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Citations de Jesse Kellerman (293)


Le principe fondateur des études de médecine était que les gens apprenaient mieux sous la menace d’une humiliation publique.
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– Je sais que tu m’entends.
– Pardon.
– Il nous faut des mains.
Jonah adorait ça. Le reste de son corps, cerveau compris, comptait pour du beurre.
Il avait fini sa journée depuis belle lurette ; il n’était pas dans l’équipe de Benderking ; il avait besoin de rentrer chez lui pour avoir ses quatre heures de sommeil. Mais c’était son troisième jour dans ce service et il voulait faire bonne impression. Aussi répondit-il « Je viens » en souriant et suivit-il l’interne jusqu’à la salle d’opération. Sauf si un supérieur vous demandait de laver sa voiture ou de sucer son chien, vous obtempériez, et avec amour.
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Saint Agatha reprenait son souffle. Un endroit comme celui-là n’était jamais réellement silencieux, mais, à l’instar de tous les grands établissements médicaux, il semblait ralentir aux alentours de 18 h 30, créant une illusion de paix ; ou une idée de ce à quoi aurait pu ressembler la paix si vous n’étiez pas cloîtré dans un foutu hôpital.
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Ils repéraient ceux qui laissaient paraître leur ignorance et ils leur tombaient dessus, avides de leur transmettre leur implacable pédagogie médicale, dépourvue du moindre état d’âme et tournant en boucle sur elle-même, jusqu’à les faire pleurnicher comme des fillettes qui auraient fait pipi dans leur culotte.
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Il avait douze semaines à passer là, ça valait le coup de faire une reconnaissance du terrain. À trop poser de questions – même des questions inoffensives du genre : « Où est-ce qu’on se retrouve ? », ou bien : « Où sont les toilettes ? » – on passait pour un bleu. Et c’était la porte ouverte au harcèlement, parce que si les dieux de la Chirurgie ne se rappelaient jamais votre nom, ni que vous aviez peut-être d’autres obligations, que vous étiez un être humain avec du sang dans les veines et une volonté propre, en revanche ils n’oubliaient jamais, jamais, vos faiblesses.
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Pour ce fiasco, comme pour tout en général, Jonah ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. Il connaissait les règles ; il avait lu la « Bible », il avait eu des échos par les Gentils Fantômes de la Troisième Année. Dès que vous aviez fini votre journée, la seule stratégie fiable, c’était la DLP : débarrasser le plancher. Et le plus vite possible. Pour peu que vous vous attardiez et qu’on vous mettait le grappin dessus, vous étiez DLM. Dans la merde. Surtout en chir. Les chirurgiens – ou plutôt les internes en chirurgie – se fichaient pas mal que vous ayez fini votre service depuis plus de vingt minutes (les praticiens se fichaient pas mal de vous tout court). Quand ils avaient besoin de vous, vous y alliez, point-barre. Et la meilleure façon d’éviter qu’on ait besoin de vous, c’était de déguerpir plus vite que votre ombre.
Au lieu de quoi il avait traîné.
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Jonah Stem entendit un cri.

Il était 3 heures moins le quart du matin et il marchait en direction de Times Square pour s’acheter de nouvelles chaussures. Les banales et robustes Rockport Walker qui avaient survécu à deux ans de médecine théorique avaient fini par succomber à ses réalités bassement glaireuses. Souillées au-delà du réparable, elles faisaient un bruit de succion et laissaient une traînée dans leur sillage, comme deux escargots géants. Parmi les qualités peu communes qu’elles avaient récemment acquises, on pouvait noter leur épouvantable odeur de merde humaine.
Mais ce n’était jamais que des chaussures. Leur dégradation en soi ne dérangeait pas Jonah, si ce n’est qu’elle mettait cruellement en évidence sa propre incompétence, chose qu’il n’avait pas besoin qu’on lui rappelle ces temps-ci vu le nombre de personnes qui se faisaient un plaisir de s’en charger.
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Je m'arrêtai de lire et regardai McGrath qui ramassa un crayon et entoura les most flocons d'avoine.
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… il reçut dans l’heure la visite de deux flics en uniforme : un costaud au teint basané et une femme aux seins avachis et au regard gentiment bovin. (316)
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A cet instant, je pris conscience de ce que j'étais en train de faire, de ce qui se passait, de la tenue dans laquelle j'étais, et de l'humiliation que je m'apprêtais à vivre si je ne m'habillais pas correctement. Je me mis à supplier mon père de me laisser remonter dans ma chambre. Il ne dit rien, se contenta de sortir de l'ascenseur et de s'avancer d'un pas raide entre les deux rangs d'employés, à nouveau 2 mètres devant moi tandis que la nurse et la femme de chambre appliquaient ses consignes en me traînant, à demi nu, sous les fourches Caudines de tous ces regards horrifiés, jusqu'au perron où nous attendait une limousine. Tony me donna mon pantalon dans la voiture
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Tony se faufila entre deux cartons pour venir me rejoindre. Nous suffoquions tous les deux.

