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Citations de Jesmyn Ward (177)


Elle venait de l’autre côté de l’océan, son arrière-grand-mère, et elle avait été kidnappée et vendue. Et elle avait raconté à ma grand-mère que, dans son village, on mangeait de la peur. Elle disait que la peur, ça changeait la nourriture en sable dans la bouche. Elle disait que tout le monde savait pour la marche forcée jusqu’à la côte, qu’il y avait des rumeurs sur les bateaux et sur les hommes et les femmes qu’on entassait dedans…
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Le directeur, il a dit, C'est pas naturel qu'un nègre comme les chiens. Les nègres, ça sait pas commander, ils ont pas ça en eux. Il a dit, Les nègres, ça sait être esclaves et pas plus. (p105)
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J'ai tiré le voile pour que tu puisses avancer dans cette vie, et pareillement tu vas m'aider à le tirer pour que je puisse avancer dans la suivante.
_ Maman, non...
_ Aide-moi à me préparer. Là elle a un soupir humide, j'avance la main pour lui essuyer le visage et la peau en dessous des larmes est chaude, trempée et vivante de sel et d'eau et de sang. Je ne veux pas être un souffle vide. Une amertume dans la moëlle de mes os. Je ne veux pas de ça, Leonie. (p. 207)
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Léonie

Je me suis penchée. J'ai aspiré. Une bonne brûlure a parcouru mes os, en ensuite j'ai oublié. Les chaussures que je n'ai pas achetées, le gâteau fondu, le coup de fil. Le bébé qui dort dans mon lit pendant que mon fils dort par terre, au cas où je rentrerais pas claire et où je l'obligerais à se mettre par terre. Plus rien à foutre.
"L'extase." Je l'ai articulé lentement. J'ai fait sonner les syllabes. Et c'est là que Given est revenu.
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Nous roulons jusqu’au petit matin, jusqu’à ce que le réservoir soit vide, et je me demande si nous sommes en train de flirter avec la mort nous aussi. Pourquoi nous poursuit-elle ainsi, avec tant d’insistance, infatigable, sinon pour nous attirer à elle un à un ?
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Après que maman est morte, papa disait : « Mais qu’est-ce t’as à pleurer ? Arrête. C’est pas parce que tu pleures que ça va changer quelque chose ». On n’a jamais arrêté. On a fait plus doucement. On s’est cachés, c’est tout. J’ai appris à pleurer sans faire couler les larmes, ou juste une, des fois, j’ai appris à avaler, ça a un goût d’eau tiède, salées, elles me tombent au fon de la gorge. C’est tout ce qu’on pouvait faire. Alors j’avale, je regarde au travers et je cours
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J'avais onze ans le jour où Mamie m'a parlé des choses de la vie. (...)
"Assieds-toi", elle a dit, et j'ai rapproché la chaise de son lit, heureux qu'elle soit réveillée, après quoi elle a pris un livre à côté d'elle, elle l'a ouvert sur les schémas les plus gênants que j'aie vus de toute ma vie, des pénis ramollis et des ovaires qui ressemblaient à des caramboles, et elle a commencé à m'apprendre l'anatomie et le sexe. Quand elle s'est mise à parler des préservatifs, j'ai eu envie de ramper sous son lit pour mourir.
(p. 75-76)
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J'aime bien penser que je sais ce que c'est la mort. J'aime bien penser que c'est un truc que je peux regarder en face.
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Quand il retourne à la voiture et que je m'annonce, je sais encore une fois que c'est le petit de River. Je le sais à sa manière de porter la petite fille dorée qui est malade: comme s'il croyait pouvoir s'enrouler autour d'elle, transformer son squelette et sa chair en muraille pour la protéger des adultes, de l'immensité du ciel, de la terre couverte d'herbe et creusée de tombe.
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Je m'assois, je croise les bras. Ça gonfle un peu mes seins. Je me rappelle l'horreur quand ils ont poussé, des petits cailloux qui bourgeonnaient, j'avais dix ans. Des noeuds de chair que je voyais comme une trahison. Comme si on m'avait menti sur ce que serait la vie. Comme si Maman ne m'avait jamais dit que j'allais grandir. Prendre son corps. Devenir elle.
