Citations de Jim Fergus (864)
Franchement, vu la façon dont j'ai été traitée par les gens dits "civilisés", il me tarde finalement d'aller vivre chez les sauvages.
Les Indiens se déplacent comme le vent, plus légers que la brise, en faisant moins de bruit que les feuilles dans les arbres, avec la grâce naturelle des esprits.
Quand on est jeune, il n'y a que le présent qui compte. Il faut attendre un certain âge pour s'intéresser à ce qu'ont fait nos parents et nos grands-parents. Mais c'est en général trop tard.
Voyez-vous, les riches ne sont après tout que des pauvres avec de l'argent.
Les Cheyennes croient que toute chose ayant eu lieu quelque part - chaque naissance, chaque mort - s'y trouve toujours, de sorte que le passé, le présent et l'avenir cohabitent éternellement sur terre.
Tout notre contingent a été aussitôt mis à contribution au camp où nous nous acquittons des tâches les plus basses, à la manière d'enfants instruits par nos mamans indiennes, sinon d'esclaves, pour être plus proche de la vérité.
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De leur côté, ces messieurs sauvages donnent l'impression de passer un temps démesurés à paresser dans leurs tipis, à fumer et à palabrer entre eux... ce qui me pousse à croire que nos cultures, finalement, ne sont peut-être pas si différentes : les femmes font tout le travail pendant que les hommes bavassent.
Je respirai son odeur d'homme fort, semblable à une forêt d'automne. Les muscles de ses bras et de son dos donnaient l'impression de robustesse d'une maison aux murs solides. Le rythme de son coeur contre ma gorge me sembla le pouls de la terre elle - même.
page 117 [...] Le visage peint de mystérieux motifs, un grand nombre de nos visiteurs étaient vêtus de jambières et de tuniques de cuir resplendissantes, ornées de toutes sortes de parures fantastiques. Certains avaient les jambes et le torse nus, parcourus de curieuses peintures. D'autres, armés de lances décorées de couleurs vives, arboraient des plumes, parfois une coiffe entière. Leurs cheveux tressés étaient embellis de perles et de pièces d'argent frappé, ils portaient des colliers d'os et de dents d'animaux, mais aussi des boutons de cuivre et des clochettes d'argent, de sorte que leur magnifique apparition était accompagnée d'un tintinnabule mélodieux qui ne fit qu'ajouter au sentiment général d'irréalité. [...]
Toutes les religions semblent être organisées au bénéfice du sexe masculin, avec pour conséquence que les femmes sont reléguées au second plan : elles accouchent, élèvent les enfants, s’occupent des corvées. Voilà pourquoi je me méfie des religions, celles des Indiens y compris. (page 252)
Lorsqu’on vit un certain temps chez les Indiens, on finit par croire à quantité de choses improbables.
Si les Indiens ont peu contribué à la littérature et aux arts de ce monde, c'est sans doute qu'ils sont trop occupés à vivre - à voyager, chasser, travailler - pour trouver le temps nécessaire à en faire le récit ou, comme Gertie le suggérait, à méditer sur eux-mêmes. Je me dis parfois que c'est après tout une condition enviable...
Je n’évoque jamais mon chagrin devant les autres, alors j’essaie de me consoler en racontant mes malheurs dans l’intimité de mes journaux.
Après avoir vécu parmi les chasseurs, les cueilleurs, les trappeurs – chez qui tout s’échange -, revenir dans un monde où les choses s’achètent et se vendent vous procure un drôle de sentiment.
La vérité était que j'aurais volontiers pris un aller simple pour l'enfer dans le seul but d'échapper à l'asile... et, pourtant, qui sait si ce n'est pas exactement ce que j'ai fait...
Je ne peux m'empêcher de penser une fois de plus que l'homme est bel et bien une créature brutale et imbécile. Est-il une autre espèce sur terre qui tue pour le plaisir ?
La vie est si imprévisible. Quelle sensation étrange de me trouver dans ce train, en route pour un long voyage, et de contempler la ville qui s'éloigne. Je me suis assise dans le sens contraire de la marche pour garder une image fuyante de Chicago, son épais nuage de fumée charbonneuse qui, à la manière d'un parasol géant s'étend au-dessus des rives du lac Michigan.
Je n'ai jamais connu d'enfant aussi heureux -- il ne pleure que rarement et, si cela doit lui arriver, Feather on Head lui pince le nez et il s'arrête presque instantanément. Les mères cheyennes apprennent aux petits à se tenir parfaitement silencieux comme des animaux.
Jamais elle ne dira un mot de plus sur ce qu’elle a subi chez les Crows. Ça ne se fait pas ici. On le sait d’expérience car la même chose nous est arrivée à Susie et moi, à May et à nos amies quand on a été enlevées par les Crows aussi. Alors Pretty Nose sait qu’elle n’a pas besoin d’en parler. On garde ça quelque part au fond de soi où ça sort plus. C’est l’usage dans ce pays… La vie continue de toute façon, on s’arrange au mieux, malgré les épreuves et les embûches, les misères et les douleurs. Avec pas mal de chance, on trouve un peu de bonheur aussi. Jusqu’au jour où ça ne peut plus continuer.
Jadis, bien sûr, les tribus avaient toutes différents noms pour s’appeler elles-mêmes et entre elles – des noms qui ont évolué au fil du temps. Nous autres Cheyennes étions les Tsistsistas, ce qui, dans notre langue, signifie les humains, à distinguer des ours, des bisons, des oiseaux, des poissons, des chevaux, etc. Un nom humble et sans prétention qui sous-entend que nous faisons partie du monde animal, sans pour autant nous estimer meilleurs ni supérieurs – juste différents.
Notre apparence physique … un autre motif qui pousse les colons à exterminer et incarcérer les premiers occupants de ce pays, tout simplement parce qu’ils ne leur ressemblent pas.