonds effilés encadraient l'ovale de son visage - on aurait dit un œuf dans un nid. (p. 129)
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Je suis née prématurée, à six mois de gestation, le 1er avril 1977. [...] Ma mère ne se rappelle pas comment elle a annoncé l'imminence de mon arrivée mais je l'imagine se réveillant pour dire à mon père :" Il faut que j'aille à l'hôpital", et celui-ci en train de rire de ce bon poisson d'avril. Et puis ma mère se tordant sur le lit : "Je ne rigole pas". (p. 56)
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Un an après la mort de Given, Maman a planté un arbre pour lui. "Un à chaque anniversaire, elle a dit, la voix brisée par le chagrin. Si je vis assez longtemps,il y aura une forêt ici. Une forêt de murmures. Elle parlera du vent, du pollen et des charançons."
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Papa attrape l'enveloppe qu'il a prise quand l'arbre a défoncé le toit de sa chambre. Un sachet en plastique, transparent. Il l'ouvre et sort quelques photos. Dans une seconde, Skeeter va refermer la trappe, papa hésite à mettre son doigt sur le papier glacé, avec plein de précautions comme on fait avant d'arracher un cil. Son doigt mouillé s'arrête à un centimètre, il remet la photo dans le sachet sous sa ceinture. "Maman" (p. 274)
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Randall allume la lampe sur la petite table pour lire les étiquettes sur les médicaments. Il est grand, il est noir, tout en muscles, des fois je me demande si papa s'étonne pas d'avoir fait cette belle machine de mec avec maman. Il trouve pas ça incroyable ? Alors je repense à Manny, presque aussi rayonnant que China dans la clairière, qu'est-ce qu'on aura fait, lui et moi ? Un grand lingot d'or comme lui, une petite boule noire comme moi, ou quelque chose qui nous dépasse ? (p . 218)
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Je sais plus comment j'arrivais à la suivre, maman, parce que sa peau était noire comme l'écorce des grands chênes, elle portait jamais de couleurs vives... et quand elle se penchait pour détacher un œuf d'un nid caché, je la voyais à peine, elle avançait tout le temps et j'avais l'impression que les bois avançaient avec elle, comme le vent qui souffle entre les arbres. (p. 35)
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Big Joseph et la mère de Michael habitent au sommet d'une colline, une grande maison basse au crépbi blanc et aux volets verts. Elle en impose. Il y a deux camions garés dans l'allée, des picks ups flambants neufs qui captent la lumière du soleil et la reflètent, scintillent de tous leurs angles. Un rouge, un blanc.
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En 1969, mon père avait treize ans, ma mère onze, et l'ouragan Camille traversa le Mississippi. Il balaya tout sur son passage, aplatissant le paysage d'une main implacable. À cette période, les tragédies se succédaient à un rythme soutenu. Les jeunes, Noirs comme Blancs, mouraient au Viêtnam, des émeutes ravageaient les villes américaines et des bombes explosaient dans les églises. On brûlait des croix. Les militants pour les droits civiques se battaient pour inscrire les gens de couleur sur les listes électorales, et les rivières et les bayous du Mississippi se transformaient en cimetières. Des femmes et des hommes noirs manifestaient sur les plages qui leur étaient interdites et les policiers lâchaient leurs chiens sur eux en représailles. C'est pourquoi tout le monde dut penser que la fin des temps que les était arrivée quand l'ouragan s'abattit sur eux, tuant plus de deux cent cinquante personnes, noyant treize membres d'une même famille qui avaient cherché refuge dans une église catholique de Pass Christian. (p. 29)
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Grandir ici, à la campagne, ça m'a appris des trucs. Ca m'a appris que, après le premier gros afflux de vie, le temps grignote tout : il rouille les machines, vieillit les animaux qui pèlent et se déplument, flétrit les plantes. (p. 52)
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Tous les chiffres toutes les données officielles le confirment. Ici au confluent de l'histoire, du racisme et de la pauvreté, voici ce que valent nos vies : rien.
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Quand j'étais petit, à l'époque où j'appelais encore Léonie Maman, elle m'a dit que les mouches nous chient dessus dès qu'elles se posent. C'était l'époque où il y avait plus de bon que de mauvais, l'époque où elle me poussait sur la balançoire que Papy avait accroché à un des pacaniers du jardin, l'époque où elle s'asseyait près de moi sur le canapé pour qu'on regarde la télé ensemble et elle me caressait la tête. L'époque où elle était présente et pas absente. Avant qu'elle commence à sniffer des cachets broyés en poudre. Avant que toutes les petites méchancetés qu'elle m'a dite s'accumulent et se logent comme un petit caillou dans une écorchure au genou. A l'époque où j'appelais encore Michael Papa. C'était l'époque où il vivait avec nous avant qu'il reparte habiter avec Big Joseph. Avant que la police l'embarque il y a trois ans, juste avant la naissance de Kayla.
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Quand elle est morte, maman a dit qu'elle était partie, alors, je me suis demandée où ? Et comme tout le monde pleurait, je me suis accrochée à maman comme un singe, mes bras et mes jambes autour d'elle si douce, et j'ai pleuré aussi, l'amour qui me coulait des yeux comme les grosses pluies d'été, quand on voit plus rien à travers. Quand maman est partie, j'avais plus personne pour m'accrocher.
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Je venais d'avoir dix ans. Avant de partir, et même si je me doutais bien que j'étais trop grande pour cela, je me promenai une dernière fois au Pays des enfants en tentant de ressusciter la magie enfuie et les croyances... en vain. (p. 121)
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Mais on était chez elle, je restais noire et elle blanche, et si quelqu'un nous entendait nous engueuler et décidait d'appeler les flics , c'est moi qui irais en taule . Pas elle. Pas de meilleure amie qui tienne.
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Une fois, ma grand-mère m'a raconté l'histoire de son arrière-grand-mère. Elle venait de l'autre côté de l'océan, son arrière-grand-mère, et elle avait été kidnappée et vendue. Et elle avait raconté à ma grand-mère que, dans son village, on mangeait de la peur. Elle disait que la peur, ça changeait la nourriture en sable dans la bouche. Elle disait que tout le monde savait pour la marche forcée jusqu'à la côte, qu'il y avait des rumeurs sur les bateaux et sur les hommes et les femmes qu'on entassait dedans. Certains avaient entendu que c'était encore pire pour ceux qui quittaient le port et qui coulaient au loin. Parce qu'on aurait cru ça quand le bateau franchissait l'horizon : on aurait cru qu'il quittait le port et puis qu'il coulait, petit à petit, dans la mer. Sa grand-mère, elle disait qu'ils ne sortaient jamais la nuit, et même la journée ils restaient dans l'ombre de leur maison. Mais ils sont quand même venus la chercher. Ils l'ont kidnappée chez elle en pleine journée. Ils l'ont amenée ici, et elle a appris que les bateaux ne coulaient pas dans une eau peuplée de fantômes blancs. Elle s'est aperçue qu'il se passait des choses pas bien sur ce bateau, depuis le départ jusqu'à l'arrivée. Que sa peau durcissait autour des chaînes. Que sa bouche prenait la forme de la muselière. Qu'on la transformait en animal sous la lumière et la chaleur du ciel, le même ciel que celui qui était au-dessus de sa famille, quelque part très loin, dans un autre monde.
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