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La station-service, le yacht-club et les vieilles villas blanches à colonnades devant la mer qui nous donnaient l'impression d'être plus petits, plus sales et pauvres encore quand on venait là avec papa, entassés dans le pick-up, acheter de l'essence ou des chips ou des vers pour la pêche, eh ben y'a plus rien. C'est pas cassé, c'est pas en ruines, y a juste plus rien.
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Junior est né violet comme un hortensia : la dernière fleur de sa vie. Quand papa lui a montré, maman l'a effleuré du bout des doigts, comme si elle avait peur de la flétrir, sa fleur, d'éparpiller le pollen. (p. 12)
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J'aime bien penser que je sais ce que c'est, la mort. J'aime bien penser que c'est un truc que je peux regarder en face.
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Il a passé un bras sur le dossier du siège conducteur, la main autour de la nuque de Leonie qu'il masse, qu'il serre doucement. Ça ressemble un peu à la manière qu'avait Mamie de me garder par le cou quand on allait faire les courses à l'époque où j'étais petit et où on pouvait marcher tous les deux dans les allées de l'épicerie.Dés que je m'excitais trop, par exemple quand je voyais les bonbons près de la caisse, elle serrait.Pas trop fort.Juste assez pour me rappeler qu'on était dans un magasin au milieu d'un paquet de blancs, et que je devais bien me tenir.
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Papy secoue la tête et lève vers moi les meilleurs morceaux. Il a un demi-sourire, le coté de sa bouche ou on voit ses dents est pointu comme une lame, et puis son sourire disparait.
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«  Les cadavres d’hommes jonchent l’histoire de ma famille. La douleur des femmes qu’ils ont laissées derrière eux les fait ressortir du néant et les transforme en fantômes .
Une fois morts, ils transcendent le réel de ce lieu que j’aime et abhorre à la fois , et prennent une dimension surnaturelle . »
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Nous avons tenté d'échapper à cette chose qui nous poursuivait en insinuant : Tu ne vaux rien. Nous avons voulu l'ignorer mais parfois nous nous sommes surpris à répéter les mêmes paroles, à marmonner intoxiqués : Je ne vaux rien. Nous avons bu avec excès, nous nous sommes fait du mal et en avons fait aux autres. Nous étions perdus. Un grand voile noir plane sur nos vies et personne n'accepte de le regarder en face. ( p. 280)
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Elle (ma mère) avait tenté d'échapper au destin qui lui était promis depuis sa naissance, à ce monde de femmes laborieuses de pères absents, où l'éducation était sommaire et les opportunités inexistantes. Elle avait cherché à se soustraire à cette fatalité, tout comme mon père, d'ailleurs. Le rejoindre en Californie avait constitué un vrai pari, un élan vers la liberté. Rentrer lui avait donné le sentiment d'avoir échoué. (p. 168)
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Mes yeux me brûlent et repèrent la vitrine des boissons. Je fixe la porte en verre, j'imagine la sensation de boire quelque chose de frais et gazeux, qui coulerait dans ma gorge verrouillée et parcheminée : aussi sèche que le lit d'une rivière en plein été. Ma salive est pâteuse. Je me retourne vers la caissière et elle me regarde, alors je prends le plus grand Coca et je n'essaye même pas d'en glisser un autre dans ma poche. Je vais vers la caisse.
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Il y a trois ans, j’ai pris un rail et j’ai vu Given pour la première fois. Ce n’était pas mon premier rail, mais Michael venait d’être mis en prison. J’avais commencé à en prendre régulièrement ; un jour sur deux j’étais penchée au-dessus d’une table, je séparais de la poudre, je traçais et j’aspirais. Je savais que ce n’était pas bien : j’étais enceinte. Mais impossible de résister à l’envie de sentir la coke grimper dans mon nez, exploser dans mon cerveau et cramer la tristesse et le désespoir que je ressentais depuis le départ de Michael.
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