« Combien de gens sont au courant ? demandai-je.

-Toi. Moi. Le syndic. Peut-être deux ou trois autres personnes à l’agence, mais elles n’ont fait que transmettre le message. Il y a très peu de gens qui l’ont vu devant leurs yeux.

-Il veut mieux que ça reste entre nous. »

Il acquiesça d’un hochement de tête. Puis il dit :

« Tu n’as pas répondu à ma question.

- Quelle question ?

- Qu’est-ce que tu en penses ? »
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La pulsation du génie, les remugles de la folie ; sublimes et vertigineux ; j’en avais le souffle coupé.
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De très loin, j’entendis Tony prononcé mon nom.

Je m’assis sur le bord du lit – à peine 15 centimètres de matelas étaient dégagés ; où donc dormait-il ? - et inspirait une grande lampée d’air poudreux. Combien de dessins pouvait-il avoir ? A quoi devait ressembler l’ensemble une fois reconstitué ? Je m’imaginai un interminable édredon en patchwork. Ce n’était pas possible qu’ils se raccordent tous. Ce n’était pas possible que quelqu’un ait autant de patience ni de puissance mentale. Si Tony avait vu juste, j’avais devant moi l’une des plus vaste œuvres d’art jamais produites par un seul individu. En tout cas, c’était certainement le plus grand dessin du monde.
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La lumière venant du palier baissait et ma propre respiration semblait n’avoir plus aucun écho. Les 2,50 mètres entre la porte et moi avaient purement et simplement effacé New-York. Habiter là, c’était comme habiter 15 kilomètres sous terre. Ou dans une grotte. Je ne vois pas de meilleure façon de le décrire. C’était effroyablement déroutant.
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« Tu as compris comment ça marchait ? » me demanda Tony.
Je n’avais pas compris, aussi retourna-t-il une des feuilles. Les dessins se suivaient telles les pièces d’un puzzle : les rivières et les routes circulaient d’une page à l’autre, des demi-visages retrouvaient leur moitié manquante. Tony me fit remarquer que le verso n’était pas blanc, comme je l’avais d’abord cru : sur chaque bord et au centre, à peine esquissés au crayon d’une écriture uniforme et minuscule, figuraient des numéros. (…)
La feuille suivante portait le numéro 4379 au centre puis, à partir du haut dans le sens des aiguilles d’une montre : 2017, 4380, 6741, 4378. Les pages se raccordaient là où le bord de l’une indiquait le centre de l’autre.
« Ils sont tous comme ça ?
-J’en ai bien l’impression, dit Tony en balayant la pièce du regard. Mais je n’en ai vu qu’une infime portion.
- Il y en a combien, à ton avis ?
- Approche. Viens voir par toi-même. »
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Je reposai la pile et réexaminai les deux premiers dessins, que je plaçai côte à côte pour les comparer. Mes yeux ne cessaient de passer de l’un à l’autre, comme ces jeux qu’on fait quand on est enfant : il y a 9 000 différences, sauras-tu les repérer ? Je commençai à avoir le tournis. Peut-être à cause de la poussière.
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Ils étaient tous époustouflants. Tous sans exception. Mon estomac se noua. L’absolue monomanie du projet me paraissait déjà dépasser l’entendement.
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« Qu’est-ce que tu en penses ? » me demanda Tony.

Je ramassai la feuille suivante. Elle était tout aussi baroque, tout aussi hypnotisante, et je lui consacrai la même attention. Puis, prenant conscience que si je m’attardais autant sur chaque dessin je n’en finirais jamais, j’en empoignai une pile et les feuilletai rapidement, réduisant en poussière une fine bande de papier le long de leur bord.
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Malgré mes efforts pour le faire entrer dans un moule, pour l’apprivoiser au moyen de ma rationalité, de mon expérience et de mon savoir, j’avais pourtant l’impression qu’il allait bondir de mes mains, ricocher sur les murs et se consumer en fumée, en cendres, en oubli. Il était vivant.
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Mais ce dessin n’avait rien de leur kitsch et de leur ironie ; il était brut, honnête, naïf et violent.
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